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dimanche 31 octobre 2010

L'Institut Français d'Haïti revient en force

Haïti: Dans des locaux tout neufs à la même adresse au haut du Bois-Verna, Corinne Micaelli, la nouvelle directrice de l'Institut Français d'Haïti, a révélé le calendrier des activités pour les deux mois à venir de l'institution à une conférence de Presse donnée ce vendredi 29 octobre. La directrice en a profité pour présenter le nouveau staff de l'institut à la Presse. Alain Sauval, le Monsieur coopération culturelle à l'ambassade de France lui a présenté l'action de son pays dans son ensemble au cours de cette rencontre sur la cour redessiné de l'Institut.
Alain SAUVAL, conseiller, Chef du Service de Coopération et d'action Culturelle de l'Ambassade de France, a précisé que l'Institut Français, ainsi que les 6 Alliances françaises, constitue un dispositif important pour la mise en oeuvre de la politique culturelle de l'Ambassade de France, dans ses objectifs de diffuser la culture française et francophone, et de promouvoir la culture haïtienne à la fois au niveau local, régional et international.

« Notre ambition pour Haïti est de contribuer à promouvoir sa culture, sa littérature, sa peinture, sa musique, de les porter au sommet de l'attention mondiale, » a-t-il déclaré.
Alain Sauval en a profité pour énumérer certaines activités que mène la France « en faveur d'Haïti, de son patrimoine culturel, de la création artistique, des arts de la scène, du livre et de l'audiovisuel ».
D'abord, la réhabilitation du ciné-théâtre le Triomphe, qui s'inscrit dans un vaste projet d'aménagement du Champ de Mars ; la restauration du tableau de Guillaume Guillon-Lethière « le Serment des Ancêtres » ; la construction d'un bâtiment pour abriter les collections de la bibliothèque St Martial ; l'accueil en France d'artistes haïtiens en résidence ;la fourniture de programmes, de films de fiction et de documentaires de Canal France International, d'Arte, de TV5, et de l'Institut National de l'Audiovisuel et le don de 300 000 ouvrages par l'ONG « Bibliothèque sans Frontières » et de 100 000 ouvrages par l'Association « ADIFLOR », aux bibliothèques, aux écoles, aux universités et aux institutions culturelles à Port-au-Prince et hors de la capitale, dans les départements. Un ensemble d'actions dans le contexte duquel s ;'inscrit, dit-il, celle de l'IFH.
Durement touché par le séisme, l'Institut Français d'Haïti est réinstallé dans ses nouveaux locaux depuis fin août. Doté d'une équipe nouvelle, de locaux neufs, l'Institut a repris ses activités dès la fin du mois d'août 2010 par les cours d'informatique. Les cours de français ont pu commencer dès le 23 septembre. Les activités culturelles quant à elles avaient repris le 30 septembre par un hommage à Claude Chabrol.
En effet, la responsable a annoncé l'inauguration publique de l'IFH les 6 et 7 novembre prochains. L'inauguration officielle avait eu lieu le 26 septembre, lors de la visite en Haïti du ministre français des Affaires Etrangères, Bernard Kouchner.

Exposition et concerts

Plusieurs activités marqueront l'inauguration de l'institut désormais logé sur un site unique à Bois-Verna. Le samedi 6 novembre, à partir de 4h pm, les oeuvres des sculpteurs Bleus, Zaak, Jean-Hérard Celeur et André Eugène seront exposées sur la cours de l'IFH. Ernst Saint Rome de l'atelier Copart et Hervé Matras, de Paris animeront respectivement les spectacles de marionnettes pour enfants, « Ze Kalenderik » et « Ti Jean », une création de Hervé Matras.
Toujours samedi, à 7 h pm, ciné-concert exceptionnel sur le film de Maya Deren « The Divine Horsemen » (l'histoire du Vaudou de 1947 à 1954) par le compositeur percussionniste français David Walters. Un concert festif fermera la journée inaugurale du 6 novembre avec Wooly Saint-Louis, Tifane et Ti Coca à l'Hôtel Oloffson.
Le lendemain, dimanche 7 novembre, à 4 h pm, l'IFH accompagnera la projection de la Première du nouveau film documentaire de Claude Saint-Rome « Haïti, les grands défis ». Dans la soiree, a 7 h pm, David Walters se produira cette fois en concert solo à part entière à l'invitation de Claude Carré (dans le cadre de la résidence de Claude Carré Jazz Trio les dimanche soir) au Café des Arts.
Le mois de novembre sera encore marqué par plusieurs rendez-vous, repartis sur divers sites partenaires, dont des projections-ciné, des spectacles de marionnettes, des lectures et signatures.

Haïti sur les ondes françaises

A la fin du mois de novembre, Radio France accordera exceptionnellement un large temps de diffusion à Haïti dans sa programmation, à travers France Culture, France Inter et France Info. Toute la journée du 26 novembre sera dédiée à Haïti sur France Culture ! Plusieurs millions d'auditeurs en France pourront vivre la programmation spéciale de l'IFH, qui comprendra de 7 h pm à minuit, à l'Hôtel Oloffson, un concert avec Bélo, Azor, Beken, RAM et d'autres invités. De minuit à midi le vendredi 26, une table ronde sera animée de l'Hôtel Plaza.
Lundi 29 novembre, de minuit à midi, l'émission La Matinale de France Inter (émission au plus fort taux d'audimat en France - près de 5 Millions !) sera diffusée en direct de l'IFH, avec des débats réunissant les personnalités de la scène culturelle, intellectuelle et politique port-au-princienne.
Par ailleurs, en partenariat avec plusieurs institutions locales, l'IFH a lancé depuis début octobre à l'attention des jeunes de 12 `a 25 ans, un grand concours national d'écriture sur le thème « Si j'étais Président-e- de la république d'Haïti, je ferais ... ». Le délai de réception des oeuvres, fixé auparavant au 5 novembre, est repoussé jusqu'au 30 novembre.

Décembre

Le mois de décembre pour sa part sera jalonné de festivals et rencontres, Festival Quatre Chemins en partenariat avec la Fokal, le 1er Festival international des courts-métrages en partenariat avec les Ambassades d'Argentine, du Brésil, de l'Espagne et l'Association haïtienne des cinéastes, le Festival du « Prix littéraire des Amériques insulaires et de la Guyane » en partenariat avec la Direction Nationale du Livre, etc.

Des dispositions renouvelées

La programmation de l'IFH dans son ensemble tournera autour de 5 axes : la formation, la programmation artistique (arts visuels, arts de la scène) et littéraire, le débat d'idées, l'Audiovisuel + cinéma et la promotion de la Francophonie. Un ensemble d'activités qui accusent des nouvelles dispositions de l'IFH.
« Aujourd'hui, l'Institut Français vit une nouvelle phase de son histoire », a déclaré dans son introduction Corinne Micaelli, première femme à occuper le poste de direction depuis la création de l'Institut en 1946. « Je sais à quel point l'Institut Français d'Haïti constitue une référence dans la vie culturelle des Haïtiens et qu'il est, depuis 1945, un lieu symbolique de la permanence de la France à vos côtés. Il le restera, sous une nouvelle forme avec une nouvelle impulsion tournée vers le développement des activités « hors les murs » en partenariat avec les institutions locales, les différents lieux de diffusion culturelle de Port-au-Prince et son agglomération, » a-t-elle poursuivi.
Corinne Micaelli a souligné que les activités de l'IFH ne concerneraient pas seulement Port-au-Prince, mais aussi la province, les régions et départements, à travers le réseau des 6 alliances françaises.
La responsable, par ailleurs, a voulu dissiper les inquiétudes sur le sort du contenu de la médiathèque de l'institut, qui a été mis à la disposition de la Fokal.


Karl Foster Candio

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=85213&PubDate=2010-10-29

Commentaire
Qu'on s'en rende compte ou non, l'Institut Français d'Haïti a toujours été une référence importante de la France en Haïti. Dans le domaine culturel, son apport à la jeunesse haïtienne ne pourra jamais être évalué dans sa juste dimension. Profitons-en au maximum et respectons le travail hautement professionnel que nous fournit cette institution dont l’équipe est toujours active dans un pays où les autorités établies se moquent royalement de la nécessité d’une vie culturelle aussi de leurs administrés.

