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mercredi 30 novembre 2011

43 millions pour un autre hôtel à Port-au-Prince

Haïti: Cela bouge dans l'hôtellerie. La ministre du Tourisme, Stéphanie Balmir Villedrouin, et Rolando Gonzalez Bunster de la firme américaine Haiti Hotel Corporation (HHC) ont signé un protocole d'accord ouvrant la voie à la construction d'un autre hôtel d'affaires de 250 chambres, le mardi 29 novembre 2011.
Jointe par le journal en début de soirée, Stéphanie Villedrouin a insisté sur l'aspect positif de la signature de ce protocole d'accord à la fin du panel sur le tourisme qui avait fait salle comble à la conférence sur les investissements au Karibe Convention Center, ce mardi.
« On devait envoyer le signal que les procédures pour construire cet hôtel dans les parages de l'aéroport Toussaint Louverture se sont allégées », a souligné la ministre du Tourisme, engagée à fournir à Haiti Hotel Corporation (HHC), Win group et les autres partenaires l'accompagnement, les incitatifs et autres moyens pour matérialiser ce projet.
Le chantier de cet hôtel (Hôtel des artistes) qui coûtera 47 millions de dollars américains démarre au début du mois de janvier 2012 et durera 15 mois, a confié au journal Martine Deverson, représentante de (HHC) en Haïti qui contre, outre M Bunster, M Edmund R. Miller (2e vice-president de HHC), M. Tom Murphy Junior, CEO et fondateur de Coastal Construction. 200 emplois permanents seront créés. 95 % seront des Haïtiens, a souligné Mme Deverson, ex-ministre du Tourisme.
Grégory Mevs de Win group, un associé du projet, a déclaré au journal que les cinq partenaires engagés dans ce projet sortent mercredi au plus tard un communiqué officiel.« Un communiqué officiel sort demain. Il fixera toutes les participations. La signature nous a un peu surpris par l'ampleur qu'elle a eu ce mardi », a confié l'homme d'affaires.
L'ATH exulte
« Le secteur touristique est en plein boom. La salle où se tenait l'atelier sur le tourisme était bondée de monde », a noté Pierre Chauvet de l'ATH, content que l'on commence à comprendre après des années de plaidoyer que « le tourisme peut être un des piliers du développement d'Haïti ». « C'est un fait acquis. Le tourisme est pris au sérieux. C'est pour moi la plus grande victoire », a ajouté Pierre Chauvet, qui a indiqué que la bataille pour changer l'image d'Haïti doit être permanente.
La signature de ce protocole d'accord est intervenue moins de vingt-quatre heures après celle entre Marriott international et la Digicel pour la construction d'un hôtel de 45 millions de dollars à Turgeau.
Le nombre de chambres d'hôtel dans la capitale et ses environs flirtera avec la barre des 1 200 dans les deux prochaines années avec l'achèvement d'autres chantiers dont celui de Oasis, de Best Western, d'El Rancho entre autres.

Roberson Alphonse
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=99832&PubDate=2011-11-29

Commentaire
Ce n'est nullement une mauvaise nouvelle que de nouveaux hôtels viennent changer le visage de Port-au-Prince, au contraire. Il manque cependant un élément essentiel pour que cette tendance non seulement s'accentue, mais trouve aussi un environnement général favorable pour se poursuivre. A-t-on pensé à la construction d'un nouvel aéroport? Car il est évident que cet espace chauve, mal entretenu, bidonvillisé, où les chaumières crasseuses, les blocs dénudés par la pluie et le vent, abandonnés depuis des décennies autour de ce semblant de piste d'atterrissage, comme sur un champ de bataille, que nos politiciens malhonnêtes ont baptisé "Aéroport Toussaint Louverture" ne fait pas le poids. A moins qu'on ne veuille, à la manière des complexes comme Punta Cana (par exemple) en République Dominicaine ou Puerto Plata, que chaque propriétaire d’hôtel ait son propre piste d'atterrissage. Des "îlots de verdure" à l’intérieur de ce pays, immense chantier (pour ne pas dire autre chose) abandonné au hasard, susceptible de tomber aux main du premier pirate démagogue, sans aucune considération pour un peuple qui ne demande qu'a travailler, qu'à progresser. Chacun d'entre eux guette dans l'ombre, le moment de réaliser sa part de destruction. Ces Attila modernes plus dangereux que des sauterelles affamés (de pouvoir et d,argent)! Souhaitons au pays qu'à la faveur de ce faible petit vent de démocratie qui souffle sur le pays, ces "séquelles d'un passé peu glorieux" soient balayées pour qu'une nouvelle génération plus moderne, plus lucide, plus respectueux de son environnement physique et humain, plus intelligente prenne la relève! Le progrès aurait alors bien des chances de s'étaler sur tout le territoire d'Haiti.

mardi 29 novembre 2011

Haïti-Education : Plus de 800 mille bénéficiaires du programme de scolarisation gratuite de Martelly, selon le ministre de l’éducation

lundi 28 novembre 2011
P-au-P, 28 nov. 2011 [AlterPresse] --- Plus de 800 mille enfants bénéficient du « programme de scolarisation universelle gratuite » du président Michel Martelly, selon ce qu’annonce le Ministère de l’Education Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP).
Le programme qui était initialement prévu pour toucher 772 mille enfants, bénéficie en réalité à 837 mille 489 écoliers et écolières, a fait savoir le ministre de l’éducation nationale, Réginald Paul, en dressant le bilan du programme, plus d’un mois après la rentrée.
Les enfants bénéficiaires se repartissent dans 6 mille 809 établissements de 8 départements géographiques.
Plus de la moitié de ces 800 mille enfants, soit 490 mille sont des élèves scolarisés dans des écoles publiques qui ont bénéficié dans le cadre du programme d’une suppression des 100 gourdes de frais scolaires annuels auparavant exigés, selon Reginald Paul.
Le ministre précise qu’en plus de payer ces 100 gourdes au profit des parents, l’Etat assure aussi un accompagnement aux écoles.
Par ailleurs le programme a permis la scolarisation de 139 mille 188 enfants dans les écoles publiques. Des subventions ont été octroyées à 208 mille 301 enfants dans des écoles privées.
A en croire Dimitri Nau, coordonateur général du programme, entre 38 et 40 millions de dollars sont disponibles dans le Fonds national d’éducation, créé pour financer le programme. Toutefois cette somme n’a pas pu être utilisée en raison de l’absence de législation concernant ce fonds.
C’est le trésor public qui jusqu’ici finance le programme de Martelly, selon Dimitri Nau, en mettant à la disposition du ministère de l’éducation 510 millions de dollars.
Par ailleurs, un budget de 41 millions de dollars devrait permettre le fonctionnement des écoles non publiques et publiques qui ont accueilli les élèves inscrites dans ce programme au cours de cette année.
Chaque enfant pris en charge dans le cadre du programme nécessite un financement de 90 dollars américains de l’Etat haïtien qui a en même temps aboli des frais scolaires dans certains cas, selon les responsables du ministère.
Le ministre dit vouloir prendre l’engagement de poursuivre ce « programme de scolarisation universelle gratuite » et de préparer la nouvelle rentrée scolaire dès janvier 2012. [jep kft gp apr 28/11/11 09:30]
http://www.alterpresse.org/spip.php?article11960

Commentaire
Un pays qui a perdu des centaines d'instituteurs, de professeurs et d'étudiants pendant le tremblement de terre, peut-il les avoir remplacés si vite au point d'en former, en si peu de temps de nombreux autres pour répondre aux exigences du programme rêvé par le candidat Michel Martelly, depuis peu, président de la republique? On a le droit d'en douter. Combien d'instituteurs, combien de professeurs ont été réellement formés? Quel programme intensif ont-il suivi? Qui les a formés, où et comment? Les fonds prélevés sur les appels téléphoniques destinés à cette fin, sont-ils un prétexte pour accumuler des fonds, comme ça, tout simplement, ou va-t-on en toucher un mot au parlement pour qu'une loi détermine les modalités de leur utilisation? La demagogie peut nous coûter cher. Si après avoir dénigré l'école, l'université, les intellectuels, la nouvelle équipe réussit à réaliser cette prouesse qu'elle s'attribue, elle mériterait qu'on oublie ses excès de langage, notamment ceux de son représentant par excellence, le président de la république lui-même. Autrement, si tout cela n'est qu'un mirage, pour faire accroire que quelque chose est en train de se passer, comme nous le craignons, alors la difference avec celui qui nous disait que "la science corrompt la jeunesse" (Hitler, Mein Kampf) serait très mince.

lundi 28 novembre 2011

Haïti-Université : La Faculté des Sciences Humaines a boudé la rencontre avec le président la République

lundi 28 novembre 2011
P-au-P, 28 nov. 2011, [Alterpresse] --- Aucun des représentants de la Faculté des Sciences Humaines (FASCH) au Conseil de l’Université d’Etat d’Haïti n’a participé à la rencontre avec le président de la république, Joseph Michel Martelly, le 24 novembre 2011 au palais national.
La rencontre visait essentiellement à lancer le processus de renforcement de l’UEH, selon le chef de l’Etat.
« Le président n’a aucun projet pour l’enseignement supérieur. Cette rencontre éclair ne peut rien accoucher de concret. Ce n’est qu’un show médiatique de plus », estime James Beltis, délégué des étudiants de la FASCH au Conseil.
Une note, publiée le même jour, à l’attention des étudiants de la communauté facultaire explique la position du représentant des étudiants. Cette note souligne les limites voire l’inutilité d’une telle rencontre.
« Techniquement, cette réunion est impossible. Comment pouvoir discuter démocratiquement pendant une heure avec plus de 40 personnes (membres du conseil de l’UEH) ? », s’interroge l’étudiant.
Rappelons que le président de la République avait déjà rencontré le recteur Vernet Henri et le vice-recteur à la recherche Fritz Deshommes, au cours de cette semaine.
Wilson Laleau, ancien vice-recteur aux affaires académiques de l’Université, est, pour sa part, l’actuel ministre du commerce et de l’industrie du gouvernement de Garry Conille.
« C’est une manœuvre habile du président pour bluffer l’université après avoir eu vent de la mobilisation des étudiants et professeurs pour exiger de meilleures conditions de travail », soutient l’étudiant de la FASCH.
« D’ailleurs même le motif de la rencontre n’a pas été notifié au Conseil », continue James Beltis.
Le délégué d’étudiants de l’Ecole Normale Supérieure ainsi que et le doyen de cette établissement, Berard Senatus, n’ont pas pris part, non plus, à cette rencontre.
La Faculté des Sciences Humaines est représentée au Conseil de l’Université par Hancy Pierre (coordonnateur Général), Anselme Rémy (délégué des professeurs) et James Beltis (Délégué des étudiants).
Contacté par AlterPresse, Hancy Pierre n’a pas voulu s’exprimer sur l’initiative de Michel Martelly.
« La faculté vit une ambiance d’insécurité et de persécutions. Je ne me sens pas en pleine jouissance de ma liberté d’expression », se contente-t-il simplement de répondre.
Dans une note de presse du 10 novembre dernier, Hancy Pierre avait critiqué l’attitude des responsables de l’Etat vis-à-vis de l’université.
« Durant les deux dernières années, l’Université d’Etat d’Haïti en général (et la Faculté des Sciences Humaines en particulier) a été victime d’exactions, de violations et de répression de la part des autorités sans avoir de recours », avait-il soutenu. [efd kft gp apr 28/11/2011 08 :55]
http://www.alterpresse.org/spip.php?article11959

Commentaire
Du temps où j'allais suivre des cours à la faculté des sciences humaines (1979-1980), il était inconcevable que le président Duvalier nous convoque et que nous ne nous présentions pas. C’était l’époque de la répression pure et dure. C'est donc un progrès, imperceptible, pour l'actuelle génération, mais progrès quand même. Cependant, il ne faut pas que quelqu'un commette l'imprudence d’interpréter ce progrès par rapport à notre Moyen-Age récent comme un privilège. C'est un droit! C'est le genre de droit auquel on ne peut se payer le luxe de renoncer. Le faire, ce serait trahir d'avance ceux qui vont venir après nous, c'est leur imposer d'avance la nécessité de recommencer ce que nous avons mal fait. Bravo, chers amis! Sans verser dans l'irrespect et la grossièreté qui caractérisent les relations entre l’exécutif et le législatif haïtiens actuels (spectacle on ne peut plus déprimant offert au pays et au monde!), vous pouvez et devez vous affirmer. Non pas pour vous donner le loisir d'une petite parade stérile, mais pour renforcer les acquis et continuer à en accumuler. Le monde avance et toute tentation régressive est coupable. Allons de l'avant pour une Haiti meilleure et vous n’êtes et ne serez jamais plus seuls!

dimanche 27 novembre 2011

Haiti-Duvalier : Seize organisations canadiennes demandent à Martelly de garantir les conditions d’un procès de l’ex dictateur

samedi 26 novembre 2011
Communiqué de la Concertation pour Haiti (regroupement d’organisations québécoises et canadiennes qui participent au mouvement de solidarité avec le peuple haïtien), suivi d’une lettre au président Michel Martelly, en date du 24 novembre
Documents parvenus le 26 novembre à AlterPresse

La Concertation pour Haïti demande impérativement au gouvernement haïtien de traduire l’ex-dictateur Jean-Claude Duvalier en justice. Dans une lettre adressée au président de la République Michel Martelly, Michel Frenette, représentant d’Amnistie internationale Canada francophone au sein de la Concertation pour Haïti (CPH) soutient au nom de la Concertation que la tenue d’un procès juste et équitable permettrait de rendre justice aux milliers de victimes du duvaliérisme. Cela permettrait ainsi de restaurer la confiance du peuple haïtien en un système de justice efficace.
Selon la Concertation pour Haïti : « Il est maintenant impératif que le gouvernement haïtien confirme publiquement sa volonté de non-ingérence dans le travail des autorités judiciaires afin qu’elles mènent à terme des enquêtes approfondies et impartiales sur les graves violations commises sous le régime Duvalier. Il s’agit d’une occasion unique dans l’histoire d’Haïti pour mettre enfin un terme au cycle incessant de l’impunité qui a toujours prévalu et de permettre ainsi la reconstruction de la mémoire collective en préservant la dignité du peuple haïtien tout entier. L’histoire a montré qu’il ne peut y avoir ni réconciliation véritable, ni entente nationale digne de ce nom qui ne passe par la voie de la vérité, de la justice et de la réparation ».
Fondée en 1994, la Concertation pour Haïti est un regroupement d’organisations québécoises et canadiennes qui participent au mouvement de solidarité avec le peuple haïtien en marche vers une société non-violente, plus juste et démocratique.

