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mercredi 27 juin 2012

Le mythe des milliards de la reconstruciton

A l’ère de la mondialisation, la coopération internationale, plus qu’une simple formalité, est une nécessité. Aucun pays gouverné par des gens lucides ne peut prétendre s’y soustraire sans donner dans la démagogie. Cependant, pour qu’une coopération soit rationnelle, il importe de la rechercher, de la cultiver, de la renforcer en respectant certaines conditions. Quand un pays puissant, industrialisé, économiquement solide, géré correctement, s’approche d’un plus faible, mal organisé, dont la méthode de travail est l’improvisation permanente, rien de profitable ne peut en sortir pour ce dernier. Ses dirigeants se sentent beaucoup plus tentés de s’enrichir rapidement que de planifier en fonction des besoins collectifs. Ils se compromettent. S’obligent à tout accepter. Sont prêts à faire des concessions inimaginables à leurs partenaires, pourvu qu’ils n’aient de compte à rendre à qui que ce soit. Avant, pendant et après le séisme qui l’a secoué jusque dans ses fondements, aucun pays n’illustre mieux cette affirmation que la République d’Haïti.

Ce désastre a mobilisé la communauté internationale. On a visé dix milliards de dollars pour la reconstruction. La moitié de ce montant a été recueillie jusqu’à date. Nous parlons de 5, 6 milliards de dollars. C’est en y faisant allusion que plusieurs claironnent incessamment qu’Haïti a reçu des milliards de dollars pour la reconstruction et que rien n’est fait présentement pour améliorer le sort de la population. Il ne serait pas inutile d’apporter quelques nuances à cette critique partiellement justifiée.
Dans une large mesure, c’est vrai que les effets des 5, 6 milliards de la reconstruction sont presqu’invisibles. Mais le crier trop fort, sans entrer dans certains détails, peut aussi être un acte de mauvaise foi. Nous avons constaté, en effet, que sur un total de 500 millions de dollars prévus pour des contrats de construction,  plus de 350 millions ont été alloués par l’Etat haïtien de manière douteuse.  L’heureux bénéficiaire de ces contrats, M. Félix Ramon Bautista, est un citoyen dominicain, sénateur de San Juan de la Maguana. Il est membre du PLD, au pouvoir depuis huit ans. Il a fait de la prison dans son pays en l’an 2000 pour cause de détournement de fonds publics. L’ex- président dominicain (2000-2004), l’agronome Hipolito Mejia membre du PRD qui était à la tête du pays lors de l’emprisonnement de M. Félix Bautista, a déclaré, il y a deux mois, dans une entrevue sur la chaine 11 de la télévision locale, telenoticias 11, que M. Félix Bautista est tellement corrompu qu’« il a exporté la corruption et le vol vers Haïti ».  Cette affirmation risquerait fort d’être taxée de politique, si Nuria Piera, une journaliste dominicaine n’avait pas réalisé un travail méticuleux d’investigation pour retracer la trajectoire des plus de 350 millions de dollars de la reconstruction d’Haïti confiés aux trois compagnies de construction appartenant à Félix Ramon Bautista. Ces recherches qui s’étalent sur plusieurs années, notamment 2010-2012, ont établi, copies de chèques et signatures à l’appui, que des millions de dollars de ces contrats sans appel d’offres, ont servi à financer des campagnes électorales et à enrichir des politiciens en Haïti et en République dominicaine. L’ex-premier ministre haïtien, Gary Conille, pour avoir agité le doigt dans cette même plaie béante de la corruption, grâce à un audit des dépenses publiques dans le cadre de la reconstruction, a été de manière mystérieuse mais rapide écarté du pouvoir en Haïti.
Mais ne nous y méprenons pas, il n’y a pas que les autorités haïtiennes qui affichent dans cette affaire une gestion nébuleuse. Certes, ces dernières n’ont plus la force morale nécessaire pour intervenir, dissiper les doutes sur la demi-vérité galvaudée par ceux qui prétendent qu’Haïti a reçu des milliards pour la reconstruction. Cependant la somme qui expose le manque de délicatesse des gouvernements haïtiens ne représente que la dixième partie des 5, 6 milliards de dollars disponibles. Qu’a-t-on fait de la différence ?

