Nombre total de pages vues

jeudi 29 septembre 2011

L'armée de Martelly se dévoile

Le président Michel Joseph Martelly veut une armée nationale de 3 500 hommes d'ici juillet 2013 et la redynamisation du Service d'intelligence nationale (SIN). Le coût de ce projet ayant diverses composantes est, selon des estimations à prendre avec des pincettes, de 95 millions de dollars américains. Les amis d'Haïti, dont les Etats-Unis, ont été mis au parfum.Entre-temps, sur la toile, certains disent que le chef de l'Etat dévoile un projet qui donne froid dans le dos...Comme quoi, il se dévoile en dévoilant son plan sécuritaire.

Haïti: La création de la nouvelle force armée nationale coûtera 50 000 000 de dollars us. Quelque 15 000 000 sont prévus pour indemniser les militaires démobilisés. Et 30 000 000 seront alloués à un service civique mixte obligatoire portant l'ardoise à 95 millions de dollars us, selon un projet comportant les grands axes de la politique de défense et de sécurité nationales du président Michel Joseph Martelly dont le journal a obtenu une copie.
Le projet du chef de l'Etat comporte aussi le retour du Service d'intelligence nationale (SIN) dont les missions consistent à rechercher, regrouper, traiter, archiver l'ensemble des informations collectées par différentes entités afin de permettre aux hautes autorités de l'État d'avoir une idée exacte de la situation sécuritaire du pays et de prendre des mesures préventives contre des activités susceptibles de porter atteinte à l'ordre public et à la sécurité nationale.
« La fragilité de l'État haïtien aujourd'hui le rend vulnérable aux risques de troubles internes pouvant plonger le pays dans l'anarchie. Dans un tel contexte, l'État haïtien doit se doter d'outils adéquats pour prévenir ces menaces plutôt que de se mettre dans une posture défensive », d'après ce document, qui indique que les objectifs du SIN sont de prévenir et lutter contre le terrorisme ; prévenir et de lutter contre toute forme d'activités maffieuses et de réseaux de trafiquants illégaux de toutes sortes; surveiller les organisations et mouvements extrémistes qui veulent semer l'anarchie dans le pays; prévenir et lutter contre les menaces internes et externes; lutter contre la cybercriminalité et surveiller les installations et sites stratégiques ».
Le projet déjà dévoilé
Gardé dans une relative discrétion, ce projet comportant les grands axes de la « politique de défense et de sécurité nationales » a déjà été présenté à des représentants de pays amis d'Haïti dont les Etats-Unis, la France, le Canada, le Chili ainsi qu'à la Minustah et au PNUD, deux jours avant le périple du président Martelly à l'ONU, a confié sous le couvert de l'anonymat un des conseillers de ce dernier pour les questions militaires.
« Les chiffres et dates qui figurent dans le document doivent être relativisés », a-t-il confié au journal, soulignant au passage une « réception positive » du projet par les pays amis d'Haïti.
Les mots des Etats-Unis
« Nous avons assisté à un briefing avec des bailleurs de fonds dans lequel le gouvernement haïtien a présenté des informations pour la création d'une deuxième force », a confirmé pour le journal le porte-parole de l'ambassade des Etats-Unis à Port-au-Prince, Jon E. Piechowski.
« Actuellement, nous étudions cette proposition du gouvernement haïtien », a expliqué Jon E. Piechowski, qui a souligné qu'il ne pouvait pas dire pour le moment si son pays allait ou non financer la création de cette nouvelle force ou fournir de l'assistance technique.
Jon E. Piechowski a rappelé que son pays supporte la PNH. « Nous avons supporté la PNH pendant longtemps et nous continuons d'appuyer le développement de la police haïtienne ». « Les pays qui appuient Haïti ont parlé de la nécessité d'augmenter l'effectif et l'efficacité de la PNH », a-t-il ajouté.
Le RNDDH voit d'autres priorités
« La création d'une nouvelle armée n'est pas la plus importante des priorités pour Haïti après le séisme du 12 janvier », a estimé Pierre Espérance du RNDDH, soulignant la précarité de ceux qui vivent sous des tentes et le taux de chômage très élevé dans le pays.
« L'Etat haïtien ne peut même pas équiper la PNH », a signalé Pierre Espérance. « L'important, a poursuivi le militant des droits de l'homme, c'est de renforcer les unités spécialisées de la PNH pour qu'elles puissent faire leur travail ».
« Nous ne sommes pas contre l'armée, aujourd'hui, nous disons tout simplement que ce n'est pas la priorité », selon Pierre Espérance qui croit que c'est possible dans 10 à 15 ans, après la résolution de certains problèmes socio-économiques.
« Tout nouveau pouvoir en Haïti a tendance à constituer son propre groupe armé pour se consolider. L'Etat de droit ne peut fonctionner comme ça », a insisté Pierre Espérance, l'un des responsables du RNDDH qui, mi-juin, avait invité le chef de l'Etat, Michel Joseph Martelly, à se séparer d'ex-policiers à la moralité douteuse dans son entourage.
Selon des sources concordantes, certains responsables de la sécurité du pays dont des membres du CSPN, n'ont pas eu connaissance de ce plan. « C'est un diplomate étranger qui m'a donné une copie », a confié, laconiquement l'un d'eux au journal, mercredi 28 septembre, en début de soirée.
Ils vont créer un monstre
Sur la toile, ceux qui ont lu le document comportant les grands axes de la politique de défense et de sécurité nationales s'alarment. « Ce sont les prémices d'un Etat policier qui s'annoncent. On va surveiller les gens et assassiner au nom de la sécurité nationale », selon un observateur inquiet.
Un diagramme de différentes entités qui seront vraisemblablement surveillées par le SIN figure une catégorie qui fait le buzz dans lequel on retrouve : hôtels, casinos, bordels, médias, ect.
Comme balancier
Le président Michel Joseph Martelly avait confié sa crainte à la tribune des Nations unies à New York : Haïti, pays instable, risque de sombrer dans l'anarchie si la Minustah s'en va de manière désordonnée. Et, sans se voiler la face, il avait souligné que ceux qui réclament ce départ dans l'immédiat font de la politique pour déstabiliser le pays.
La mission onusienne, déployée mi- 2004, véritable balancier politique en Haïti, sert les desseins du chef de l'Etat qui - avec une commission composée d'experts militaires- a élaboré ce projet comportant les grands axes de la « politique de défense et de sécurité nationales ». Le président, selon ce document, « continue d'insister sur les négociations à mener avec les puissances amies d'Haïti, dont la contribution reste nécessaire pour la remobilisation de la composante militaire de la force publique tant dans sa formation technique, son entraînement que dans son équipement ».
Cette force, d'après le président Michel Joseph Martelly, doit être « une armée nationale dans sa conception, apolitique dans son fonctionnement, défensive dans ses opérations et qui compte dans ses rangs des professionnels (médecins, agronomes, ingénieurs, etc.), des techniciens environnementaux et des agents forestiers adéquatement entraînés. Ces cadres constitueront la base logistique du pays et les « réserves » de la force publique pour une meilleure réponse aux catastrophes naturelles ou tous autres dangers mettant en péril la vie et les biens des citoyens ».
Le plan de mise en oeuvre de cette nouvelle force, lit-on dans ce document, tient compte de l'apport éventuel de la Minustah quant à sa participation à la formation des recrues et à la disponibilité de ses bases pour les séances de formation et d'entraînement. Il comporte aussi la formation d'un effectif de 3 500 hommes sur une période de trois ans et demi, selon le chronogramme ayant par exemple, entre le 18 novembre 2011 et janvier 2012, des activités visant à finaliser le recrutement de la première promotion, l'implantation des bases militaires de l'armée de terre, des bases navales et pistes d'atterrissage jusqu'au mois de juillet 2013 où le désengagement progressif de la Minustah sera entamé.
Le président Michel Joseph Martelly, arrivé au pouvoir il y a quatre mois, avait promis de garantir la sécurité des vies et des biens et l'instauration d'un Etat de droit. L'un des quatre E...

Roberson Alphonse
ralphonse@lenouvelliste.com

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=97699&PubDate=2011-09-28

Commentaire
Après la chute de Duvalier en 1986, tout le monde sait comment l'armée, seule détentrice d'un pouvoir réelle, et seule force organisée (avec l’église catholique, dans une moindre mesure), faisait la pluie et le beau temps dans le pays. C’était un corps formé et discipliné par et pour cette dictature qui a duré 29 ans. Mais l'armée a pris la relève de la dictature d'une manière encore plus dangereuse puisqu’à la répression policière et militaire, s'ajoutait le trafic de drogue. Cette situation qui ne s'est pas limitée à la période de transition, a même contaminé des gouvernements démocratiquement élus (à partir de 1991)dont plusieurs membres ont été jugés, aux Etats-Unis notamment, pour introduction illégale de drogue sur ce territoire. Plusieurs visas ont été révoqués, des extraditions demandées par la France et par les Etats-Unis. C'est ce type d'arguments qu'a utilisé Aristide pour dissoudre ce corps qui depuis n'existe plus (nominalement). Tout le monde sait que cette action, souhaitée par toute la population, surtout ceux qui en ont été victimes, s'est quand même réalisée de manière irrégulière. Ceux qui ont perdu leur poste n'ont été ni désarmés, ni indemnisés. D'où un danger potentiel sur la tête de la population. Aristide fut le premier à en faire les frais. En témoigne son exil de 2004, provoqué par un groupe de ces ex-militaires. Bref, l'improvisation, dans ces domaines n'est jamais bonne conseillère. Maintenant, un fait demeure, c'est la présence des soldats de la MINUSTAH*. Cette force a contribué à empêcher le chaos après le départ d'Aristide en 2004 tout comme avant son retour en 1994. Cette même MINUSTAH entreprend même, surtout depuis, le dernier de ces évènements, de former des jeunes, de rendre l'eau potable dans certaines communautés et même de protéger des biens quand un de ces groupes qui terrorisent certains quartiers populeux, mérite d’être maîtrisé. Mais sa présence a suscité aussi des craintes, et même des problèmes concrets: le choléra (introduit involontairement par des soldats du Népal,plus de 6000 morts), la prostitution, dont le dernier cas du viol présumé d'un jeune garçon de 18 ans dans la communauté de Port-Salut (Sud d'Haiti). Les manifestations violentes provoquées par ce dernier cas où sont impliqués cinq soldats uruguayens, coûtent beaucoup à ce pays dévasté. Dans de telles circonstances, étudier la possibilité du retrait de cette force en même temps que la mise sur pied d'une armée pour la remplacer, n'est pas une idée saugrenue. Il faudrait néanmoins que cette nouvelle force soit suffisamment bien formée, professionnalisée pour apprendre à gérer la démocratie, respecter les droits des citoyens et ne pas reproduire les vieilles habitudes de ses prédécesseurs. Et cela, sauf un débat national de tous les secteurs et surtout des organismes de défense des droits de la personne (qui ont accumulé de l’expérience) pourrait le rendre possible. Alors et alors seulement, le retrait graduel des forces de l'ONU pourrait être envisagé. Et ce, à mesure que les nouveaux soldats se formeraient et entreraient en fonction. Tout autre alternative semble nous condamner à répéter constamment les mêmes erreurs. Le départ? Oui! Mais dans quelles conditions?

*Mission des Nations-Unies pour la Stabilisation d'Haiti.

Haïti-Séisme-Reconstruction : Le PNUD soutient l’idée de la réhabilitation des quartiers pour le retour des déplacés

mercredi 28 septembre 2011
P-au-P, 28 sept. 2011 [AlterPresse] --- Le Programme des Nations Unies pour le Developpement (PNUD) appuie le plan de la présidence de réhabiliter 16 quartiers de Port-au-Prince afin d’organiser l’évacuation des camps de déplacés établis après le séisme du 12 janvier 2010.
La fermeture des grands centres d’hébergement spontanés érigés après la catastrophe est un thème important pour le gouvernement haïtien, selon le secrétaire général adjoint des Nations Unies, Heraldo Munoz.
Heraldo Munoz également directeur du bureau Amérique Latine et Caraïbes du PNUD, a fait ces déclarations le 27 septembre à l’issue d’une visite de deux jours en Haïti.
Le président Michel Martelly entend fermer six grands centres d’hébergement et offrir les services de base aux sinistrés vivant dans 16 autres camps.
Ce projet baptisé 16-6 reçoit un financement de 30 millions de dollars à travers la Commission Intérimaire pour la Reconstruction d’Haïti (CIRH).
Lors de sa visite, le secrétaire général adjoint de l’ONU qui a eu des rencontres avec le président Michel Martelly et ses conseillers, a indiqué qu’un appui du PNUD avait notamment au cœur des discussions avec le chef de l’Etat.
Par ailleurs 60% des débris laissés par le séisme doivent être enlevés cette année, a indiqué Munoz.
L’an dernier, seuls 2 millions des 10 millions de mètres cube de débris laissés par le cataclysme avaient été retirés, selon le PNUD. [kft gp apr 28/09/2011 10 :57]

http://www.alterpresse.org/spip.php?article11627

Commentaire
Cet article d'Alterpresse indique assez clairement que quelque chose ne va pas au niveau de cette reconstruction tant galvaudée ces derniers temps. En effet, si deux millions de mètres cube seulement de gravât ont pu être déblayés jusqu'à présent, cela indique qu'il faudra attendre au moins (en suivant le même rythme) l’année 2018 ou 2019 pour que la tache soit bouclée. Comment alors entreprendre des constructions dignes de ce nom au milieu des déchets laissés par ce tremblement de terre? Bernard Kouchner pourrait parfaitement avoir raison en affirmant que reconstruire cette capitale exactement au même endroit, c'est ne rien faire du tout. En effet si les risques de tremblement de terre sont aussi élevés que les spécialistes ne cessent de le dire, si la capitale, deux ans seulement après sa fondation en 1749, a connu un désastre de la même envergure, si cette menace n'a jamais cessé depuis* de hanter cette ville, quel est l’intérêt d'insister en exposant constamment les habitants au même risque? Qui profite de cette action qui n’améliore en rien la situation de ces victimes potentielles du prochain désastre? Pourquoi faut-il que toute action dans ce pays soit mesurée à l'aune de la politique et même de la politicaillerie sans autre forme de considération?


