EDITO
Haïti: Kettly Mars vient de se voir décerner le prix Prince Claus 2011 pour l'ensemble de son oeuvre. Cette récompense a ravi le petit monde des lettres. Les prix littéraires reviennent dans l'actualité de la plus belle des façons.
Mme Mars nous émerveille depuis des années avec son écriture qui va, avec talent et subtilité, là où notre mémoire ne va plus. Kettly visite des recoins de notre société à chacun de ses ouvrages depuis qu'elle a décidé de se mettre à l'écriture et encore plus depuis qu'elle s'y consacre exclusivement. Même les sujets tabous ne lui résistent pas. homosexualité, macoutisme, machisme, les drames de notre histoire politique, tout y passe. La sexualité assumée dans ses romans, nouvelles et poèmes leur apporte une touche de modernité et des saveurs d'interdit qui réveillent les plus blasés sans heurter les prudes.
Kettly n'oublie pas les jeunes. Les lecteurs de son âge pensent qu'elle n'écrit que pour eux. Pas une invitation à prononcer une conférence à une école ne reste sans suite dans l'agenda de Mme Mars. Les feuilletons dans Ticket Magazine s'inscrivent aussi dans cette recherche de proximité avec ceux que l'on dit qui ne lisent pas. Et toujours le succès suit. S'installe. Se consolide.
A des milliers de kilomètres des Pays-Bas qui viennent d'honorer l'écrivain Mars, à Sao Paulo, une jeune Haïtienne s'apprête à défendre nos couleurs au concours Miss Univers.
Anédie Azaël est tout sourire et simplicité, peuvent constater ceux et celles qui ont la chance de l'approcher. Cette fille d'ici mène déjà une carrière internationale de mannequin et maîtrise spotlights et podiums. A l'heure où nous écrivons ces lignes, son sort est sans doute déjà écrit. Mais ce n'est que lundi que le monde saura si sa gloire durera le temps d'une apparition ou une année entière, ceinte de la tiare des reines de beauté du milliardaire américain du concours Donald Trump.
La saga de la participation d'Haïti à ce concours prestigieux nous éclaire sur la nécessité de bien conduire les étapes préliminaires et de faire les choses avec le plus grand sens du sérieux, même pour le plus petit concours de beauté dans la plus petite ville de province. A l'aune du concours Miss Univers, les organisateurs des concours de beauté qui sont dans le paysage depuis des années doivent s'ajuster.
Une fille qui n'a pas les mensurations requises doit être recalée. Si elle n'a pas la taille adéquate, même verdict. Sans les dents comme il faut, exit ! et ainsi de suite, selon une liste stricte de critères. Il y va de la représentation d'Haïti dans les compétitions internationales.
Bien entendu, il faut aussi une tête bien faite et bien pleine.
Pour les autres filles, il reste mille autres perspectives et toutes valent la peine d'être vécues et peuvent mener à bon port celles qui savent conduire leur barque. Toutes n'ont pas besoin d'être Miss ou Ecrivain de talent pour triompher et c'est là toute la force des femmes.
Frantz Duval
duval@lenouvelliste.com
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=96973&PubDate=2011-09-09
Commentaire
Une fois de plus, Frantz Duval a mis le doigt sur la plaie. Il faut savoir s'ajuster aux règles. C'est là une conduite qui n'est pas l'apanage de tous les responsables dans ce pays. Malheureusement! C'est comme si la règle était l'apanage des fous, des malades, des ratés. Que cette réussite, avec ou sans couronne, nous donne une idée de tout ce qu'on pourrait faire en s'adaptant aux normes qui régissent le fonctionnement des sociétés civilisées! Celles liées a l'urbanisme, après le tremblement de terre, pourraient être une bonne manière de commencer.
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