Tout le monde sait qu’une nuée d’ONG fonctionnait en Haïti avant, pendant et après le tremblement de terre de janvier 2010. Ce n’est pas par hasard que les mauvaises langues ont rebaptisé ce pays « la République des ONG ». Mais ce qui échappe à la majorité des observateurs, c’est que même le gouvernement à peine fonctionnel d’Haïti ignore combien d’ONG opèrent sur son territoire. Les chiffres avancés jusqu'à présent vont de 256, selon le ministère de l’économie à 481, selon le ministère de la planification et de la coopération externe. Si cela ne suffit pas à donner une idée du niveau moral du gouvernement ou des gouvernements haïtiens, rien ne pourra jamais le faire. En attendant que ces ministères se mettent d’accord, retenons que, sur un échantillon de 196 ONG, huit seulement ont consenti à publier des rapports de leurs activités, d’après le Disaster Accountability Project1. Et c’est à cet ensemble hétéroclite d’ONG que trois milliards de dollars ont été confiés dans le cadre de la reconstruction d’Haïti. Et de la même source2 nous apprenons que l’Agence Interaméricaine de Développement (USAID) administre un milliard de dollars de ces fonds. Et sa gestion laisse autant à désirer que celle des nombreuses ONG déjà mentionnées. La preuve, 1 % seulement de tous les contrats attribués par cet organisme international, soit l’équivalent de 9 millions de dollars, a été alloué à des entreprises locales, haïtiennes. Le reste retourne aux Etats-Unis pour être confié à des firmes appartenant à ce qu’on appelle de l’autre côté de la frontière canadienne le Beltway où s’agglutinent des contractants de Washington DC, de Maryland et de la Virginie. Il s’agit d’un cercle restreint de lobbyistes qui n’ont en vue que leurs propres profits. Et voilà comment on prétend écarter le spectre de la misère dans un pays au bord du précipice.  
1.       L’édition en ligne du Nouvelliste du 17 juin 2012
2.       Idem.




jeudi 21 juin 2012

L’infantilisation d’Haïti par François Hollande?

Le président français, M. François Hollande, aurait demandé au nouveau président dominicain, M. Danilo Medina, de maintenir son appui au processus de la reconstruction d’Haïti jusqu’au terme de son mandat. Après le tremblement de terre qui a dévasté ce pays francophone, la République dominicaine a été, faut-il le rappeler, le premier partenaire à offrir son aide. Les autres ne sont arrivés qu’après. Une telle promptitude dans la réponse du voisin hispanophone face à ce désastre naturel, ne pouvait être qualifiée que de noble. L’ampleur des dégâts exigeait des mesures importantes et urgentes. Une Commission Intérimaire de la Reconstruction d’Haïti, co-présidée par Bill Clinton et le premier ministre haïtien Jean-Max Bellerive, a été mise sur pied. Et, fait remarquable, ce n’est pas René Préval, c’est le gouvernement dominicain de Leonel Fernandez, qui a donné le ton en organisant, le 2 juin 2010, une conférence internationale sur la reconstruction d’Haïti.  Cette rencontre, réalisée dans le cadre paradisiaque de Punta Cana, référence obligé du tourisme caribéen, réunissait des représentants d’une cinquantaine de pays. Les organisateurs dominicains qui n’ont pas omis d’inviter les deux co-présidents de la Commission Intérimaire de la Reconstruction d’Haïti, en ont profité pour rappeler le droit sacré de la République dominicaine à prendre part à cette reconstruction. Ainsi fut donné, pour ainsi dire, le coup d’envoi du processus de vassalisation d’Haïti par le gouvernement dominicain. Notamment dans l’attribution des contrats. C’était un premier choc, direz-vous. Mais le vrai paradoxe, c’es que René Préval et Jean-Max Bellerive, son premier ministre, au mépris de la souveraineté d’Haïti,  se sont engagés personnellement à aller dans le sens des exigences du gouvernement du pays voisin. A peine initiés les débours des fonds de la dite reconstruction, Messieurs René Préval et Jean-Max Bellerive ont octroyé des contrats à trois firmes dominicaines appartenant à un même propriétaire Félix Ramon Bautista. Ces contrats, sans appel d’offres, s’élèvent à près de 400 millions de dollars. Le bénéficiaire, qui est le sénateur de San Juan de la Maguana, dans le sud du pays hispanophone, est aussi membre de la direction du parti au pouvoir. Le PLD, de l’ex- président Leonel Fernandez et de l’actuel président Danilo Medina. Avant même la réalisation des premiers travaux d’infrastructure payés par Haïti, une fondation dominicaine, création de M. Leonel Fernandez fit don à Haïti d’une université, à Limonade, dans le Nord du pays, d’une valeur de 30 millions de dollars. Rappelons rapidement que la République dominicaine, au même titre qu’Haïti, est un pays sous-développé. Le seul inconvénient, c’est que l’université n’a même pas encore commencé à fonctionner, que nous apprenons par la journaliste dominicaine Nuria Piera, preuves à l’appui (c'est-à-dire copies de chèques, signatures, etc.), que le contrat de  presque 400 millions de dollars n’est pas aussi transparent que l’on serait tenté de le croire. Derrière ce titre de  rien du tout, se cacherait une immense fraude orchestrée aux dépens du peuple affamée d’Haïti. Les deux derniers gouvernements haïtiens dont l’actuel et les deux derniers gouvernements dominicains dont celui du président Danilo Medina, mentionné par le président français, sont impliqués dans cette fraude multimillionnaire liée à la reconstruction d’Haïti. Danilo Medina n’occupe le pouvoir que depuis deux mois en République dominicaine. Sa campagne électorale a été financée à hauteur de deux millions de dollars par les compagnies de Félix Ramon Bautista, l’homme aux contrats de construction sans appel d’offres, dont certaines compagnies ont été créées en 2010, après le tremblement de terre. C’est donc à ce nouveau président, M. Danilo Medina, que s’adresse le chef d’Etat français, François Hollande, en lui demandant de continuer à appuyer la reconstruction d’Haïti jusqu'à la fin de son mandat. Cela nous force donc inévitablement à poser deux questions :
-          Qui a dit au président français que les membres de l’actuel gouvernement dominicain - et nous ne parlons pas du peuple -  avaient intérêt à contribuer positivement à la reconstruction d’Haïti ? 