*Mais aussi en 1770, en 1860, en 1918, en 1922, en 1956 et en 1962 (http://fr.wikipedia.org/wiki/Port-au-Prince)

mardi 27 septembre 2011

Un Haïtien parmi les 10 bienfaiteurs de l'année choisis par CNN

Patrice Millet, un Haïtien du terroir, fait partie des 10 personnalités plébiscitées par les téléspectateurs de CNN, pour leur contribution au bien-être des membres de leur communauté. Chacun des nominés recevra la rondelette somme de 50 000 dollars américains et sera honoré le 11 décembre, lors d'une soirée de gala en direct sur CNN.
Haïti: Des veuves de soldats, des enfants de motels et des ouvriers déshérités ont bénéficié de l'assistance fournie par les dix nominés de l'année 2011. Ce sont des citoyens ordinaires dévoués à une cause noble. C'est le cas de Patrice Millet.
Atteint d'un cancer en phase avancée et aujourd'hui maîtrisée, après un séjour médical aux Etats-Unis, l'homme d'affaires regagne son pays en mai 2007. Il consacre le meilleur de son temps à la cause des enfants de son pays. A travers son programme de football pour les jeunes, il fournit des équipements, de l'encadrement et de la nourriture à des centaines d'enfants des bidonvilles et leur inculque des notions de civisme. « Je vois de nombreux enfants dans le besoin tous les jours. Il y a beaucoup de mauvaises histoires à leur sujet», explique Patrice Millet, 49 ans. Et il ajoute : « Je me suis battu toute ma vie pour pouvoir venir en aide aux enfants ». Il a fini par vendre sa quincaillerie pour mettre sur pied la Fondation Notre-Dame du perpétuel secours (FONDAPS). Le football permet de mieux socialiser les enfants en difficulté. " Je veux que les enfants deviennent de bons citoyens. En football, ils passent le ballon et le reçoivent. Ils développent l'esprit d'équipe, la discipline, le fair-play. Ce n'est pas une question de football. C'est la vie tout court", commente-t-il.
Aujourd'hui, FONDAPS prend en charge quelque 600 enfants, dont 150 filles. Jeff Fouvant est âgé de 11 ans. Il a perdu son père lors du séisme de janvier 2010 et habite sous une tente avec dix membres de sa famille. Ils sont dépendants de l'aide alimentaire fournie par FONDAPS. C'est encore Millet qui paye son écolage. «L'aide de M. Patrice est cruciale. C'est un véritable héros », confie Jeff.
Patrice Millet s'est récemment rendu aux Etats-Unis pour y effectuer une chimiothérapie. Sa santé ne tient qu'à un fil du fait que le cancer a ressurgi en 2009. Il continue de prendre des médicaments et affirme qu'il se sent bien. Ce héros aime la vie et veut la dompter. CNN vient de lui décerner une première couronne. La chance pourrait bien lui sourire en décembre et lui permettre de remporter le titre de CNN Hero doté de 250 000 dollars, grâce au vote du public.

Belmondo Ndengué
bndengue@yahoo.com
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=97494&PubDate=2011-09-26

Commentaire
Des héros, il y en a encore et partout. Heureusement! Car que ferait l'humanité s'il ne devait subsister toujours que ce qu'il y a de pire? Avec cette profusion de violeurs, de tortionnaires, de dictateurs, de fonctionnaires corrompus, de politiciens démagogues et, la liste pourrait ne jamais s'achever, ce serait tout simplement l'ENFER!

La POHDH condamne

Haïti: Depuis son retour en Haïti le 16 janvier 2011, l'ancien dictateur Jean Claude Duvalier fait l'objet de plusieurs plaintes que les victimes ont déposées contre lui par devant la justice haïtienne, estime la Plate-forme des Organisations Haïtiennes des Droits Humains (POHDH), dans un communiqué rendu public. Depuis, des organisations nationales et internationales ont déclenché une série de mobilisations incluant conférences, expositions, production et publication de rapport en vue de faire la lumière sur les crimes de droits humains : disparitions, homicides, exécutions sommaires, emprisonnements arbitraires, exils forcés , détournements de fonds et les actes de tortures, de mauvais traitements et de viols qui ont caractérisé la dictature des Duvalier.
C'est dans cette perspective qu'Amnesty International devait présenter, le Jeudi 22 Septembre 2011 à l'Hôtel Le Plaza, un nouveau rapport sur les crimes commis durant la gouvernance de Jean-Claude Duvalier entre 1971 et 1986 dans lequel l'organisation recommande, une fois de plus, à ce que l'ex dictateur soit jugé pour crimes contre l'humanité.
A la surprise des participants et participantes, les partisans de Duvalier ont fait irruption dans la salle et ont perturbé le déroulement de la présentation du rapport. En effet, des avocats de l'ex dictateur dont Reynold Georges et Osner Fevry, très connus dans le milieu politique haïtien, ont sérieusement paralysé l'activité en lançant des propos hostiles. Ces derniers ont traité les membres de l'organisme international de droits humains d'imposteurs.
La POHDH tient à dénoncer énergiquement l'acte malhonnête orchestré par les partisans de Duvalier lors de la présentation du rapport. La POHDH croit que l'intervention agressive des partisans de Duvalier constitue une menace inquiétante pour la liberté de la parole, qui est le résultat de sacrifices de plusieurs années de lutte pour la démocratie en Haïti. De plus, cet acte rappelle en quelque sorte la pratique d'intimidation du régime de 1957 à l'égard des citoyens et citoyennes qui exprimèrent leurs opinions.
Par ailleurs, la POHDH veut réaffirmer, à l'intention des partisans de l'ex dictateur en particulier et de la population en générale, que les crimes contre l'humanité sont imprescriptibles. En ce sens, la POHDH maintient sa position tendant à demander à la justice haïtienne de donner suite aux plaintes des victimes de Jean Claude Duvalier.

Marc-Arthur Fils-Aimé
Coordonnateur général
Antonal Mortimé
Secrétaire exécutif

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=97625&PubDate=2011-09-26

Commentaire
Les partisans de Duvalier font preuve d'arrogance et d’agressivité en agissant comme ils l'ont fait. Ils ne sont pas, cela est visible, dans les souliers de ceux qui ont souffert sous la dictature. Mais il serait hypocrite de dire que Duvalier est le seul présumé criminel à avoir occupé le pouvoir en Haiti, à avoir trempé ses doigts dans le sang de ce peuple surexploité. En effet combien de personnages sanguinaires ne l'ont pas suivi sur la même voie et de manière encore plus cynique? Ne sont-ils pas eux aussi des criminels? Combien de morts doit-on avoir sur la conscience pour être considéré criminel? Y aurait-il en Haiti des criminels protégés par des murailles infranchissables? Quelle farce plus ubuesque que cette justice haitienne!

lundi 26 septembre 2011

Lettre ouverte aux Sénateurs de la République d’Haïti : Responsabilité collective et réalité politique (première partie)