Montréal, le 24 novembre 2011

Son Excellence Monsieur Michel Martelly
Président de la République
Palais National
Rue Magny
Port-au-Prince
Haïti

Monsieur le Président de la République,

Fondée en 1994, la Concertation pour Haïti est un regroupement d’organisations québécoises et canadiennes qui participent au mouvement de solidarité avec le peuple haïtien en marche vers une société non-violente, plus juste et démocratique.
La Concertation pour Haïti s’adresse aujourd’hui à vous pour que le pouvoir exécutif garantisse aux autorités judiciaires l’indépendance, les moyens matériels et financiers et la sécurité indispensables pour que soit déféré à la justice l’ex-président Jean-Claude Duvalier, afin que ce dernier fasse l’objet d’un procès juste et équitable.
Déjà, les plaintes déposées ont été jugées recevables et le juge d’instruction a transmis le dossier au Commissaire du gouvernement. Il est maintenant impératif que le gouvernement haïtien confirme publiquement sa volonté de non-interférence dans le travail des autorités judiciaires afin qu’elles mènent à terme des enquêtes approfondies et impartiales sur les graves violations commises sous le régime de Jean-Claude Duvalier. Non seulement parce que c’est son « devoir », comme l’a rappelé la Commission interaméricaine des droits de l’homme (Déclaration du 17 mai 2011). Mais aussi parce que c’est une occasion unique dans l’histoire d’Haïti pour enfin mettre un terme au cycle incessant de l’impunité qui a toujours prévalu. Pour vous, Monsieur le Président, qui aviez fait du rétablissement d’un État de droit un axe majeur de votre campagne électorale, c’est là une opportunité historique à ne pas manquer.
Tenir un procès juste et équitable, ce serait rendre justice aux milliers de victimes du duvaliérisme et restaurer la confiance des Haïtiens dans un système de justice renforcé. À l’inverse, mettre fin au processus confirmerait l’idée selon laquelle il n’y a pas de justice en Haïti, même pour les pires crimes.
Tenir un procès juste et équitable, ce serait également travailler à la « reconstruction de la mémoire collective et de la dignité du peuple haïtien tout entier » comme a tenté de le rappeler Amnistie internationale lors de la présentation de son rapport « On ne peut tuer la vérité », interrompue par les partisans de Jean-Claude Duvalier, le 22 septembre dernier.
Nous sommes conscients qu’aller de l’avant est une décision difficile à prendre et que bien des motifs, quelquefois d’apparence noble, pourront être évoqués pour s’y soustraire. Mais il n’y a pas d’échappatoire possible puisque l’histoire a montré qu’il ne peut y avoir ni réconciliation véritable, ni entente nationale digne de ce nom qui ne passe par la voie de la vérité, de la justice et de la réparation.
Nous sommes conscients également que mener à terme un procès juste et équitable à l’encontre de Jean-Claude Duvalier et d’autres agents de l’État placés sous ses ordres représente un immense défi pour le système judiciaire haïtien. Mais nous sommes convaincus qu’il peut être relevé avec le soutien technique de la communauté internationale. Si les autorités haïtiennes adressent une requête en ce sens au gouvernement et à la société civile du Canada, la Concertation pour Haïti fera pression pour qu’une réponse adéquate y soit apportée.
En Haïti, le Collectif contre l’impunité fait valoir que « l’impunité ne peut être le destin d’Haïti ». Donnez-leur raison, monsieur le Président, en profitant de ce rendez-vous exceptionnel de votre pays avec l’Histoire.
Soyez assuré de toute la considération des organismes signataires,
Michel Frenette Pour la Concertation pour Haïti

Organismes signataires :

Alternatives
Amnistie internationale Canada francophone
Association québécoise des organisations de coopération internationale (AQOCI)
Centre Justice et Foi
Centre international de solidarité ouvrière
Coalition pour la protection de l’environnement et le développement durable en Haïti (COPEDH)
Comité de solidarité/Trois-Rivières
Développement et Paix
Droits et Démocratie
Église Unie du Canada
Équitas
Handicap International
L’Entraide missionnaire
Regroupement des organismes canado-haïtiens pour le développement (ROCAHD)
Solidarité, Union, Coopération (SUCO)
YMCA du Québec

cc. Son Excellence monsieur Garry Conille Premier Ministre

http://www.alterpresse.org/spip.php?article11957

COMMENTAIRE!!
Tonnerre!Foutre! Comme dirait sans hésiter Lionel Trouillot.
Mais nous prend-on pour des sauvages, des arriérés, des tarés qui ne font attention qu'à ce que les autres décident pour nous? Ce qu'ils décident de nous imposer? Devons-nous continuer à être utilisés pour la défense des intérêts d'autrui, de ceux qui, comme hier ou avant-hier, faisaient miroiter leurs morceaux de verre devant nos yeux afin de nous prendre les ressources dont nous disposions encore? Pour le moment, la dernière et la plus importante demeure notre dignité. Jusqu'à quand devrons-nous supporter d’être instrumentalisés (exactement comme des marionnettes) pour tout simplement camoufler les crimes de certains sournois? Les crimes ne sont-ils pas des crimes d'où qu'ils partent, où qu'ils soient perpétrés? Est-ce que les droits de l'homme doivent obligatoirement être une affaire d’intérêts individuels sélectifs ou de petits groupes bien financés? Est-ce que les droits de l'homme doivent être défendus, protégés par des aveugles, n'ayant d'yeux que pour certains crimes et se les bouchant sur d'autres? Les Duvalier ont commis des crimes, des atrocités, mais ils ne sont pas les derniers criminels en Haiti. Les autres ont-ils automatiquement l'immunité? Tartufes volontairement aveugles et hypocrites, répondez-nous! La mauvaise foi, la manipulation évidente dont font l'objet les victimes, les vrais victimes (non point ceux qui ont INTÉRÊT à l’être par procuration) des dictateurs, des tortionnaires, des délinquants armés et cravatés, disséminés à travers Haiti et le monde (y compris dans les pays les plus industrialisés, sinon d'où viennent les trafiquants d'armes?) ont raison d’être perplexes. Est-ce que la concentration sur Jean-Claude Duvalier, dont la poursuite judiciaire, si elle est honnête et objective, s’étend aux autres dictateurs et tortionnaires aussi, se justifie, n'est pas un prétexte pour nous détourner d'autres crimes tout aussi odieux que ceux commis moins récemment? Et ce non seulement en Haiti, mais aussi dans les pays mentionnés par ces organisations honorables, dont le Canada? Veut-on honnêtement découvrir, sans camouflage, sans fausse pudeur, sans cécité sélective, des criminels cachés sous des titres, des grades, des apparences qui sont loin d'être recommandables? Alors ouvrez vos portes à ceux qui ont des plaintes externes (à l'extérieur du Canada, dans les pays du tiers-monde mais au Canada aussi)mais locales aussi, et surtout faites-le sincèrement, sans arrières-pensées, et vous découvrirez des choses, des crimes. Le problème, c'est qu'il semble que la dénonciation des crimes les plus perfectionnés, ceux perpétrés par des policiers (utilisant les ressources les plus modernes), des fontionnaires haut placés, des amis ou des intimidateurs professionnels qui font peur, n'ont pas la même signification! L'hypocrisie a quand même ou, en tout cas, devrait avoir des limites. Une organisation nationale ou internationale qui utilise certains crimes pour en cacher d'autres risque à tout moment le discrédit. Est-ce que ces représentants hyper-expérimentés de ces organisations pourtant universellement connues et dotées des meilleurs instruments du monde, l'ignoreraient?


Renos Dossous, Ottawa-Gatineau, Canada
rdossous7@hotmail.com

samedi 26 novembre 2011

EDITO : Quelle vitrine pour notre secteur privé ?

Haïti: A quelques jours de l'ouverture de la conférence des investisseurs « Invest in Haiti » qui sera organisée par la Banque interaméricaine de développement et la Fondation Clinton, les langues se délient, les positions se précisent, mais surtout les portes s'ouvrent pour le secteur privé haïtien.
Selon les dernières listes qui circulent en petit comité, pour faire de la place aux locaux, l'assistance attendue a dû être plus que doublée. On ajoute à tour de bras des noms. Il y aura une forte représentativité des Haïtiens, selon ce qui se dit.
L'oubli des premiers jours était dû au fait qu'il n'y avait pas de gouvernement pour être le vis-à-vis des organisateurs. Mais diriez-vous, les organisations du secteur privé étaient bien en place, pourquoi ne les a-t-on pas consultées ?
Choc de culture et doute sur la force de frappe de notre secteur privé, consent à dire au détour d'une conversation à bâtons rompus, après promesse du confortable « sous le couvert de l'anonymat », un expatrié qui n'a pas sa langue dans la pochette de son blazer.
« Le secteur privé haïtien se comporte en ayant droit qui attend qu'on le courtise, qu'on le rejoigne sur les hauteurs où elle niche » (sic) alors qu'elle devrait être au devant de la scène, friande d'opportunités et de joint-venture de toute sorte pour enrichir son capital de savoir-faire et accéder à de nouveaux leviers financiers.
Que constate-t-on ? questionne l'ami d'Haïti : le secteur privé ne parle pas. Ne se projette pas. Ne construit pas le rêve d'un demain meilleur. Ne partage rien avec le reste de la population. Ne se campe pas en capitaine d'une équipe encore moins en ce buteur qui doit scorer pour faire gagner la bataille du mieux vivre, reproche-t-il.
« Les patrons de ce pays n'ont ni philosophie ni porte-parole », selon lui.
« Au lieu de se plaindre de tout et encore moins au dernier moment, le secteur privé haïtien devrait annoncer ses intentions, faire valoir ses prétentions, publier le catalogue de ses investissements sur place, monter son plan d'affaires et surtout réclamer des fonds, des moyens. Etre partie de la solution, pas des problèmes.»
« Mardi, le chic absolu serait une contre-conférence, un forum alternatif organisé par le secteur privé haïtien pour présenter le décompte de tous les emplois déjà créés depuis le séisme et des investissements en cours. Parler du présent, prendre option pour le futur, se faire voir et connaître pendant le show des grands amis qui ne vont faire que des annonces », estime en stratège cet ami d'Haïti, qui désenchante de ne pas voir les Haïtiens se prendre en main.
Pour cela, il faudrait que les hommes d'affaires décident d'être la vitrine d'un pays qui veut aller de l'avant et sortent de derrière le paravent de l'indigence, ce cache-misère de nos fortunes et infortunes.

