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vendredi 2 septembre 2011

Bellerive révoque le commissaire du gouvernement, le RNDDH voit rouge

Le Premier ministre sortant et ministre de la Justice a.i Jean Max-Bellerive a révoqué pour abus de pouvoir et violation de la Constitution le commissaire du gouvernement de Port-au-Prince Me Sonel Jean François. Le RNDDH qualifie cette révocation de « prime à la corruption » et accuse Bellerive de vouloir protéger le ministre de l'intérieur Paul Antoine Bien-Aimé. Faux, rétorque le chef du gouvernement sortant qui, au passage, a fourni des explications sur un chèque de 3 500 000 gourdes débloqué, à la demande de la présidence pour financer des activités lors de la fête de Gélée le 15 août dernier.
Haïti: Le Premier ministre sortant et ministre de la Justice, Jean-Max Bellerive, a révoqué de son poste de substitut du commissaire du gouvernement près le tribunal de première instance de Port-au-Prince et relevé de ses fonctions de commissaire du gouvernement par intérim Me Sonel Jean François. « En décidant de mettre en examen le ministre de l'Intérieur et des Collectivités territoriales, monsieur Paul Antoine Bien-Aimé, pour des actes posés dans l'exercice de ses fonctions, vous avez délibérément commis une violation grave des dispositions de l'article 186, alinéa 2 de la Constitution, une telle compétence revenant à la Chambre des députés », a relevé le chef du gouvernement sortant dans une correspondance datée du 31 août 2011 adressée à Me Sonel Jean François dont le journal a obtenu copie.
« Il vous avait été donné l'occasion de corriger votre attitude. Vous n'avez malheureusement pas tenu compte. Ce faisant, vous vous êtes rendu coupable d'abus caractérisé de pouvoir alors qu'il vous revenait justement d'assurer la défense de la Constitution et de vous ériger en gardien des droits du citoyen », a argumenté Jean-Max Bellerive, ministre de la Justice a.i, qui s'était rendu au parquet le 10 août 2011 lors de l'audition à titre d'information du ministre de l'Intérieur, Paul Antoine Bien- Aimé, dans une affaire de consultations obtenues d'ex-parlementaires de INITE à un moment où ces derniers étaient en pleine campagne pour leur réélection.
Le RNDDH voit rouge
« En décidant de révoquer le commissaire du gouvernement pour son combat contre la corruption, le Premier ministre a trouvé l'approbation de l'Exécutif. Conséquemment, le RNDDH considère que cette révocation constitue la preuve probante que les dirigeants actuels n'ont aucune velléité de combattre la corruption au sein de l'administration », a indiqué dans un communiqué cet organisme de défense des droits humains pour qui « cette révocation représente une prime à la corruption ».
« Le RNDDH, selon ce communiqué, rappelle que sur la base d'un rapport produit par l'organisation et rendu public en juillet 2011, vingt-deux (22) parlementaires en pleine campagne électorale ont bénéficié de la largesse du ministère de l'Intérieur et des Collectivités territoriales à travers un contrat de consultation allant du 1er octobre 2010 au départ du ministre. Ces parlementaires, dont douze (12) aujourd'hui sont en fonction, sont tous membres de la plateforme présidentielle d'alors, INITE et ont tous reçu des émoluments allant jusqu'à cent mille (100 000) gourdes ».
« Me Sonel Jean-François, interpellé par ce flagrant dossier de corruption, de copinage et de gaspillage au sein du Ministère de l'Intérieur et des Collectivités Territoriales, a décidé d'auditionner, à titre informatif, certaines autorités impliquées dans ce dossier dont le ministre, Paul Antoine Bien-Aimé. Le 10 août 2011, l'audition a eu lieu et en signe de solidarité, le Premier ministre démissionnaire a accompagné le ministre de l'Intérieur et des Collectivités territoriales au parquet. Après l'audition, le commissaire du gouvernement a annoncé son désir de se transporter audit ministère en vue de se renseigner davantage autour de ce dossier », a poursuivi ce communiqué.
« Parallèlement, le 11 août 2011, le directeur général de l'Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC), Amos Durosier, à travers une lettre, a communiqué au Commissaire du Gouvernement son obligation de surseoir à son enquête si le Parquet ne cessait pas d'investiguer sur le dossier, l'ULCC ayant déjà commencé ses investigations », a relevé ce communiqué.
« Etonnamment, copie conforme de cette correspondance a été envoyée au ministre Paul Antoine Bien-Aimé, en l'occurrence, le principal concerné sur qui pèsent de grands soupçons de corruption. En réaction, le commissaire du gouvernement a rappelé au directeur général de l'ULCC que le décret du 8 mai 2004 définissant le mandat de l'ULCC n'ampute pas le commissaire du gouvernement de son rôle d'officier de police judiciaire attribué par l'article 8 du code d'instruction criminelle (CIC), l'habilitant à rechercher les infractions, réunir les indices pour en déférer les auteurs aux tribunaux », a noté cet organisme de défense des droits de la personne.
« Faisant suite à sa quête d'informations autour du dossier de corruption, le commissaire du gouvernement a invité deux (2) cadres du ministère de l'Intérieur et des Collectivités territoriales pour être entendus le 1er septembre 2011 au parquet de Port-au-Prince. Il s'agit de Wilken Pierre Numa, directeur administratif, et de Marie Nadege J. Saint-Natus, chef du personnel », a souligné le communiqué du RNDDH coordonné par Pierre Espérance.
Joint au téléphone par le journal en milieu d'après-midi, M. Espérance a souligné que « Me Sonel Jean-François n'aurait pas pu être révoqué sans l'aval de l'Exécutif, du palais national ».
RNDHH accuse Bellerive de corruption
Très dur, le RNDDH a dénoncé la responsabilité du chef du gouvernement sortant, Jean-Max Bellerive dans ce que la presse appelle le « scandale de Gelée ». « Le RNDDH tient à rappeler à l'attention de tous que le ministre a.i. à la Planification et à la coopération externe, Jean-Max Bellerive, à l'occasion des fêtes patronales marquant la fête de Notre-Dame aux Cayes, département du Sud, a octroyé la faramineuse somme de trois millions cinq cent mille (3 500 000) gourdes à un particulier répondant au nom de Marinio Jeune. Ce décaissement constitue un exemple supplémentaire de corruption et de copinage caractérisant le fonctionnement du gouvernement démissionnaire dirigé par Jean-Max Bellerive », selon le communiqué de presse de cet organisme de défense des droits de la personne. « Contrairement à ce qui a été dit, ce chèque ne provient pas du palais national mais du ministère de la Planification », a renchéri Pierre Espérance.
Le Premier ministre Bellerive répond
« Effectivement, à l'occasion de la fête de Gelée, comme cela se passe régulièrement pour des fêtes qui ont une certaine importance dans le pays, le palais national nous a demandé de soutenir des demandes faites par des organisations locales dans le cadre de la fête Gelée. Le ministère de la Planification y a donné suite », a confié le Premier sortant Jean Max Bellerive au journal. « Dans ce cas là, le chèque en question a été émis à l'ordre d'une personne après vérification des référence de son organisation. Pour faciliter les transactions à la banque, des chèques comportent les noms des organisations et des responsables », a expliqué le Premier ministre Bellerive, joint tard dans la soirée par le journal.
Tranchant, Jean Max Bellerive a rejeté d'un revers de main les accusations de corruption du RNDDH en rapport avec la révocation du commissaire du gouvernement de Port-au-Prince. « Je ne crois pas que le RNDDH soit un tribunal qui puisse dénoncer, accuser et juger. D'ailleurs, l'ULCC mène une enquête sur cette dénonciation. Nous attendons les résultats de cette enquête », a indiqué Bellerive qui a rappelé que l'ex-commissaire du gouvernement « a perturbé le bon fonctionnement de l'administration en convoquant de manière intempestive des cadres du MICT ». Les tentatives pour joindre Me Sonel Jean François ont été infructueuses.