samedi 24 septembre 2011
Débat
Par Leslie Péan
Soumis à AlterPresse le 23 septembre 2011
Les questions relatives à la constitutionalité de la candidature à la Primature du Dr Garry Conille sont tout à fait normales. Dans tout pays qui se place dans le cadre de la recherche de l’idéal démocratique, les citoyens sont tout à fait habilités à s’interroger sur les actions entreprises par le président de la République et à se demander si celles-ci sont conformes avec la constitution en vigueur. Selon le sénateur Jean William Jeanty, le Dr Conille est un symbole de « la mise sous tutelle du pays à travers l’hégémonie de l’ONU et de la Commission intérimaire pour la reconstruction (CIRH), instance que co-préside l’ancien président américain et ex-patron du candidat à la Primature [1]. » Position de fond qui s’accompagne d’un autre élément consistant à dire qu’en vertu de l’article 157 de la Constitution, le Dr Conille ne peut pas être premier ministre, car il ne réside pas en Haïti depuis cinq ans. Un argument partagé par le sénateur Riché Andriss, de l’OPL et d’autres sénateurs, mais qui a été réfuté à l’enquête menée par la Chambre des Députés.
La querelle tout à fait partisane déclenchée sur ce point s’est révélée fausse, et la candidature du Dr. Garry Conille a été votée à l’unanimité par la Chambre des Députés. Une unanimité qui dégage malheureusement un parfum de pensée unique, surtout dans une culture de chen manje chen. L’enquête des députés a souligné que tout fonctionnaire des Nations-Unies est considéré comme résident du pays de sa nationalité, à moins qu’il n’ait déclaré officiellement avoir changé de résidence. Ce principe visant à faciliter le fonctionnement de l’Organisation des Nations Unies a été entériné par tous les pays-membres, y compris Haïti, devenant ainsi source de droit national de chacun d’eux. Ainsi, le procès intenté au Dr. Conille pour raison de résidence n’a pas sa raison d’être. Toutefois, cela ne signifie pas que des parlementaires haïtiens n’aient pas le droit de contester le choix du Dr. Conille qui a été fait par le président haïtien.
Sortir de la mélasse
On le voit aux États-Unis d’Amérique où le président Obama est contesté par Perry Clark, un sénateur démocrate de l’Etat du Kentucky qui a évoqué, le 8 août 2011, l’inconstitutionnalité de la ratification de l’accord sur le relèvement du plafond de la dette américaine. Perry Clark a droit à la parole et n’est pas chassé du Parti démocrate pour cette prise de position. Dans sa déclaration anti-Obama, il écrit : « Cette législation est effrontément inconstitutionnelle, c’est pourquoi je lance un appel par la présente à la mise en œuvre d’une série d’actions d’urgence pour réparer les dommages causés, en commençant par la démission du Président Barack Obama. » On peut penser que Perry Clark est un peu farfelu et se laisse aller à dire n’importe quoi pour se mettre en valeur. Avec le calme olympien qu’on lui connaît, la caravane du président Obama a continué son cheminement, ne faisant aucun cas des aboiements. Il sait que ses adversaires ne rateront pas une occasion de le dénigrer. Aussi avance-t-il, les yeux rivés sur ses objectifs centraux et sur l’ensemble des choses à accomplir.
Mais deux mois auparavant, soit le 15 juin 2011, un autre groupe de dix parlementaires américains des partis républicain et démocrate, dont Dennis Kucinich, John Conyers, Ron Paul ont déposé une plainte en justice contre le Président Obama [2]. Ces parlementaires protestent contre l’inconstitutionnalité de la décision du président de lancer des actions militaires en Libye sans avoir reçu l’autorisation du Congrès. Il est tout à fait normal que des citoyens, et à plus forte raison des parlementaires, qu’ils soient ou non imbus des questions traitées, expriment leur désaccord et demandent au pouvoir judiciaire de décider de la Constitutionalité d’une loi ou d’une mesure gouvernementale.
Le président Obama a agi dans le cadre des directives de sécurité nationale ayant force de loi et relevant du secret d’État pour défendre les intérêts de l’empire américain. Les parlementaires peuvent porter plainte contre le président et il existe des instances judiciaires habilitées à décider de la constitutionnalité de la décision présidentielle. La différence, c’est qu’il n’existe pas en Haïti l’équivalent d’un Conseil constitutionnel capable de décider de la constitutionalité des lois et des décisions du parlement. Cela fait près de 25 ans que nous nageons dans une mélasse maintenue par des gouvernements successifs. La tentative d’amendement de la constitution en mai 2011 pour y introduire certains changements, dont la création d’un Conseil constitutionnel, a échoué. Comme on le sait, le texte voté ne correspond pas au texte publié. L’œuvre de falsification a été minutieusement préparée et ceux qui ont orchestré ce dap piyan n’ont pas été sanctionnés. Bien malin qui pourrait dire quelle constitution régit maintenant la vie politique en Haïti. Dans ce contexte d’incertitude totale, certains recommandent, au nom de la lucidité de s’abstenir de toute réflexion sur le sujet.
Les combinards unis dans l’exclusion
Les observations des sénateurs William Jeanty et Riché Andriss concernant la Constitutionalité de la candidature à la primature de Garry Conille ne sont pas sans fondement. Nous estimons, sans les partager, qu’elles peuvent contribuer à faire prendre conscience de la caducité de certaines lois et de la nécessité de les changer immédiatement dans le cadre de l’état d’exception dans lequel vit Haïti depuis 1994. Les observations de ces sénateurs aident à éclairer notre lanterne en soulignant l’absurdité générale dans laquelle nous vivons. Elles expriment le refus de ces sénateurs d’accepter la dissolution progressive, le délitement, de la psyché haïtienne sous la pression de l’occupation étrangère commencée en 1994. Saine réaction à la pression conjuguée de la peur de perdre un visa américain et de la mauvaise conscience d’échanger son pays contre une parcelle de pouvoir. Cette réaction du courant anti-Conille renvoie au célèbre débat rapporté par Platon dans lequel Socrate défend le rôle de la loi dans la protection du faible, tandis que Thrasymaque, le sophiste, soutient que le faible n’a aucun droit dans ses rapports avec le fort [3]. Un vieux débat qui attend encore une résolution dans le sens de l’équité, de la justice et de l’éthique.
Examinons maintenant sous cet angle les rapports entre Haïti, le faible et les Etats-Unis d’Amérique, le fort. Les États-Unis d’Amérique peuvent imposer la marche à suivre à Haïti et le font en fait depuis au moins 1915. Plusieurs courants politiques en Haïti sont favorables à un tel état de choses. Des organisations de droite et de gauche ont fait appel aux troupes étrangères et encouragé systématiquement leur maintien afin de garantir la stabilité et la pérennité des gouvernements qu’elles appuient. De ce fait, la nature du combat politique a changé. Il ne vise plus à conduire le pays vers des sommets mais à déterminer ceux et celles qui seront les plus rapides dans la course vers le bas de l’échelle. Ce que les Anglo-Saxons nomment the race for the bottom. En effet, les lois expriment toujours la matérialité des intérêts du plus fort dans une conjoncture donnée, et aussi le consentement des plus faibles, la majorité silencieuse. Quand les Haïtiens avaient contraint Jean-Claude Duvalier à prendre la fuite, le courant politique dominant a imposé une Constitution qui sauvegardait le statu quo politique visant à écarter tous ceux qui n’avaient pas vécu au pays au cours des cinq dernières années. Comme le dit si bien Eddy Cavé, dans son appréciation critique faite en 2003 d’un beau texte du Dr. Gérard Férère sur la réalité de 1986 :
« Il y avait en Haïti au moins deux groupes de combinards vigoureusement opposés à la reconnaissance du principe de la double nationalité : d’une part, ceux que certains appelaient alors les produits locaux, c’est-à-dire une petite faune d’apprentis politiciens qui avaient fait leurs classes sous Jean-Claude et qui entretenaient la plus grande méfiance à l’endroit de ces cadres revenus de l’étranger bardés de diplômes et auréolés du prestige d’une belle carrière à l’étranger et, d’autre part, un grand nombre d’anti-duvaliéristes rentrés de l’étranger avec la virginité que leur conférait le statut d’Haïtien n’ayant jamais renoncé à sa nationalité et qui ne voulaient absolument pas devoir affronter la concurrence de ceux qui avaient mieux réussi qu’eux dans leur pays d’adoption [4]. »
Par ce biais, s’étaient ainsi réconciliés des adversaires apparents qui s’unissaient pour ne pas modifier le cours de l’histoire. Unis dans l’exclusion, les hommes et femmes du CNG et leurs associés gagnèrent cette manche.
Quand la diaspora est aussi le « pays en dehors »
L’exclusion des Haïtiens de l’extérieur de la direction des affaires nationales est la question de fond derrière le débat sur l’éligibilité de Garry Conille à la primature. Depuis l’indépendance, il faut exclure l’Autre pour se sentir exister. Nous avons exclus les Blancs, les Français, les femmes, les Noirs, les Mulâtres, les Syro-Libanais les duvaliéristes (pour dix ans) et aujourd’hui la diaspora, etc. Sans parler des masses rurales et urbaines que Gérard Barthélemy a regroupé sous le vocable de « pays en dehors ». Depuis 1986, tous les gouvernements sont unis dans l’idée d’exclure les Haïtiens de l’extérieur de la direction de la politique nationale. Pourtant ces mêmes gouvernements violent la constitution en faisant appel aux forces armées extérieures (plus de dix mille soldats) pour se protéger contre l’opposition et garantir une pseudo sécurité face à l’insécurité découlant de leurs inconséquences. La communauté internationale installe des forces de maintien de la paix sous le prétexte de nous empêcher de nous entretuer jusqu’au dernier. Comme Etzer Vilaire l’avait montré en 1901 dans son fameux poème « Les dix hommes noirs ». N’en déplaise aux médiocres qui sont frustrés par le savoir et croient que la politique doit être le domaine exclusif de la sottise !
Tout en s’organisant pour bloquer les Haïtiens de la diaspora, les gouvernements haïtiens ont donc décidé de donner à des étrangers des positions dominantes dans la gestion des affaires nationales. On l’a vu avec le Trinidadien Colin Granderson, le Chilien Juan Gabriel Valdes, le Guatémaltèque Edmond Mulet ou encore l’ex-président américain Bill Clinton, quand ce n’est pas tout simplement un ambassadeur de service. « Quand, au sommet de l’État, on joue du violon, comment ne pas s’attendre que ceux qui sont en bas se mettent à danser ? » écrivait Karl Marx [5]. En effet, cette situation anachronique, pathétique, au sommet au palais national s’accompagne de la danse macabre du peuple à la base. Autour de dix mille organisations non gouvernementales (ONG) qui assurent à la population certains services de base dans les domaines de la santé, de l’assainissement, de l’eau potable, de l’éducation, du développement communautaire et rural. Ces ONGs n’ont de compte à rendre à personne et l’opacité totale existe quand à leurs coûts de fonctionnement et celui des services qu’elles fournissent aux populations nécessiteuses.
Un vrai travail de Sisyphe
L’exercice du pouvoir dans la société haïtienne depuis plus de deux siècles montre bien que la justice est le cadet des soucis de la classe politique. Tout le contraire de ce qu’enseigne Platon dans le Livre I « Pouvoir et justice » de La République. La gente politique descend dans l’arène pour se servir d’abord avec sa famille et son clan au détriment de la collectivité. Thrasymaque triomphe contre Socrate. On prend le pouvoir pour en tirer profit, un point c’est tout. La norme constituée est celle de la gouvernementalité du berger se préoccupant peu ou pas de ses moutons. La question fondamentale aujourd’hui est bien de savoir comment réinstaurer les principes de base pour que ceux et celles qui font de la politique défendent des idéaux nobles. Un vrai travail de Sisyphe. Dans un monde où l’argent est roi et où il ne semble y avoir aucun autre idéal que d’en amasser le plus possible par tous les moyens. Toutefois, la réalité de notre temps ne se circonscrit pas uniquement au triomphe de l’injustice. On assiste aussi à la montée des revendications populaires pour un monde meilleur comme le printemps arabe n’a pas encore fini de le prouver. En effet, le peuple peut descendre dans la rue les mains nues et renverser les régimes d’oppression, d’asservissement et d’exploitation qui le maintiennent dans la misère et la crasse. Car le peuple a des droits inaliénables à la vie, à la paix et au rêve de vivre comme des êtres humains. Et pour que ce rêve devienne réalité en Haïti, le pays a besoin de tous ses enfants sans exclusion. Pour une vision nouvelle et stimulante, loin du brouillard qui cache l’horizon. Dans la conjoncture actuelle, il faut mettre en œuvre un mouvement dynamique intégrant tous les Haïtiens. Du « n’importe qui » venant du « pays en dehors » au savant.

(à suivre)



[1] Radio Kiskeya, « Garry Conille, entre les pour et les contre au Parlement », 13 septembre 2011.

[2] Felicia, Sonmez, « Kucinich, other House members file lawsuit against Obama on Libya military mission », The Washington Post, June 15, 2011.

[3] Platon, L’État, ou, La République, Paris, Chez Lefèvre, 1840.

[4] Eddy Cavé, « Commentaires sur l’article de Gérard Alphonse Férère intitulé « Naturalisation et citoyenneté... », Ottawa, le 6 février 2003.

[5] Karl Marx, Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte (1852), Paris, Éditions sociales, 1984.

http://www.alterpresse.org/spip.php?article11608

Commentaire
Tout a été dit ici et avec clarté. Et s'il fallait ajouter quelque chose, ce serait tout simplement pour déplorer que plusieurs des sénateurs haïtiens qui donnent l'impression de défendre les intérêts de la majorité, ne lisent pas ces textes qui risqueraient de leur enlever le sommeil. C'est dommage! Car il n'y a pas d'autres moyens pour les réveiller et les forcer à ouvrir les yeux sur les résultats de leurs atrocités séculaires dont la corruption n'est que la pointe de l'iceberg. Comme un voile, un drap froissé négligemment jeté sur un cadavre, se cachent derrière ce titre officiel, apparent, toute sorte de combines, toute sorte de manipulations, de chantages, de marchandages dont le peuple prend rarement connaissance. Même s'il flaire - on les lui impose - des odeurs peu agréables. Cependant la multiplication des pressions de cette forme finit tôt ou tard par produire des effets. Il y a une limite, un débordement inévitable qu'implique le grand nombre des initiatives destinées à guider la population, qui finit toujours par porter des fruits positifs. Alors que ce travail qui consiste à réveiller les consciences se poursuive!

dimanche 25 septembre 2011

Ce discours à l'ONU marquera-t-il la présidence de Martelly ?

edito
Haïti: Le discours du président Michel Martelly devant la 66e Assemblée générale des Nations unies ce vendredi 23 septembre 2011 est le plus présidentiel depuis son investiture. Son intervention a été celle d'un responsable qui a pris la mesure des limites de la souveraineté d'un pays assisté, mais qui ne se résigne pas à rester à genoux.
Un message loin des imprécations, des effets de manche et des jolies phrases pour plaire à une opinion publique friande de bravades.
Michel Martelly n'a cependant pas abdiqué son devoir de dire la vérité à la face du monde.
Diplomate, il n'a pas cité une fois le mot Minustah, cette mission des Nations unies qui est dans nos murs, invitée et hôte déplaisant, mais nécessaire. Pas une fois non plus le mot ONG n'est sorti de la bouche du président.
Dans son message de plus de 1 700 mots, Martelly a plaidé pour une coopération plus efficace après les multiples catastrophes qui ont frappé Haïti pour demander que « les réponses se doivent d'être encore plus mûrement réfléchies, plus responsables, plus concertées, plus audacieuses et plus déterminées ».
Parlant du général pour faire passer le souhait d'Haïti, le président Martelly a déclaré :« Je crois fermement qu'il appartient d'abord, aux pays concernés, de rechercher et de trouver des pistes de solutions; car toutes celles imposées, généreuses ou non, ne produiront à moyen terme que des effets adverses... »
Plus loin, dans son allocution, le président a mis des limites à la volonté d'un pays comme le nôtre de prendre en main son destin.
« ...Tout aussi fermement, je pense qu'il serait irresponsable, pour un pays victime de catastrophes, de se priver de l'aide, de l'expertise, de la coopération des nations soeurs, qu'elles soient du Sud émergent ou du Nord supposé nanti.
Et c'est ce juste équilibre, disais-je, entre une gouvernance adulte et une assistance internationale bien pensée, qu'il convient de rechercher, de codifier, sans fard et en toute vérité.... »
Critique depuis sa campagne électorale envers la Minustah, le président a lancé des piques contre ladite mission, toujours sans la citer.
« ....Une constante se dégage: accueillies avec soulagement aux premiers jours, ces Missions à moyen terme s'essoufflent. Pourquoi? Parce qu'entre autres les attentes des pays hôtes d'une part, sont surdimensionnées; d'autre part, parce que ces Missions ne peuvent évoluer, figées qu'elles sont dans des termes de références peu souples.
Et c'est dommage, car rien n'est plus irresponsable et dangereux que de laisser partir ces Missions, sans alternative nationale efficace.
Dans le cas d'Haïti, à quoi aurait servi cette Mission, si aujourd'hui, sans coup férir, sans préavis, elle se retirerait. Certes, je suis conscient que des bavures inacceptables ont entaché le prestige de la Mission, mais les arbres ne devraient pas cacher la forêt... »
Plus précisément, le président a fait le procès de l'aide et des promesses non tenues.
« ....Le monde ne sera que plus beau, quand se tairont les "je condamne" d'un côté et les "j'accuse" de l'autre. Haïti peut en témoigner. Mais Haïti peut aussi dire, que dans l'aide post catastrophes, les décaissements de fonds qui échappent aux procédures immuables, complexes et lourdes, restent les plus adaptés. Il faudrait que ces procédures, quand bien même accompagnées, permettent aux pays concernés de s'approprier l'initiative stratégique sur leur destin. Justement, parlant de fonds mis à disposition des populations victimes, il serait souhaitable que les promesses ne restent pas lettre morte, que les projets de reconstruction voient le jour!
Et dernier coup de massue, le président Michel Martelly a jeté un pavé dans la mare grouillante de bonne volonté de la coopération internationale en une phrase : « ln fine, je le dis, il serait fort triste que la main gauche reprenne ce que la main droite a donné! Et cette tentation existe, elle est le fruit d'une conjoncture économique mondiale difficile. Mais là encore, seule la vérité devrait prévaloir... »
Avant de lancer une sévère mise en garde, «...quand la reconstruction attend, l'attente peut devenir impatiente et dommageable... »
Bien entendu, il y en a qui ne retiendront du message à la tribune de l'Onu que le sonore « Ayiti kanpe tèt kale » lancé à la fin de l'allocution, mais ce serait, comme le dit souvent Michel Martelly à ceux qui fustigent Sweet Micky, se souvenir que des gros mots du répertoire du chanteur...
Martelly, après son passage devant l'Onu et après cette semaine à New York, avec les grands de ce monde, doit se sentir plus président que jamais, plus responsable que jamais et aussi plus limité que jamais à la tête de notre pays où la bonne volonté ne suffit pas pour déplacer les montagnes.
Bienvenu sur terre, Monsieur le Président.

