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vendredi 16 septembre 2011

Quand authentification des pièces rime avec démagogie ?

L'édito
Haïti: La commission spéciale chargée d'analyser les pièces du Premier ministre désigné, Garry Conille, pourrait soumettre le rapport au président de la Chambre basse à la fin de cette semaine. Il a fallu plus de huit jours à une commission, divisée en sous-commissions pour analyser quelques pièces d'une personnalité qui va mettre ses connaissances au service de son pays. Visite dans les institutions publiques pour authentification de pièces que ces entreprises d'Etat ont elles-mêmes délivrées. La plupart des hommes de loi, particulièrement notre collaborateur Jean-Claude Boyer, qualifient cette démarche des parlementaires de manque de respect pour les institutions républicaines, et d'autres croient que c'est de la démagogie. Comment des parlementaires, membres d'une commission spéciale vont-ils se présenter aux Archives nationales pour vérifier l'authenticité d'un extrait d'acte de naissance qu'un Premier ministre désigné a soumis à l'appréciation de la commission. Cela semble vouloir dire que les parlementaires ne font confiance ni au Premier ministre désigné ni aux institutions étatiques.
Cette pratique des parlementaires remonte à la désignation de Pierre Ericq Pierre comme Premier ministre en avril 2008, à la suite des émeutes de la faim qui ont abouti au vote de censure du Sénat contre le Premier ministre Jacques-Edouard Alexis. Il s'agissait à l'époque d'utiliser une stratégie de dilatoires afin de justifier le rejet du choix de Pierre Ericq Pierre. Il fallait faire croire à l'opinion publique que le vote des parlementaires était lié à des investigations à travers la plupart des institutions étatiques. Ce que l'on peut qualifier de faux-semblant. Depuis lors, tous les autres Premiers ministres désignés ont subi le même affront.
Me Martial Célestin, qui fut le premier choix d'un président de la République à ce poste en février 1988, n'avait pas vécu cette démagogie. En février 1991, la commission sénatoriale chargée d'analyser les pièces du Premier ministre désigné, René Préval, accordait beaucoup d'importance à s'entretenir avec l'intéressé en lieu et place de la vérification de l'authenticité de ses pièces. Les parlementaires de cette époque voulaient surtout s'enquérir du fond de la pensée du Premier ministre. A cette époque, chacun des membres de la commission avait une question à poser au Premier ministre désigné. Ce n'est pas sans raison que Guy Beauduy, sénateur du Sud-Est à l'époque, a eu à dire comme membre de la commission spéciale qu'il n'était pas convaincu de la capacité du Premier ministre désigné, René Préval, à former et conduire un gouvernement. Toutefois, il se réservait le droit de voter pour lui, avait- il déclaré.
Qu'en est-il aujourd'hui de la commission spéciale de la Chambre basse chargée d'analyser les pièces du Premier ministre Garry Conille ? Négociation ou partage de responsabilités ?

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=97213&PubDate=2011-09-15

Commentaire
Connaissant la disposition de la majorité des législateurs (précisons "sénateurs" surtout) de ce pays, on peut sans trop hésiter parler de NÉGOCIATION. Le mot négociation étant évidemment un euphémisme. Car une grotte d’énormités se cache derrière ce paravent. En effet, les législateurs eux-mêmes, le groupe des 16 en particulier, n'avaient-ils pas déclaré qu'il faut que certaines conditions soient réalisées pour qu'ils ratifient un premier ministre désigné par la présidence. N'ont-ils pas fait allusion parmi ces conditions-là à l'obtention de certains ministères et certaines directions générales? Le partage équitable du gâteau, quoi? Ils ne perçoivent HAITI que comme un butin à partager. C'est le retour à la barbarie des flibustiers et des boucaniers. La vergogne dans la politique haïtienne est un mythe dont les dernières traces tendent à disparaître tant les exceptions sont rares.

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