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samedi 30 mars 2013

DU RACISME AUX DOUANES CANADIENNES ?


« L’homme est un animal à mousquet » (Anatole France)

Par Renos Dossous

Trois incidents confrontés par un même citoyen remettent clairement en question le professionnalisme des agents de douane du Canada. Le premier s’est déroulé à Lacolle sur la frontière États-Unis - Québec, le deuxième à l’aéroport Pearson de Toronto et le plus récent, à l’aéroport international d’Ottawa.

Dans le premier cas, une agente de la douane (oui, une femme), allant au delà de l’autorité que lui confère son poste, intercepte de façon abrupte un voyageur pour vérifier son équipage. Si la vérification en soi n’est pas dénuée de légitimité, le geste était grossier et injustifié.  Mais le voyageur en question n’ayant rien à cacher, suivit les consignes, répondit aux questions, même aux plus insidieuses. Il n’a pu s’empêcher cependant de s’enquérir des raisons de ce traitement spécial dont lui seul faisait l’objet.  « Ces raisons, vous les connaissez parfaitement, Monsieur », lui répondit-on. Et aujourd’hui encore, il attend de les découvrir.  Après deux ou trois appels téléphoniques agrémentés de tout le dramatisme d’un mauvais roman, l’agente en question lui permit de regagner le car de Greyhound qui a du attendre toute la durée de cette opération ubuesque. C’était en 2010.

Le deuxième incident arriva à l’aéroport Pearson de Toronto, en janvier 2013. Cette fois-là, le même citoyen, revenant du Mexique, entre dans la section réservée à la douane. Plusieurs autres voyageurs circulent devant et derrière lui. Distrait, il ne se rend même pas compte de la position exacte de l’agent qui devait s’occuper de lui car il y en avait plusieurs. Tandis qu’il se dirige vers une agente disponible, assise en face de lui, un autre placé latéralement le retient vigoureusement par le bras gauche. Exactement comme il ferait pour un délinquant qui risquerait de s’enfuir. Il happe le passeport de la main du client, en retire le formulaire et le rend à son propriétaire. Malgré la surprise provoquée par cette agression du personnage en uniforme, le voyageur se montra prudent et réservé. Tournant le dos à cet agent, il  s’adressa enfin à la collègue de ce dernier. « Pourriez-vous m’indiquer, Madame, l’espace réservé aux correspondances? Je vais à Ottawa. » Cette belle dame voulant sans doute se montrer solidaire de son collègue dans l’indécence,  jeta un regard de dédain sur le client tout en lui offrant une réponse qui ne saurait être plus révélatrice. « Ne savez-vous pas lire, Monsieur? Vous n’avez qu’à prendre le couloir de gauche ». C’est à se demander si cette dame très élégante dans son uniforme aura le temps d’apprendre un jour que la solidarité dans le délit ou le crime n’est pas une vertu?

Le troisième incident dériva de la carence totale d’éducation d’une autre agente. Cette fois, à l’aéroport d’Ottawa. Mardi 26 mars 2013, onze heures du soir. Notre voyageur, le même, arrive de la République dominicaine (Sunwing). Il pénètre dans l’aire de la douane. La douane, décidément! Tout s’était très bien passé jusqu’au moment de rendre le fameux questionnaire destiné aux vérifications de cette institution.  Une autre dame, toute raide dans son camouflage, pour ainsi dire, entourée pourtant d’une demi-douzaine de collègues masculins bien musclés, arracha littéralement le passeport des mains de l’intéressé pour en sortir le document qui justifie son travail. Une fois terminé, elle le lui rendit et observait déjà de l’autre côté. Comme si son geste était le plus normal du monde.

Un passager qui se respecte et respecte la loi, qu’il soit noir, latino, autochtone ou autre, jusqu’à preuve du contraire, a le droit de s’estimer au dessus de tout soupçon. Dans le cas qui nous concerne, la seule différence entre notre voyageur et les autres, c’est que précisément il est noir. Et comme il n’existe aucun concept d’être humain dont un des groupes susmentionnés soit exclu, notre voyageur s’interroge encore. En tout cas, une seule chose ne laisse pas de doute dans son esprit. Un employé possède tous les droits du monde de ne pas aimer son travail. Et personne ne peut lui ôter la liberté de se recycler, de changer. Mais quand on est payé pour accomplir une tache, ne pas le faire ou le faire mal, quand on peut faire mieux, c’est frauder à la fois l’État et les citoyens. Pour le fonctionnement équilibré de notre société, espérons avec ferveur que l’Agence des services frontaliers du Canada qui embauche les individus qui la représentent auprès du public, des clients à qui ces agents doivent leur salaire, se montrera plus sélectif. Tout le monde n’a pas la faculté de comprendre la logique de cette cooccurrence inéluctable à savoir que tout comme il n’y a pas de professeur sans étudiant, il n’y a pas d’agent de douane sans client.

Nota.

Une protestation formelle (de l’intéressé) – liée au cas de Toronto - a été adressée à ce sujet à l’Agence des services frontaliers du Canada dont la réaction se fait encore attendre.