Frantz Duval
duval@lenouvelliste.com
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=97554&PubDate=2011-09-23

Commentaire
Remarques tout à fait juste de l’éditorialiste! Sauf que présidentiel ou non, le discours ne va pas nous conduire trop loin si des initiatives concrètes ne l'accompagnent. Et nous devons être honnête. Ce n'est pas Martelly en tant que personne qui est visé, mais toute son équipe qui, jusqu'à présent n'a pas pu donner toute sa mesure à cause d'une opposition, malheureusement pour Haiti, concentrée aux mains de Préval et de sa clique. Tant que ces gens le veulent, ils pourront encore faire du mal au pays. Et ils ne négligent jamais cette occasion depuis l'arrivée de Martelly. Qui pourra réveiller la conscience de ces privilégiés (illégitimes)? Qui pourra leur montrer le chemin de la grandeur morale qui nous interdit d'utiliser autrui pour notre bien-être personnel exclusif. Surtout quand ceux dont nous tirons profit, scandaleusement à outrance, sont misérables.

samedi 24 septembre 2011

Discours Martelly à l'ONU

Haïti: Monsieur le président de l'Assemblée générale,
Monsieur le Secrétaire général,
Mesdames et Messieurs les Chefs d'État et de Gouvernement, .
Excellences,
Mesdames, Messieurs,

Mes premiers propos s'adressent à vous, Monsieur le Président, pour vous féliciter de votre élection à la présidence de cette 66" session ordinaire de l'Assemblée générale. Je profite de cette occasion pour exalter la qualité du leadership du Secrétaire Général, M. Ban Ki-moon, et louer son dynamisme et la sagesse profonde dont il fait montre à la direction des affaires du monde.
Du haut de cette tribune, j'adresse un salut fraternel à la République soeur du Soudan du
Sud, qui vient de proclamer son indépendance le 9 juillet dernier. Nous partageons sa fierté et l'accueillons, avec la plus grande déférence, comme 193" Etat membre de la grande famille des Nations Unies. Je lui transmets les chaleureuses félicitations et les voeux de paix, de bonheur et de prospérité de la République d'Haïti. Je me prosterne devant la mémoire de tous les combattants de cette cause, fauchés par le destin, à la veille de voir ce nouveau soleil luire sur cette partie du continent africain.
Monsieur le Président,
En prenant la parole devant vous aujourd'hui, au nom d'Haïti, je veux joindre ma voix à celle de tous les autres pays membres, qui, comme nous, connaissent la gestion du lourd fardeau des situations post-catastrophes ou post conflits, pour dire que les plus faibles et les plus vulnérables gardent l'espoir.
Ils gardent l'espoir de renaitre, parce qu'ils ont pris conscience que les situations d'avantcrises ne sont désormais plus possibles. Ils savent que le changement, changement dans leur mentalité, dans leur gestion politique, économique et sociale, doit être leur seul credo. Ils ne peuvent pas en faire l'économie. Et dans le cas d'Haïti, c'est parce que, justement, tout un peuple en a eu l'intime conviction que j'ai été élu avec un mandat bien précis: celui de matérialiser ce changement.
Je reste convaincu que ces sursauts de conscience, dont la genèse est la souffrance, sont
ceux qui, en général, prévalent à un nouvel ordre mondial.
Tel fut le cas au début du XIXème (19") siècle quand St Domingue brisa ses chaines, faisant naitre Haïti.
Tel fut le cas en 1945, quand les nations de bonne volonté, dont Haïti, s'unirent pour forger cette instance qui nous réunit cette semaine autour d'idéaux nobles. Tel semble le cas actuellement au vu d'une dynamique politique touchant l'Afrique du Nord.
Monsieur le président,
Je peux vous dire que quand, hélas, dans un pays du Sud, dont l'indice de développement
humain est déjà préoccupant, survient une catastrophe majeure, alors se reposent très
brutalement toutes les questions de responsabilité: qu'elle soit locale en termes de
gouvernance, ou qu'on la veuille quelque part imputable à l'ordre mondial.
Le monde d'aujourd'hui et les Nations Unies particulièrement, seront de plus en plus sollicités, car ces situations post catastrophes regroupent aussi bien celles consécutives aux désastres naturels, que celles d'ordre conjoncturel ou tout simplement induites par la folie des hommes.
Quand, de surcroit, dans certains cas, tous ces facteurs se conjuguent, les réponses se doivent d'être encore plus mûrement réfléchies, plus responsables, plus concertées, plus
audacieuses et plus déterminées. Je crois fermement qu'il appartient d'abord, aux pays concernés, de rechercher et de trouver des pistes de solutions; car toutes celles imposées, généreuses ou non, ne produiront à moyen terme que des effets adverses.
Il appartient aux peuples du Sud de décider de leurs richesses, de leurs matières premières et de leur destin.
Dans le cas d'Haïti, je dois dire que la communauté internationale, par le biais des Nations Unies, en accompagnant 6 mois après le séisme, des élections présidentielles à risques, en a compris l'urgence. Qu'elle en soit remerciée.
Mais tout aussi fermement, je pense qu'il serait irresponsable, pour un pays victime de catastrophes, de se priver de l'aide, de l'expertise, de la coopération des nations soeurs,
qu'elles soient du Sud émergent ou du Nord supposé nanti.
Et c'est ce juste équilibre, disais-je, entre une gouvernance adulte et une assistance internationale bien pensée, qu'il convient de rechercher, de codifier, sans fard et en toute
vérité.
Qu'il me soit permis ici, de citer, à titre d'exemple, les nombreuses Missions de Paix et de Stabilisation des Nations Unies, en de multiples points de la planète, dont Haïti.
Une constante se dégage: accueillies avec soulagement aux premiers jours, ces Missions à moyen terme s'essoufflent. Pourquoi? Parce qu'entr'autres les attentes des pays hôte d'une part, sont surdimensionnées, d'autre part, parce que ces Missions ne peuvent évoluer, figées qu'elles sont dans des termes de références peu souples.
Et c'est dommage, car rien n'est plus irresponsable et dangereux que de laisser partir ces Missions, sans alternative nationale efficace.
Dans le cas d'Haïti, à quoi aurait servi cette Mission, si aujourd'hui, sans coup férir, sans préavis, elle se retirerait. Certes, je suis conscient que des bavures inacceptables ont
entaché le prestige de la Mission, mais les arbres ne devraient pas cacher la forêt.
Et je crois justement, que la stabilisation politique passe par plusieurs étapes. Elle ne saurait se réduire à une simple force d'interposition ou en un rôle d'observateurs plus ou moins neutre.
C'eut été une vision bien réductrice du rôle premier des Nations Unies.
Stabiliser, c'est justement bien plus que cela. Et, c'est la politique de Gouvernement que je préconise, ce sont mes 4 axes majeurs à savoir: l'Education, l'Emploi, l'Environnement, l'Etat de droit. Comment consolider la paix sans l'éducation de base universelle et gratuite, dans un pays ou l'analphabétisme prime. Comment promouvoir le développement durable, sans une éducation de qualité, qui magnifie les vertus citoyennes, assure l'égalité entre les sexes, valorise l'identité culturelle, qui ouvre sur le monde et emmène à la tolérance. L'emploi: je veux le dire, on aura beau parler de dignité humaine, de droits de l'homme, de stabilisation et de paix: Ventre affamé n'a point d'oreille. C'est par la création d'emplois décents, justement rémunérés, qui respectent les droits des catégories vulnérables que commence la justice.C'est par une juste rétribution du prix des matières premières, que cessent l'étranglement des pays du Sud et les spéculations déstabilisantes pour la démocratie.

Sur ces thèmes majeurs il faut que les nations s'unissent et s'unissent bien plus encore.....
Qu'elles s'engagent franchement:
. dans la lutte contre la déforestation,
. contre le réchauffement climatique.

Que soit prise en compte sérieusement la problématique de l'eau.
Il n'y aura pas de paix dans le monde, tant que le cadre de vie des pays comme le mien, Haïti, sera aussi dégradé, rendant les catastrophes encore plus dramatiques, les inondations encore plus sévères, les sécheresses encore plus meurtrières, l'exode rural encore plus massif.
Stabiliser aujourd'hui, c'est aussi et surtout la construction d'un Etat de droit, mais l'état de droit suppose entr'autres une justice forte, indépendante et responsable.
Elle s'entend également comme une construction inlassable, difficile mais inévitable, d'institutions fortes qui priment sur les privilèges et groupes d'intérêts.
Monsieur le Président,
Le monde ne sera que plus beau, quand se tairont les "je condamne" d'un côté et les "j'accuse" de l'autre. Haïti peut en témoigner. Mais Haïti peut aussi dire, que dans l'aide post catastrophes, les décaissements de fonds qui échappent aux procédures immuables, complexes et lourdes, restent les plus adaptés. Il faudrait que ces procédures, quand bien même accompagnées, permettent aux pays concernés de s'approprier l'initiative stratégique sur leur destin. Justement, parlant de fonds mis à disposition des populations victimes, il serait souhaitable que les promesses ne restent pas lettre morte, que les projets de reconstruction voient le jour!
ln fine, je le dis, il serait fort triste que la main gauche reprenne ce que la main droite a donné! Et cette tentation existe, elle est le fruit d'une conjoncture économique mondiale difficile. Mais là encore, seule la vérité devrait prévaloir, car quand la reconstruction attend, l'attente peut devenir impatiente et dommageable.
Dans le cas d'Haïti, tout comme dans tous les post-conflits, il s'agira pour les nations amies, pour les nations unies, de nous aider à reconstruire, à reconstruire plus qu'un espace physique, mais des Hommes et des Femmes.
Des Hommes et des Femmes auxquels il faut rendre l'Espoir, car par delà des concepts, des abstractions, il ne s'agit de rien d'autre que d'une Histoire Humaine.
Et remettre l'Homme au coeur des grands débats, c'est de ce nouvel ordre qu'il s'agit aujourd'hui, c'est cette mouvance qui est la nôtre, celle que partagent aussi le milliard d'êtres humains en proie aux catastrophes, aux déplacements, aux conflits, aux pandémies.
Monsieur le Président,
A ces populations victimes, le peuple haïtien, solidaire, adresse de cette tribune des Nations Unies un message très clair. Tant qu'il y aura des Hommes, des Hommes de bonne volonté, l'Espoir existe. Tant qu'il y aura des Nations, unies et solidaires, l'Espoir existe.
Car, nous en Haïti, nous avons tout connu, toutes les catastrophes, toutes celles que l'Homme peut imposer à l'Homme, toutes celles de la Nature que nous les Hommes, nous
aggravons par notre destruction systématique et irresponsable. Nous avons connu les pandémies, la faim, l'exclusion, mais Haïti est désormais DEBOUT, prête à se reconstruire, prête pour un nouveau départ, Haïti kampe tèt kale.
Il n'y a pas de Fatalité!
Et c'est cette Haïti nouvelle qui s'ouvre
.- au monde,
.- aux investissements
.- à la coopération
.- à la reconstruction
.- au dialogue et à la Paix

C'est cette Haïti Nouvelle qui vous dit à tous, Merci.