-          Qui lui a fait accroire que les gouvernements du PLD aidaient et continueraient d’aider leur voisin francophone ? Haïti, ce pays dévasté, plongé jusqu’au cou dans les décombres de la destruction, et de la corruption,  n’est qu’une immense proie, un gâteau dont chacun veut avoir sa portion.
Monsieur Hollande n’avait qu’à consulter le correspond du journal Le Monde pour Haïti et la République dominicaine, M. Jean-Michel Carois. Ce dernier affligé par l’ampleur du scandale, puisqu’il réside en République dominicaine où l’affaire a éclaté, avait prédit, dans une entrevue accordée à Acento, une véritable tempête politique en Haïti. Ce phénomène, qui aurait été inévitable dans n’importe quel autre pays au monde, n’a pas été (malheureusement pour Haïti !) la réponse à la prédiction de ce journaliste. C’est dire jusqu'à quel point ce pays a perdu sa sensibilité face aux atteintes portées à sa souveraineté. Ce ne sont donc pas seulement les infrastructures du pays, c’est toute une mentalité, toute une culture, qu’il faudra reconstruire en Haïti.

Le mythe des 6 milliards de la reconstruction d’Haïti

sera notre prochain commentaire


mercredi 13 juin 2012

Haïti versus des clichés académiques insipides

- Les corps d’une dizaine d’Haïtiens ont été repêchés sans vie au large des Bahamas.
- C’est grâce au président Martelly que les Haïtiens pourront visionner les matchs de l’Euro
- Le FMI satisfait des performances d’Haïti.

