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lundi 19 septembre 2011

Les amours d'un zombi primé à nouveau

Haïti: La fiction ''Les amours d'un zombi'' du cinéaste Arnold Antonin a encore attiré des esprits à la cérémonie des Trophées des arts afro-caribéens tenue au théâtre de Chatelet le 12 septembre 2011. Après avoir remporté le prix du meilleur film de la diaspora africaine en mars dernier, elle est primée meilleur film de fiction à la 6e édition de ce festival interdisciplinaire et interculturel, qui a allumé de nouveaux projecteurs sur des oeuvres de 4 écrivains consacrés (Marvin Victor, Lyonel Trouillot, Louis-Philippe Dalembert et Yanick Lahens).
Expression de l'imagination débridée de Gary Victor, le scénariste, et d'Arnold Antonin, le réalisateur, le film retrace l'histoire de Zéphirin, conducteur de taxi dans une petite localité d'Haïti et bon vivant qui cocufiait son voisin. Swamèn, la femme de ce dernier, passait effectivement du bon temps avec Zéphirin jusqu'au jour où survint un « accident » fatal à ce Don Juan de conducteur. Toutefois, revenu au pays des morts en zombi, il s'exhibe en conférence de presse pou narrer sa mésaventure de conducteur et retrouve la belle Swamèn. Le zombi devient tellement populaire que des politiciens décident de le lancer comme candidat à la présidence.
A travers des images poignantes, crues, qui prolongent une histoire bien ficelée, Arnold Antonin dénonce des tares sociales, s'attaque à des pratiques politiques encore de mise et marque d'un trait rouge la déliquescence d'une société liquéfiée, pétrie, en proie à la « zombification » de toutes sortes. Par la force de ses images saisissantes et la profondeur des thèmes abordés, le film mérite bien l'attention qu'on lui porte. « C'est le sacre de l'imagination », affirme le professeur Antonin, qui avoue que ce film, contrairement à ceux de ses compétiteurs qui ont mobilisé des millions de dollars, lui a coûté seulement 50 000 euros. Et il n'aurait pas été possible sans la générosité du service de coopération et d'action culturelle de l'ambassade de France qui a financé sa réalisation et le Rhum Barbancourt, la reproduction des DVD.
Au-delà de cette consécration individuelle, ce qui a marqué lors de cette cérémonie, c'est le triomphe d'Haïti dans ce festival. Alors que dans des conversations pré-cérémonielles, il pleuvait des interrogations sur nos manquements et nos errements politiques (la reconstruction qui piétine, l'absence inquiétant d'un gouvernement fonctionnel, le conflit exécutif-législatif, etc.), soudainement, le sacre de nos créateurs vient raviser les discours et remettre Haïti sur les rails. Une démonstration qui montre encore une fois, selon M. Antonin, que notre force, c'est notre culture. « C'était une très belle soirée, haussée par la présence de très fortes personnalités dont Fréderic Mitterrand, ministre français de la Culture, Dany Glover, cinéaste et acteur américain très connu, Jimmy Jean-Louis qui m'a remis le trophée et Géssica Généus, interprète du rôle de la journaliste dans le film », exulte Arnold Antonin.
Créés il y a 6 ans sous l'égide d'Aimé Césaire, célèbre poète et homme politique martiniquais, les Trophées des arts afro-caribéens - appelés encore ''Le Césaire'' pour faire un pied de nez aux ''César'', correspondant à l'Oscar en France - soulignent ce qui se fait de mieux dans le domaine de la création (musique, cinéma et littérature) dans les Antilles, en Afrique et dans la diaspora africaine.

Nélio Joseph


http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=97229&PubDate=2011-09-16

Commentaire
Une fois de plus, les artistes haïtiens font parler d'eux. Si seulement cela pouvait avoir des effets sur la prise de conscience nécessaire pour hâter la reconstruction d'Haiti! En fait, il l'a,puisque cela encourage plusieurs à continuer à aider ce pays. Mais une petite réflexion quant à cette aide internationale. Elle prend une forme unique par rapport aux autres pays du globe. Exception faite, certainement des pays africains les plus pauvres et qui dépendent comme Haiti de l'international. Tous les millions voire les milliards qui, dit-on, sont envoyés dans ces petits pays, ne vont en réalité qu'aux ONG. Cela dit, quelqu'un pourrait-il nous démontrer que de cette façon-là un seul pays au monde ait vraiment accédé à une amélioration réelle, un changement remarquable, du niveau de vie de ses habitants? C'est vrai aussi que les autorités haïtiennes elles-mêmes devraient s'organiser pour rendre désuète cette méchante pratique.

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