Frantz Duval
duval@lenouvelliste.com
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=99733&PubDate=2011-11-25

Commentaire
Cet éditorial met le doigt sur une plaie béante: la mentalité élitiste de tous les secteurs (de professionnel, des affaires, étudiant, et même politique) de ce pays. Avoir accès à un poste, à une promotion en Haiti, peut produire exactement le contraire de ce qu'il produit ailleurs, une paralysie. On atteint un "niveau élevé" pour y rester, c'est à dire pour tout paralyser afin que rien ne permette à d'autres de jouir un jour de ce même privilège. Pour atteindre une fin aussi machiavélique, il faut beaucoup de sacrifices. Des autres! Nos leaders, c'est un titre qu'on apprécie beaucoup en Haiti, ont donc intérêt à s'exhiber quand il y a une vitrine, une galerie pour se pavaner. Autrement, on gaspille son temps! La partie la moins noble (selon cette mentalité ancien régime) du travail, qui consiste à vraiment travailler, aller à la base, consulter les clients potentiels, créer son créneau au sein de la population, s'adresser à des devanciers plus expérimentés donc capables de nous faire bénéficier de leurs connaissances, de leurs expériences, c'est se ravaler. Cela ne se conçoit pas. C'est comme ces nobles qui se sont fait déplacer par les bourgeois parce que trop paresseux, trop sensibles au jugement des autres (ceux qui critiquent sans rien faire), mais surtout trop parasites. Le travail se fera tout seul, c'est une espèce de devise sacrée. Rétrograde, mais devise quand même. Heureusement qu'il y a encore des esprits lucides pour leur dire à ces perpétuels retardataires ce qu'ils n'aiment pas entendre trop souvent! Quelques-uns se réveilleront, sans doute, et feront la différence, traceront le chemin que d'autres pourront emprunter.

vendredi 25 novembre 2011

Haiti-Droits Humains : Le GARR souhaite la présence de l’Etat à la frontière avec la République Dominicaine

jeudi 24 novembre 2011
P-au-P, 24 nov. 2011 [AlterPresse] --- Le Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés (GARR) révèle que plusieurs ressortissants haïtiens sont morts (certains par strangulation) et d’autres sont blessés et portés disparus en République Dominicaine et appelle l’Etat haïtien à leur protection et à leur sécurité, dans un rapport transmis à AlterPresse.
Depuis la soirée du 9 novembre 2011, des ressortissants dominicains ont orchestré des attaques à l’encontre des Haïtiens, notamment à “La Descubierta”, une localité de la République voisine, en représailles à l’assassinat d’un dominicain dans la zone de Savann Bonm, commune de Cornillon/Grand-Bois (Ouest).
Trois Haitiens ont été tués et trois autres blessés, indique le rapport du GARR. Les cadavres des trois Haïtiens ont été trouvés en territoire dominicain, selon des témoignages.
L’un de ces cadavres a été transporté et remis aux parents tandis que les deux autres non identifiés ont été vus près de la caserne dominicaine de Cacique. D’après des témoins, ils commençaient à entrer en putréfaction.
Ces trois haïtiens ont été identifiés sous les noms de Anil Déjouie (22 ans, mort étranglé), travailleur en territoire dominicain, Dieubon ainsi connu (mort par strangulation), Gabriel Michel (39 ans et père de six enfants), cultivateur depuis 20 ans, toujours selon le rapport.
Un autre rapport publié par le Service Jésuite aux Réfugiés et Migrants (SJRM) sur ce même incident rapporte trois cas d’Haïtiens blessés observés dans un hôpital à Barahona dont Cael Bellevue, 49 ans originaire de Mathurin, localité située tout près de Savann Bonm et Bernard Baptiste, 29 ans, connu en République Dominicaine sous le nom de Julio César, originaire de Terre Froide (commune de Fonds-Verrettes).
Les deux hommes, ont été agressés à Descubierta (RD) dans la nuit du 9 novembre 2011, souligne le rapport du GARR.
« De nombreuses personnes sont portées disparues ou se seraient mises à couvert, selon les témoignages recueillis sur place auprès de leurs parents », signale le rapport faisant état de tensions qui ont régné suite à l’incident survenu à Savann Bonm.
Le GARR, dans son rapport, souligne l’origine de l’incident en mettant l’accent sur les problèmes liés au manque de protection de la population haïtienne évoluant en République Dominicaine, notamment les couches pauvres qui travaillent dans ce pays.
L’absence d’autorités de l’Etat dans des points frontaliers où s’effectuent des échanges importants entre les populations des deux pays ainsi que la présence de civils armés dans les zones reculées qui sont acceptés tant par la population que par les autorités sont autant de causes signalées dans le rapport.
Le GARR recommande aux autorités haïtiennes à garantir le droit à la vie et à la sécurité de leurs ressortissants.
Il demande à l’Etat, à court terme, de fournir une assistance aux autorités locales pour une prise en charge humanitaire à Cornillon/Grand-Bois suite à l’incident.
Le GARR invite l’Etat à renforcer sa présence dans les deux marchés frontaliers qui ont lieu dans deux sections de la commune de Cornillon/Grandbois.
« Il faut une présence permanente non seulement de la police, mais aussi d’autres agents tels la Mairie », souhaite l’organisme de droits humains.[emb kft gp apr 23/11/11 15 :30]
http://www.alterpresse.org/spip.php?article11942

Commentaire

Où est l'État haïtien? Où est le gouvernement haïtien? A quoi servent-ils? Qui doivent-ils défendre en quelles circonstances? Ils sont les premiers responsables de ce qui se passe sur la frontière des deux pays! Les Dominicains eux savent qu'ils peuvent compter sur leur gouvernement. Mais revenons sur la terre de Toussaint Louverture! Quel est le but d'un gouvernement en Haiti?

Tandis que ce parlement (nominal seulement) gaspille les ressources du pays pour résoudre un problème qu'il a lui-même crée: un affrontement inutile avec la présidence baptisé "l'affaire Bélizaire", le pays végète. Au nom de quel principe, des parlementaires qui devraient constamment justifier le privilège dont ils bénéficient, ont-ils le droit de paralyser un pays? Au nom de quelle norme, de quelle règle propre à une société civilisée, un président peut-il se lancer tête baissée, dans les pièges que lui tendent ses adversaires, exposant l'avenir de tout un pays? Tandis que ces deux acteurs ou groupes d'acteurs jouent leur RÔLE, font semblant de défendre on ne sait plus quoi, nous assistons à l extinction de tout un pays, d'une communauté qui inquiète. L inquiétude vient d'abord du peuple, de ceux qui souffrent. Mais il y a aussi le côté Dominicain. Ce peuple voisin souhaiterait que les choses changent. Il le voudrait car cela conviendrait à Haiti, et par voie de conséquence, aussi au pays qui partage avec lui cette frontière poreuse. Devons-nous attendre constamment que le président dominicain Léonel Fernandez ou son successeur fasse sonner le signal d'alarme afin que la communauté internationale (re)vienne à notre secours? Il l'a fait du temps de Préval, qui consacrait son temps à autre chose qu'au pays. Doit-il encore le faire, dans le même contexte, pour aider Michel Martelly? Où commence et où finit la dignité pour ces gens qui occupent Haiti comme les pirates occupaient la côte occidentale de l’île avant que Louis XIV n'officialise cette occupation dont nous connaissons déjà l'histoire? Libérez ce pays et ayez la décence de vous trouver d'autres occupations, Messieurs.

jeudi 24 novembre 2011

Haiti « n’est pas gouverné » : constat de la commission d’enquête du Sénat sur l’affaire Bélizaire

mardi 22 novembre 2011

Extrait du rapport de la commission d’enquête présenté le 22 novembre 2011 à l’assemblée du Sénat

Obtenu par AlterPresse
À partir des auditions des témoins et acteurs de l’affaire qui ont défilé devant la commission, celle-ci a fait un certain nombre de constats au nombre desquels on retient les plus importants.
A.- Par rapport au gouvernement
A.1.Le pays n’est pas gouverné. Personne ne sait rien de tout ce qui s’est passé. Des membres du gouvernement ont défilé devant la commission et chacun cherche à se disculper ou au mieux à se décharger de toute responsabilité dans l’affaire. Pire, certains membres du gouvernement en accusent d’autres d’avoir été celui par qui le scandale est arrivé. La commission aurait pu mettre face à face dans une même salle quatre membres du gouvernement ou mieux quatre membres du CSPN et cela aurait été la grande bagarre ou pire, l’éclatement du gouvernement.
A.2.Le gouvernement n’est pas une équipe comme on devrait s’y attendre. Ceux qui ont comparu devant la commission ont fait montre d’un extrême isolement. Chacun gouverne pour lui-même. Personne n’est solidaire du gouvernement et le groupe n’a pas de direction.
A.3.- Au niveau de ce gouvernement triomphe une certaine interprétation de la loi qui produit un gouvernement très compartimenté. Chacun se réfugie dans sa solitude et ne sait pas ce que fait l’autre en essayant de protéger au mieux son territoire pour que l’autre ne s’y infiltre pas. Personne n’ose non plus dialoguer avec l’autre sur ce qu’il fait ou ne fait pas. Tout se passe ainsi comme à l’intérieur d’un un film western.
A.4.Le plus effrayant de toute l’affaire est de constater comment une seule personne dans tout le pays a la capacité de mobiliser autant d’hommes et de femmes armés sans que personne d’autre n’ait un droit de regard sur ce qu’il fait. Clemenceau disait que ‘la guerre était une chose trop importante pour la laisser aux mains des seuls militaires’. Nos dirigeants ne semblent pas avoir compris le message de la sagesse de Clemenceau. Comment laisser au seul directeur de la Police Nationale d’Haïti la latitude pour mobiliser toutes les unités spécialisées de la PNH ? À un moment où le président de la république est en dehors du pays et que le directeur mobilise toutes ces forces, qu’adviendrait-il s’il avait la malveillante volonté de faire un coup de force ? Cela dénote de la nullité ou tout simplement de l’inexistence du CSPN.
B.- Par rapport aux Comportements
B.1.Il est à remarquer que tout le long du processus il y a une certaine obstination à procéder à l’arrestation du député Bélizaire.
B.1.a. D’une part, il y a le président de la république qui refuse de faire marche arrière. Du moins, c’est ce que dénotent ses alternances d’acquiescement et de négation. Tantôt, il veut arranger l’affaire à l’amiable ; Tantôt il veut quand même continuer. Mais quelle affaire avait-il voulu arranger à l’amiable ?
B.1.b.Le ministre de la justice qui dit vouloir intervenir mais il se cache derrière une correspondance qui n’arrive pas pour donner au commissaire du gouvernement tout le temps nécessaire de consommer le forfait.
B.1.c.Le ministre de l’intérieur qui fait semblant de vouloir protéger celui qu’il appelle son ami mais qui conseille à des députés et des sénateurs de se retirer de l’affaire.
B.1.d.Le commissaire du gouvernement qui, malgré les doutes soulevés par le directeur de la DCPJ et les réserves émises par son ministre de tutelle, s’enfonce tête baissée dans l’affaire jusqu’à obtenir l’arrestation du député.
B.2.On a constaté aussi un ensemble de démissions, d’omissions et de permissions dans les actes et les comportements des membres du gouvernement et/ou autres cadres de l’administration publique.
En effet, certains hauts responsables de l’état ont tout simplement démissionné de leur fonction en étant là et laissant faire sans que cela ne les dérange. D’autres ont tout bonnement négligé de faire ce qu’ils avaient à faire pour barrer la route aux violations des droits de la personne, des prescriptions constitutionnelles et des lois de la république. D’autres encore ont affiché une attitude permissive facilitant toutes formes de violations de la loi sous leurs yeux complaisants.

http://www.alterpresse.org/spip.php?article11936

Commentaire
D'aucuns prétendent que ce pays fonctionne comme il convient qu'il le soit, pour le bien des citoyens. C'est là l'opinion de la minorité qui profite de tout ce qu'elle trouve sur son passage: les maigres fonds dont dispose l’État, les dons des organismes internationaux, les apports de la diaspora et, pire encore, les prêts demandés et obtenus au nom de tous les citoyens d'Haiti. C'est au sein de cette minorité vorace et peu représentative - car trop souvent ses membres accèdent à leur position par fraude - que nous trouvons des sénateurs (pas tous), des députés (pas tous), des directeurs généraux, etc. Vient ensuite Michel Martelly, un chanteur qui, par un heureux hasard (heureux pour lui), occupe l’exécutif. Mais son impréparation, sa tendance extrême à l'improvisation, son manque de modèle (c'est à peine de sa faute) nous exposent tous aux plus graves risques. Mais un certain courant parmi ses proches semble lui avoir conseillé des collaborateurs qualifiés, ce qui pourrait prévenir pas mal de dérives. Il croyait pouvoir les appeler sans coup férir et commencer à travailler, à réaliser ce rêve qu'il n'avait même pas osé nourrir, avant de s'y trouver plongé corps et âme. C'est là qu'il s'est surtout trompé. Car non seulement il ne comptait pas avec le manque de bonne volonté, la peur du changement - surtout si le changement risque d’être sérieux - de ceux qui ont traditionnellement gratté le fond des caisses de l'État sans rien faire, mais aussi il souffre d'une faiblesse. C'est un facteur explosif dans tout cela qui représente un point de convergence entre l'exécutif et le législatif. L'arrogance, trop souvent traduit en violence verbale. Les parlementaires qui, dans leur majorité, n'avaient jamais pensé se hisser si haut aussi facilement, (certains vous diront carrément qu’étudier, c'est gaspiller son temps) provoquent le chef de l’état. C'est comme ces policiers ou militaires délinquants qui provoquent un citoyen dont ils savent que s'il parlait trop leur carrière serait menacée (il y en a qui sont de parfaits délinquants et là où l'on s'y attendrait le moins!) L'objectif de ces délinquants armés consiste à forcer Le citoyen pacifique à réagir. C'est le seul moyen d'avoir une raison de l'abattre EN ETAT DE LÉGITIME DÉFENSE (?). Si le chef de l'état qui n'est pas moins irréfléchi dans ses réactions, mais qui semble vouloir aller de l'avant, était plus sage, peut-être éviterait-il de tomber dans le piège des provocations, des interpellations grotesques qui dénoncent le manque de finesse, le manque de délicatesse, l'absence totale d’éducation de ceux qui occupent des postes dont ils ne comprendront jamais la signification. Deux instances du pouvoir en Haiti, deux tempéraments convergents qui condamnent le peuple à payer un prix élevé. Celui de n'avoir jamais su choisir ni dans un sens ni dans l'autre. En fait, à part le président de la république et quelques rares parlementaires, le peuple a-t-il réellement choisi? C'est alors et alors seulement qu'on pourrait lui dire qu'il a le système qu'il mérite. Tandis que nous y sommes et puisque les faits l'exigent, quand le printemps haïtien se déclenchera-t-il?

