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jeudi 15 juillet 2010

Que faire des gravats ?

Que faire des gravats ?
par Teddy Thomas

L'une des explications avancées par le président Préval en réponse à ceux qui reprochaient à son administration la lenteur des travaux de reconstruction a été que la première urgence était non seulement d'installer des abris provisoires pour les sinistrés, mais aussi de protéger ceux qui vivent sous les tentes des menaces de maladies liées aux dégâts du séisme, ainsi que de l'agression de bandits opportunistes. Sur ces deux points, le chef de l'État s'est décerné un satisfecit, bien qu'il y ait lieu de s'inquiéter du sort de ces abris de fortune à l'approche de la saison cyclonique et que des incidents de banditisme se rapportent encore.
En annonçant le début de la deuxième phase, dite de reconstruction après celle dite d'urgence, René Préval a déclaré que, dans un premier temps, l'impératif incontournable serait de déblayer les quartiers de Port-au-Prince jonchés de millions de mètres cubes de gravats. Encore, sans ironie, un argument qui fait du poids : nettoyer avant de rebâtir. Mais une question à laquelle on attend aujourd'hui la réponse est la destination de ces amas de déblais. La tâche sera de taille et devrait coûter, toujours selon le président, environ 1,5 milliard de dollars. Les dirigeants de certaines entreprises – haïtiennes et étrangères – doivent se frotter les mains et se lécher les babines en pensant aux contrats juteux que peut générer ce seul projet.
Sans me considérer qualifié pour faire des recommandations en la matière, je ne puis m'empêcher de penser à une certaine période de mon enfance où il fut nécessaire d'importer du remblai pour agrandir le littoral port-au-princien. Il s'agissait alors de préparer l'Exposition du Bicentenaire. Je m'étais maintes fois rendu, accompagné, à ce qu'on appelait le marché aux poissons du Fort Saint-Clair, petite place sommairement aménagée sur le rivage non loin du Portail Légâne. Juste avant la commémoration du bicentenaire de Port-au-Prince en 1949, la Cité de l'Exposition, qui devait accueillir l'ouvrage gigantesque du gouvernement Estimé et qui existe encore de nos jours, fut littéralement construite sur du remblai. Je regardais souvent ces grosses machines en train de creuser le littoral avant d'y déverser et de tasser la terre dans le prolongement du rivage, entre la zone appelée Martissant et le wharf de Port-au-Prince. C'est ainsi que l'État haïtien a pu se créer un espace supplémentaire où construire de nouveaux pavillons et un grand parc d'attractions (on l'appelait communément le Ross Maning), le Boulevard de l'Exposition, le Casino international et plusieurs bâtiments qui furent ensuite convertis en hôtels ou bureaux et même, si j'ai bonne mémoire, le local de ce qui devint par la suite l'Institut français...
Je me suis demandé s'il serait possible d'en faire de même aujourd'hui, aux environs de la capitale ou ailleurs, avec les millions de tonnes de gravats qui encombrent les rues de Port-au-Prince. Ne serait-ce pas un moyen pour l'État d'acquérir de nouvelles superficies, maintenant que l'utilisation d'espaces libres semble poser un problème ? J'aimerais bien avoir l'opinion des experts là-dessus.

Teddy Thomas
Le 13 juillet 2010
teddythomas@msn.com

1 commentaire:

  1. Voila une opinion qui pourrait être un très bon sujet de réflexion pour ces dirigeants du pays qui ne semblent pas savoir trop clairement que faire du problème qu'ils ont contribué en partie à créer.

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