Un pôle de croissance pour le Nord

Haïti: Le processus de décentralisation prôné par la Constitution de 1987 a franchi une étape décisive avec le lancement jeudi, dans la métropole du Nord, du projet de développement d'un pôle de croissance dans le Nord. A cette occasion, une importante délégation gouvernementale conduite par le ministre de l'Economie et des Finances, Ronald Baudin, des représentants de la Banque interaméricaine de Développement (BID), de l'Agence américaine pour le Développement international (USAID), des représentants de l'Union européenne et des représentants de secteur privé des affaires notamment ceux du Grand Nord, ont pris part à la conférence de lancement de ce grand projet.
L'objectif de cette conférence de lancement selon l'un des représentants de la BID M. Eduardo Almeida était d'expliquer au grand public la raison d'être du programme de développement du Nord et aussi d'écouter les propositions des autres parties concernées et leur donner l'opportunité de former un réseau en vue de travailler conjointement à la réalisation de ce projet.
Doté de grandes potentialités touristique, agricole et industrielle, le Nord (particulièrement le département du Nord et du Nord-Est) réunit presque toutes les conditions pour devenir un pôle générateur de croissance et d'emplois et surtout un exutoire idéal pour le décongestionnement de la République de Port-au-Prince qui succombe sous le poids d'une centralisation à outrance. Ce problème est à la base de la décision du gouvernement haïtien d'établir un pôle de développement dans le nord du pays, à en croire les propos du ministre des Finances Ronald Baudin, au moment de faire l'historique de ce projet.
« L'idée d'un pôle de développement dans le Nord n'est pas nouvelle. Elle remonte à bien avant le 12 janvier. Sauf que cette catastrophe nous a confortés dans la décision de délester Port-au-Prince. Dès le lendemain du 12 janvier, le gouvernement a décrété clairement son option en faveur de la décentralisation. Et cette option a été matérialisée dans le plan d'action pour le relèvement et le développement d'Haïti qui a été présenté à New York le 31 mars 2010 », a indiqué le grand argentier de la République qui souligne au passage que le choix du Nord pour l'établissement de ce pôle n'est pas innocent.
C'est une région qui a un grand potentiel touristique (Labadee, Citadelle, etc.) et agricole. L'ouverture qu'elle offre sur des pays comme les Etats-Unis, la République Dominicaine, les Bahamas fait du Grand Nord une région apte à accueillir de grands investissements industriels. Cela explique en quelque sorte les investissements consentis par le gouvernement dans cette zone avec notamment le réaménagement du port de Labadee, la construction de la route Cap/Ouanaminthe, la construction d'une nouvelle centrale thermique et le chantier en cours actuellement pour non seulement l'établissement d'une centrale électrique à Carrefour Chevry situé à mi-chemin de Ouanaminthe et de Fort-Liberté, mais aussi pour raccorder cette centrale à tout le réseau du Nord-Est.
Selon Ronald Baudin, il y a d'autres chantiers qui sont ou bien en cours ou bien qui ont des contrats déjà signés tels que l'aéroport du Cap-Haïtien qui va faire l'objet de grands travaux d'agrandissement et de modernisation, la réfection des rues du Cap-Haïtien, un nouveau pont à la place du pont Hyppolite.
Tous ces travaux énoncés par le titulaire du ministère des Finances sont pour signifier au grand public que le projet de la création d'un pôle de croissance dans le Nord et le Nord-Est était déjà là. « Et quand la BID nous a approchés pour nous proposer l'idée de faire une grande concentration dans ces deux départements, cela était perçu comme une tentative d'enfoncer une porte ouverte », a déclaré M. Baudin qui a exprimé la volonté de continuer à rencontrer régulièrement les gens d'affaires du Nord et du Nord-Est, non seulement pour les mettre au courant du projet du gouvernement pour cette zone, mais aussi pour avoir leur avis sur l'acheminement de ce projet.
Le ministre des Finances a profité de son allocution pour inviter le secteur privé à investir dans ce projet. « Car si on s'arrêtait aux seuls investissements publics dans les infrastructures économiques, nous aurions raté notre initiative », dit Baudin, qui souhaite que le secteur privé du Nord et du Nord-Est retrouve plus d'allant et plus d'enthousiasme, et surtout qu'il soit plus imaginatif pour pouvoir tirer le meilleur de ce pôle de croissance.
De son côté, le gouvernement promet de faire tout ce qui est en son pouvoir pour enlever toutes les épines qui habituellement jalonnent la route du potentiel investisseur, en vue de faciliter les investissements privés.
Dans le cadre de l'établissement de ce pôle de croissance, trois filières seront privilégiées : le tourisme, l'agriculture et l'industrie. Cela explique la présence, à cette cérémonie de lancement, des trois titulaires des ministères précités, respectivement Patrick Delatour, Josselyne C. Féthière, Joanas Gué, qui ont, tour à tour, pris la parole pour faire part de ce que sera la contribution de leur ministère dans ce grand projet.
Pour la ministre du Commerce, Josselyne Féthière, la question de la création de pôle de croissance a été déjà agitée depuis l'année dernière par la Commission présidentielle sur la Compétitivité. Et déjà, le Nord était, d'un point de vue commun, la première région susceptible d'accueillir un pôle de croissance. Et tout à coup survint le 12 janvier. Cependant, cette catastrophe a un peu épargné la zone industrielle, et loin de ralentir les activités, les demandes étrangères avaient augmenté, explique Mme Féthière qui dit constater, depuis ces derniers temps un déficit d'espace pour les demandes qui arrivaient.
Face à cette situation, les autorités haïtiennes soutenues par la BID, ont envisagé la construction d'un parc industriel moderne dans le pôle de croissance du Nord. Les Coréens, très intéressés par le textile, ont manifesté leur intérêt pour y implanter une usine. Des compagnies brésiliennes également ont manifesté le désir de venir s'implanter en Haïti, a précisé la titulaire du Commerce et de l'Industrie, qui croit que le mieux pour le gouvernement haïtien est de créer l'environnement nécessaire pour permettre aux investisseurs étrangers d'apporter leur contribution au développement du pays.
Pour le ministre du Tourisme, Patrick Delatour, participer à une réunion de ce genre pour lui est l'aboutissement d'à peu près cinq ans de réflexions, de communication et de débats dans un contexte de partenariat entre le secteur public et le secteur privé. Cela allait déboucher sur un Plan Directeur Tourisme que nous avons versé dans la discussion de l'ouverture d'un pôle qui serait le pôle Nord.
Le ministre Delatour, comme nul autre avant lui, a posé le problème du développement du Nord qui ne peut se faire qu'avec le leadership de la communauté du Nord, que ce soit la communauté politique ou économique.
Plus loin, l'architecte pense que la discussion devrait déboucher sur deux grandes questions, à savoir : C'est quoi le grand plan de développement du Nord, et comment s'articule ce plan au niveau de l'aménagement du territoire, au niveau de zonage, en prenant en compte des problèmes comme le centre-ville de la ville historique du Cap qui est la base de tout le programme de développement touristique de la région. Qu'est-ce qu'on en va faire ?
D'autre part, s'interroge t-il, comment va-t-on gérer la croissance exponentielle de cette ville qui fait que la nouvelle ville du Cap est en train d'étouffer l'ancienne ?
M. Delatour s'inquiète de la gestion et de la gérance de ce développement dans un pays où, dit-il, justement, nous avons tendance à laisser à l'individu le soin de décider de son destin et de son futur. Exemple: la situation après le 12 janvier, où les victimes n'ont pas attendu qu'il y ait un programme proposé par le gouvernement pour décider quelles solutions elles allaient prendre par rapport à leur programme d'habitat.
Selon Delatour, on risque d'avoir le même problème dès qu'on aura décidé d'implanter un parc, une destination touristique ou une activité économique. Cela implique qu'il y ait un plan d'aménagement émanant strictement de la réflexion des gens du Nord.
De son côté, le ministre de l'Agriculture Joanas Gué a entretenu l'assistance sur les réflexions initiées avant le 12 janvier au niveau de son ministère devant aboutir à l'élaboration d'un plan d'investissement agricole afin de valoriser les différentes potentialités de ce secteur. Et, en ce sens, la région du Nord a été considérée comme un point d'investissement à cause du niveau de potentialité lié à certaines zones partant du plateau irrigué de St-Raphaël, passant par les zones de montagnes humides de Dondon, Grande Rivière du Nord et à l'ouest de Plaisance, Limbé, Port-Margot, Borgne pour le développement de l'arboriculture fruitière, jusqu'à la rive nord des plaines irriguées du nord et aussi des plaines sèches du Trou-du-Nord de Terrier-Rouge jusqu'à la région de Maribahoux.
Selon Joanas Gué, le but de sa présence à la conférence de lancement c'est de voir avec l'ensemble des acteurs qui vont être impliqués dans le secteur agricole quelles sont effectivement les orientations et comment mettre ensemble les ressources du secteur privé et du secteur public pour mieux valoriser les potentialités du département du Nord.
Un panel composé d'hommes d'affaires, dont Georges Sassine de la CTMO-HOPE et Grégory Brandt ont fait valoir leur point de vue par rapport au programme de développement du pôle Nord. M. Sassine après une brève mise en contexte de CTMO-HOPE et le rappel de sa visite au Cap il y a deux ans pour informer la communauté d'affaires du Nord de l'intention de la BID de construire un parc industriel dans la région, a entretenu l'assistance sur les offres étrangères d'implantations d'industries dans le pays. Le parc industriel moderne dont a fait mention la ministre du Commerce, peut être une réalité dans les deux prochaines années, a annoncé Georges Sassine qui rappelle que ce parc sera installé à l'est de la ville du Cap.
Pour sa part, Grégory Brandt a mis l'accent sur la nécessité des infrastructures dans tout projet de décentralisation. Pas de décentralisation sans un fort appui des infrastructures en ports et aéroports. Car les produits que nous comptons mettre sur le marché international doivent pouvoir sans difficultés transiter par nos ports et aéroports. Face à cette situation de quasi-dénuement dans ce domaine, M. Brandt appelle le secteur des affaires capois à s'ouvrir aux investissements et partenariats étrangers.
Après le secteur des affaires, c'était au tour des bailleurs de fonds de donner leur point de vue sur ce projet de développement de pôle de croissance du Nord. Ericq Pierre, le représentant d'Haïti au Conseil d'administration de la BID a parlé de son engagement vis-àvis d'Haïti. C'est un engagement qui date de 50 ans, dit-il et selon lui malgré le rôle important qu'Haïti a joué dans la création de cette institution, le pays ne participe pas assez dans le fonctionnement de la BID.
Parlant des actions de la Banque interaméricaine de développement en faveur d'Haïti, Ericq Pierre a mentionné les 500 millions de dollars de dette que la BID a éliminés pour Haïti en 2007. Après le séisme, la Banque a également éliminé la totalité des dettes haïtiennes évaluées à plus de 450 millions de dollars. A côté de cela, la BID s'est engagée à offrir un don annuel de 200 millions de à Haïti sur une période de 10 ans.
Tenant de compte de cette situation qui n'est pas totalement reluisante pour l'image du pays, M. Pierre se demande pendant combien de temps encore Haïti va rester un pays qui ne peut recevoir que des dons. Que vont faire les dirigeants haïtiens pour corriger cet état de fait ?
Le représentant de l'USAID à la conférence de lancement, M. Anthony Chan, a laissé entendre au cours de son allocution que « cet événement marque un tournant décisif dans la coopération internationale en Haïti. C'est la preuve que tous les bailleurs de fonds ont harmonisé leurs efforts et ainsi évité la duplication de leurs travaux qui a longtemps affaibli notre support à Haïti ».
En ce qui a trait au département du Nord, a précisé M. Chan, l'objectif du gouvernement américain est de favoriser le développement des potentialités et soutenir le développement du secteur industriel pour créer des emplois durables. Les investissements supplémentaires vont renforcer les résultats obtenus par les autres projets de l'USAID qui fonctionnaient déjà dans la région selon le représentant de l'USAID qui réaffirme le soutien du gouvernement son soutien au plan d'investissement agricole préparé par le gouvernement haïtien avec le support de la communauté internationale.
Mme Lut Fabert, représentante de l'Union européenne, à travers son exposé, a laissé entrevoir que la contribution de l'UE dans ce grand projet de développement du Nord se situera surtout au niveau des infrastructures. En ce sens, elle a annoncé la continuation de son programme de construction routière sur la Route nationale #3. Ce travail va aboutir au rétablissement d'un lien plus direct entre Cap-Haïtien et la capitale. L'UE a travaillé également depuis quelques années dans des projets de sécurité alimentaire dans le département du Centre. Récemment, elle a lancé des activités d'amélioration de technologie agricole dans les régions de St-Raphaël et Fort-Liberté.
Selon Mme Fabert, le Cap-Haïtien doit pouvoir garantir à sa population une meilleure opportunité d'emploi. Cela explique l'apport de l'UE à ce programme qui va permettre une meilleure répartition des richesses et des possibilités d'emploi à cette importante partie de la population haïtienne.
L'un des traits marquants de cette cérémonie de lancement a été l'absence très remarquée des autorités capoises. Le maire et le délégué n'y ont point mis leur nez. Autre sujet d'inquiétude au cours de cette manifestation, c'est la déclaration du président de la Chambre de Commerce et d'Industrie du Nord, M. Malherbe Dorvil, qui a indiqué n'avoir aucun problème avec le projet. Toutefois, son grief c'est de n'avoir pas été partie prenante du programme. Il dit souhaiter que les initiateurs de ce projet s'asseyent avec les représentants du Nord pour discuter de sa faisabilité de ce projet.
A ce sujet, M. Dorvil a eu la garantie du ministre des Finances, M. Ronald Baudin, qui a souligné à l'adresse de l'homme d'affaires capois que le projet est loin d'être un produit fini. « Nous venons à peine d'entamer la réflexion sur le grand programme et nous avons décidé de venir continuer cette réflexion avec vous », a soutenu M. Baudin en vue de calmer les appréhensions du secteur des affaires capois.