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=97551&PubDate=2011-09-23

Commentaire
Un très beau discours! Oui, un discours qui entrera sans doute dans une espèce d'anthologie des discours présentés devant l'ONU. La dimension pathétique, cet ingrédient suprême qui donne sa saveur agréable au discours, ne manque pas non plus! Et après? Nous en avons eu de très beaux, surtout aux Nations-Unies. Depuis la nuit de l'esclavage, des dictatures et des démagogies qui se sont succédé en Haiti jusqu'à Martelly via 1804. Mais cela aussi fatigue. L’épuisement, c'est d'abord celui de prendre une tasse de tisane, de cette effusion bien chaude mais insipide que sont les discours. Ce sont des actions, des actions concrètes dont ce pays a besoin. Aucun discours ne va réveiller ce peuple qu'on a plongé de force dans une regrettable léthargie physique (il est mal nourri), morale, mental... Transformez ces discours en actes et vous verrez mille bras (maintenant pendants) se lancer en avant pour brandir la pelle et le râteau (en attendant la pelle mécanique, le tracteur et la moissonneuse) et nettoyer, déblayer, creuser, semer et reconstruire. Cessez de gaspiller toutes ces énergies qui ont hâte d’être canalisées, chers Messieurs!Moins de discours et plus d'actions, s'il vous plait!

vendredi 23 septembre 2011

A la conquête du barreau de Port-au-Prince

Haïti: Les élections, c'est pour ce vendredi 23 septembre au barreau de Port-au-Prince. Deux cartels d'avocats vont croiser le fer pour avoir la direction de cette institution vieille d'environ 153 ans. D'un côté, il y a Me Carlos Hercule et ses pairs, d'un autre côté, il y a Me Patrick D. F. Laurent et son équipe. Dans un cocktail le week-end écoulé, ce dernier a présenté à la presse les membres de son conseil et promis de transformer l'image du barreau.
Compétent, inclusif et moral, tels seront les caractères du barreau de Port-au-Prince, a promis Me Patrick Laurent, tout en demandant aux professionnels du droit de lui faire confiance. « L'avocat, avant d'être fier de sa profession, doit être fier de son barreau. La fierté du barreau nécessite un Conseil inclusif, moral, dynamique, compétent et transparent dans sa gestion », a-t-il avancé dans son discours de circonstance.
Selon lui, son administration prêtera une attention particulière à la formation des avocats. « ...formation initiale avec l'Ecole du barreau pour nos jeunes avocats avec possibilité de stage dans les Cabinets de nos aînés et à l'étranger, l'instauration de la formation. Le droit est dynamique, l'avocat dans sa quête du savoir et dans le souci d'être une encyclopédie debout, doit être constamment en formation. La porte de notre barreau sera ouverte à tous sans distinction », a-t-il promis.
Patrick Laurent a également promis de rapprocher les jeunes des aînés via un dialogue permanent. « Ce dialogue doit pouvoir apaiser les préjugés établis depuis près d'une décennie pour des motifs électoralistes qui prétendent que les aînés ne veulent pas intégrer les jeunes dans la profession et que les jeunes perçoivent les aînés comme une barrière », a-t-il dit.
En outre, Me Laurent se donne pour tâche de changer l'image de la profession d'avocat. « Les fautes déontologiques et d'éthiques seront considérées avec rigueur. Les clients en particulier, le public en général devraient et doivent avoir une autre image de la profession », a-t-il soutenu, tout en indiquant qu'il veut faire les choses autrement.
Me Laurent présente son conseil
« Ce conseil est inclusif et toutes les composantes de la corporation y sont représentées: Les jeunes avocats avec Me Kherson Charles, Yves St- Phar, Canova Jean Baptiste ; les aînés avec Me Carl COUBA, Gérald AUGUSTAVE ; les fils d'avocats avec plusieurs générations d'avocats Camille FIEVRE, Frantz Gabriel NERETTE, présentateurs des chroniques judiciaires avec Rodrigue DUMAS, les femmes et les avocats, de l'administration publique avec Mes Marie France Mondésir, Claudette BELFONT auditeur de la Cour supérieure des Comptes et du Contentieux administratif, Me Napoléon LAUTURE, et enfin une génération transversale qui se situe entre les jeunes, les aînés et les élites de la profession : Mes Annibal COFFY, Josué BEAUBRUN et Patrick LAURENT. »

Robenson Geffrard
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=97386&PubDate=2011-09-23

Commentaire
Nous ne savons pas comment va vraiment travailler le responsable de chaque cartel, mais nous sommes sûrs d'une chose, c'est qu'il est dans l’intérêt de la société que se donnent ces débats démocratiques. Plaise a Dieu que cela ait lieu à tous les niveaux, professionnel, estudiantin, dans le commerce, les affaires, la politique, etc. C'est ce genre de débats dont Duvalier nous a privé pour asseoir sa dictature. C'est toujours le genre de débats que ceux qui l'ont suivi, sans exception, ont essayé d’empêcher pour avoir les mains libres sur le cou de la nation qu'ils ne cessent d’étrangler pour la gloire de leur seule famille et amis. Mais surtout que personne ne vienne leur parler de népotisme car ils vous feront fusiller sur la place publique ou exécuter par leurs suppôts plus discrets. Tout dépend de l'objectif à atteindre, de l'adversaire à effrayer. Souhaitons que ces pratiques-la, celles des vraies élections finiront par atteindre les élections présidentielles, municipales et législatives aussi! Ce serait un immense progrès, en partant du principe que celles dont il est question ici vont se dérouler sans déchirure inutile.

jeudi 22 septembre 2011

Haïti allié d'Israël, sera-t-elle aux côtés de la Palestine ?

La position officielle d'Haïti n'est pas encore connue dans le dossier de la Palestine. En attendant, le Sénat de la République, dans une résolution adoptée mardi soir, a invité l'Exécutif à embrasser la cause de l'ennemi juré d'Israël qui veut devenir un Etat indépendant et souverain.
Haïti: L'idée de la résolution sur la Palestine est venue du premier sénateur de la Grand'Anse, le pasteur Andris Riché. Seul le sénateur Wencesclass Lambert, au moment des discussions sur la résolution lue par le sénateur Anick Joseph, a invité l'Assemblée à la prudence compte tenu de l'opposition des États-Unis à la création de l'État palestinien. Ses collègues, notamment Anick Joseph, ont trouvé mille et une raisons pour lui montrer le bon côté de la décision. « Je vais faire abstention », a lancé le sénateur Lambert, comme pour dire qu'il n'est pas convaincu.
Le Sénat, dans sa résolution, dit appuyer la création d'un État palestinien indépendant et souverain. Les parlementaires invitent l'Exécutif à donner l'ordre à son représentant aux Nations unies de voter en faveur de la Palestine. Ce vote, d'après les parlementaires, fera honneur à Haïti qui, en deux fois, a joué un rôle décisif durant ces assises, en apportant son plein soutien à la création de l'État d'Israël et de la Libye.
La résolution du Sénat ne laisse pas indifférents certains spécialistes du droit international. « Cette résolution du Sénat est une bonne initiative », juge Kurdy Larèche, spécialiste en droit international. Il a par ailleurs précisé que l'Exécutif n'est pas lié par la résolution du Sénat. « Seul l'Exécutif, d'après la Constitution, est chargé de définir la politique extérieure du pays », a-t-il souligné.
Pour Me Camille Édouard Jr, professeur de droit international public, la résolution du Sénat est destinée à la consommation locale. De ce fait, elle n'a aucun effet sur le plan international. Même si la résolution n'engage que ceux qui l'ont votée, Me Édouard croit que l'Exécutif doit la prendre en compte dans le cadre des réflexions sur le dossier de la Palestine. « Il revient cependant à l'Exécutif de prendre la dernière décision », a-t-il déclaré.
Et si Haïti vote en faveur de la Palestine
En novembre 1949, Haïti, par le biais de son ambassadeur accrédité à l'ONU, Émile St-Lot, figurait parmi les 33 derniers pays à voter en faveur de la création de l'État d'Israël. Malgré ses multiples problèmes, Haïti - pays membre de plusieurs organisations internationales; a toujours une présence remarquable aux assises internationales. Haïti doit aujourd'hui choisir entre l'État hébreu et la Palestine, l'ennemi d'Israël de toujours. « On ne peut pas être pour Israël et pour la Palestine en même temps », a indiqué Kurdy Larèche, invitant les autorités haïtiennes à bien réfléchir avant de se fixer. Il estime par ailleurs qu'Haïti doit s'attendre à des conséquences sur le plan diplomatique s'il s'arrange aux côtés de la Palestine. « Surtout que les États-Unis, notre plus grand bailleur de fonds, sont contre la création de l'État palestinien », a-t-il ajouté.
Interrogé sur les incidences d'un éventuel vote d'Haïti en faveur de la Palestine, Me Camille Édouard Jr s'est gardé de se prononcer. « Je me garde de dire si Haïti à l'intérêt ou non de se lancer dans une telle aventure », a-t-il répondu.
Un peu d'histoire
En 1947, les Nations unies votent la séparation de la Palestine, alors sous mandat britannique, en deux États, l'un Arabe et l'autre Juif, avec une zone internationale autour de Jérusalem (Résolution 181). Un partage en deux entités qui ne sera jamais concrétisé : lorsque Israël proclame son « indépendance » le 14 mai 1948, ses voisins arabes la rejettent et entrent en guerre contre le nouvel Etat. A la fin du conflit, Israël occupe 77% du territoire de la Palestine. Ce n'est que 40 années plus tard, soit le 15 novembre 1988, que les Palestiniens décident de déclarer « unilatéralement » leur indépendance.
Et dans une déclaration politique qui l'accompagne, les Palestiniens ont accepté de négocier sur la base des résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité de l'ONU, appelant au retrait israélien des territoires occupés en 1967. Ils admettent de ce fait explicitement pour la première fois le partage de la Palestine et donc la perspective de « deux États », palestinien et israélien, vivant côte à côte. À la suite de cette déclaration, plus d'une centaine d'États dans le monde ont reconnu l'État palestinien.
Une reconnaissance inacceptable
Pour les Israéliens, la reconnaissance unilatérale de l'État palestinien à l'ONU n'est pas une option acceptable. Elle constitue pour eux une violation des Accords d'Oslo. Les Israéliens, qui redoutent qu'un accès aux organisations internationales telles que la Cour pénale internationale (CPI) soit donné aux palestiniens avant le règlement du conflit, s'opposent avec force arguments à la démarche palestinienne. A cet effet, le vice-ministre israélien des Affaires étrangères, Danny Ayalon, a ainsi prévenu à la radio publique israélienne qu'une demande d'adhésion d'un État de Palestine à l'ONU "signifierait l'annulation de tous les accords, libérerait Israël de tous ses engagements et les palestiniens en porteraient l'entière responsabilité".
Les Israéliens soulignent en outre que "l'Autorité palestinienne ne répond pas à un critère de base définissant la souveraineté d'un État car elle ne contrôle pas l'ensemble de son territoire, Gaza, étant administré par le Hamas". Ils affirment par ailleurs que reconnaître un État palestinien fondé sur la réconciliation entre le Fatah et le Hamas "constituerait dans les faits la reconnaissance par l'ONU d'une organisation terroriste".
Débat sur la reconnaissance d'un État palestinien à l'ONU
Selon la grande presse, les pressions internationales s'intensifiaient mardi sur les palestiniens à New York, où sont arrivés plusieurs chefs d'État, dans l'espoir d'éviter une confrontation sur la demande d'adhésion d'un État palestinien à la 66e Assemblée générale de l'ONU. Intervenant à cette assemblée, le président français, Nicolas Sarkozy, a dans son discours demandé à l'Assemblée générale de «se mettre à la place d'Israël» et de comprendre que l'État juif recherche des «garanties» solides pour sa sécurité. Il a aussi réaffirmé l'engagement de la France envers la sécurité des Israéliens.
Mais il a exhorté les Israéliens à faire leur part du chemin. «Écoutez ce que criait la jeunesse des printemps arabes», a-t-il lancé: «Ils criaient 'Vive la liberté!', ils ne criaient pas 'A bas Israël !'. Vous ne pouvez pas rester immobiles alors que ce vent de liberté et de démocratie souffle dans votre région». Nicolas Sarkozy, qui s'est entretenu, mardi à New York, avec le président palestinien Mahmoud Abbas, s'efforce de relancer le processus de paix israélo-palestinien. Il rencontrera mercredi le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou en marge de cette grande rencontre internationale.

Un peu plus tôt, à la tribune, le président américain, Barack Obama a lui aussi appelé à la reprise des négociations directes entre Israël et l'autorité palestinienne, contrairement à son long discours de politique étrangère, prononcé il y a de cela un an dans lequel il rappelait la nécessité de voir se côtoyer « deux États pour deux peuples » (l'Israël et la Palestine) ainsi que de négocier les frontières "sur la base de celles de 1967".