Roberson Alphonse
ralphonse@lenouvelliste.com
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=96678&PubDate=2011-09-01

Commentaire
Bravo! Un triomphe de plus pour la corruption! Et l'on trouvera un million de rêveurs pour dire que ce gouvernement veut et va faire des changements dramatiques. C'est le signe le plus flagrant de volonté d'obstruer la justice, de ne rendre compte à personne sur le détournement des fonds publics. Michel Martelly est-il impuissant au point de rester obligatoirement figé alors que des fonctionnaires voulant aider son propre gouvernement sont exposés à être humiliés par d'anciens prédateurs de l'ancien régime? La réponse est claire, mais il faut aussi reconnaître honnêtement que pour le moment, il ne peut, et (en bon calculateur politique) il ne doit rien faire. Car le choix de son premier ministre se ferait encore plus difficile voire impossible. Mais toujours en bon politicien, ce but une fois atteint, il devrait être prêt à traîner devant la justice tous ces corrompus qui ont trempé leurs doigts dans le miel de la corruption. Autrement, on peut, à bon droit se demander : alors pourquoi, une fois de plus, avoir gaspillé tous ces millions pour organiser des élections qui ne devaient rien changer? S'il est trop tôt pour juger de la bonne foi de Martelly, il ne l'est pas pour juger de sa force ou de sa privation de force pour agir. Le piège se resserre de jour en jour sur lui. Trouvera-t-on vraiment quelqu'un qui soit capable de sauver ce pays des voyous, des délinquants à cravates?

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