Cyprien L. Gary
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=85216&PubDate=2010-10-29

Commentaire
Ces projets sont tellement beaux! Mais seulement sur le papier. L'état haïtien nous a habitués à ces innombrables projets dont le seul objectif est de soutirer de l'argent, au nom du peuple, aux organismes internationaux pour renflouer les comptes en banque de quelques fonctionnaires malicieux et inconscients. Ce fameux projet de décentralisation dans le Nord réussira-t-il à nous faire oublier cette tradition maudite? Le gouvernement actuel, l'un des plus incapables que nous ayons eus avec ceux d'Aristide, mettra-t-il le nez dans ce projet dans un sens ou dans un autre sans risquer de l'altérer? Voilà des appréhensions parfaitement légitimes pour ceux qui savent comment les choses ont toujours fonctionné dans ce pays. Que l'action des nouveaux acteurs nous empêchent d'avoir raison! Ce serait une immense victoire pour le pays.

samedi 30 octobre 2010

Haiti : La crise de choléra n’est pas un coup de tonnerre dans un ciel bleu

vendredi 29 octobre 2010

Débat

par Leslie Péan

Soumis à AlterPresse le 29 octobre 2010

Dans La danse sur le volcan [1] Marie Vieux-Chauvet montre qu’au moment où le rideau tombe, les contradictions explosent à Saint Domingue. Le volcan de la révolte des esclaves est entré en éruption répandant ses poussières toxiques dans l’environnement. Et ceux qui dansaient sur le volcan pendant plus de trois siècles ont été consumés par la lave. Depuis cette indépendance gagnée sur les champs de bataille en 1804, Haïti fait face à une autre éruption volcanique qui détruit progressivement tout son écosystème. Embargos, exportations de bois et ignorance de la population ont conduit à une destruction écologique sans précédent. Le système politique colonial qui obligeait à “se cacher pour apprendre à lire” a muté en une postcolonialité qui s’est attaquée à la nature. Le volcan aujourd’hui, ce ne sont pas seulement les failles qui annoncent les ruptures et les effondrements mais ce sont aussi les déchets matériels et humains qui risquent d’engloutir Haïti. L’État haïtien en réappropriant la politique coloniale de déshumanisation de l’Autre a laissé la grande majorité de sa population vivre dans des conditions infra-humaines sans accès à la nourriture, la santé, l’eau potable, le logement, l’éducation, l’assainissement et l’électricité. La politique est restée le lieu d’élection pour les prébendes de toutes sortes. Faute de conscience, elle n’est mue que par la recherche du pouvoir à des fins d’enrichissement illicite, la classe politique a assumé cette politique d’irresponsabilité et de propagation du vide existentiel. Passage de l’être au non-être. Pour assurer la continuité de ce non-sens, la classe politique a confisqué les libertés citoyennes, assassiné tous ceux qui veulent d’un autre ordre de choses et bâillonné la population sous le règne d’une terreur dont le duvaliérisme constitue la forme la plus avancée. Les trente ans de duvaliérisme concentrent la dégradation de l’âme haïtienne et constituent la culmination d’une catastrophe dont nous vivons en 2010 les effets délétères. Les semences de l’arbitraire qui ont été plantées au cours de ce régime d’enfer ont germé et ont donné naissance à une déréliction généralisée particulièrement dans le domaine de l’environnement. L’ethos de l’arbitraire du Nou fè sa nou pi a pito a gagné et est devenu irréversible. L’organisation du délitement de l’État dans les secteurs stratégiques de la société a été un acte délibéré des tenants du pouvoir pour chasser les opposants et avoir le champ libre pour organiser leur curée. Ce délitement de l’État s’est fait à travers la centralisation excessive de toutes les décisions à la capitale, sinon au Palais national, et l’exode des cerveaux, quand ce n’est pas leur élimination physique. Ces deux registres ont été jalousement gardés depuis février 1986, par-delà les incantations des nouveaux chercheurs de pouvoir, au point de se retrouver avec des parlementaires qui discutent de « deux kilogrammes de routes bitumées » pour leur circonscription. Telle est la triviale vérité de la mise à mort de la société haïtienne. Tout le reste n’est que la continuité, par vagues de variations et de répétitions modulées, de cette putrescence.