« Une paix véritable ne peut être obtenue qu'entre les Israéliens et les Palestiniens eux-mêmes», a déclaré Obama. «Je suis convaincu qu'il n'existe pas de raccourci à la fin d'un conflit qui persiste depuis des décennies. La paix ne viendra pas de déclarations et de résolutions à l'ONU. Si c'était aussi facile, cela aurait déjà eu lieu à l'heure actuelle», a-t-il ajouté, rejetant une nouvelle fois la démarche des palestiniens, rapporte Le Figaro et d'autres médias internationaux. Le président américain s'exprimait juste avant un entretien avec le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou. Il doit aussi rencontrer son homologue palestinien, Mahmoud Abbas.

Par contre, le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a déclaré à des journalistes à New York qu'un vote au Conseil de sécurité sur la demande des palestiniens d'admission à l'ONU n'interviendra pas avant "plusieurs semaines", ce qui donnera le temps d'éviter une confrontation diplomatique," alors que les palestiniens s'apprêtent à présenter vendredi leur demande d'admission d'un État de Palestine à l'ONU.

En définitive, il faut rappeler que le vote du sénateur Emile St-Lot pour l'existence de La Lybie a été exprimé, contre l'avis du président haïtien d'alors, Dumarsais Estimé. En marge de la 66e Assemblée générale de l'ONU, le Sénat de la République d'Haïti a adopté mardi soir, une résolution exhortant l'Exécutif à soutenir la volonté de la Palestine qui veut devenir un Etat indépendant et souverain. Qu'en est-il de la position du président haïtien Michel Joseph Martelly et l'ambassadeur d'Haïti accrédité à l'ONU à ce sujet sensible ?



La Palestine est constituée de la Cisjordanie et la bande de Gaza qui couvrent une surface totale de 6 020 km2 (Cisjordanie -5 655 km2 / Gaza - 362 km2). Selon les données palestiniennes, environ 4,1 millions de personnes vivent dans l'entité palestinienne : 2,5 millions en Cisjordanie, dont 270 000 à Jérusalem-Est, 1,6 million dans la bande de Gaza. Plus de 300 000 colons israéliens sont établis en Cisjordanie, sans compter 200 000 Israéliens, habitants de Jérusalem-Est. Les palestiniens ont toujours affirmé vouloir faire de Jérusalem-Est la capitale de leur futur État. L'autorité palestinienne est basée à Ramallah, en Cisjordanie depuis qu'elle a été chassée de Gaza par le mouvement islamiste Hamas.

Jean Pharès Jérôme
pjerome@lenouvelliste.com
Amos Cincir
mcincir@lenouvelliste.com

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=97430&PubDate=2011-09-21

Commentaire
Nicolas Sarkozy, voilà un homme qui, tout en étant fidèle à la politique étrangère traditionnelle de la France, favorable à Israël, a su se démarquer de ceux qui croient que les Palestiniens ne méritent pas eux aussi une patrie!
Comme c'est désormais une mode de critiquer à tort et à travers le président français, espérons que ses contempteurs sauront lui reconnaître la sagesse qui a caractérisé sa dernière prise de position. En tout cas, c'est le signe d'une politique intelligente. Celle de Barak Obama, sans cesser d’être compréhensible, compte tenu de sa grande proximité avec les Israéliens, ne manque pas de décevoir un peu. C'est ce qui explique que plus d'un analyste estiment que désormais, les Etats-Unis s'isole et risque de ne pas avoir d'alliés sûrs pour un certain nombre de dossiers brûlants. L'un des plus délicats actuellement étant la situation libyenne mais aussi, de manière plus délicate encore, le cas de la Syrie.

Martelly sur CNN

Haïti: Sur le plateau de Piers Morgan, l'un des journalistes vedettes de la chaîne américaine CNN, le président Michel Joseph Martelly a une nouvelle fois souligné mercredi soir l'impact invisible des milliards dépensés après le tremblement de terre du 12 janvier 2010.
« L'argent a été utilisé pour sauver des vies. C'est le prétexte que l'on avance », a-t-il expliqué à cette émission diffusée à une heure de grande écoute à laquelle étaient invités Paul Kagamé, président du Rwanda, Donna Karan, une designer de renommée internationale et Paul Farmer, adjoint de l'envoyé spécial des Nations unies, Bill Clinton .
M. Paul Farmer, soulignant la nécessité de sauver des vies, a cependant déploré que seulement 1 % de l'aide humanitaire ait transité par le gouvernement haïtien dont les capacités doivent être renforcées. En dépit de la bonne volonté des ONG, elles ne peuvent pas se substituer à l'Etat haïtien, a réitéré Paul Farmer, fondateur de Zanmi Lasante, une ONG très impliquée dans la fourniture de soins de santé dans le Plateau central.
Le modèle Rwandais
Le président Michel Joseph Martelly, ton décontracté, a indiqué qu'il suivait de près le modèle de réussite du Rwanda, pays déchiré par un génocide il y a plus de dix ans. « Nous suivons de très près le modèle rwandais », a expliqué Martelly qui croit dans le renforcement de la production nationale.
« Si nous développons la filière du café on peut être autosuffisant et atteindre un niveau de production pour l'exporter », a ajouté le chef de l'Etat haïtien.
Dans la même veine, la designer Donna Karan s'est émue devant la créativité des haïtiens, notamment dans le domaine de l'artisanat. La designer qui portait des bijoux haïtiens a également montré son sac made in Haïti.
Le président Michel Joseph Martelly est à New York depuis dimanche. Il a participé mardi à des assises de Clinton global initiative au cours desquelles, il a invité des investisseurs à venir en Haïti. « Haïti is open for business », avait lancé le chef de l'Etat haïtien qui essaie d'attirer l'attention de la communauté internationale. Le chef de l'Etat prononcera son allocution à la 66 assemblée des Nations unies ce vendredi.

Roberson Alphonse
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=97434&PubDate=2011-09-21

Commentaire
Une de ces occasions à ne pas rater! Mais surtout, une tribune dont on devrait profiter pour attirer l'attention sur le mépris dont fait l'objet Haiti désormais confiée à un gouvernement particulier, unique dans l'histoire, appelé les ONG. Le gouvernement proprement dit, celui que les sénateurs haïtiens tiennent encore en otage, devrait une fois pour toutes, faire des projets pour se révéler assez digne de confiance en vue de mériter qu'on lui rouvre les robinets monétaires, depuis des décennies, fermés aux dirigeants de ce pays aux chefs d’état corrompus, mais ouverts aux ONG dont certaines tardent à convaincre qu'elles ne sont pas sur la même pente que les gouvernements haïtiens incriminés. Dans ce sens-là, on peut comprendre que certains parlent d'Haiti comme d'une mine d'or. Le peuple est loin d'éprouver les mêmes sentiments. Tartufes!

mercredi 21 septembre 2011

Faut-il en finir avec la CIRH ?

EDITO
Haïti: La question peut paraître saugrenue, en plein triomphe de la coopération internationale à l'occasion de la semaine marquant la grand-messe de la 66e Assemblée générale des Nations unies et la rencontre annuelle de la Clinton Global Initiative, que faut-il faire de la CIRH ?
La CIRH est comme issue de la matrice de ces deux organisations supranationales. L'une, l'ONU, composée d'Etats amis d'Haïti ou sensibles à son sort, et l'autre, la CGI, formée d'amis qu'un homme d'Etat sensibilise à notre sort depuis quelques années, sans trop de succès.
Ban Ki-moon ou Bill Clinton - le second représentant spécial du premier cité-, que le président Michel Martelly rencontre toute cette semaine, doivent eux aussi pourtant se demander s'il n'est pas temps de passer à autre chose : la CIRH n'ayant pas pu transformer les promesses qui avaient abondé dans son berceau dans les couloirs de l'Onu en mars 2010, en projets concrets.
D'ailleurs, le mandat de la Commission Intérimaire de Reconstruction d'Haïti arrive à son terme dans quelques semaines. N'est-ce pas le bon moment de lui dire adieu dignement ?
Pour bien faire les choses, Garry Conille, le représentant de Clinton, qui mettait les voiles pour une carrière en Afrique, revient par la grande porte pour présider la CIRH s'il est confirmé comme Premier ministre.
Conille a en main toutes les ficelles pour créer une nouvelle structure qui remplacerait ce canard boiteux de CIRH sans que personne ne perde la face. Il n'aura aucun regret à clore le chapitre de cette aventure unique d'un instrument mal adapté à sa mission. Il en sait assez sur le dindon et la farce.
Dans une note de presse mise en circulation par le bureau de presse de la présidence lundi, un passage a attiré l'attention. Lors d'une importante réunion au cours de laquelle le président Martelly présentait les priorités de sa présidence, la France a opté pour plus de cohérence et une haïtianisation du processus de reconstruction.
Cet appel des représentants de la France revient à chaque fois que le sort de la CIRH est sur le tapis. Sera-t-il entendu cette fois?
La presse n'ayant pas été invitée à suivre les pérégrinations de Martelly à New York le président Martelly préférant offrir du prédigéré à l'opinion contrairement à René Préval l'an dernier difficile de donner le vrai ton de ce qui se passe cette semaine.
Autres indications que la coopération ne se porte pas pour le mieux, le président n'a que les mots "investissement privé" en bouche. Il multiplie les rencontres. La dernière en date, après le show devant les happy few qui ont signé de gros chèques pour une chaise au Clinton Global Initiative mardi, était avec l'homme d'affaires et philanthrope George Soros.
Soros, qui connaît bien Haïti, où il a des investissements et finance des projets comme ceux de la Fokal, a confié qu'il souhaite, lui aussi, voir notre pays se relever et a promis d'apporter toute son aide à ce nouvel essor qu'espère Martelly, selon le service de presse du président.
Soros et Clinton, comme la CIRH, font partie des solutions importées qui nous emplissent d'espérance avant de nous laisser en chemin avec nos maux depuis des années qu'ils font la navette dans nos murs et se penchent sur nos problèmes...
Martelly, comme d'autres avant lui, est émerveillé par les éclats du potentiel de ses nouveaux amis. Qui lui dira qu'il doit avoir en poche un plan B ? Les nouvelles de l'économie mondiale ne sont avenantes ni pour les teneurs de kwi ni pour les investisseurs.
Frantz Duval
duval@lenouvelliste.com
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=97376&PubDate=2011-09-20

Commentaire
Ceux qui militent pour l’élimination pure et simple du CIRH pourraient aussi nous dire ce qu'ils proposent comme alternative. Car cette institution, pour imparfaite qu'elle soit, et elle l'est assez, fonctionne comme ne l'a pas fait le gouvernement Préval, par exemple. Il y a même des accusations de corruption contre elle quand on mentionne les quatre milliards déjà (dit-on) dépensés sans résultat visible. Bref, si malgré la présence de Clinton et d'autres yeux de l'international (et tout ce que cela suppose de risque de publicité négative contre un fraudeur potentiel) il y a eu des contrats douteux, que ne ferait-on pas en leur absence? Les fraudeurs haïtiens ont besoin d’être surveillés. Un gouvernement haïtien, quel qu'il soit, serait obligé ou de se boucher les yeux et laisser faire, ou de monter dans le même bateau; à moins d'avoir les bras solides et longs. En tout cas, les hommes et les femmes recommandables d'Haiti-et il y en a comme partout- se tiennent pour la plupart loin de la politique. Et c'est très dommage! Alors qu'on ne nous dise pas que la CIRH, qui est réellement peu efficace, serait avantageusement remplacée par un club où personne ne surveillerait personne. Ce ne serait pas mieux, ce serait plus dangereux. Si l'on y ajoute l'arrogance caractéristique des corrompus traditionnels, "sak pa kontan anbaké!"...
.

Garry Conille a bien un statut de diplomate

Mardi, 20 septembre 2011 13:19
Selon le professeur de droit international Larèreche Kurdy, le premier ministre désigné Garry Conille en tant que haut fonctionnaire des Nations-Unies bénéficie du statut de diplomate.
Intervenant à la rubrique le point de Radio et Télé Métropole, le professeur a indiqué que la question de résidence n'est plus de mise pour monsieur Conille, puisque les hauts fonctionnaires de l'ONU conservent leur résidence d'origine.
Il précise que les responsables des Nations Unies ont indiqué dans la correspondance adressée au parlement que monsieur Conille n'a jamais effectué de changement d'adresse ou de résidence, depuis qu'il travaille pour l'ONU.
Selon le principe de l'extraterritorialité, Dr Conille en qualité de représentant résident du système des Nations-Unies conserve l'adresse de son pays de résidence a soutenu le professeur Larèche Kurdy.
Par ailleurs interrogé sur la présence de la mission onusienne dans le pays, le spécialiste en relations internationales, a exprimé son désaccord avec tout ceux et toutes celles qui considèrent la Minustah comme une force d'occupation.
Monsieur Kurdy a fait remarquer que c'est l'état haïtien qui avait demandé à l'ONU d'envoyer des soldats sur le territoire haïtien face à la dégradation du climat sécuritaire au lendemain du départ de l'ancien président Jean Bertrand Aristide en 2004.