mardi 22 novembre 2011

Le drame d’Haiti : Aide humanitaire… ! Qui en bénéficie ?

lundi 21 novembre 2011
Débat
Par Promundia Medica
Document soumis à AlterPresse le 19 novembre 2011
Haïti, 12 janvier 2011. En 35 secondes la capitale est ensevelie sous des décombres. L’aide commence à arriver. Les secouristes aident à sortir les blessés de sous les décombres… Les médecins montent des tentes dans les rues…
Charité bien ordonnée commence par soi-même…
Mais déjà, au lendemain même du séisme, la bataille commence entre les organisations, divers groupes « humanitaires ». Les tensions se manifestent, en tout premier lieu, au niveau de l’Aide Bilatérale : qui occupe quoi pour en interdire l’accès aux autres (qu’importe que la population soit privée de ce qu’ils apportent)… campagnes de médiatisation aux dépens même du respect minimal dû a un être humain (en détresse, de surcroit)… Visites de chefs d’Etat, d’une matinée, voire d’une heure qui coûtent chacune plus que la construction d’un centre de santé ou de plantes de purification d’eau pour une bourgade entière.
Quelle superbe occasion se redorer le blason, faire oublier qu’on a des pauvres chez soi ou tout simplement de se faire admirer, d’enrichir son CV… On descend de voiture dans un camp de refugié pour 5 mn, une « photo-op » (ceci pour les plus audacieux) : on se penche sur un petit enfant noir, famélique et « sinistré », et le tour est joué… Il y a tant de caméras, superbe opportunité à ne pas rater !
Défilé incessant de « People » (dirigeants politiques, chefs d’Agences, artistes…) depuis ce mois de janvier 2010… Certains, comme Sean Penn, ce sont distingués en donnant le meilleur d’eux-mêmes. Certaines agences, au milieu du chaos, ont organisé les secours avec efficacité et sauvé de très nombreuses vies. On ne peut que regretter cependant que ces cas demeurent des exceptions. On peut même affirmer que plus de 6,000 Haïtiens ne seraient pas morts du cholera, épidémie inexistante dans le pays avant cette « invasion ».
Près de deux ans après, le paysage dévasté a peu changé. Il est nettement plus facile de jongler avec les statistiques que de construire des abris pour les refugiés ou même de nettoyer la ville des débris... Comment croire que la moitié des refugiés ont évacué les camps quand on voit quotidiennement les mêmes camps, aux mêmes endroits. Le plus grand et le plus dangereux camp de Port au Prince abrite encore 40,000 des 52,000 réfugiés qui y ont été recensés trois mois après le séisme (quand il convenait de gonfler les chiffres, d’ailleurs). Une partie des 12,000 qui auraient laissé ce camp, sont juste en face dans des petites boites de plywood 3m x 3m (dénommés « shelters » dans le jargon), installés par la Croix Rouge.
Inutile de se pencher sur la question du « développement » qui devait remplacer la « phase d’urgence » qui ne devait durer que six mois… Vide vertigineux.
L’invasion humanitaire
Les réunions pour aider les Haïtiens se font en Anglais… Les contrats sont donnés aux compagnies étrangères. L’aide est alloué aux organisations venues d’ailleurs… indépendamment de leur expérience…
Ce qui devait arriver arriva… ces compagnies étrangères, ces ONGs étrangères (toutes issues du « premier monde » reçoivent des fonds mais, ignorant tout du pays, font de la « sous-traitance ». Un professionnel haïtien qualifié (c’est lui qui conseille et exécute le travail d’ailleurs), sera payé US$2,000 alors qu’un gamin aux yeux bleus, ira de « cluster » en « cluster » où l’on est sensé coordonner l’aide (sans jamais y parvenir) pour un salaire trois fois plus élevé. Oui, oui. Le salaire d’un « international » est de US$6,000, au départ.
Les membres du staff international de certaines agences, en Haiti au moment du séisme, ont reçu US$12,000 de dédommagement (même quand ils louent des appartements totalement meublés et donc, dans le pire des cas, on peu perdu) alors que leurs collègues haïtiens, même ceux qui ont perdu maisons ou parents, n’ont eu droit qu’à $2,500… Il est vrai que « charité bien ordonnée commence par soi-même ».
Comme on aime Haïti ! Comme on veut le bien d’Haïti ! Comme on aime collecter des fonds pour les petits haïtiens !
La journée on se promène en 4 x 4 climatisée… Il y en a partout… elles encombrent les rues… elles s’accumulent dans les cours des ONGs internationales. Le soir on dine… langouste de préférence, dans un resto chic.
Oh ! Ces Haïtiens ! Comment osent-ils critiquer ? Le monde entier s’est tout de même montré solidaire… Les principales ONGs internationales n’hésitent pas à dire qu’en deux mois ils avaient récolté les montants qu’ils s’étaient fixés. Certaines ont même précisé que jamais les caisses n’avaient été aussi pleines.
Pourtant, le 11 janvier 2011, premier anniversaire du séisme, la presse internationale revient sur la scène (« du crime »)… Les journalistes racontent la gabegie, l’inefficacité, le drame des refugiés encore sous les tentes, celui des femmes violées dans des camps sans lumière… A qui la faute ?
On tend cependant à rejeter le blâme sur le gouvernement haïtien… Bien sûr. Cependant, cette fois ce n’est pas très convainquant : la plus grande partie des fonds sont encore dans les coffres de ceux qui s’étaient engagés à les « donner ».
Les fonds décaissés sont-ils gérés par les Haïtiens (ONGs ou Gouvernement) ? NON ! Bill Clinton participe au même titre que le premier ministre Haïtien à la gestion des fonds, pour ne citer que cet exemple là. Selon des sources « bien informées » de nombreux contrats sont alloués à des organisations qui lui sont proches. Il dirige aussi une fondation dont le grand public ignore les projets … On ne l’accuse pourtant pas d’être corrompu…
On serait en droit de se demander pourquoi 80% des ONGs ayant géré des fonds humanitaires ont refusé de répondre au questionnaire que leur a soumis le Disaster Accountability Project (Projet sur la redevabilité lors de désastres), dans le but d’évaluer le niveau de transparence des ONGs.
D’autres ont déjà analysé les raisons socio-politico-economico-militaires de l’echec de cette “aide humanitaire” qui laisse si peu de traces en Haïti, petite moitié d’île d’à peine 27,750 Km2… Haïti est devenu un symbole, non de la réussite d’un nouveau Plan Marshall, mais plutôt du contraire. Que sont devenus nos repères moraux, où allons nous ?
Laissons donc l’analyse macro aux spécialistes…
En Haïti, nous voyons avec nos yeux… nous sentons dans notre peau. On observe donc ce qu’on ne cherche même pas à nous cacher : les relations métropole-colonie se manifestent différemment selon les besoins ou les circonstances. Les « experts internationaux » nous dépensent une partie substantielle de leurs budgets en communication pour nous convaincre qu’ils sont en train de résoudre les problèmes du pays. « Des mots, encore des mots, toujours des mots… », chantait Dalida. Pourtant, la vérité saute aux yeux : notre pauvreté les rend riches.
Bien sur, on nous dit que nous sommes des ingrats.
Il était une fois une ONG…
Un exemple parmi tant d’autres illustre le cynisme de nos « sauveurs ».
Il était une fois, une ONG strasbourgeoise, petite mais connue en Haïti pour son efficacité et sa discrétion à la suite du séisme. Elle est vite remarquée par de grandes Associations et Clubs de Services qui cherchent à se positionner là où sont braqués les projecteurs du monde entier. L’une d’entre elles, le District Local 1680, propose d’appuyer financièrement le projet sur lequel travaille la petite ONG : un centre de santé communautaire dans une zone isolée d’Haïti.
La Petite ONG, Promundia Medica, n’attend pas la réception des fonds pour avancer sur ce projet qui lui tient à cœur. Elle se rend deux fois en Haïti pour finaliser les démarches pour la donation du terrain sur lequel s’érigera le centre et organiser des journées de santé. Parallèlement, les négociations se poursuivent et aboutissent à un protocole d’accord, signé en grande pompe. Suit une intense campagne médiatique au niveau des autres Districts pour lever des fonds. « Osons ! » proclame-t-on fièrement.
Pendant un an, on exigera de plus en plus d’informations à la petite ONG… sans jamais attribuer les fonds de contrepartie promis. Au bout de cette année, quand la somme initiale promise a été doublée, soudain, on annonce que la petite ONG n’est pas fiable… qu’on ne peut lui confier les fonds recueillis pour le centre de santé… Problème qui n’avait jamais été signalé pendant la période des grand diners, en tenue de soirée…
Le coup a déstabilisé la petite ONG qui s’est essoufflée. Cependant, elle continuera comme elle avait commencé : en comptant sur ses propres ressources et en revenant à son projet initial de construire un centre de santé rural. L’expérience n’a fait que confirmer à Promundia Medica et à ses médecins strasbourgeois, que leurs services sont nécessaires dans cette bourgade éloignée du Sud d’Haïti, là où il n’y a ni restaurants chics ni soirées en grande tenue.
Que sont devenus ces fonds recueillis au nom d’Haïti ? Ils ont peut-être servi à payer les activités réalisées pour les collecter… Cercle vicieux.

http://www.alterpresse.org/spip.php?article11919

Commentaire
Où est le paradoxe, l'élément à souligner dans cette révélation? Elle nous informe de ce que tout le monde sait, mais que, par commodité, beaucoup refusent de croire. Quelques organisations non gouvernementales travaillent. D'autres attirent les journalistes. D'autres encore, avec des complicités locales, bafouent tout le monde. Et l'on viendra après nous parler de changement de gouvernement, d'amélioration, d'investissement, bref de tout ce dont Haiti avait vraiment besoin pour changer son état de pays indigent. Mais cela n'a rien changé. Ce n'est pas parce que les noms des comédiens ont changé que la pièce serait différente, que la transformation du pays allait se hâter. Ce sont les mentalités qui se trouvent empêtrées, trop ancrées dans une tradition de manipulation, de corruption, d'opportunisme qui s’étend d'une sphère à l'autre, de la nationale à l'internationale, du particulier au général. Qui changera quoi? Pour le moment personne! A moins d'une irruption brusque d'un chef visionnaire, d'une personne dotée d'intelligence et de bonne volonté, capable d'agir sans se laisser intimider par les vautours de toujours. Ils sont nombreux, mais un gouvernement digne de ce nom saura gagner l'appui du public contre leur insatiable gourmandise, leurs ambitions forcenées. C'est de l'inconsistance, du manque de sérieux des dirigeants haïtiens que s'alimentent les opportunistes qui nous envahissent. J'aime les contraste! Citez-moi un seul exemple de prédateurs étrangers ravageant la République Dominicaine! On y trouvera aussi certainement de la corruption, mais la dignité de beaucoup de ses dirigeants, de ses politiciens, sait faire le contrepoids, imprimer à la balance une inclinaison du côté de la majorité de la nation. Il y a des limites qu'aucune organisation locale ou internationale n'osera jamais dépasser. Apprenons à être vigilants vis-à-vis de la corruption internationale, la nationale devrait être amplement suffisante. Si la corruption est une vertu, nos corrompus, de vrais champions poids lourds, ont dépassé toutes les bornes.

lundi 21 novembre 2011

Haïti-Reconstruction : Nouveau local temporaire pour le Parlement

lundi 21 novembre 2011
P-au-P, 21 nov. 2011 [AlterPresse] --- Un nouveau local temporaire du Parlement haïtien doit être inauguré ce lundi 21 novembre, apprend AlterPresse.