Qu’est-ce qui fait que ces mots agencés tels qu’ils le sont ici, constituent des nouvelles ? En Haïti, les nouvelles, c’est n’importe quoi. Ailleurs, là où les nouvelles sont un objet précieux parce que rare, elles assument tout le poids de leur valeur, des marchandises importantes qu’elles sont en réalité. Elles coûtent. Et quelquefois, elles coûtent cher. On ne les gaspille pas. Elles attirent donc irrésistiblement l’attention.
Ces titres et ces phrases tirés au hasard du Nouvelliste auraient pu être extraits de n’importe quel autre media haïtien, à n’importe quelle autre époque, dans n’importe quelle autre circonstance. Gouvernement de Duvalier (N’importe lequel des deux). Celui de Prosper Avril. Gouvernement de Cédras. D’Aristide. De Préval. Et le ton serait le même. La charge émotionnelle pourrait être superficiellement différente. Les jours ne sont pas forcément identiques. Il y a de petits détails qui changent quand même. N’oublions pas si vite qu’« on ne se baigne jamais deux fois dans les eaux d’un même fleuve » (Héraclite). Mais à peine si les gens s’en apercevraient. « L’habitude se transforme en vice », dit un vieux proverbe haïtien. La seule différence, c’est que les medias nous servent ces petits plats selon leur propre vision des choses qui se passent dans ce pays misérable. Des choses qui, dans les grandes lignes, ne changent pas.* Oh, pardon, des choses qui changent, mais à l’ envers. Ce n’est pas d’arrière en avant, ce n’est pas du pire au meilleur, ni même du pire au « moins pire », comme on dirait au Québec. Haïti fonctionne comme une machine éteinte qui ne roule plus que sur sa force d’inertie. A-t-on besoin d’être un expert en physique pour le voir ? Vous éteignez votre voiture. Mais vous étiez sur une pente. La force de la masse de cette machine continue de l’entrainer, pendant quelques secondes, sans avoir besoin d’une énergie externe. En d’autres termes, quel que soit celui que vous installez (ou qui s’installe) au timon, il n’a rien à faire. Il peut même économiser ses forces. La machine avancera quand même, malgré lui et malgré elle. Le seul problème, c’est qu’elle est sur une pente et que personne ne contrôle la descente. Destination ? L’enfer ! Ne blâmons donc point ceux qui font de nous de la nourriture pour l’enfer ! En effet, quand même nos accusateurs, plus fins que nous, plus subtils, mais plus arrogants, nous épargneraient ces insultes-là, qu’ils savent parfaitement injustes, nous les assumerions nous-mêmes, volontairement. C’est que le complexe d’infériorité, la perte de confiance en nous, risquent de nous mener jusque là. L’ignorance généralisée, ou presque, fruit de l’absence calculée d’écoles, d’universités, de centres de formation professionnelle (les intellectuels sont inutiles, selon le nouveau crédo), et autres y contribuent largement. Nous répéterons naturellement, sans qu’on nous y oblige, les insultes qui nous sont destinées. C’est comme si nous étions les relais naturels de nos contempteurs. Nous assumons la vision qu’ils ont de nous, les clichés qu’ils nous appliquent. Que faut-il d’autre pour former des sous-êtres ? Nos politiciens sont les premiers à nous imposer leurs propres tares, leurs propres mesquineries, leurs propres bornes. Et comme la seule chose qui s’est modernisée en Haïti, c’est la manière d’instrumentaliser, non pas le fait, mais le concept de DEMOCRATIE, on nous fait accroire que nous vivons en démocratie. Et nous le croyons. Ce n’est même pas par mauvaise foi. C’est par ignorance de l’existence d’autres termes de comparaison. Et nous vivons comme si c’était vrai (Là aussi, les medias ont une immense responsabilité). Et la mascarade continue. Jusqu'à ce qu’un nouveau naufrage, un nouvel assassinat, une nouvelle disparition, un nouvel enlèvement, une nouvelle faveur présidentielle (peu importe que les ressources appartiennent au peuple), de nouvelles commissions millionnaires sur des infrastructures accordées sans appels d’offres à des firmes étrangères et qui ne se réaliseront jamais, une nouvelle cargaison de stupéfiant ou d’autres ingrédients de la même diète, nous tombent dessus. Et la terre continue de tourner autour du soleil ou le contraire. Qu’importe ? Rendez-vous la prochaine crise pour de nouvelles divagations médiatiques!
* (Nous ne prétendons pas que ce numéro du Nouvelliste n’ait pas fait un bel effort d’objectivité)

mercredi 6 juin 2012

La déforestation haïtienne ou de la nullité des politiques environnementales irrationnelles


