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vendredi 13 avril 2012

Haïti-Reconstruction : De nombreux doutes sur un projet de 180.000 logements… et des risques potentiels

A travers Haiti

mardi 10 avril 2012

Enquête

Des demi-vérités ou des contre-vérités autour d’un projet de logement en Haïti offrent l’opportunité à AlterPresse de placer ses projecteurs sur une initiative qui a été peut-être mal conçue et qui pourrait même se révéler dangereuse pour le pays.



P-au-P, 10 avril 2012 [AlterPresse] --- Opacité, irrégularités et confusion : c’est ce qui entoure le projet de construction de 180 mille maisons, annoncé aux Gonaïves par Osner Clarilus, qui prétend être membre de l’organisation Fondation amour de Dieu en action (Fada), relève AlterPresse.

Une mini-investigation montre que ce projet, qui émane d’une nouvelle Organisation non gouvernementale américaine, Wood for Haïti (Bois pour Haïti) et de sa partenaire Fada, est très problématique.

Non seulement le nommé Osner Clarius n’a plus rien à voir avec Wood for Haiti et Fada, mais aussi, le projet se base sur l’importation de milliers d’arbres morts après avoir été attaqués par le dondroctone du pin ponderosa (pine beetle en anglais). AlterPresse a appris que le projet n’a, en fin de compte, aucun financement, alors que Fada a déjà procédé à l’inscription payante de milliers de personnes qui souhaitent bénéficier de logements gratuits.

Ce projet de logement concerne la construction de 180 mille habitats et 500 centres communautaires dans les dix départements géographiques d’Haïti à partir de bois importé des forêts du Montana aux Etats-Unis, précise Jean Germain, responsable du projet à la Fada, lors d’une interview.

Cependant, Osner Clarilus, qui a annoncé que le projet allait être mis en œuvre en avril, ne fait plus partie en réalité de Fada, selon Jean Germain, rencontré par un reporter d’AlterPresse dans les bureaux de Fada à Port-au-Prince.

Clarilus a été écarté pour malversations et arnaques depuis deux mois, ajoute t-il, soulignant que cet homme n’était pas mandaté pour organiser une rencontre au début de la semaine écoulée avec plusieurs dizaines de personnes aux Gonaïves. AlterPresse a essayé en vain de joindre Osner Clarilus à nouveau le lundi 9 avril.

D’autre part, jusqu’ici aucun fond n’est disponible pour ce projet d’un budget de 2 milliards de dollars, qui présente par ailleurs plusieurs aspects nébuleux, selon des précisions obtenues par AlterPresse.

« Nous espérons être en mesure de construire quelque chose ce printemps, mais, pour l’instant, nous n’avons pas de ressources financières pour commencer admet le responsable de Wood for Haïti, Gary Funk, un ancien chef de chorale, dans un échange de correspondances via Internet avec AlterPresse. « D’un autre coté, nous avons pu obtenir des promesses sures pour le bois, les fenêtres, des camions et du gaz, pour lancer nos prototypes », poursuit-il.

« Pour être honnête sur cette affaire nous ne sommes pas encore au point de pouvoir faire quoi que ce soit en Haïti », précise t-il en outre dans une interview téléphonique.

Pourtant, à travers le pays, Fada, partenaire de Wood for Haïti, a déjà commencé à recenser des bénéficiaires pour les maisons. Ces derniers ont payé entre 250 et 400 gourdes à Fada comme « frais d’inscription », indique Jean Germain, annonçant que 3 à 4 mille personnes sont déjà sur leur liste. Cela voudrait dire que l’organisation a déjà collecté entre 750 000 et 1 600 000 gourdes.

« Une fois ces maisons construites…nous allons discuter avec ces bénéficiaires pour leur expliquer que ce n’est pas un cadeau. Ce sont des maisons dont ils pourront bénéficier à prix réduit, moyennant un bon chaque mois ou chaque année. Au bout de 10 à 15 ans, ils auront fini de payer et les maisons leur appartiendront », explique encore Jean Germain.

Fada a déjà acquis des terrains en don, notamment à l’ile de la Gonâve, Titanyen (Ouest), Torbeck (Sud), Mirebalais et Hinche (Est). Mais les conditions d’acquisition de ces terrains demeurent curieuses. Par exemple, à Titanyen où Fada et Wood for Haïti comptent lancer une première phase pilote du projet, le « Comité présidentiel pour bâtir Canaan (Cpbc) » leur a cédé un terrain de 750 hectares, selon Jean Germain.

Seulement, ce comité n’est pas reconnu par la présidence, d’après les informations dont dispose AlterPresse. Et ce terrain fait partie d’une zone déclarée d’utilité publique par l’Etat haïtien en 2010 et par la suite envahi par des squatteurs.

Autre aspect curieux : aucun responsable du gouvernement dans le secteur logement n’est au courant de ce projet aux ambitions énormes.

Par ailleurs, la construction de ces 180 mille habitats et 400 centres communautaires à partir de bois importés du Montana présente des risques potentiels. Ce bois provient d’arbres attaqués par un insecte très dangereux, le dondroctone du pin ponderosa, un scolyte qui a déjà détruit 2,5 millions d’hectares de forêts aux Etats-Unis en 2010 et 2011.

Selon Gary Funk, responsable de Wood for Haïti, 20 millions d’hectares de forets morts sous les effets dévastateurs de cet insecte dans le Montana sont disponibles et peuvent être utilisés pour la construction.

Wood for Haïti entend traiter les arbres infestés de scolytes avant de les envoyer par bateau en Haïti, mais dans le cas où certaines de ces petites bêtes échapperaient au traitement qu’arriverait-il ?

Haïti n’a aujourd’hui pas plus que 2% de forêts. [jep kft gp apr 10/04/2012 00 :30]

Commentaire
Tout ce qui n'a plus aucune valeur ailleurs et représente même un danger pour l'environnement et la vie, est bon pour Haiti? C'est incroyable combien les opportunistes utilisent ce pays, ses malheurs pour s'enrichir à ses dépens! Quand ce ne sont pas des actes de corruption des politiciens qui se font payer pour partager avec des opportunistes d'ailleurs l'aide dont bénéficie le pays, ce sont des professionnels de l'arnaque, des patri-poches qui utilisent les victimes pour, en leur nom, recevoir toutes sortes d'avantages. Ils sont même prêts à demander l’aumône au nom d'Haiti. Pourvu qu'il y ait quelqu'un disposé à donner. C'est honteux! Et maintenant il ne manquait que ce risque de répandre dans le pays toutes les plaies pourtant combattues par ceux qui en sont victimes. Une maladie quelconque affectant le peu de végétation qui reste encore dans ce pays, n'est-ce pas un acte de lèse-humanité qui mérite l'attention des autorités? En supposant, évidemment, qu'il existe encore quelques vestiges de cette espèce rare dans cet espace que nous appelons abusivement un pays.

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