Il s’agit d’un nouveau bâtiment construit avec le soutien des Etats-Unis à hauteur de 1,9 million de dollars.
Jusqu’ici, le Parlement logeait dans des locaux transitoires [http://www.alterpresse.org/spip.php...] établis sur le site de l’ancien immeuble du pouvoir législatif, détruit lors du séisme du 12 janvier 2010.
Le nouveau siège officiel du Parlement offert par le gouvernement américain, regroupe deux bâtiments reliés par une salle de réunion commune, sur un terrain de 22 mille mètres carrés, indique l’ambassade des Etats-Unis en Haiti.
L’immeuble doit abriter les deux chambres pour plusieurs années en attendant la construction d’un édifice permanent. [kft apr 21/11/2011 9 :13]
http://www.alterpresse.org/spip.php?article11920

Commnentaire
Une inauguration en Haiti est une activité bien onéreuse. On dépense un million de dollars pour la construction de quelques kilomètres de route et presqu'autant pour l'inauguration. Une somme qui, si elle était correctement investie, fournirait de l'entretien pendant de longues années. Ce qui aiderait ces voies à continuer d’être viables et fonctionnelles. Ces petites inaugurations nous ramènent aux temps des Duvalier où l'on faisait un long défilée sur des kilomètres et des kilomètres pour attirer l'attention sur la construction de n'importe quoi. Il ne suffisait pas de faire, il fallait immanquablement attirer l'attention. Dans la vision qu'ont ces gens de la politique, il ne suffit pas de faire, il faut surtout faire de l’exhibition. Ainsi il n'y a pas de coupure entre les autorités actuelles et celles d'hier. Seuls les noms changent. Malheureusement! Et pour comble d'inconscience, ces mêmes députés et sénateurs, peu enclins à se montrer reconnaissants, vous insulteront les Américains avec désinvolture, brandiront avec force leur patriotisme pour un oui ou pour un non. C'est à faire accroire que certains n'ont pas de dettes envers la justice américaine soit pour fraude, soit pour trafic de drogue, soit pour génocide en Haiti ou ailleurs.

dimanche 20 novembre 2011

Point de vue de l'auteur André Corten

Il y a des années de cela, le livre d'Andre Corten "L'Etat faible" suscitait des débats à l'université et parmi nos intellectuels. Voilà que l'auteur nous revient avec une version enrichie de son travail. Les années et les situations ont évolué. Sommes-nous toujours un Etat faible? Devenu un Etat fragile ou installé dans le statut d'Etat failli? Corten qui jette un regard sur l'île entiere a recours à six eminents specialistes des questions haitiennes et dominicaines pour tirer le portrait de nos deux pays. L'auteur sera parmi nous la semaine prochaine pour vente signature et débats. Dans l'attente, Le Nouvelliste, qui est partenaire de son passage, vous propose ce texte d'André Corten. Pour ouvrir les discussions...

Haïti: Depuis 1950, le revenu par habitant en Haïti ne cesse de stagner. Il a même diminué. Le contraste avec le pays voisin - la République Dominicaine - est saisissant. Alors que vraisemblablement les deux pays avaient un niveau de revenu comparable en 1930, le produit intérieur brut par habitant en République Dominicaine est aujourd'hui 9 fois celui d'Haïti : en valeur constante pour la série, cela fait respectivement 3764$ et 394$. Certes, on peut faire dire un peu n'importe quoi à des statistiques. Si l'on prend l'Indice de développement humain (IDH) qui tient compte notamment de l'éducation et de l'espérance de vie, l'écart est d'ailleurs infiniment moins grand : 0.404 versus 0.663. L'Amérique latine en moyenne a 0.76.
Lors de la première édition de L'État faible. Haïti-République Dominicaine (Montréal, CIDIHCA, 1989) et lors de la deuxième (Santo Domingo, Taller, 1993), les deux pays pouvaient être encore rangés dans la même catégorie d'État faible. Deux facteurs rendaient compte de cette extrême faiblesse : l'indifférenciation sociale (pas de classes, mais une masse paupérisée non structurée) et une économie tournée complètement vers l'exportation. Dans l'édition de 1993 - mais déjà aussi dans le chapitre VII de l'édition de 1989, était pointée du doigt la complexe situation des migrants haïtiens en République Dominicaine qui affaiblissait de part et d'autre les deux pays. La pression internationale pour le respect des droits humains y contribue paradoxalement parfois aussi, comme on le verra dans les textes ajoutés dans la présente édition.
C'est devenu un cliché, Haïti est un État faible. Cela paraît incontestable. Au contraire, en ce qui concerne la République Dominicaine, des faiblesses très grandes subsistent, notamment en matière d'éducation (primaire et secondaire), mais la différence entre les deux pays est flagrante. À tel point qu'on peut se demander : y a-t-il un État en Haïti ?
Cette nouvelle (et troisième) édition de L'État faible (Mémoire d'encrier, 2011) essaie d'aborder de front ces questions capitales. À vrai dire, on pourrait sombrer dans le désespoir tant les facteurs négatifs sont multiples et durables. On peut certes faire valoir la richesse culturelle d'Haïti et son rayonnement international, mais à voir aujourd'hui les terribles et infamantes conditions de vie de 80 % de la population haïtienne et la désolation à laquelle celle-ci est exposée, ce sont des questions sur le sens même de l'humain qui sont posées. J'avais parlé de mal politique.
En effet, dans un livre publié en 2000 - Diabolisation et mal politique : Haïti, misère, religion et politique (Montréal/Paris, CIDIHCA/ Karthala) -, j'ai montré que face à la « désolation » (au sens de Hannah Arendt), les populations parviennent, parfois à travers le prisme religieux, à résister à la déshumanisation. Par contre, devait également être observé que plusieurs élites haïtiennes (et étrangères ?) sont fascinées par la manière dont peuvent être manipulés, notamment à travers des milices, des hommes détruits et prêts à toutes les violences.
Par rapport aux autres pays latino-américains, y compris le voisin dominicain, Haïti n'est pourtant pas un pays spécialement violent malgré l'angoisse et la peur que suscitent les kidnappings. Mais devant la quasi-inexistence de l'État dans plusieurs secteurs et l'incurie persistante des gouvernements, c'est sur le lit de la misère et de la violence que les populations deviennent à des moments imprévus des protagonistes de la vie politique. C'est bousculée par ces irruptions qu'une pseudo classe politique extrêmement manoeuvrière essaie de servir de tampon à certains diktats de la communauté internationale.
De 1982 à 1994, un puissant mouvement social avait fait mouvoir la société. Le coup d'État de Cédras (1991-1994), l'embargo décrété par la communauté internationale et ensuite les mesures d'ajustement imposées par celle-ci ont fait perdre à ce mouvement les acquis que celui-ci avait engrangés parfois de façon mystifiée. Des factions avaient manipulé et corrompu les résidus de ce mouvement.
C'est aujourd'hui l'heure des projets de changement. Certes, sur le plan du pays, des projets doivent être fixés, définis et articulés à des moyens financiers. Les projets ne font pas l'État, mais à un moment, ils représentent la volonté de l'État. Ils doivent porter sur tous les secteurs de la vie nationale. Il est difficile de prévoir comment la conjugaison de la grande myopie de la communauté internationale, la dimension manoeuvrière de certaines élites politiques et l'inefficacité des instruments administratifs vont susciter, lorsque ces projets n'aboutiront pas ou seront constamment différés, des réactions de la population pauvre. Réactions peut-être sauvages d'une masse populaire qui pourrait se composer en décalque des projets et des fantasmes de la volonté de l'État qu'ils représentent. Mais peut-être aussi en décalage et en expression autonome.
Il n'était pas possible d'actualiser un livre écrit il y a presque un quart de siècle par un travail d'ajouts et de corrections. La stratégie qui a été adoptée est de compléter le livre avec le concours d'éminents intellectuels haïtiens et dominicains. Je tiens à les en remercier profondément. Dans le présent volume, j'actualise la problématique de l'État faible dans une longue introduction (la mettant aussi en rapport avec les problématiques d'État failli et d'État fragile). Ensuite, après la refonte complète de l'édition de 1989, sont présentés six nouveaux textes. Ruben Silié et Guy Alexandre se sont prêtés à croiser leurs regards. L'un aujourd'hui ambassadeur de la République Dominicaine en Haïti et l'autre ancien ambassadeur d'Haïti en République Dominicaine font le point du pays de l'autre côté de la frontière. Pour Haïti, deux contributions actualisent la question du délitement de l'État, la première de Laënnec Hurbon portant sur l'affaiblissement même du « besoin d'État », la seconde de Sabine Manigat sur la permanence et les vicissitudes depuis 1986 d'un certain système électoral et système de partis. Pour la République Dominicaine, le grand dossier rédigé par Wilfredo Lozano et Franc Baez sur l'évolution de la migration haïtienne en République Dominicaine est complété par le texte de Bridget Wooding sur la campagne internationale pour le respect des droits fondamentaux des Haïtiens sur le sol dominicain.
Cette mise à jour de L'État faible et de sa problématique m'a amené à retourner en Haïti et en République Dominicaine, après plusieurs années de terrain au Brésil et en Amérique du Sud. Le travail de prise de texte de l'édition 1989, d'actualisation des tableaux statistiques, de la bibliographie, la traduction des textes ainsi que les séjours - terrain ont été financés par une subvention du Conseil de recherche en sciences humaines du Canada, obtenue dans le cadre du Groupe sur les imaginaires politiques en Amérique latine (GRIPAL). Je dédicace ce livre à la mémoire de la grande sociologue dominicaine Isis Duarte qui avait, en 1969, commencé à étudier avec moi la condition des Haïtiens en République Dominicaine, qui avait écrit plusieurs textes sur ce sujet crucial et qui avait en 1989 et 1993 commenté en détail les chapitres des deux premières éditions du présent livre.

André Corten
septembre 2011

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=99404&PubDate=2011-11-17

Commentaire

André Corten
Ce nom, nous l'avons entendu pour la toute première fois à Santo Domingo, chez Madame Isis Duarte. Cette sociologue dominicaine est une pionnière a bien des égards. Mais nous retiendrons pour le moment l'attention particulière qu'elle a toujours accordée au pays voisin, Haiti. Quand on s'est rencontrés, elle habitait à côté du campus principal de l'Université Autonome de Santo Domingo. C'est elle qui nous a présenté à son ami haïtien de longue date, récemment nommé ambassadeur en République Dominicaine, le professeur Guy Alexandre. Tant Isis Duarte (malheureusement décédée en mai dernier dans un centre hospitalier au Mexique, après une longue maladie) qu'André Corten, ont consacré une part importante de leur carrière à se pencher sur le cas exceptionnel d'Haiti. C'est donc un connaisseur, un professionnel lucide et informé qui nous convie à cette réflexion sur un pays qui ne finira pas de si tôt d’épuiser de l'encre et du papier. C'est peut-être le seul domaine où l'idée d'abondance risque d'être associée aux politiciens haïtiens dans leur globalité. Dans toute autre domaine, leur stérilité est plus que patente, elle est profondément décevante.

samedi 19 novembre 2011

7 hôpitaux et cinq centres de santé pour Haïti

Haïti: L'imposante délégation haïtienne conduite par le président Michel Martelly doit qualifier de fructueuse sa visite à Cuba. Les autorités cubaines s'engagent à construire sept hôpitaux communautaires et cinq centres de santé en Haïti.
D'autres engagements, selon une note du bureau de communication de la présidence, ont été aussi pris par Cuba dans le domaine de l'éducation en faveur des Haïtiens. « Outre les étudiants haïtiens qui vont continuer à étudier la médecine à Cuba, les coopérants cubains sur place à Port-au-Prince vont poursuivre avec le programme "Wi mwen kapab" visant à alphabétiser des milliers d'Haïtiens », a précisé la note.
Les coopérations tripartites "Haïti-Cuba-Venezuela" et "Haïti -Venezuela- Brésil" ont également été évaluées pendant le passage des officiels haïtiens à Cuba. Haïti, dans le cadre de ces coopérations, va bénéficier de centres sportifs de l'assistance de techniciens cubains pour relever le niveau de certaines disciplines sportives comme le volley-ball, le basket-ball et le tennis. La Havane, a ajouté la note, fournira aussi à Port-au-Prince une assistance technique pour mieux administrer le parc des engins lourds du CNE, du SMCRS et de la compagnie Dignité.
Dans les domaines de l'agriculture et de la pêche, les cubains sont aussi disposés à accompagner le peuple haïtien. Une vingtaine de vétérinaires cubains débarqueront sous peu en Haïti pour apporter leur appui au secteur. L'environnement a aussi retenu l'attention des Cubains, qui entendent aider Haïti dans la lutte contre la dégradation de l'environnement.
Pendant sa première visite officielle à Cuba, le président Michel Martelly a rencontré les principales autorités cubaines, notamment le leader de la Révolution cubaine, Fidèle Castro, et son successeur à la tête du pays, Raul Castro.