Le champ de ruines laissé par le duvaliérisme

L’acceptation résolue du pire se voit particulièrement dans le domaine de l’approvisionnement en eau potable, de l’environnement et de l’assainissement. Les décennies perdues ne se comptent plus. De 1990 à 2000, la population ayant accès à l’eau potable a diminué de 53% à 46% [2]. Les famines sont devenues récurrentes au point de provoquer des émeutes de la faim en 2008. Le commerce du charbon de bois organisé par les tontons macoutes a conduit à la quasi disparition de la couverture végétale qui n’est plus que de 1.5% aujourd’hui. Les continuateurs des tontons macoutes ont répété les mêmes pratiques. Tout comme ils le font avec le commerce clandestin des travailleurs haïtiens vers la République dominicaine, ils étendent leurs pratiques à d’autres secteurs dont celui du commerce de charbon de bois. En effet, plus de dix camions transportant 105 000 kilos de charbon de bois traversent la frontière haitiano-dominicaine chaque semaine vers Haïti [3].

Les déchets toxiques de la corruption

Le champ de ruines laissé par les Duvalier est systématiquement cultivé par ses successeurs. On sait comment en décembre 1987, la mafia haïtienne liée aux trafiquants internationaux a accepté que près de 4 000 tonnes de déchets toxiques soient placés sur le wharf de la SEDREN près des Gonaïves dans l’Artibonite. Ces 4 000 tonnes de déchets toxiques provenant de la ville de Philadelphie ont été amenés par le bateau Khian Sea. Les souffrances que les déchets toxiques créent aux Haïtiens sont le cadet des soucis des entrepreneurs de la Corporate America et de leurs associés mafieux haïtiens. Il y a un marché de produits toxiques avec des vendeurs et des acheteurs et c’est le plus important. Pour cette mafia, il faut vivre maintenant, ceux qui viendront après se débrouilleront. Malgré les protestations de nombreuses organisations haïtiennes et internationales, les autorités américaines ont refusé de rapatrier les déchets toxiques en Philadelphie.

Les Haïtiens responsables de ce crime odieux commis sous le gouvernment du général Henri Namphy n’ont jamais été poursuivis. Vive la corruption ! Il a fallu bien des protestations pour qu’enfin en mars-avril 1989, le gouvernement haitien finisse par construire un sarcophage de 1 250 mètres carrés en béton pour loger les 850 mètres cubes de déchets poisseux qui ont permis à quelques personnes de se faire des millions de dollars au détriment de la santé des populations haïtiennes du Bas-Artibonite. Les barils de déchets ont été enfouis mais la cendre toxique laissée sur les plages ne sera enlevée que quinze ans plus tard, soit en 2002. Les règles du marché basées sur les normes sociales qu’il y a des gens qu’on peut traiter comme des animaux ont fonctionné à merveille. Les produits toxiques chimiques ont affecté la santé de plus de 5 000 personnes vivant près du site où ils ont été placés. Également, ils ont causé la mort des poissons, cabris et autres animaux qui ont mangé l’herbe empoisonné par les toxines provenant des déchets. On peut enquêter pour savoir qui de la communauté internationale est persuadé qu’Haïti ne peut pas se payer le luxe d’un environnement sain ! Ce n’est pas assez que l’empire ait dévoyé la révolution haïtienne de 1804. Il doit surtout entretenir ce dévoiement de mille façons avec la complicité des Haïtiens. Assez pour devenir autiste ! En effet les Haïtiens semblent accepter l’interdiction de penser qui leur est faite, surtout sur la litanie des horreurs dont ils sont victimes depuis leur fameuse révolution d’indépendance.

La mécanique bouffonne de l’État marron

Les déconvenues sanitaires actuelles avec la crise de choléra ont donc des antécédents qu’on ne saurait ignorer. L’accès à l’eau potable demeure un privilège pour la grande majorité des Haïtiens qui se désaltèrent au petit bonheur. L’offre d’eau potable ne peut pas satisfaire une demande en hausse. Dans le secteur de l’alimentation en eau potable, les tontons macoutes en tant que gestionnaires des bornes-fontaines dans les quartiers populaires ont bâti des murs dans les cervelles qui résistent à toute chute [4]. La Centrale Autonome Métropolitaine d’Eau Potable (CAMEP) qui avait été créée pour servir une population de 250 000 habitants dans la capitale et ses environs n’a pas su s’adapter à la croissance exponentielle de la population à partir de 1980. La CAMEP n’a pas pu faire les investissements nécessaires pour couvrir une population de plus de deux millions d’habitants. Au cours de la dernière décennie, c’est grâce au financement de cinq millions d’euros octroyés par l’Agence Française de Développement (AFD), la KFW et l’Union Européenne que 500 000 habitant logeant dans 37 quartiers pauvres de la capitale ont pu avoir accès à l’eau potable à partir de bornes-fontaines.

La CAMEP n’a jamais pu avoir 40 000 branchements particuliers, soit 10% des ménages. C’est aussi le cas avec le Service National de l’Eau Potable (SNEP) qui sert le reste du pays et les zones rurales. En réalité, moins de 2% de la population sont desservies par ces deux entités publiques. La CAMEP et le SNEP font partie de la mécanique bouffonne de l’État marron qui prétend exister. Les conseils d’administration de ces deux entités ne se sont jamais réunis pendant une décennie. [5] Les comptes d’exploitation de ces deux entités ont été généralement négatifs. Dans le cas de la CAMEP, le compte d’exploitation a affiché des pertes annuelles qui ont atteint les montants records de 44 millions de gourdes en 2003 et 33 millions de gourdes en 2004. Ces compagnies publiques d’eau n’ont pas pu faire des investissements sur fonds propres et elles ont été obligées de recourir à des subventions pour couvrir leurs frais de fonctionnement. Les tontons macoutes qui contrôlaient les bornes-fontaines dans les différentes zones de la capitale ne voulaient pas de la CAMEP. La mafia de ces tontons macoutes a donc organisé l’incapacité du secteur public à subvenir à la demande en eau potable en donnant naissance à un commerce privé lucratif qu’ils ont alimenté avec leurs forages privés et leurs camions-citernes.

Le bokit dlo et la CAMEP

Le sort des populations rurales n’a pas été différent. 95% des populations rurales s’approvisionnent en eau dans les rivières et dans les puits individuels pollués à cause de leur proximité des fosses d’aisance. En 1999, la bokit dlo (soit 20 litres) se vendait une gourde alors que l’abonnement mensuel auprès de la CAMEP coutait dix gourdes par mètre cube (soit 50 bokits) [6]. Ces prix ont depuis grimpé et la bokit dlo est aujourd’hui à cinq gourdes tandis que le forfait mensuel est de 400 gourdes pour cinq heures de temps une fois par semaine, soit 2000 gallons. La bokit dlo coûte six fois plus cher le prix que payent ceux qui sont raccordés au réseau [7].