EJ/Radio Métropole Haïti

http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.php?id=19574

Commentaire
Garry Conille devrait être ratifié par le sénat pour permettre à ce pays d'avoir un gouvernement, de souffler un peu. Cette affirmation ne s'appuie pas seulement sur le fait qu'en tant que diplomate, il en a le droit, mais surtout parce que quel que soit le choix du président Martelly, les 16 trouveront à redire. La seule condition, semble-t-il, c'est que des offres concrètes soient faites à ces gens qui veulent s'assurer une espèce de chèque en blanc (pour l'avenir) et de l'impunité, avant même l'installation d'un nouveau gouvernement. En d'autres termes, c'est un salaire anticipé au cas où. Nous nageons dans la corruption désormais sans déguisement d'hommes et de femmes qui se font passer pour les défenseurs du peuple. N'est-ce pas extrêmement grave pour un pays où les gens meurent littéralement de faim et d'insalubrité?

mardi 20 septembre 2011

« Le Sénat votera Conille », prédit Jean William Jeanty

« Un choix préjudiciable pour la souveraineté nationale ». Voilà comment certains sénateurs dépeignent le vote accordé à M. Conille par l’assemblée des députés. Les mêmes causes produisent les mêmes effets, selon le sénateur des nippes, Williams J
« Un choix préjudiciable pour la souveraineté nationale ». Voilà comment certains sénateurs dépeignent le vote accordé à M. Conille par l’assemblée des députés. Les mêmes causes produisent les mêmes effets, selon le sénateur des nippes, Williams Jeanty, qui prédit un vote favorable au premier ministre désigné à la chambre haute. Sa lecture se base sur le fait que les forces politiques représentées au Sénat sont les mêmes que celles à la chambre des députés. « Je ne m’attends pas qu’il y ait trop de modification dans le vote des sénateurs », dit-il, espérant toutefois un sursaut de nationalisme et de patriotisme en vue de corriger l’erreur commise par les députés, a-t-il ajouté.
Outre les conditions du vote et les compromis faits avec certains partis politiques, le sénateur Jeanty s’inquiète des intérêts de la nation dans un organe comme la CIRH où le premier ministre désigné devra siéger comme coprésident. « Il n y a pas de garantie que M. Conille défendra les intérêts du pays, il a toujours réclamé son appartenance à l’internationale et à l’ONU d’une manière particulière », agite le sénateur pour montrer l’ampleur des enjeux que représente l’ex-fonctionnaire de l’Onu. Avec ce choix, le reste des 6 milliards de dollars qui devraient servir à la reconstruction du pays, connaitra à coup sûr, déplore-t-il, le même sort que les premiers 4milliars qui ont été dépensés, pour très peu de résultat.
C’est une erreur grave que nous sommes entrain de commettre en laissant les rênes du pays à Bill Clinton et son protégé Garry Conille a-t-il fait remarquer. M. Jeanty appelle la population à prendre acte de l’attitude des députés qui ont livré le pays en pâture à l’international.
Nous faisons face à la même situation qu’à l’époque de l’occupation américaine où les occupants avaient proposé aux parlementaires d’alors de voter des conventions défavorables au pays. Ils avaient refusé, bien sûr ! Nous n’avons plus ces genres d’hommes pour défendre la souveraineté et l’intégrité du pays. Ce vote a sacrifié notre Etat et consacré notre situation de dépendance. C’est une liquidation de notre dignité, affirme le Sénateur.
Ce n’est pas parce qu’il y a un problème de gouvernement que nous sommes obligés d’accepter n’importe quoi, soutient Wiliams Jeanty. Ce vote quasi unanime est une gifle pour la démocratie qui est le contraire de l’unanimité. La démocratie c’est le jeu de la contradiction, rappelle-t-il. Le vote accordé à M. Conille ne prend nullement en compte les intérêts de la Nation. Ce qui s’est passé, c’est un choix politique et surtout macroéconomique, explique-t-il. « La souveraineté du pays a été liquidée ».
L’international connait le point faible de nos parlementaires, selon William Jeanty. Mercredi ce sera au tour du Sénat de statuer. Les sénateurs vont-ils confirmer le vote des députés ?

Lionel Edouard
Le Matin
http://www.radiotelevisioncaraibes.com/nouvelles/haiti/le-senat-votera-conille-predit-jean-william-jeanty.html

Commentaire
Un Haïtien cesse-t-il de l’être parce qu'il collabore légitimement avec un chef d’état étranger? N'est-ce pas au contraire un signe de confiance et de dépassement personnel? Nous ne connaissons pas M. Conille personnellement, nous l'observons comme tout le monde, mais les arguments pour contrer sa nomination pourraient être plus logiques. L'habitude d'un certain secteur en Haiti de vilipender tout ce qui vient de l’extérieur, y compris les compatriotes qui ont été se former, se perfectionner, semble une obsession. Pourquoi ne pas se dire aussi que, puisque les quatre milliards gaspillés par L'ex-président haïtien en connivence avec son premier ministre (les millions de dollars de commission les attendent de l'autre côté de la frontière), on va tout en nommant M. Conille, être plus vigilants, prendre des mesures rationnelles, superviser mieux les dépenses, veiller à ce qu'il y ait des appels d'offres, etc.? Ce serait une manière intelligente de forcer l'actuel gouvernement (le futur) à bien gérer les deniers publics.

Haiti-Reconstruction : Michel Martelly préconise le déblocage des fonds promis par la communauté internationale

lundi 19 septembre 2011
P-au-P, 19 sept. 2011 [AlterPresse] --- le président Michel Martelly, a plaidé, ce lundi 19 septembre, à New-York, en faveur du déblocage des fonds promis pour la reconstruction du pays par la communauté internationale, selon des informations transmises par la Présidence à AlterPresse.

Martelly a exprimé ce vœu lors d’une réunion des ministres des Affaires Etrangères et des partenaires d’Haïti en marge de la 66e Assemblée générale de L’ONU.
Le chef d’État en a profité pour leur présenter les trois grandes priorités de son administration : l’éducation, la reconstruction et la création d’emplois.
Plusieurs personnalités ont pris part à cette réunion, dont le président de la Banque Interaméricaine de Développement (BID), Luis Alberto Moreno, l’ancien président américain William Clinton et la Secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton.
Le Secrétaire Général de l’OEA, José Miguel Insulza, ainsi que des ministres des Affaires Etrangères de plusieurs pays, comme la France, le Canada, le Venezuela et la République Dominicaine ont également participé à cette rencontre.
Michel Martelly, qui a laissé le pays le 18 septembre avec une délégation de 28 personnes, doit présenter son discours à la tribune de l’ONU le 23 septembre prochain. [jep gp apr 19/09/11 16:00]

http://www.alterpresse.org/spip.php?article11576

Commentaire
Haiti a donc besoin de se faire épauler pour convaincre la communauté internationale de ses besoins et, sans doute, de sa capacité à gérer les fonds prévus pour sa reconstruction? C'est tout de même humiliant! Malheureusement, ce sont ces politiciens qui ont conduit le pays à cette étape-là qui doivent en assumer la direction! Tandis que nous y sommes, parlons de direction! Ne faudrait-il pas profiter des circonstances actuelles pour d'abord assumer véritablement le rôle de gouvernement (puisque ce sont les ONG qui gouvernent), rétablir la confiance nécessaire pour l'avenir (en faisant un travail sérieux, bien planifié) et finalement commencer véritablement à mériter le crédit des citoyens? Ce sont des exemples, des modèles, des actes concrets qui nous font défaut.

Haiti-MINUSTAH : Réduction en perspective des casques bleus et retrait graduel de la force onusienne

lundi 19 septembre 2011
P-au-P., 19 sept. 2011 [AlterPresse] --- Le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a évoqué ce 19 septembre la réduction en perspective du nombre de Casques bleus de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation d’Haïti (MINUSTAH) lors d’une rencontre à New-York avec le président d’Haiti, Michel Martelly.
Ban Ki-moon a confirmé son intention de réduire au cours de cette année la composante militaire de la MINUSTAH au niveau d’avant le tremblement de terre de janvier 2010, avec l’approbation du Conseil de sécurité, selon un compte-rendu de la rencontre fait par le porte-parole du Secrétaire général de l’ONU.
Il a également informé le Président Martelly qu’il envisageait un retrait graduel de la MINUSTAH qui serait effectué en étroite collaboration avec le gouvernement haïtien, indique la même source.
D’autre part, les deux hommes ont discuté de la coopération entre les Nations Unies et le gouvernement d’Haïti y compris sur les aspects de gouvernance et d’état de droit, ajoute le porte-parole.
Entre-temps, sur le terrain, les leaders des manifestations anti-casques bleus ne veulent pas lâcher prise.
Le « Collectif pour un dédommagement en faveur des victimes du choléra », une plate-forme de plusieurs associations, entend poursuivre, le vendredi 23 septembre 2011, les manifestations visant à réclamer le départ des soldats de la MINUSTAH.
Le Collectif réitère le délai de 90 jours qu’il accorde à la force onusienne pour laisser le pays, selon des déclarations faites lors d’une conférence de presse ce 19 septembre. [gp apr 19/09/2011 22 :00]

http://www.alterpresse.org/spip.php?article11577

Commentaire
Compte tenu de tout ce qui se passe sur le terrain, les forces de l'ONU devraient envisager sérieusement un retrait partiel d'abord puis définitif. Car s'il est vrai que le choléra et les accusations de viol rendent un mauvais service à cette force internationale de paix, il ne l'est pas moins que certaines forces obscures, comme toujours, veillent pour profiter de la situation. Il suffit de se poser les questions très pertinentes de savoir dans quelles circonstances ces forces sont entrées dans le pays, qui en a été affecté, etc. Il faut donc prendre une décision, mais la prendre dans des conditions qui conviennent à la collectivité. Au bout du compte, c'est elle qui paie les pots cassés dans les querelles politiciennes. C'est aussi en son nom qu'on a commis beaucoup d’atrocités.

lundi 19 septembre 2011

Le groupe des 16 réclame le partage du pouvoir

Vendredi, 16 septembre 2011 10:11
Le groupe majoritaire au sénat a rencontré ce mercredi le président Michel Joseph Martelly autour d'un certain nombre de dossiers dont le principal a été le processus de ratification du premier ministre désigné, Garry Conille, a rapporté le sénateur Dieuseul Simon Desras.
« Lors des discussions, le chef de l'Etat nous a demandé de ratifier son troisième choix ‘'Tet Kale'' et nous lui avons répondu que l'on aura plutôt à voter ‘'Je Kale'' », a expliqué le sénateur du plateau central d'un ton ironique.
Alors que Garry Conille est en passe de trouver un vote favorable au niveau de la chambre basse, au sénat de la république le sort de ce dernier est encore hypothétique.
« Concernant Bernard Gousse, nous avions au préalable annoncé que notre vote sera éminemment politique. Mais cette fois-ci en ce qui a trait à M. Conille nous entendons maintenir secret notre vote », a laissé entendre Dieuseul Simon Desras qui précise par ailleurs que les négociations du G-16 avec le président Martelly ne donnent pas encore de résultats satisfaisants.
« Peu importe ce que les gens disent, nous sommes, comme M. Martelly, des élus, des représentants du peuple. Il faut que les responsabilités soient partagées. On doit faire partie intégrante du prochain gouvernement », a insisté le parlementaire.
Si la commission spéciale de députés chargée d'étudier le dossier du prétendant à la primature soumet son rapport à la chambre d'ici la fin de cette semaine comme prévu, le grand corps devrait entamer ses travaux le mardi 20 septembre prochain selon le président du sénat, Rodolphe Joazile.

G A/Radio Métropole Haïti
http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.php?id=19549

Commentaire
Et le marchandage éhonté continue! Est-ce le sort des habitants des pays où l'alphabétisation ne fait pas partie des priorités des gouvernements de courir toujours le risque d'affiler le couteau qui va leur trancher la gorge?