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=99406&PubDate=2011-11-17

Commentaire
Quand on considère la situation économique cubaine, on voit clairement qu'elle est délicate, fragile à cause de l'embargo d'un demi-siècle imposé à ce peuple laborieux. Ce qui est néanmoins très frappant, c'est la tendance à l'équilibre entre ceux qui ont quelque chose et ceux qui ont un peu moins. Mais la disette totale, absolue qui est la caractéristique de plus de 50% de la population haitienne, n'y a pas voix au chapitre. Quand on regarde du côté d'Haiti, l'on découvre immédiatement le fossé existant entre un petit groupe et la majorité de la population. Ce n'est pas un embargo infligé de l'extérieur qui expose ce tableau hideux, tragique, devant nos yeux, mais un auto-embargo, infligé de l'interieur par des individus sans foi ni loi, qui n'ont qu'une chose en tête, ajouter plus de chiffres à leurs comptes bancaires. C'est une espèce de baril sans fond où rien ne peut satisfaire personne car ceux qui dirigent ignorent l'art de la distribution équitable. Qu'est-ce qui explique un tel décalage entre un pays libre depuis deux siècles (et démocratique), et un autre qui ne l'est que depuis la moitié de cette période-là (communiste)? Nous n'allons pas dénigrer la démocratie, sous prétexte qu'elle serait directement responsable de cet écart accusateur. Car il faudrait alors recourir à un sophisme. Tout le monde sait que le communisme ne s'est implanté à Cuba qu'à mi-chemin entre l’indépendance et nos jours. On ne peut néanmoins pas écarter totalement ce facteur. Céder trop facilement devant ce cliché suspect, serait un signe de peur, de fanatisme, d'accès de démocratite aiguë.Mais à côté de ce facteur-là (qui risque à tout moment d'être sujet à caution dans certains esprits), il y a un homme, une personnalité, FIDEL CASTRO.
Cet incorruptible, tout en étant un homme rigide, exigeant, dur même quelquefois, a cependant su imprimer à son pays une discipline, une formation, un sens de la dignité suffisamment fort pour que, même en son absence (car il n'est plus au pouvoir), la machine continue de tourner. C'est ce sens de la responsabilité, ce caractère incorruptible, qui a achevé de donner à un seul individu toute l'autorité morale (nous répétons bien AUTORITÉ MORALE) nécessaire pour faire de ce pays un lieu où vivre même dans la privation est moins amer, plus humain, moins frustrant, que vivre dans l'abondance en Haiti. Car comment se nourrir, se réveiller, faire vivre sa famille (y compris dans l'abondance la plus complète) sans se soucier de ce qui gravite autour de vous, offense la vue à chaque pas, dans chacun de vos mouvements, la misère atroce où les politiciens ont précipité et précipitent encore ce pays? Allez à Cuba, et vous trouverez un territoire dont le mal n'est pas le déboisement, où les rivières ne sont pas contaminées, les montagnes ne sont pas dénudées, où les livres de géographie ne sont pas anachroniques, où quand on vous parle de rivières, de fleuves, de vallées fertiles, la réalité ne dément pas constamment les textes écrits. C'est un pays où les rues ne sont pas jonchés de déchets et où les autorités responsables ne vous diront pas "je ne peux rien faire car il n'y a pas d'argent". Ce n'est pas un baril sans fond où une poignée d'opportunistes armés de leurs propres gangs, dans les rues, mais aussi au sein des institutions, vous menaceront constamment pour vous soutirer les maigres fonds destinés à servir tout le monde. Il est de ces taches que l'argent à lui seul ne pourra jamais accomplir. Il est de ces taches que très peu d'argent avec une bonne dose de dignité et de fierté, de tranquillité de conscience et d'esprit, peuvent permettre de réaliser plus efficacement que toute la richesse du monde. C'est Haiti, bien gérée, plus fidèle à son histoire, qui devrait être en mesure d'aider ce pays voisin, et non le contraire. Cette aide généreusement offerte par Cuba à Haiti, honore la patrie de José Marti. Mais paradoxalement, c'est une accusation flagrante contre les politiciens corrompus qui font de ce pays une source d'enrichissement illicite plutôt qu'un pays où les concepts de démocratie et de partage trouvent un sens.

vendredi 18 novembre 2011

Des obstacles à surmonter

Haïti est classé 158e sur 187 pays évalués sur l'Indice de développement humain (IDH) dans le dernier rapport annuel du PNUD intitulé : « Durabilité et équité : un meilleur avenir pour tous ». Outre la dégradation de l'environnement, le rapport révèle d'importants problèmes d'inégalité et d'inéquité sous toutes les formes dans la société haïtienne, qui, selon les responsables, constituent un obstacle majeur au développement durable du pays. Le gouvernement se dit conscient et promet d'agir.
Haïti: Des membres du gouvernement, des parlementaires, des représentants d'organismes nationaux et internationaux ainsi que des membres de la société civile ont assisté, le jeudi 17 novembre 2011, à l'hôtel Karibe Convention Center, à la présentation du rapport du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) sur le développement humain 2011 intitulé : « Durabilité et équité : un meilleur avenir pour tous ».
Avec certains progrès réalisés dans le domaine de la santé et de l'éducation ces dernières années, Haïti, classé 158e sur 187 pays, a connu une certaine augmentation de la valeur de l'Indice de développement humain (IDH), mais reste au rang des « pays au développement humain faible ». Les autorités haïtiennes sont invitées à travailler pour résoudre les problèmes récurrents d'inégalités sociales, la dégradation de l'environnement, et investir également dans les énergies modernes.
« Il y a vraiment des problèmes d'inégalité, d'inéquité. Inéquité entre les gens urbains et ruraux, entre pauvres et riches et surtout d'inéquité entre hommes et femmes. Si l'on ne résoud pas ces problèmes d'inéquité, cela va vraiment ralentir le développement du pays », a déclaré le coordonateur humanitaire de l'ONU en Haïti, Nigel Fischer, qui a souligné toutefois une amélioration dans certains indices comme la diminution du taux de mortalité infantile et l'augmentation des jeunes ayant accès à l'éducation. Selon le document, une plus grande égalité des sexes et au sein des populations peut être un vecteur de changement favorable au renforcement de la durabilité.
Mis à part les problèmes d'inégalités sociales, le rapport recommande qu'il y ait une réelle concentration d'efforts sur l'amélioration des conditions environnementales du pays qui est toujours confronté à des problèmes environnementaux (ouragans, inondations, tremblements de terre, sécheresse, etc.) Les villes, soutiennent les responsables, peuvent favoriser la durabilité, en particulier lorsque l'urbanisme prend en compte des considérations environnementales.
« Si l'on ne se concentre pas sur l'amélioration des conditions environnementales, si l'on n'investit pas dans les énergies modernes, on va toujours avoir ce problème de sortir de ce statut : pays en difficulté », estime le fonctionnaire de l'ONU, qui croit que le problème de l'environnement est vraiment un défi pour Haïti. Il faut qu'il y ait plus d'investissements dans les énergies modernes, a ajouté M. Fischer.
En effet, selon le rapport, les pays en développement adoptent l'énergie renouvelable et disposent aujourd'hui de plus de la moitié de la capacité d'énergie renouvelable mondiale. Et l'investissement annuel requis pour assurer l'accès universel aux énergies modernes est estimé à moins d'un huitième des subventions allouées aux énergies fossiles.
« Conscient, le gouvernement prend note »
De son côté, le ministre des Affaires sociales et du Travail, François Richel Lafaille, - qui a aussi joué le rôle du ministre a.i. de l'Environnement - a indiqué que le thème traité dans le rapport est d'une grande actualité pour Haïti, pour le gouvernement et aussi pour le ministère. « Les inégalités en Haïti sont profondes, que ce soit entre riches et pauvres, entre hommes et femmes, le monde rural et le monde urbain. Il s'agira impérativement de mettre l'équité au premier plan dans toutes nos décisions politiques. La tâche est immense, tandis que nos ressources sont très limitées », a déclaré le ministre.
La feuille de route du gouvernement en matière de protection de l'environnement et d'accès à l'énergie alternative, a-t-il confié, reflète les conclusions et les recommandations de ce rapport. « En matière de protection des ressources forestières, le ministère de l'Environnement entend mettre en oeuvre un programme de reboisement et de reforestation pour régénérer la couverture forestière », a assuré M. Lafaille.
En termes d'accès à l'énergie alternative, a poursuivi le ministre, le projet du gouvernement est de faciliter l'accès de la population au gaz propane liquéfié à travers un programme de subvention. Le ministre n'a pas toutefois précisé la date de la mise en oeuvre d'un tel programme. Si ce n'est pas qu'un simple discours. « Il s'agira d'augmenter la résilience des écosystèmes aux catastrophes naturelles (...) Le gouvernement dont je fais partie est conscient de toutes les questions posées par le rapport 2011 sur le développement humain », a conclu le titulaire des Affaires sociales et du Travail.

Valéry DAUDIER
vdaudier@lenouvelliste.com
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=99409&PubDate=2011-11-17

Commentaire
Que de verbiages! Des ministères comme ceux de l'environnement, de l'agriculture, des affaires sociales surtout, ne sont que des noms en Haiti. La seule caracteristique de ces boites est qu'elles justifient un salaire ministeriel et de nombreux autres petits et grands salaires gravitant autour du premier. Les salaires dépassent, ont toujours dépassé les investissements en Haiti. Il y a tellement de façons de le démontrer, mais encore davantage de le constater! Voyez le rachitisme de l'ambassade d'Haiti n'importe où et comparez avec la residence splendide de l'ambassadeur dans les mêmes villes. Observez la marque des voitures des fonctionnaires haitiens, comparez-les avec l'etat des rues où ils vont circuler. Lisez les discours sur le papier des ministres de la santé, des affaires sociales, de l'energie, de l'environnement puis visitez les rares centres de santé qui existent encore dans ce pays, surtout l'hôpital de l'Université d'État (?), pour voir s'il n'y a pas de malades étalés à même le sol, dans les couloirs, si les toilettes sont fonctionnelles, s'il y a du coton, de l'alcool, et les matériels de base pour faire fonctionner un hôpital. Demandez, si vous ne le savez pas, quel est le combustible utilisé par le peuple, mais aussi par les familles des fonctionnaires pour cuisiner, repasser les vêtements, faire fonctionner les blanchisseries qui procurent pourtant des bénéfices à leurs propriétaires, les boulangeries, les rares restaurants...C'est le bois. Et ces beaux parleurs, ces vantards cravatés, sans rougir vous diront qu'ils luttent contre le déboisement, contre l'érosion, contre les épidémies de toutes les maladies qui se réinstallent en Haiti avant, pendant et depuis le choléra dont l'ONU nous a fait don. Parler d'indice de developpement humain, c'est classer Haiti parmi des pays dont nos fontionnaires ne comprendront jamais rien.Ils voyagent beaucoup mais reviennent plus aveugles, plus sourds, plus vides qu'ils ne sont partis. Ils n'ont pas la faculté d'apprendre. Ils sont trop vieux pour changer. C'est le poids des traditions qui les empêtre. Il faut une nouvelle génération. C'est l'école, c'est l'université, ce sont les centres de formation professionnelle si décriés ces derniers temps par nos politiciens, c'est l'éducation, ce sont ceux qui ont étudié mais n'ont aucune voix au chapitre, ceux qui se sont éloignés du pays dans ce même but, ceux qui, tout en restant sur le terrain, ont eu l'occasion de s'informer et qui veulent travailler...uniquement eux pourront sortir ce pays du pétrin. Ces politiciens, ces petits caciques qui nous hantent depuis près de trois décennies, malgré leur critique contre l'autre, contre Duvalier, n'ont aucun intérêt à ce que cela arrive. Il faut renouveler cette classe de touristes profiteurs qui n'ont jamais eu et n'auront jamais de sensibilité sociale. Ces exilés volontaires dans leur propre pays, ces constructeurs de muraille entre les hommes, ces "Négriers d'eux-mêmes", pour répéter Jean Casimir.

jeudi 17 novembre 2011

EDITO : Quelles seront les retombées de la visite de Cuba ?