Mais en plus du prix fort payé par les gens à faible revenu et les pauvres, le risque de cette forme de privatisation sauvage du service public de l’eau vient de l’absence de tout contrôle de la qualité de l’eau vendue dans ces conditions. En effet, l’insalubrité s’est propagée à un tel rythme au point de devenir une situation normale. Avec l’accroissement de la population, les déchets solides qui étaient de 3 100 mètres cubes par jour en 1995 ont pratiquement doublé en 2010. C’est aussi le cas avec les déchets humains. De 2 000 tonnes par jour en 1996, ces déchets humains ont pratiquement atteint 4 000 tonnes aujourd’hui. Or ces déchets tant solides que humains ne sont pas traités car il n’existe pas une usine de traitement de déchets. 70% de ces déchets sont essentiellement évacués par les pluies. Dans le cas de la capitale, du fait que les réseaux de drainage sont obstrués, cela cause des inondations avec les conséquences négatives sur la santé des populations. Comme l’explique Gérald Holly, « ces inondations continuelles de la ville sont dangereuses sur le plan de l’hygiène vu que les eaux contiennent des ordures ménagères et des déchets humains qui s’infiltrent dans le réseau de distribution potable, soumis à une pression interne régulière du fait que les canalisations se trouvent en surface de nombreuses rues [8]. »

La politique excrémentielle

La politique du tout voum se do (tout se vaut) a produit un abime excrémentiel avec les constructions anarchiques et l’absence de dirigeants ayant un esprit positif pour permettre de remonter la pente. En 1966, selon la CAMEP, il y avait à la capitale 34 000 latrines, 13 000 WC et 50 fosses septiques. En 1976, il y avait 58 000 latrines selon la PADCO [9], soit 11 personnes par installation. Mais ces statistiques ne reflètent pas le fait « qu’une fraction importante de la population à faible revenu ne disposait d’aucune installation … et utilisait les champs en friche et les canaux de drainage pour se soulager [10]. » La descente dans l’abime avec la politique excrémentielle s’est poursuivie. La continuité de celle-ci est diabolique. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), de 1990 à 2002, le taux de couverture de l’évacuation des excréta en milieu rural est seulement 25 %. Mais il est encore plus alarmant de constater que de 1990 à 2008, selon le Fonds Monétaire international (FMI), le pourcentage de la population ayant accès à l’assainissement a diminué de 29% à 19% en Haïti [11].

Le problème fondamental avec l’État marron autoritaire faible haïtien est que l’abîme qu’il crée se creuse quotidiennement. La société est dévoyée avec le système d’apartheid qui considère la grande majorité des Haïtiens comme des déchets. La politique excrémentielle impose de vivre au milieu des matières fécales, dans une situation hygiénique déficitaire. Les excréments pullulent dans le sol, sur la chaussée et les dirigeants politiques semblent respirer leur odeur avec plaisir au point de se demander si cela n’a pas remplacé leur matière grise. La conscience du problème fait défaut. Il importe d’empêcher qu’Haïti devienne un réservoir à matières fécales en mettant de côté pour un certain temps les dirigeants qui persistent dans l’arbitraire du nou fè sa nou pi pito. La continuité n’est pas recommandée. Il faut même la contrecarrer.

Au sujet des matières fécales, il faudra attendre le temps que les germes coliformes meurent comme c’est le cas dans les fosses de dessiccation pour les excréments. C’est d’ailleurs la recommandation de l’OMS en ce qui concerne l’utilisation des eaux usées et des excréta dans l’agriculture [12].

L’économie politique de la crise de choléra


En clair, quatre Haïtiens sur cinq n’ont pas accès aux services d’assainissement. Et dans l’Artibonite où la crise de choléra a éclaté, le taux de couverture d’évacuation des excréta n’est que de 14.9% [13]. L’insuffisance de la préoccupation hygiénique que représente ce 14.9% doit retenir l’attention. La crise de choléra n’est pas un coup de tonnerre dans un ciel bleu. C’est l’absence de dirigeants à la hauteur qui explique qu’ils n’ont pas vu venir. Et l’état de mal se propage. C’est aussi le cas à Port-au-Prince où les matières fécales sapent les bases du système sanitaire. Comme le souligne Pascal Saffache en 2002, « les camions citernes qui alimentent les puits s’approvisionnent au forage de la Plaine du Cul-de-Sac, c’est-à-dire dans une zone où la nappe phréatique est en contact direct avec les fèces [14]. »

C’est un sort funeste auquel sont reléguées les populations haïtiennes et pas seulement les pauvres. Le sort du tombeau à ciel ouvert. La réalité de la condition haïtienne demande de sortir de ces égarements pour fonder une autre raison d’espérer. Et pour cela, il faut un autre gouvernement, un autre État. La continuité est une malédiction qui ne même qu’à la mort. La vulnérabilité sanitaire de la population est grande. Les bactéries continuent de vivre dans les excréments. Sur 40 à 50 milliards de bactéries coliformes excrétées par un homme en moyenne chaque jour, 50 % seraient encore vivantes [15].

Une dépendance carabinée L’eau consommée n’ayant pas été désinfectée et les sources n’étant pas protégées [16], il y a donc possibilité d’épidémie de choléra à tout moment. Tout en précisant la nécessité urgente d’activer les secours pour juguler l’épidémie actuelle et mettre fin au cauchemar de la désolation des victimes du choléra, il importe de pointer du doigt le gouvernement qui est responsable du calvaire qu’endure la population. Quand on ne fait pas cela, se lave men siye a tè. Nombre d’études ont tiré la sonnette d’alarme que des épidémies étaient possibles surtout après le 12 janvier. Mais le gouvernement ne gouverne pas.

Il faut aussi investiguer pour déterminer le rôle joué par les soldats népalais de la MINUSTAH dans le déclenchement de la crise. À ce titre, il convient d’attirer l’attention sur deux photos, pour le moins bouleversantes, qui circulent depuis quelques jours sur le réseau internet. On voit sur l’une d’elles un camion déversant des eaux usées dans la rivière Mireille sous la surveillance de casques bleus népalais armés. La seconde nous montre comment les blocs sanitaires et toilettes de la base des Népalais à Mirebalais sont installés à moins de deux mètres de la rivière [17]. On peut comprendre le haut débit de colère des Haïtiens devant de telles pratiques, mais en réalité elles demeurent la goutte d’eau qui a fait déverser le vase. Les conditions préalables à une action sérieuse en matière d’approvisionnement en eau potable et en assainissement n’existent pas dans le gouvernement actuel. Le champ de vision de ces dirigeants est trop limité et n’inclue pas de financement et de budget décentralisé, d’institutions autonomes et indépendantes, de charges d’effluents en rapport avec les prévisions démographiques.

Nous dansons sur le volcan, enchainés à notre pétrin. Prisonniers dans une terre de liberté que les appétits effrénés de pouvoir des dirigeants ont transformé en un no man’s land. La crise de choléra indique comment l’aide de la communauté internationale d’une moyenne annuelle de 300 millions de dollars, soit 30 dollars par tête, depuis 1980, n’a pas pu faire une grande différence [18]. La stratégie pour la reconstruction d’Haïti qui croit pouvoir faire sortir ce pays des ornières de la destruction, de la pauvreté et de l’instabilité en 2030, avec des investissements annuels de 350 dollars par tête, gagnerait à être revue. Les incohérences globales relevées dans les secteurs de l’eau et de l’assainissement ne sont que la pointe de l’iceberg d’un système qui fonctionne dans l’opacité. Pour le gouvernement haïtien, « le droit des citoyens à être informés de son action [19] », pour répéter Marc Bazin, est un anathème. Le pouvoir a besoin de l’asymétrie de l’information, cultivée à des fins de monopole et de prébendes, pour changer ses priorités comme il l’entend, et pour que les fonds attribués au financement de certaines activités spécifiques soient versés ailleurs.

De manière générale, on sait comment « en raison de l’absence de fosses septiques, les populations se soulagent en bordure de mangrove, dans les lits des rivières ou en bordure côtière [20] ». Cette situation a même porté l’Union Européenne à financer au Cap-Haitien en juin 2010 un programme éducatif pour dire à la population de ne pas déféquer en plein air dans les rues. Sur des affiches et sur le petit écran, on pouvait lire sur la bande passante : « Pa jete poupou nan lari, pa poupou bo lanme ak bo ravine. Poupou nan latrine. Moun paka viv nan sa. (Ne pas jeter des excréments humains dans la rue. Ne pas déféquer au bord de la mer. En cas de besoin aller dans une latrine [21].) Des comportements qui reflètent une dégradation de soi. Une destruction de ses racines.

Voilà le niveau de décrépitude auquel la politique kan kale des tontons macoutes et de leurs successeurs a conduit Haïti. Une politique excrémentielle d’hommes et de femmes au pouvoir qui sont toujours à l’œuvre dans la continuité pour manœuvrer les rouages pouvant assurer le apre nou se nou. Ces gens-là sont les responsables du malheur du peuple haïtien. La ficelle de la continuité qu’ils proposent est en fait la corde avec laquelle ils veulent ligoter le peuple haïtien pour le descendre dans la tombe. Nous sommes loin de simples grossièretés langagières de carnaval mais plutôt en plein dans une dépendance carabinée qui rend service aux courants racistes de la communauté internationale. Cette réflexion me ramène à ce dialogue des années 1980 entre Jacques Cousteau et un paysan qui abattait un arbre fruitier pour faire du charbon de bois.