Les amours d'un zombi primé à nouveau

Haïti: La fiction ''Les amours d'un zombi'' du cinéaste Arnold Antonin a encore attiré des esprits à la cérémonie des Trophées des arts afro-caribéens tenue au théâtre de Chatelet le 12 septembre 2011. Après avoir remporté le prix du meilleur film de la diaspora africaine en mars dernier, elle est primée meilleur film de fiction à la 6e édition de ce festival interdisciplinaire et interculturel, qui a allumé de nouveaux projecteurs sur des oeuvres de 4 écrivains consacrés (Marvin Victor, Lyonel Trouillot, Louis-Philippe Dalembert et Yanick Lahens).
Expression de l'imagination débridée de Gary Victor, le scénariste, et d'Arnold Antonin, le réalisateur, le film retrace l'histoire de Zéphirin, conducteur de taxi dans une petite localité d'Haïti et bon vivant qui cocufiait son voisin. Swamèn, la femme de ce dernier, passait effectivement du bon temps avec Zéphirin jusqu'au jour où survint un « accident » fatal à ce Don Juan de conducteur. Toutefois, revenu au pays des morts en zombi, il s'exhibe en conférence de presse pou narrer sa mésaventure de conducteur et retrouve la belle Swamèn. Le zombi devient tellement populaire que des politiciens décident de le lancer comme candidat à la présidence.
A travers des images poignantes, crues, qui prolongent une histoire bien ficelée, Arnold Antonin dénonce des tares sociales, s'attaque à des pratiques politiques encore de mise et marque d'un trait rouge la déliquescence d'une société liquéfiée, pétrie, en proie à la « zombification » de toutes sortes. Par la force de ses images saisissantes et la profondeur des thèmes abordés, le film mérite bien l'attention qu'on lui porte. « C'est le sacre de l'imagination », affirme le professeur Antonin, qui avoue que ce film, contrairement à ceux de ses compétiteurs qui ont mobilisé des millions de dollars, lui a coûté seulement 50 000 euros. Et il n'aurait pas été possible sans la générosité du service de coopération et d'action culturelle de l'ambassade de France qui a financé sa réalisation et le Rhum Barbancourt, la reproduction des DVD.
Au-delà de cette consécration individuelle, ce qui a marqué lors de cette cérémonie, c'est le triomphe d'Haïti dans ce festival. Alors que dans des conversations pré-cérémonielles, il pleuvait des interrogations sur nos manquements et nos errements politiques (la reconstruction qui piétine, l'absence inquiétant d'un gouvernement fonctionnel, le conflit exécutif-législatif, etc.), soudainement, le sacre de nos créateurs vient raviser les discours et remettre Haïti sur les rails. Une démonstration qui montre encore une fois, selon M. Antonin, que notre force, c'est notre culture. « C'était une très belle soirée, haussée par la présence de très fortes personnalités dont Fréderic Mitterrand, ministre français de la Culture, Dany Glover, cinéaste et acteur américain très connu, Jimmy Jean-Louis qui m'a remis le trophée et Géssica Généus, interprète du rôle de la journaliste dans le film », exulte Arnold Antonin.
Créés il y a 6 ans sous l'égide d'Aimé Césaire, célèbre poète et homme politique martiniquais, les Trophées des arts afro-caribéens - appelés encore ''Le Césaire'' pour faire un pied de nez aux ''César'', correspondant à l'Oscar en France - soulignent ce qui se fait de mieux dans le domaine de la création (musique, cinéma et littérature) dans les Antilles, en Afrique et dans la diaspora africaine.

Nélio Joseph


http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=97229&PubDate=2011-09-16

Commentaire
Une fois de plus, les artistes haïtiens font parler d'eux. Si seulement cela pouvait avoir des effets sur la prise de conscience nécessaire pour hâter la reconstruction d'Haiti! En fait, il l'a,puisque cela encourage plusieurs à continuer à aider ce pays. Mais une petite réflexion quant à cette aide internationale. Elle prend une forme unique par rapport aux autres pays du globe. Exception faite, certainement des pays africains les plus pauvres et qui dépendent comme Haiti de l'international. Tous les millions voire les milliards qui, dit-on, sont envoyés dans ces petits pays, ne vont en réalité qu'aux ONG. Cela dit, quelqu'un pourrait-il nous démontrer que de cette façon-là un seul pays au monde ait vraiment accédé à une amélioration réelle, un changement remarquable, du niveau de vie de ses habitants? C'est vrai aussi que les autorités haïtiennes elles-mêmes devraient s'organiser pour rendre désuète cette méchante pratique.

dimanche 18 septembre 2011

Martelly fait campagne pour son Premier Ministre désigné

Vendredi, 16 septembre 2011 06:34
Le président haïtien Michel Martelly s'est entretenu au cours des dernières 72 heures avec les leaders des groupes majoritaires dans les deux chambres.

Depuis le rejet de la candidature de Bernard Gousse, le chef d'Etat avait interrompu ses séances de travail avec le groupe majoritaire au Sénat. Mercredi c'est une fois de plus en la résidence du Premier Ministre démissionnaire que les négociations ont repris. 3 membres du groupe des 16 étaient absents à cette rencontre. Le chef d'Etat a sollicité un vote favorable au Premier Ministre désigné, Gary Conille, rapportent des élus ayant pris part a la rencontre.
Cependant les sénateurs du groupe des 16 ont décidé de changer de stratégie. Ils n'entendent plus annoncer leur vote avant la séance de ratification. Le chef de file du G 16, Joseph Lambert, a ainsi adopté une position plus modérée en mettant l'accent sur la nécessité d'analyser les pièces de M. Conille afin de se faire une idée. En début de semaine M. Lambert avait donné l'assurance que le dossier était conforme puisqu'il l'avait consulté.
Le sénateur Dera Dieuseul, confirme la nouvelle stratégie du G-16 en précisant qu'il s'agit d'un mot d'ordre. Cependant des élus assurent que la majorité des membres du G-16 sont plutôt favorables à la ratification de M. Conille.
Par ailleurs, le président Martelly a eu une séance de travail avec les leaders de la majorité fonctionnelle à la chambre basse. La députée Ogline Pierre confirme cette rencontre autour de la ratification du choix de M. Conille.
Plusieurs parlementaires, membres de cette majorité se déclarent prêts à ratifier le choix du Premier Ministre désigné si son dossier répond aux critères constitutionnels.

LLM / radio Métropole Haïti
http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.php?id=19547

Commentaire
Une des rares occasions pour les sénateurs de démontrer qu'ils peuvent agir intelligemment. Ça fait longtemps qu'ils ont oublié de le faire. C'est vrai qu'il n'y a là rien d’étrange, mais c'est devenu de plus en plus pâtant depuis le tremblement de terre.

Crise de confiance : le point de vue d'un expert

James Boyard est politologue, juriste et professeur d'université, diplômé de l'Ecole nationale d'administration (ENA) et de la Sorbonne. Fin connaisseur des questions internationales et juridiques, il est l'auteur d'un ouvrage intitulé «L'ONU et les Opérations de maintien de la Paix» sorti en 2010. Cet ancien auditeur de l'Académie de droit international de la Haye (Pays-Bas) donne sa lecture des allégations imputées à la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah) et convie celle-ci à négocier avec les autorités du pays et à accorder des réparations aux victimes des agissements des Casques bleus.
Haïti: Du choléra aux viols, les récriminations n'ont pas manqué contre les membres de la mission onusienne en Haïti, arrivée dans le pays depuis 2004 pour une cause noble. S'ils ont amplement réussi à pacifier un pays qui était au bord de l'éclatement, les opinions sur leurs succès divergent. La mauvaise humeur qui n'a eu de cesse de s'amplifier a poussé une centaine d'étudiants à manifiester brièvement mercredi, dans la zone du Champs de Mars à Port-au-Prince, pour réclamer le départ de Minustah. Pour les uns, il pourrait s'agir d'un malaise au sein de la société haïtienne, après la divulgation des rapports sur la provenance du choléra. Cette épidémie a fait plus de 6000 morts en Haïti. Autre source de préoccupation: les ébats sexuels qu'auraient infligés à un jeune des membres du contingent uruguayens basés à Port-Salut (sud d'Haïti).
Le ministère haïtien de la Santé publique a récemment corroboré les allégations des rapports qui montrent du doigt, sans les citer nommément, des mains d' éléments de la Minustah, dans le mystère de l'épidémie de choléra.
De nombreuses voix dans la classe politique et au sein de la société civile se sont élevées pour exprimer leur désapprobation des faits imputés à la mission onusienne dans le pays depuis 2004. Si les enquêtes de spécialistes s'avéraient indubitables, seraient-ils possible au regard du droit international de prendre des sanctions contre la Minustah? Pour James Boyard, les agents de la Minustah jouissent d'une certaine immunité de juriduction. Par conséquent, l'Etat haïtien ne saurait intenter une action en justice contre un Casque Bleu. Cette situation est liée à leur statut qui est négocié à travers un accord entre le gouvernement haïtien et les Nations unies. «Il s'agit d'un statut assez standardisé qui permet, à chaque fois que l'ONU va intervenir quelque part, à ses agents de bénéficier des immunités», explique-t-il. Mais il ajoute que, malgré cette couverture, les agents fautifs peuvent êtres poursuivis chez eux, à travers leurs propres juridictions nationales respectives, s'il s'agit de crimes de droit commun. Tout dépend de la nature de l'infraction. «S'il s'agit d'un autre crime, les Nations unies ont la compétence pour saisir la Cour pénale internationale de la Haye (CPI). Mais heureusement, nous n'en sommes pas encore là», commente le juriste.
L'autre dilemme est que l'identité des personnes qui auraient introduit les germes du choléra en Haïti n'a jamais été révélée. Et jusqu'à aujourd'hui, la mission onusienne rejette toujours du bout des lèvres les accusations portées contre ses membres sur la question du choléra. Ce refus d'admettre sa responsabilité compliquerait la tâche, selon James Boyard. «Il y a des rapports internationaux, des rapports objectifs qui pointent du doigt la Minustah. Mais, malheureusement, les Nations unies ont refusé jusqu'à présent de prendre leurs responsabilités », déplore le juriste, qui estime que c'est pour cela que les Nations unies sont impopulaires dans le pays. Selon sa lecture de la situation, si l'organisation admettait ses responsabilités dans la question du choléra et s'engageait à assumer les réparations, notamment en versant des indemnités aux ayants droit, la population haïtienne aurait mieux apprécié la présence des Nations unies. «Après environ sept ans, la population est insatisfaite du travail réalisé par la Minustah», relève le professeur Boyard, qui, par comparaison avec les autres pays où règnent des guerres civiles ou des turbulences politico-ethniques, plaident pour une redéfinition du mandat de la Minustah. Questionné sur les implications politiques et sociologiques d'une acceptation par la Minustah des griefs qui lui sont reprochés, James Boyard répond que c'est un paradoxe, puisqu'il s'agit d'un organisme des Nations unies prônant les droits de l'homme et la bonne gouvermance. Il ne voit pas comment l'ONU ne pourrait pas prêcher l'exemple. Leur mea culpa aurait calmé les opinions publiques nationales, lance James Boyard, d'un air agacé.
Le droit international permet-il de sanctionner une organisation internationale? La réponse du professeur est affirmative: «Une organisation internationale est un sujet du droit international, presque au même titre que l'Etat, sauf que l'Etat est un sujet premier et entier. Le droit international reconnaît la responsabilité. La responsabilité internationale d'une organisation peut être engagée devant un tribunal arbitral, par exemple. Mais il faut bien que les Nations unies acceptent de reconnaître la compétence de cette cour. Pour éviter une telle confrontation, il faut engager des négociations diplomatiques, suggèrent James Boyard, qui est convaincu que les Nations unies peuvent négocier les conséquences de leurs actes en entamant des pourparlers diplomatiques et la prise en charge des ayants droit des victimes. Cependant, il déplore qu'en dépit des rapports si convainquants sur le choléra, les Nations unies cherchent néanmoins à préserver leur crédibilité en Haïti, provoquant l'effet inverse.
A propos de la position du gouvernement haïtien située aux antipodes des courants d'opinions favorables à un certain pragmatisme envers la Minustah, James Boyard rappelle qu'il est du devoir d'un gouvernement de protéger sa population, qui fait partie de ses intérêts vitaux, et d' exiger que les Nations unies prennent au moins en charge les familles des victimes à travers des indemnisations.
Rien ne permet de voir le bout du tunnel pour l'instant. La question reste complexe. Les courants d'idées sur les responsabilités contrastent avec la volonté réelle de dire la vérité, toute la vérité. En ce moment délicat, ni le gouvernement ni la Minustah ne semblent prêts pour des confessions ou des concessions. Fort heureusement, l'ONU semble finalement afficher une volonté de diligenter une enquête sur les cas de viol attribués à ses agents en Haïti.

Belmondo Ndengué

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=97204&PubDate=2011-09-16

Commentaire
Une analyse extrêmement mesurée, objective et intelligente! Maintenant reste à savoir si l'ONU va adopter une attitude qui démente la présomption de mépris envers le peuple d'Haiti qui pèse sur elle. En effet comment une organisation qui prétend protéger les droits de la personne peut-elle, sans compromettre sa propre réputation, affecter, porter atteinte au droit le plus sacré d'un être humain? Le droit à la vie, dans le cas des victimes du choléra. Mais aussi le droit à la dignité de la victime de viol du jeune homme de 18 ans. Il est temps que le gouvernement haïtien adopte un comportement qui indique qu'il protège ses citoyens. Attendons, mais ne tournons point le dos à la défense des droits d'un peuple qui en a les mêmes que les autres!