Haïti: En prenant l'initiative de condamner, mardi, l'embargo des Etats-Unis contre Cuba, le président Michel Joseph Martelly s'affirme comme président d'un pays souverain. Le chef de l'Etat, qui effectue sa première visite officielle à Cuba, a pris la défense du peuple cubain pour que soit levé le blocus américain contre le pays de Jose Marti. Aucun des deux chefs d'Etat haïtiens avant lui, Jean-Bertrand Aristide et René Préval, qui avaient développé d'excellents rapports avec la Havane, n'avait cru nécessaire de dénoncer aussi publiquement les Etats-Unis dans le cadre de ce dossier.
Dans les grands rendez-vous internationaux, régionaux ou sous-régionaux, les autorités cubaines ne cessent de chercher l'appui des pays amis pour dénoncer l'embargo américain contre l'île castriste. Rares sont les pays qui acceptent de marcher dans cette voie. Cette décision de Michel Martelly vient à point nommé, car Raul Castro a besoin de plus en plus d'alliés pour le conforter dans sa lutte. En dépit de la libéralisation du marché du logement, rentrée en vigueur le 10 novembre en cours, qui permet aux acheteurs et vendeurs de biens immobiliers de fixer librement les prix, Cuba reste très attaché au socialisme démocratique. Ces initiatives des autorités cubaines, les unes plus rapprochées que les autres à l'économie de marché, permettent à l'Oncle Sam d'espérer, dans un avenir proche, un éventuel effondrement du régime castriste.
Dans un sens comme dans l'autre, l'action de Martelly ne provoquera aucune réaction du côté de la Maison-Blanche, comme ce fut le cas après le rétablissement des relations diplomatiques avec Cuba le 6 février 1996 par le président Jean-Bertrand Aristide. En 2004, lors de la grave crise politique qui a valu à Haïti une nouvelle occupation étrangère, les Américains avaient appuyé en armes et munitions les insurgés conduits par Guy Philippe. Jean-Bertrand Aristide a été contraint de prendre le chemin de l'exil. Pendant le second mandat de René Préval, la coopération haïtiano-cubaine s'est intensifiée et les relations cordiales entre Haïti et le Venezuela ont retenu l'attention. Avec beaucoup d'élégance, la Maison-Blanche n'a jamais exprimé le moindre signe de mécontentement par rapport à ce gouvernement qui était très dépendant des Etats-Unis. Un communiqué de presse de l'ambassade américaine, le 7 décembre 2010, désapprouvant les résultats partiels publiés par le Conseil électoral provisoire, a provoqué la mise à l'écart du dauphin de René Préval, le candidat à la présidence, Jude Célestin.
Les retombées de la décision de Martelly de condamner l'embargo américain contre Cuba ne seront pas connues dans les jours ni dans les mois qui suivent. Au moment opportun, l'Oncle Sam donnera peut-être à l'actuelle administration haïtienne la monnaie de sa pièce.
Michel Martelly avait-il discuté de l'objet de sa visite à Cuba avec le ministre des Affaires étrangères et ses conseillers en relations internationales ?
Quelle est l'opportunité d'une telle initiative si l'on doit tenir compte de la coopération haïtiano-américaine dans le contexte de la reconstruction du pays, de l'investissement éventuel des hommes d'affaires américains, etc.

Lemoine Bonneau
lbonneau@lenouvelliste.com
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=99377&PubDate=2011-11-16

Commentaire
Bravo, Monsieur Bonneau! Voilà ce qu'on pourrait appeler une question pertinente! C'est le genre de question à se poser quand on a affaire à des chefs d’état improvisateurs. Mauvais improvisateurs, s'entend. Il arrive qu'ils fassent mouche. C'est comme l'autre qui faisait de la prose sans le savoir. Mais un pays peut-il, au XXIe siècle axer sa politique étrangère sur les décisions inspirées sur de simples coups de tête? La réponse n'a même pas à être énoncée. Or c'est ce qui a toujours guidé nos hommes politiques haitiens depuis 1986. Et je dis bien depuis, car avant, Duvalier a beau avoir eu tous les défauts du monde, il était un planificateur. Ce geste de M. Martelly dont on ignore s'il en a discuté avec le ministre des affaires étrangères ou ses conseillers, même les plus proches, a des antécédents. Ne se souvient-on pas de la première visite de Léonel Fernandez au président Préval? La rencontre entre les deux hommes au début du premier mandat de ce dernier à la présidence d'Haiti. Tandis que le Dr Fernandez prononçait son discours, brusquement, sans aucun type d'avertissement, sans motif, l'imprévisible Préval se met debout (était-il sobre?), interrompant pratiquement le discours, se dirigea vers M.Fernandez et le serra très fort entre ses bras. A-t-on jamais vu pareil manque de gêne? (Peut-être y-a-t'il aussi là un manque dans les gènes?) Que fait-on du protocole? Et plus encore, y-a-t'il un chef du protocole? Il y en avait du temps de Duvalier. Et s'il y en a un maintenant, il aurait certainement intérêt à se cacher car le doute nous rend presque sans voix. Bref, nous naviguons sur un volcan en pleine éruption avec ces chefs d’état improvisés, rebelles à tout ce qui a trait à l'apprentissage, à tout conseil et disposés à tout pour faire accroire qu'ils ont le contrôle sur tout. Pauvre de ceux qui pensent qu'ils sont nés pour briller comme des étoiles même sans rien avoir appris et sans vouloir apprendre! C'est malheureux qu'on croie vraiment, à l’ère de la navigation spatiale, que l’école, l'université, une spécialisation dans quelque domaine que ce soit, sont inutiles puisqu'on en n'a pas besoin pour gouverner! L'autre avait raison de dire que "la logique est l'apanage des petits esprits!"* Sauf que cet autre s'appelait HITLER.

Je tiens la citation de notre grand journaliste (dévoré par la cruauté grotesque de ses adversaires) Jean Léopold Dominique.

mardi 15 novembre 2011

Première visite officielle de Martelly à Cuba

Le président Michel Martelly effectue son premier voyage officiel ce mardi à la Havane, à Cuba. L'objectif de cette visite de deux jours du chef de l'Etat, qui sera accompagné de cinq ministres du gouvernement, des deux présidents du Parlement ainsi que des deux présidents des commissions des Affaires étrangères du Parlement, est de renforcer les relations entre les deux pays.
Haïti: Michel Martelly quittera Port-au-Prince ce mardi 15 novembre pour se rendre à Cuba pour une visite de deux jours. C'est le tout premier voyage officiel du chef de l'Etat au pays de Fidel Castro qui a passé le pouvoir à son frère Raul Castro, pour des complications de santé. Le chef de l'Etat haïtien sera accompagné des président des deux Chambres du Parlement : Jean Rodolphe Joazile (président du Sénat) et Sorel Jacinthe (président de la Chambre des députés).
Feront également partie de la délégation quatre ministres : Laurent Lamothe (Affaires étrangères), Réginald Paul (Education nationale), Hébert Docteur (Agriculture) et Ronald Toussaint (Environnement). Selon une note officielle, les deux présidents des commissions des Affaires étrangères du Parlement, le sénateur Wenceslas Lambert et le député Alcès Toussaint, accompagneront aussi la délégation officielle haïtienne à Cuba, dont le but est de renforcer les relations entre les deux pays.
Le rêve de Fidel Castro était de donner 1 000 médecins à Haïti, grâce à des bourses d'études offertes aux étudiants haïtiens. L'objectif de cette coopération était de remplacer les médecins cubains en Haïti. Cette année, 115 ont été diplômés, ajoutés aux 736 qui ont déjà été diplômés auparavant. Malheureusement, aucune structure n'a jamais été mise en place par l'Etat haïtien pour intégrer ces étudiants dans le système. Une situation qui oblige beaucoup de ces médecins à quitter le pays, pour se rendre en Europe ou aux Etats-Unis.
« C'est un peu triste qu'il n'y ait encore aucun signe de l'État qui prouve qu'on nous attend. Toutefois, nous sommes rentrés pour travailler et nous espérons que ce gouvernement créera des structures et des conditions dans les départements pour nous intégrer », a déclaré l'un des 115 médecins récemment diplômés.
« Nous ne sommes pas optimistes en ce qui concerne notre avenir dans la carrière médicale. Nous déplorons qu'il y ait tant de polémiques entre médecins formés en Haïti et ceux formés à Cuba. Nous déplorons une absence d'intégration des médecins formés à Cuba et la pénurie de centres hospitaliers dans le pays », avait critiqué auparavant un boursier haïtien à Cuba.
L'actuel gouvernement est sans doute au courant d'une telle situation dans un pays où la majorité de la population n'a pas accès aux soins de santé.

Valéry DAUDIER
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=99266&PubDate=2011-11-14

Commentaire
Cuba est un grand pays. Il a donné et donne encore des leçons au monde sur l'art de vivre dans l'honneur et la dignité. Malgré tout, malgré le carcan d'un embargo vieux d'un demi-siècle? Oui! Cuba fait partie des pays qui, tout en confrontant des problèmes sans nombre, se porte volontiers au secours de ses voisins quand les circonstances le reclament. Mais Haiti, qui en a tellement beneficié, ne s'est pas toujours montrée à la hauteur de cette générosité. Nous devrions dire, les dirigeants haitiens, en commençant par Préval. Car comment expliquer qu'on envoie des étudiants haïtiens (en médecine) dans ce pays, bénéficiaires de bourses d'un gouvernement qui subsiste avec difficulté, et qu'on n'assume jamais la part de sa contribution monétaire? N'est-ce pas le comble du manque de délicatesse? L'on oblige ainsi le pays hôte, face au fait accompli, à assumer des responsabilités supplémentaires qu'il n'a aucunement l'obligation d'accepter; mais qu'il accepte. Le président Martelly va-t-il changer de comportement? Agira-t-il de manière à faire la différence? Nous avons sujet de douter, il a le droit de nous faire mentir. Attendons l'avenir. Même s'il s'annonce, depuis six mois, très peu prometteur.

lundi 14 novembre 2011

Haïti-Rép. Dominicaine : Représailles contre des Haïtiens, non loin du point frontalier Savann Bonm

dimanche 13 novembre 2011
par Ronald Colbert
Au moins 4 Haïtiens exécutés et plusieurs ressortissants Haïtiens portés disparus, après le décès accidentel par balle d’un ressortissant dominicain…

P-au-P, 13 nov. 2011 [AlterPresse] --- Depuis la soirée du mercredi 9 novembre 2011, des ressortissants dominicains ont initié des actes de représailles, notamment à “La Descubierta”, à l’encontre de ressortissants haïtiens, suite à la mort d’un des leurs, selon les informations recueillies par l’agence en ligne AlterPresse
La victime dominicaine, dont l’identité n’est pas encore rendue publique, est un commerçant originaire de La Decubierta, touché par balle le 9 novembre, au moment où il tentait de mettre fin à une altercation entre deux Haïtiens au point frontalier dénommé Savann Bonm.
La balle serait partie accidentellement d’une arme d’un ressortissant haïtien, qui, lui aussi, essayait, en compagnie de la victime dominicaine, de faire cesser la dispute entre 2 compatriotes.
Environ une vingtaine de ressortissants haïtiens auraient déjà été exécutés, en territoire dominicain, dans la zone de La Descubierta, par des ressortissants du pays voisin d’Haïti, qui chercheraient à venger le décès de leur compatriote décédé au moment où il était transporté vers un hôpital.
Les habitants de Savann Bonm, où se tient un marché binational tous les mercredis, ont, à date (dimanche 13 novembre 2011), recensé les corps de 4 ressortissants nationaux, assassinés à coups de machettes.
Il s’agit de Anil Dejoie, dont le cadavre a été découvert à Kasik (territoire dominicain), Gabriel Michel, Odith (une femme ainsi connue, qui aurait été en concubinage avec le frère de la victime dominicaine) et de Cael Bellevue. Les corps des 3 derniers ont été identifiés à La Descubierta.
Les ressortissants haïtiens exécutés, qui vaquaient à des activités régulières en territoire dominicain, ignorent tout de l’incident enregistré le 9 novembre, indique à AlterPresse une organisation frontalière d’accompagnement des habitantes et habitants de Cornillon/Grand Bois, dont fait partie Savann Bonm.
Au moins 2 Haïtiens blessés ont pu regagner, dans des circonstances difficiles, Cornillon/Grand Bois et Thomazeau, deux municipalités situées au nord-est de la capitale Port-au-Prince.
Environ 3 autres blessés Haïtiens ont été emmenés dans un hôpital à Barahona. D’autres avaient été soignés dans un hôpital à la Descubierta, selon diverses sources jointes par AlterPresse.
Les autorités dominicaines auraient interdit l’accès des points frontaliers, proches de Savann Bonm, à des membres d’organismes de droits humains qui voulaient s’enquérir de la situation à La Descubierta.
Différents ressortissants dominicains, qui désapprouvent les opérations de représailles de leurs compatriotes envers les ressortissants Haïtiens après l’incident regrettable du 9 novembre 2011, usent de stratégies subtiles pour communiquer les informations aux organismes de défense de droits humains.
Un climat de tension prévaut actuellement dans la localité frontalière de Savann Bonm.
Les habitantes et habitants de Savann Bonm s’inquiètent du sort de plusieurs des leurs, portés disparus depuis le mercredi 9 novembre, quand ils s’étaient rendus en territoire voisin dominicain pour entreprendre des activités diverses.
De Savann Bonm (Haïti), il faut traverser les points frontaliers dominicains dénommés Kasik, Savanalyann et Los Pinos avant d’arriver à La Descubierta.
Plusieurs compatriotes Haïtiens, qui avaient des relations diverses avec des Dominicains à La Descubierta, se sont mis à couvert dans cette zone du territoire dominicain, par crainte de représailles.
Dans l’après-midi du samedi 12 novembre 2011, une délégation de l’administration politique centrale à Port-au-Prince a rencontré, à Savann Bonm, le maire de Cornillon/Grand Bois, Alix Bien-Aîmé, quelques heures après une visite d’officiels dominicains (incluant des militaires de haut rang) auprès de la municipalité haïtienne frontalière.
Dans l’intervalle, des interventions diplomatiques seraient en cours entre les autorités d’Haïti et de la République Dominicaine afin de parvenir à un apaisement de la situation de violences contre les ressortissants Haïtiens, qui a commencé le 9 novembre 2011 à La Descubierta, après la mort accidentelle par balle d’un ressortissant dominicain à la frontière commune entre les 2 pays. [rc apr 13/11/2011 16:30]

Ronald Colbert [AlterPresse - Haiti]
http://www.alterpresse.org/spip.php?article11889

Commentaire

ENCORE UN PRIX A PAYER POUR LA BOUFFONNERIE DES GOUVERNEMENTS HAÏTIENS?