— Qu’arrivera-t-il, demande Cousteau, lorsque vous auriez abattu tous les arbres du pays ?

— Ce sera la fin du monde, répond le paysan.

— Non, rétorque Cousteau ! Ce ne sera pas la fin du monde, mais la fin de ton monde.



[1] Marie Vieux-Chauvet, La danse sur le volcan, Paris, France : Maisonneuve & Larose et Emina Soleil, 2004.

[2] Rapport sur le Développement Humain, PNUD, New York, 2004.

[3] Nathanial Gronewold, HAITI : Environmental destruction, chaos bleeding across border, Washington, D.C., Environment & Energy Publishing, Greenwire, 12/14/2009.

[4] Bruno Valfrey, Les opérateurs privés du service de l’eau dans les quartiers irréguliers des grandes métropoles et dans les petits centres en Afrique Burkina Faso, Cap-Vert, Haïti, Mali, Mauritanie, Sénégal – Rapport Port-au-Prince, Hydro Conseil, 1997, p. 42.

[5] World Bank, Project Appraisal Document on a proposed grant in the amount of SDR 3.4 million (US$5 millions equivalent) to the Republic of Haiti for a Rural water and sanitation project, Washington D.C., December 21, 2006, pp. 28-29.

[6] Véronique Verdheil, “De l’eau pour les pauvres à Port-au-Prince, Haïti”, Paris, Mappemonde, numéro 55, 1999, p. 16.

[7] En considérant qu’un mètre cube est égal à 50 bokits et que le mètre cube est égal à 264 gallons, il faut à peu près 400 bokits pour 2000 gallons qui coutent 400 gourdes. La CAMEP vend donc la bokit d’eau à une gourde tandis que les vendeurs d’eau privés la vendent à cinq gourdes. Cette marge supérieure tient compte des coûts de production des forages privés, du transport par camion, du stockage en citerne et de la marge du porteur d’eau.

[8] Gérald Holly, Les problèmes environnementaux de la région métropolitaine de Port-au-Prince, Collection du 250e anniversaire, Port-au-Prince, 1999, p. 67.

[9] PADCO est une firme internationale de consultants basée à Washington ; D.C. et qui se nomme aujourd’hui AECOM.

[10] Gérald Holly, “Adduction d’eau, assainissement et santé : une relation étroite”, Montréal, Collectif Paroles, numéro 17, avril 1982, p. 13.

[11] « Haiti : Sixth Review Under the Extended Credit Facility, Request for Waiver of Performance Criterion, and Augmentation of Access—Staff Report”, IMF Country Report No. 10/35, Washington, D.C., February 2010, p. 28.

[12] Duncan Mara and Sandy Cairncross, Guidelines for the safe use of wastewater and excreta in agriculture and aquaculture, World Health Organization in Collaboration with the United Nations Environment Program, Genève, 1989.

[13] Paulo Texeira “Donnes sur le secteur de l’eau potable et de l’assainissement”, dans Actes de la Conférence-Débats Agir ensemble pour une gestion plus efficace de l’eau potable et l’assainissement en Haïti, Organisation Panaméricaine de la Santé, Bureau Régional de l’Organisation Mondiale de la Santé (OPS/OMS), Commission Économique pour l’Amérique Latine et les Caraïbes (CEPALC), Port-au-Prince, Haïti, 9 novembre 2005, p. 14.

[14] Pascal Saffache, “Eau potable et sous-développement : le cas de la région métropolitaine de Port-au-Prince (Haïti)”, Ecologie et Progrès, Givors, France, 2002.

[15] Ary Bordes et Andrea Couture, For the people, for a change : bringing health to the families of Haiti, Boston, Beacon Press, 1978.

[16] Daniele Lantagne, Farzana Mohamed, Peter Oates, and Nadine van Zyl, Haiti Group Report M. Eng. MIT, Boston, 2001, p. 17.

[17] Voir la photo et le reportage d’Al Jazeera dans les liens suivants : http://fr.news.yahoo.com/3/20101028... http://www.youtube.com/watch?v=lKu7... .

[18] World Bank, Haiti – Country Assistance Evaluation, Operations Evaluation Department, Annexe A, Washington, D.C., February 12, 2002, p. 26.

[19] Marc Bazin, Sortir de l’impasse – Démocratie, réformes et développement, Imprimerie Deschamps, 2006, p. 144.

[20] Pascal Saffache, “Le milieu marin haïtien : chronique d’une catastrophe écologique », Études caribéenes, décembre 2006.

[21] Réseau Citadelle, « Cap-Haïtien : L’U.E. finance une campagne contre les excréments humains », Cap-Haitien, 26 Juin 2010.




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Commentaire
Se plaindre ne conduira jamais à rien. Leslie Péan, intellectuel et économiste haïtien dont l'influence dans le pays et ailleurs est considérable, peut faire beaucoup. Il alerte, secoue les consciences et critique. Tout cela est bien, et même, indispensable pour nous faire avancer. Mais si cela ne s'accompagne d'une action efficace, ce sera peine perdue. Si nous guettons ses prises de position pour les publier, c'est parce que nous savons qu'elles en valent la peine, elles le méritent, elles sont très utiles. Notre impatience, c'est de voir de l'action. Cette action concrète qui transformera le théoricien en un homme de terrain, un acteur de premier plan des choses qui se construiront dans le pays. Je ne pense pas qu’a l’Haïti de demain. Je vois déjà celle d’aujourd’hui se changer en un lieu apte a abriter des humains. Même l’esprit le moins exigent sait qu’aujourd’hui, nous sommes loin de ce programme. C’est vrai qu’un premier pas doit être fait pour, d’abord, nous débarrasser des caricatures d’hommes politiques qui dégradent le prestige du pays en ce moment. En second lieu, les hommes de bonne volonté, car il y en a, et Leslie Péan lui-même en est un, doivent finalement trouver un moyen pour cesser d’êtres victimes d’exclusion de la part de ceux qui triomphent avec le triomphe de la médiocrité. Je ne prêcherais pas l’avènement de cette solution si elle était automatique et simple, mais précisément parce qu’elle exige un travail ardu, compliqué, risqué même. Il est temps de revenir au slogan ancien de « le pouvoir au plus capable » quel que soit le prix à payer face aux obscurantistes aguerris et menaçants!

Nuages à l'horizon pour les boursiers haïtiens

Après l'accueil triomphal réservé aux 163 boursiers haïtiens à leur arrivée au Sénégal, le 13 octobre dernier, l'euphorie a cédé la place aux réalités de l'intégration en terre africaine. Aux problèmes de logement ayant surgi au sein de l'Université Cheick Anta Diop (UCAD) de Dakar, s'ajoute l'attitude de certains étudiants sénégalais, qui digèrent mal que d'autres, venus d'ailleurs, soient mieux pris en compte. Cette réaction pourrait surprendre.