Depuis des temps immémoriaux, c'est-à-dire depuis l’indépendance du pays en 1804, les agronomes, les arpenteurs, les notaires, tous ceux qui ont quelque chose à voir avec l’environnement, font semblant de s’alarmer (cela aussi fait partie des trucs qui justifient leur salaire) face à la destruction massive de la couche végétale. Ils vous tiennent tous le même langage. La couche végétale, estimée à 60% dans les années 20 n’en est qu’à un maigre 2 %, aujourd’hui. S’il est vrai que cet « aujourd’hui » a commencé ça fait plusieurs années, le mythe des années 20 n’est pas plus crédible. Pourquoi ? La réponse est simple. Ils ne font aucune étude sérieuse sur le sujet. La preuve ? Il n’y a jamais de conclusion claire encore moins de mesures concrètes à adopter pour renverser la tendance. Dans le cas d’un problème de cette gravité, non seulement les solutions existent, mais nous avons des exemples probants à côté, chez nos frères dominicains. Est-ce que dans notre fierté de « peuple libre », notion franchement douteuse en Haïti, sauf pour les défenseurs acharnés du statu quo, imiter les bons exemples est un signe de faiblesse ? Je ne suis pas en train de dire que la République dominicaine, pays sous-développé comme Haïti (moins qu’Haïti), n’ait pas de problèmes. Mais il y a bien des domaines dans lesquels elle se situe à des années-lumière d’Haïti. Alors pourquoi nous enfermer dans notre tour de paille et de fer-blanc, plutôt que d’apprendre de leur expérience ? Qu’ont-ils fait pour résoudre le problème, ou tout au moins, pour en contrôler le rythme et les méfaits ? Ce que tout pays qui se respecte fait. Ils ont banni l’usage domestique du charbon de bois, la coupe, l’exportation illégale sont punies par la loi. Des personnages connus de ce pays ont fait l’expérience de la prison pour n’avoir pas obtempéré à ces exigences légales. Mais rédiger une loi, la faire voter et interdire aux citoyens de ne pas y contrevenir, c’est divaguer si rien n’est fait pour en rendre l’application possible, logique. N’est-ce pas en cela que consiste la clarté d’une norme, quelle qu’elle soit ? Et celui qui a initié cette modernisation, l’industrialisation pure et simple - puisqu’il faut appeler les choses par leur nom - de ce pays hispanophone, s’appelle Rafael Leonidas Trujillo Molina. Un dictateur. La multiplication des « distribuidoras» commerce de vente de produits électroménagers (fours, laveuses, sécheuses) mais aussi  des fours à gaz, sur les 48 000 kilomètres carrés de tout le territoire en atteste indiscutablement. Un système de crédit rendu rationnel par la création d’emploi, l’implantation d’usines, les travaux d’infrastructure (routes, écoles, barrages, etc), tout contribuait à rendre les décisions officielles, faciles à respecter en plus de dynamiser l'économie. Tandis qu’en Haïti, des faux-monnayeurs, je m’excuse, des patripoches, des magouilleurs de toutes les couleurs vociféraient leur patriotisme aux quatre coins du monde en ayant les pieds sur le coup de la population, le dictateur d’à côté, travaillait à la modernisation de son propre pays. La radio, la télévision, la culture rationnelle de la canne à sucre (principale source des recettes de l'état jusqu'à tout récemment), bien avant le tourisme, la multiplication des bâtiments pour loger à loyer modéré les citoyens qui ont vu leur niveau de vie progresser, tout cela rendait cette dictature potable (paradoxe ?) aux yeux de ces habitants non encore éduqués. Est-ce par hasard qu’aujourd’hui encore, au sein de cette même population, mais plus éduquée et vivant en démocratie, dire du mal de Trujillo en République dominicaine reste dangereux ? Non ! Les parents et les grands-parents influencent aussi les enfants. Il n’y a pas que l’école, l’université et les maitres qui le fassent.
- Mais un dictateur est un dictateur, dira le sceptique haïtien qui n’a jamais voyagé ou l’a déjà fait, et surtout, plusieurs fois, a même vécu des décennies à l’étranger sans rien avoir appris, sans rien retenir de positif de tout ce qu’il a vu.