Un nouvel incident qui met à nu l'inefficacité (pour ne pas dire l'inutilité pure et simple) d'un gouvernement en Haiti. Cette situation, et les Dominicains de tous les niveaux le savent, n'aura aucune suite. Haiti, ce pays dont la décadence est de plus en plus prononcée et à tous les points de vue (d'abord politique et diplomatique, évidemment) n'a jamais su faire valoir les droits de ces concitoyens nulle part, encore moins dans un pays qui lui fait des concessions en permanence. N'est-ce pas la République Dominicaine, en effet, qui sert d'exutoire aux Haitiens qui ne trouvent pas d'emploi dans le pays d'origine? Pourtant l'idée d'un contrôle de la natalité n'a jamais effleuré l'esprit de qui que ce soit. N'est-ce pas la Republique Dominicaine qui accourt la première au chevet de cette Haiti moribonde quand il y a un desastre naturel? Elle, au moins, elle est gouvernée par des hommes et des femmes suffisamment intelligents pour savoir qu'un problème en Haiti aura des repercussions directes sur un pays qui partage avec elle cette île étroite, notamment les problèmes écologiques, sanitaires et politiques. N'est-ce pas la République Dominicaine qui rappelle à la communauté internationale que, s'il n'y a pas d'investissements massifs en Haiti, ce pays sera de moins en moins viable? N'est-ce pas encore la République Dominicaine qui construit ce qui va être, apparemment, l'université la plus moderne du territoire haitien? Soit dit en passant, Michel Martelly est allé faire un tour sur les chantiers et en a profité pour se faire applaudir par des manifestants qui - dans un pays aveuglé par l'analphabétisme - ignorent complètement l'enjeu de l'instrumentalisation dont ils sont l'objet. Comment, dans de telles circonstances, vouloir que les gouvernements haïtiens réagissent, (agissent d'abord) ne serait-ce que pour demander justices contre les coupables, au cas où ces derniers seraient réellement de l'autre côté de la frontière? Car aucune enquête n'a encore eu lieu et, probablement, n'aura jamais lieu. Nous sommes malheureusement habitués à ces scénarios catastrophiques, tragiques. Dans toute autre circonstance et s'agissant d'un gouvernement digne de représenter des citoyens qu'il respecte, la mobilisation diplomatique serait inévitable et la recherche de solution immédiate. Mais on a affaire à un gouvernement haïtien...C'est synonyme d'inconscience, de lourdeur et de sans-gène...Et la vie continue mais pour qui? Des bouffons qui n'auront jamais le sens de l'honneur et de la dignité! Pourvu qu'ils mangent tous les jours aux dépens de ceux qui travaillent vraiment (les paysans, les ouvriers, les professionnels des secteurs autres que le gouvernement, quelques petits fonctionnaires du gouvernement qui croient encore à la notions de responsabilité, les ressortissants de la diaspora...). Cela suffit!

dimanche 13 novembre 2011

Commnentaire

L'impunité, c'est l'état naturel des délinquants (si l’on me permet de paraphraser Pascal) dans les pays au système judiciaire faible et inefficace. Maintenant que tout le monde est susceptible de connaitre le sort de l'un des meilleurs penseurs de ce pays, un journaliste, Jean Dominique, qui a su se démarquer de la foule, un patriote dont la sincérité suscite peu de doutes, pourquoi ne pas méditer sur la situation des criminels à col blanc de ce pays, en même temps que les autres? L'ex-sénateur Neptune ne fait que nous en offrir l'occasion. Saisissons-la! À moins que notre hypocrisie persistante nous force à continuer à piétiner, à tergiverser, comme toujours, pour faire oublier la gravité de ce crime odieux. L'assassinat de l'inspecteur Joël Coffy abattu chez lui, à Santos 19, ajouté aux nombreux autres, nous rappelle étrangement la façon dont Jean Dominique a été sauvagement exécuté en 2000. La justice n'a-t-elle pas intérêt à mettre un frein une fois pour toutes à ces escalades scandaleuses qui dénigrent toute une société en suscitant à ses dépens les plus terribles suspicions, qui la condamnent à croupir dans l'isolement, à être bannie du monde des civilisés? Quand on nous dit ‘’Duvalier a assassiné, il faut qu’il soit jugé’’ (ce qui sera vrai lorsque les enquêtes le démontreront) pourquoi ne pas en profiter pour indiquer aux plus récents assassins que le système fonctionne, qu’il peut fonctionner autrement? Car les accusations portées gratuitement sur des gens dont on ne présente que les noms, ne tiennent pas lieu de preuve. Cette légèreté semble remplir deux fonctions importantes pourtant dangereuses : faire oublier les criminels d'aujourd'hui (tout aussi coupables que les anciens) et dénigrer la justice elle-même qui se voit ainsi précipitée dans une sempiternelle divagation sans aucune efficacité sur le processus de recherche de la vérité. Secouons-nous donc de notre torpeur, de notre paresse mentale, mais surtout de notre hypocrisie! Cessons de donner l'impression de chercher uniquement des prétextes pour ne rien faire et aidons ce pays à avancer. Plutôt que de divaguer, de spéculer sur des sujets sans importance, de gaspiller le peu d’énergie dont dispose encore ce pays, donnons sa place à la justice! Ne devrions-nous pas de préférence nous concentrer sur le problème de la pauvreté dans un pays où notre irresponsabilité laisse encore végéter la plupart de ses dix millions d’habitants? Est-on condamnés à n'être que des sépulcres blanchis sous le regard étonné de ceux qui savent ce que c'est que la justice, la volonté de travailler, et l'honnêteté de reconnaitre ses bêtises afin d’éviter de les répéter? Combien d'autres inspecteurs les criminels devraient-ils abattre avant qu’on ne prenne au sérieux la sécurité de tous les citoyens de ce pays? .

samedi 12 novembre 2011

De Port-au-Prince à Montréal…

L’actrice et publiciste Fabienne Colas est à Port-au-Prince en vue de la tenue d’un grand festival du film Québécois dans notre pays. Avec elle, Dany Laferrière, plus souvent à Port-au-Prince qu’on ne veuille bien l’admettre. Mais Dany n’en à cure d’expliquer son rapport au pays qui, va au-delà de simples mots ou justifications.
12/11/2011
L’actrice et publiciste Fabienne Colas est à Port-au-Prince en vue de la tenue d’un grand festival du film Québécois dans notre pays. Avec elle, Dany Laferrière, plus souvent à Port-au-Prince qu’on ne veuille bien l’admettre. Mais Dany n’en à cure d’expliquer son rapport au pays qui, va au-delà de simples mots ou justifications.
Depuis toujours, cet écrivain iconoclaste aux titres provocateurs adore se purger des « ismes » qui confortent pour s’ouvrir aux aventures humaines qui éloignent, momentanément, de la terre natale pour mieux la retrouver. Comme de fait, Dany est avec Fabienne au pays pour ce grand festival du cinéma dont l’un des objectifs est de changer le regard du monde sur ce « singulier » pays.
Dans le même temps, au Québec, les productions Incas reviennent avec une deuxième version du sommet des affaires Québec-Haïti. Il faut dire que les organisateurs ont de la suite dans les idées, une première rencontre avait été organisée en 2009, et n’était-ce le terrible séisme de l’année suivante les premières conséquences heureuses sur le climat des affaires au pays se seraient fait déjà sentir.
Quoiqu’ il en soit le deuxième sommet est bien parti. Il s’agit comme toujours de bien maintenir le cap, de ne pas s’égarer en chemin dans de vaines distractions, et de s’assurer au pays même du suivi institutionnel. Certaines institutions étatiques comme le Ministère du Tourisme sont du voyage et semblent décider à profiter de cette fenêtre d’opportunité.
Et de montrer que les Haïtiens sont sérieux, quand ils disent que leur pays est « open for business ». Qu’il ne s’agit pas surtout d’un slogan en plus, que le travail pour mettre ce pays en chantier a enfin commencé. Les signaux de ces derniers jours ont fait douter. Mais gardons le moral, surtout quand des initiatives revigorantes et rafraichissantes sont prises ici et ailleurs, comme pour envoyer un signal aux politiciens de tout poil que nous ne voulons plus qu’on nous donne « Nanna pou Sizane ».
Le chantier de l’aéroport est annoncé en grande pompe, à la satisfaction des usagers. L’hôtel des artistes sera bientôt construit du coté de l’aéroport ; le Montana met les bouchées doubles pour sa reconstruction ; l’hôtel Oasis sera bientôt au rendez-vous des bonnes affaires ; E-power, la nouvelle usine électrique, évolue à Cité Soleil et « éclaire » le secteur privé de son dynamisme.
Tout un peuple se prépare à relever le défi des éléments et à prouver au monde entier que sa résilience n’est pas du folklore. Pourvu que les femmes et hommes d’Etat qui sont mandatés pour sa gouvernance se fassent plus humbles, arrêtent de se mettre en scène pour diriger les feux de la rampe sur une nation meurtrie mais déterminée à se relever.
Le Gouvernement est en session spéciale sur les plages de l’hôtel Indigo. Le « team management » de l’entreprise Haïti est donc en retraite pour dégager des pistes de travail, une synergie d’action répète-t-on dans les couloirs des Ministères. Pourvu que ce ne soit pas qu’une bouteille à la mer.
Depuis si longtemps que l’on assiste à l’érection de chantiers de bonnes intentions, de feux d’artifices de projets, le pays attend encore d’heureuses surprises…et ne voit rien venir.
Comment chasser le naturel ? Faire enfin du neuf ! Un début de réponse est peut-être dans ces initiatives têtues ici et ailleurs.

Roody Edmé

Commentaire
Sans complaisance, en général, Roody Edmé est à prendre au sérieux quand sa voix raisonne à nos oreilles. En effet, c'est une injection d'optimisme qu'elle nous a administrée en nous annonçant, ce matin les activités fébriles qui se déroulent dans différents secteurs de l’intérieur et de l’extérieur d'Haiti touchant l'avenir immédiat de ce pays. La diaspora qui n'a jamais été en reste dans ce sens, plus que jamais se fait sentir, notamment, autour de la reconstruction. Reconstruction -avant tout mais pas seulement-physique. Mais il y a aussi un travail moral à accomplir. C'est en vérité l'un des rôles principaux que doivent assumer ceux qui sont à l’extérieur du pays. Car ceux de l’intérieur, par nécessité, font tout, sans réserves, ils ne ménagent absolument rien mais (à ce rythme, on a le droit d’être essoufflés par l'ampleur de la tache) quand une voix lointaine apporte sa propre note à ce concert de relèvement et de réhabilitation, elle charrie aussi sa part d’oxygène, la fraîcheur de ceux qui ne sont pas directement touchés (roch nan dlo), qui sont physiquement distants et ont le recul nécessaire pour évaluer froidement les dégâts de nos désastres chroniques. À leur manière, ils doivent assumer la tache de rappeler qu' "Haiti est encore viable" malgré les apparences. c'est d'abord cela, croyons-nous, le message à diffuser pour secouer ceux qui risquent avec raison de s'assoupir. Il y a des noms si emblématiques dans ce travail immense dont il est difficile de mentionner tous les acteurs! On peut quand même en retenir quelques-un dont Dany Laferriere, Fabienne Colas, Nancy Roc qui, a travers Les Productions Incas, fait un travail immense en faveur de son pays, mais aussi les autres...et ils sont nombreux, et partout, et ils se connaissent. Ils sont dans les usines, sur les chantiers, dans les bureaux, les écoles, les universités, en Haiti et ailleurs. Continuons, même en trébuchant, car l'heure est grave et le temps passe cruellement trop vite! Dans le cas d'Haiti, une minute de retard, voire une seconde, risque de faire en tout temps et tragiquement la différence entre la vie et la mort.