Haïti: Les images de la cérémonie d'accueil de la délégation haïtienne à Dakar à la mi-octobre n'avaient pas moins traduit la volonté des autorités sénégalaises de permettre à de jeunes haïtiens, issus d'un pays dévasté par le séisme du 12 janvier, d'aller poursuivre leurs études dans un pays réputé pour la qualité de son enseignement supérieur. D'une manière générale, l'offre du premier mandataire sénégalais avait été saluée par ses pairs du continent africain, par la presse panafricaine et internationale. Mais au sein même du pays hôte, quelques voix discordantes doutaient de la capacité d'un pays qui a ses problèmes, à gérer l'équation haïtienne, alors que des milliers de bacheliers n'ont pas accès chez eux aux universités. Une frange de l'opposition et de l'élite intellectuelle sénégalaise avait même crié au scandale.
Dès les premiers jours, des boursiers Haïtiens ont émis des critiques sur la qualité de l'eau qu'ils consommaient, l'état des toilettes, le manque d'aération dans les chambres, les mets sénégalais auxquels ils n'étaient pas habitués. De leur côté, les amicales d'étudiants sénégalais qui brûlaient d'envie ont fini par étaler au grand jour leurs frustrations. Le 28 octobre, le ton est monté d'un cran. Des représentants des Amicales des étudiants de l'Université Cheick Anta Diop ont menacé dans un communiqué pour le moins musclé, de « chasser les étudiants haïtiens du pavillon qu'ils occupent, après les formalités pour accéder aux commodités sociales : logements, soins de santé, etc.), si les autorités ne leur trouvent pas de nouveaux logements ».
Comme on peut le constater, les autorités universitaires ont délogé, de la cité universitaire, des Sénégalais au profit de leurs hôtes haïtiens. L'autre grief des contestataires de l'UCAD est encore plus complexe. Le ton est particulièrement ferme et n'épargne pas les autorités au pouvoir à Dakar. « Il est absurde que nos frères traînent à la place de ces Haïtiens », a déploré Amadou Lamine Diongue, président de l'Amicale de la Faculté des sciences et techniques, avant de préciser que « l'UCAD souffre d'une capacité d'accueil insuffisante [ 5 000 lits pour 50 000 étudiants]. Nous n'allons pas sacrifier les étudiants sénégalais au profit des étudiants haïtiens [...]. Nous n'acceptons pas que, pour satisfaire une volonté politique, ces Haïtiens prennent la place de nos frères ».
Voilà une situation qui interpelle la responsabilité des uns et des autres, étudiants et autorités des deux pays, qui ont signé des accords avant d'engager le processus. Les revendications des étudiants sénégalais qui ont dû céder leurs chambres sont compréhensibles. De même que leurs préoccupations sur les effectifs pléthoriques, qui font qu'il y ait peu de chambres pour tant de demandeurs à la cité universitaire.
Mais il est pour le moins surprenant que des jeunes venus d'un pays mythique, adulé de tous les Africains pour son héroïsme légendaire et ses souffrances, soient traités d'étrangers sur la terre de leurs ancêtres. Il y a des étudiants haïtiens dans d'autres pays d'Afrique de l'ouest, notamment au Bénin où le mot Haïti fait frémir d'émotion. A-t-on jamais assisté à une telle situation ?
Le retour - au conditionnel - de ce boursier haïtien dont le sexe ne nous a pas été précisé participerait d'un certain nombre de paramètres que nous n'avons pas encore à notre disposition. Il ne fait pas l'ombre d'un doute que les motivations de la majorité des jeunes Haïtiens soucieux de faire, en sens inverse, le long voyage que firent leurs ancêtres, il y a plus de cinq cents ans, étaient d'ordre intellectuel. La bonne réputation des formations sur le continent noir y était pour quelque chose. Mais un pays en développement d'Afrique, ne pouvant que s'apparenter à Haïti, avec des nuances inhérentes à chaque milieu respectif, il appartenait à qui de droit d'organiser à Port-au-Prince, la capitale d'Haïti des ateliers animés aussi par des Sénégalais avec les 163 candidats ayant eu la chance d'être sélectionnés parmi des milliers de postulants. Une préparation psychologique aux réalités économiques, politiques, sociales et culturelles d'un pays au climat quasi identique à celui d'Haïti aurait prémuni ces ambassadeurs des clichés qu'ils ont découvert.
Les universités du Sénégal regorgent d'étrangers de toutes les nationalités, tant au niveau du corps enseignant que des étudiants. Le Haïtiens finiront par s'adapter aisément, comme l'ont fait d'autres avant eux. Toutefois, toute dramatisation des informations en provenance de ce pays serait anticipée. La capacité des autorités de Dakar à maintenir leurs promesses est intacte. L'intégration étant un processus volontariste lent et complexe, il revient aux étudiants haïtiens de faire des efforts d'intégration et de jouer le rôle de dignes ambassadeurs. Qu'ils soient politiciens ou réels, les coups de boutoir et revendications des ténors des Amicales d'étudiants sénégalais ne sauraient, sans risque de ternir leur image, être attribués à une centaine de boursiers. La responsabilité des uns et des autres devrait aider à trouver une solution médiane et éviter que l'offre du Sénégal, saluée par tous les médias du monde entier et la communauté des nations, ne tourne au ridicule.

Belmondo Ndengué

Commentaire
La réaction des étudiants sénégalais est compréhensible quand on tient compte du fait que ce sont les étudiants haïtiens n'ont pas su s'adapter à leur nouvel environnement. Cela serait le moindre des problèmes si leur inadaptation n'impliquait pas de critique injustifiées. Comment tolérer, en effet, qu'un autre critique les services reçus s'il les reçoit à la place d'autres personnes pas moins qualifiées que lui. Personne n'obligera personne à croire que ces services sont parfaits, ils ne le sont nulle part dans les cercles estudiantins. Mais c'est ce dont disposaient les Sénégalais et ils l'ont généreusement mis au service d'un pays dévasté. Alors? On le prend ou on le laisse! Ce manque de réalisme, d'esprit pratique, d'humilité des étudiants haïtiens est certainement responsable de la réaction de leurs condisciples du Sénégal, en tout cas de la façon dont elle s'est manifestée. Que cela serve de leçon à ceux qui croient qu'une fois qu'ils ont laissé leur pays, celui qui les reçoit leur doit automatiquement tout!

Le choléra tue dans le Nord, Thomas arrive au Sud

Haïti: Alors que l'épidémie du choléra a déjà causé la mort de 330 personnes et provoqué l'hospitalisation de plus de 4.700 autres dans le Bas-Artibonite (nord), le Plateau Central et les régions les plus affectées, l'ouragan Thomas pourrait bien compliquer la vie des gens dans le Grand Sud et de l'Ouest ce week-end. Face aux dangers que représentent les rafales de vent et les fortes pluies qui l'accompagnent, le Centre national de météorologie de concert avec le Plan national de gestion des risques et des désastres (PNGRD), décrète l'alerte jaune sur tout le territoire. Encore une fois, les autorités appellent la population à la prudence.


Cette rigoureuse onde tropicale associée à un centre de basse pression est localisée à environ 1000km à l'est du sud-est de l'arc antillais ce matin. « Ce système pourrait se transformer en cyclone dans les prochaines 48 heures », prévient le Centre national de météorologie. Les modèles de trajectoire le font passer près des côtes Sud d'Haïti dimanche soir et lundi.
En effet, le passage de cette zone de mauvais temps près du littoral Sud d'Haïti pourrait générer des rafales de vents violents, des averses et des orages dispersés notamment pour les régions sud d'Haïti à partir de dimanche soir.
Face aux dangers que pourrait représenter Thomas, le Secrétariat permanent de gestion des risques et désastres (SPGRD) a lancé ce vendredi 29 octobre le niveau de vigilance jaune avec risque d'impact d'intensité faible à modérée.
En outre, face aux menaces des fortes pluies, des rafales de vent et des orages violents, des averses dispersées avec risques de crues de rivière, d'éboulements et d'inondations d'intensité faible notamment pour les départements du sud-est, de l'ouest, du sud, des nippes et de la grande anse, les autorités appellent la population à jouer la carte de la prudence.
En ce sens, le Centre national de météorologie (CNM) de concert avec le SPGRD et la Direction de la protection civile demande à la population des zones à risques, de rester vigilante et d'appliquer scrupuleusement les consignes de sécurité en cas de forts vents, d'inondation, d'éboulements, de glissement de terrain et d'orages violents (éclair et tonnerre).
Les consignes restent et demeurent les mêmes pour la population. Restez à l'écoute des messages météo pour tout nouveau développement de ce système. Surveillez la montée des eaux. Si votre habitation est menacée par des inondations et de glissement de terrain, préparez vous à évacuer. Ne pas traverser les rivières en crues sous aucun prétexte. En cas d'orages violents, ne vous abritez pas près des fenêtres et en zone boisée. Ne pas laisser les enfants dormir par terre, mettre en sécurité les documents importants.
Outre ces consignes, la population est appelée également à respecter les consignes contre le choléra. Les sinistrés sous les tentes, eux, sont donc sur le qui-vive.