Un dictateur est un dictateur ? Bien sûr ! Mais il y a des dictatures qui valent mieux que certaines démocraties. En tout cas, nous pouvons défier quiconque nous démontre, sans nous insulter, sans agressivité, qu’Haïti ait jamais vécu en démocratie, dans le vrai sens du mot. Les sept premiers mois d’Aristide ? Les deux gouvernements de Préval ? Le gouvernement haïtien actuel ? Oser comparer la dictature cubaine à la démocratie jamaïcaine, haïtienne, ou même dominicaine, c’est montrer qu’on est de mauvaise foi. C’est le signe le plus lamentable qu’on n’a rien compris à cet étrange phénomène qui s’appelle « propagande creuse », ce lavage de cerveau si efficace dans les sociétés où l’éducation est absente, ne trompe personne quand le pain de l’information (comme on dit le pain de l’instruction) réussi à pénétrer dans les foyers. En effet, a-t-on besoin d’être un politologue, un historien ou un sociologue pour comprendre que Cuba, après un demi-siècle d’embargo et on ne sait plus combien d’attentats infructueux contre ses dirigeants, fournit des médecins, des professeurs, des spécialistes de l’environnement, à n’importe quel pays de l’Amérique latine après en avoir fait autant dans plusieurs pays de l’Afrique dans les années 60 ? Aujourd’hui encore, Haïti qui a formé des générations de médecins, obligés de s’expatrier pour survivre, reçoit des centaines de médecins de ce pays communiste. Les chefs d’état, et non seulement ceux d’Haïti, y vont régulièrement se faire soigner. Le Venezuela, pays démocratique et producteur de pétrole (plus de 2 000 000 de barils par jour), fournit de ce  précieux liquide à « ces communistes cubains » en échange de leurs spécialistes surnuméraires si nécessaires pour pallier au manque local dans le domaine déjà mentionné, mais aussi dans beaucoup d’autres. A-t-on vu le mode de vie (modeste, mais...) des Cubains, a-t-on contemplé leurs montagnes, leurs collines qui ceinturent la capitale ? A-t-on respiré l’air pur qui circule sous toutes les latitudes dans ce pays, même quand la chaleur y est insupportable, pour comprendre jusqu’à quel point l’environnement durable n’y est pas une simple mode ?

lundi 4 juin 2012

Les politiciens haïtiens, des comédiens?

Une académie de football en Haïti, soit. Mais qui a demandé aux « bénéficiaires » quels étaient leurs priorités ? Qui se souvient du nombre d'enfants et d'adultes qui passeront de vie à trépas, aujourd'hui, pour n'avoir rien mangé depuis des jours? Je sais, "les gens ne se nourrissent pas seulement de pain". Merveilleuse pensée biblique! Mais le leur a-t-on donné, ce pain? Que la Rotary allemande ait décidé de faire un geste généreux envers les Haïtiens, cela n’a rien d’étonnant ni de scandaleux. L’Allemagne fait partie des divers pays développés qui ont toujours fait acte de présence quand un désastre naturel s’abat sur le pays ou qu’un problème très pressant exige une solution immédiate. Et même, sans ces deux situations extraordinaires, ce pays n’a jamais tourné le dos à une Haïti où nul ne comprend ce qui se passe, les institutions sont symboliques, la politique surréaliste. Qui leur a expliqué à ces nobles donateurs, que la nourriture est le premier et le plus précieux des cadeaux dans un pays ravagé par la famine? Personne n'est là pour ça! Les fonctionnaires sont occupés à résoudre des problèmes autrement plus sérieux. D'ailleurs, qui les verra, qui contemplera leurs photos dans les journaux si les pauvres, les affamés devaient leur ravir l'occasion d'inaugurer une oeuvre réalisée par LE GOUVERNEMENT avec une contribution allemande. Seuls le hasard et l’improvisation imposent décidément leurs lois dans ce pays de mascarades. Rien n’est la responsabilité de personne. Le peuple attend. C’est le peuple le plus PATIENT de la terre. Et les politiciens ne manquent pas de tirer parti de ce signe de noblesse, pour ceux qui en profitent, mais drogue paralysante, opium destructeur, quand elle ne produit pas les résultats qui la justifient. C’est vrai qu’avec ou sans patience, on n’a pas le droit de demander des résultats à des candidats pour lesquels on a voté sans qu’ils aient élaboré un plan de gouvernement. En fait, vote-t-on vraiment en Haïti ? Peut-être ! Comme on a voté pour Bush en l’an 2000 et ne l’a pas fait pour Al Gore ! Comme on risque de le refaire maintenant que les Républicains aux Etats-Unis sont en train de réaliser une purge en règle contre les électeurs répondant aux critères qui semblent favoriser le parti démocrate. Mais la question doit être répétée : vote-t-on vraiment en Haïti ? Un cynique vous répondrait par l’affirmatif. Et qui pis est, si vous insistiez, il vous dirait que la démocratie consiste à respecter la volonté populaire. Car il partirait du principe que la démocratie existe en Haïti. Et cet inconscient, pour ne pas le qualifier autrement, conclurait « logiquement » : les Haïtiens ont le gouvernement qu’ils méritent. Si vous persistez et lui faites remarquer qu’il n’y a pas d’écoles, pas d'universités, pas de centres de formation technique, ou professionnelle suffisants en Haïti pour que les gens reçoivent une éducation, soient conscients de ce qui se passe autour d'eux, informés de leurs droits, décident en connaissance de cause, que les politiciens achètent les votes en offrant un bol de soupe à ces personnes que leurs prédécesseurs ont plongées dans une famine plus horrible que ce qu’ils avaient connu ( des gouvernements antérieurs), que le peuple, sans être de mauvaise foi, croit à peu près tout ce que les candidats disent, c'est-à-dire rien (puisqu’il n’y a pas de plan de gouvernement), et que ce même peuple votera indéfectiblement pour celui qui semblera le plus arrogant, le moins scrupuleux au moment de froisser « la feuille de papier » appelée constitution, il vous dira que c’est le seul qui fasse preuve d’honnêteté, puisque ne promettant rien, il est clair qu’il ne va rien faire. Par contre, les autres, (« les intellectuels, les politiciens professionnels » disent les obscurantistes) ne vont rien faire. Voilà la force logique des arguments qui mènent au pouvoir en Haïti ! Cela est suffisant pour ceux qui aspirent à commander aux autres.


- Et vous avez l’audace de demander que l'on fasse la promotion de l'éducation, que des écoles soient créées dans ce pays ? Vous commettez l’impudence de croire que les fonctionnaires ont des explications à donner à qui que ce soit à ce sujet ? Vous demandez qu’un citoyen ose demander compte de la façon dont ce pays est gouverné au gouvernement, sans mériter d’être giflé ou pendu pour son impertinence ? Vous vous croyez en France, aux Etats-Unis, au Canada ou quoi ? D’ailleurs même dans ces pays-là, on fait respecter les lois (c'est-à-dire, on comment aussi des abus).

Ce qui est malheureusement vrai !

- Alors foutez-nous la paix !

Si l’observateur impuissant, face à une scène aussi héroïque, est soupçonné d’avoir fait des études à l’extérieur, dans un autre pays, s’il s’est spécialisé dans un domaine quelconque et entend, timidement pour ne pas trop froisser les (soi-disant) vrais Haïtiens (ceux qui n’ont jamais voyagé ou l’on fait sans rien retenir de ce que le voisin a de positif, et qui ont honte d'imiter les bons exemples), alors

- vous êtes un « diaspora », c'est-à-dire un apatride. Vous perdez ipso facto le droit de vous immiscer dans les affaires des « Haïtiens ».

Voilà un raisonnement qui provoquerait le rire chez celui qui l’entendrait, dans une société équilibrée. Mais on est en Haïti. Tout y est permis, sauf à ceux qui commettent l’imprudence de maitriser un domaine, quel qu’il soit. Voyez-là, cher lecteur, chère lectrice, les vraies menaces qui pèsent sur cette société où le passé a plus de poids que le présent. Toussaint Louverture ? Dessalines ? Henry Christophe ? Capois la Mort ? Mais ce sont des dieux ! vous répondra-t-on. Personne ne peut les imiter. Pour renforcer cette affirmation, on peut même ériger un monument à leur gloire, un très beau monument. Mais ne demandez pas davantage ! Sinon, vous risquez de vous basculer vous-même dans le camp des ennemis de la patrie (J’ai failli écrire dans le camp des PATRIPOCHES pour patriotes, cet euphémisme haïtien pour traduire "dévaliseurs, voleurs de grand chemin")

Et l’avenir ? Cette affaire (un vrai politicien haïtien dirait « cette saloperie ») est trop loin pour intéresser ceux qui ont trop de choses sérieuses à faire ici, en Haïti.