Robenson Geffrard
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=85231&PubDate=2010-10-29

Commentaire
Il est important que les gens soient informés régulièrement de l'évolution de la situation. Après le choléra, maintenant la menace D’un cyclone. C'est la résistance même de ce pays qui est constamment mise à l'épreuve. Que manque-t-il maintenant pour que le tableau soit complet? En tout cas, pour notre part, nous essaierons de suivre pas à pas les événements et vous tiendrons informés.

vendredi 29 octobre 2010

Haïti-Choléra : L’ONU aurait ouvert une enquête sur son contingent à Mirebalais

jeudi 28 octobre 2010

P-au-P, 28 oct. 2010 [AlterPresse] --- L’organisation des Nations Unies (ONU) a apparemment ouvert une enquête sur son unité de casques bleus népalais pointée comme éventuelle source de l’apparition du cholera qui a tué 305 personnes en Haïti, apprend AlterPresse.
Mercredi, des enquêteurs de l’ONU ont récolté des échantillons de résidus d’eaux usées s’écoulant de la base de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH) située à Mirebalais (Est), confirme à AlterPresse le porte-parole de la force onusienne, Vicenzo Pugliese.
Cependant, selon lui, cette démarche fait partie des procédures normales de contrôle des normes d’élimination des déchets.
Des tests médicaux conduits les 22 et 27 octobre sur les soldats népalais basés à Mirebalais révèlent qu’ils n’ont pas le choléra, insiste-t-il.
Il souligne que les soldats népalais actuellement en poste au pays sont arrivés entre le 08 et le 15 octobre, et avaient subi des tests m’médicaux avant leur voyage dans le pays caribéen.
Pugliese ne voit aucun rapport entre le moment de déclenchement de la maladie le 19 octobre et celui de l’arrivée des Népalais, soit une semaine auparavant.
Il qualifie de « rumeur » les affirmations selon lesquelles le vibrio cholerae serait amené par les militaires du Népal, où la maladie a fait 80 morts en 2007.
La mission onusienne avait déjà démenti les informations accusant son contingent népalais d’avoir déversé dans le fleuve Artibonite des déchets humains infectés par le choléra.
Parallèlement les autorités sanitaires n’ont toujours pas fourni les résultats de leur enquête sur la source de la maladie. Les échantillons prélevés sont en train d’être analysés à l’étranger, a répété ce jeudi le directeur général du Ministère de la Santé, Gabriel Timothé.
305 personnes ont déjà trouvé la mort principalement dans la région Nord du pays des suites du choléra, une pathologie qui selon les autorités haïtiennes n’avait jamais existé dans le pays auparavant. [kft gp apr 28/10/2010 14 :00]

http://www.alterpresse.org/spip.php?article10185

Commentaire
S'il serait ridicule de viser un groupe en particulier pour chercher un bouc émissaire auquel attribuer l'épidémie de cholera en Haïti, il ne serait pas moins ingénu de croire que si les spécialistes de l'ONU trouvaient des indices incriminant les Népalais ou les ressortissants de n’ importe quel autre pays, ils en parleraient. Cela ne se ferait jamais. La raison? Pour éviter de discréditer davantage ses soldats qui le sont déjà assez dans bien d'autres domaines non moins compliqués tels que le viol, la violence physique et même des cas d'assassinat. Voilà où nous en sommes avec les forces internationales, ce mal nécessaire justifié seulement par l'incapacité des Haïtiens à se gouverner eux-mêmes.

Marlene Liautaud recommande des principes d'hygiène pour lutter contre le choléra

Vendredi, 29 octobre 2010 09:19

L'épidémiologiste Marlene Liautaud recommande l'adoption de principes d'hygiènes en vue d'empêcher la propagation du choléra.
Elle révèle que l'utilisation du savon de lessive est efficace pour le lavage des mains. Le détergent présent en grande quantité dans le savon de lessive détruit le vibrio cholérique assure Mme Liataud également microbiologiste.
Intervenant à la rubrique « Le Point sur le 100.1 de radio Métropole Dr. Liautaud a démenti les rumeurs sur la nécessité d'éviter certains aliments pour se prémunir du choléra. Tous les aliments secs, haricots et riz notamment, ne portent pas la bactérie, explique Dr Liautaud qualifiant d'absurde l'interdiction du riz de l'Artibonite dans certaines régions.
Le poisson cuit n'est pas nocif, dit-elle précisant qu'on peut prendre sans crainte des bains de mer. En ce qui concerne les légumes et les fruits, Dr. Liautaud soutient qu'il faut les laver dans de l'eau chlorée. La bassine d'eau chlorée pourra être utilisée pendant une journée..
Docteur Marlene Liautaud n'est nullement surprise par l'entrée du choléra en Haïti. Elle rappelle que la bactérie est déjà présente dans de nombreux pays.
Outre les principes d'hygiènes et l'utilisation du chlore, la bactérie ne résiste pas aux températures extrêmes. Le vibrio cholérique meurt a moins de 4 degrés et a plus de 57 degrés centigrades.

LLM / radio Métropole Haïti

http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.php?id=18402


Commentaire
Les conseils de cette spécialiste et d'autres connaisseurs des problèmes liés au choléra sont indispensables si l'on veut protéger la population contre une situation réellement mortelle plus que simplement dramatique. Surtout quand elle ne peut compter sur un gouvernement efficace. Que tous les secteurs s'unissent donc pour pourvoir de l'aide à cette population orpheline!

L'eau potable en Haïti : un luxe plutôt qu'un droit

Le cauchemar que vit Haïti à travers la crise de choléra vient, entre autres, remettre la problématique de l'eau potable sous les feux de l'actualité. Un sujet que les candidats à la présidence n'ont même pas effleuré dans leurs programmes respectifs. L'eau c'est la vie, mais de l'eau insalubre ou empoisonnée peut aussi signifier un arrêt de mort. Haïti vient d'en faire la douloureuse expérience. Pourtant, ce sujet reste encore tabou ou relégué au dernier plan. Focus sur l'accès à l'eau potable en Haïti.
Haïti: L'approvisionnement de la population en eau potable est l'un des plus grands problèmes d'Haïti, car l'eau potable n'est pas accessible à une grande partie de la population, surtout en région rurale. Dans la plupart des cas, ce n'est pas la disponibilité de l'eau qui pose problème, mais les distances à parcourir pour se la procurer. En effet, les habitations en milieu rural se trouvent souvent en altitude, alors que les sources se situent en bas, dans les ravins. Durant les périodes de sécheresse, la situation devient encore plus difficile, car certaines sources tarissent et les distances à parcourir deviennent encore plus grandes.
Pour obtenir un minimum d'eau pour faire face au quotidien, les femmes et les enfants en particulier utilisent leurs bokit (bidons) et vont les remplir à des stations de distribution. Ils doivent souvent payer pour chaque seau et retourner chez eux en portant les kilos du précieux liquide sur leur tête. Là où il n'y a pas de telle station, les gens prennent l'eau d'une rivière ou d'un fleuve. Cette eau est souvent contaminée et insalubre. Une troisième possibilité c'est de capter de façon illégale une conduite d'eau existante. Conséquence ? Les conduites d'eau sont souvent détruites. En 2010, il n'existe toujours pas en Haïti de système d'évacuation et de traitement des eaux usées, et par conséquent la diarrhée, la fièvre typhoïde et la malaria constituent les causes principales de la mortalité des enfants. Aujourd'hui, le choléra s'est mis de la partie.

Une politique excrémentielle

« L'acceptation résolue du pire en Haïti se voit particulièrement dans le domaine de l'approvisionnement en eau potable, de l'environnement, de la santé et de l'assainissement. Les décennies perdues ne se comptent plus. De 1990 à 2000, la population ayant accès à l'eau potable a diminué de 53% à 46% », déclare l'économiste Leslie Péan. Ce dernier a été économiste sénior à la Banque mondiale où il a été en charge du développement de projets dans les secteurs de l'infrastructure, de travaux d'intérêt public et d'approvisionnement en eau potable. Lors d'une interview accordée ce 28 octobre à Le Nouvelliste, il ne décolère pas : « Il est inacceptable qu'au 21e siècle l'accès à l'eau potable demeure un privilège pour la grande majorité des Haïtiens qui se désaltèrent au petit bonheur. L'offre d'eau potable ne peut pas satisfaire une demande en hausse. La Centrale Autonome Métropolitaine d'Eau Potable (CAMEP) qui avait été créée pour servir une population de 250 000 habitants dans la capitale et ses environs n'a pas su et pu s'adapter et faire les investissements nécessaires pour couvrir une population de plus de trois millions d'habitants. C'est aussi le cas avec le Service National de l'Eau Potable (SNEP) qui sert le reste du pays et les zones rurales. En réalité, moins de 2% de la population sont desservies par ces deux entités publiques. La CAMEP et le SNEP font partie de la mécanique bouffonne de l'État marron qui prétend exister. Les conseils d'administration de ces deux entités ne se sont jamais réunis pendant une décennie (1) », a-t-il révélé. Leslie Péan dit ne pas être surpris par cette épidémie mais d'être « surpris de ceux qui le sont ». En effet, souligne-t-il, « cela démontre la vaste mystification dans laquelle se trouve le pays, car dans toutes les statistiques mondiales, il est dit que seuls 25% de la population haïtienne ont accès à l'assainissement et à l'eau potable. De plus, l'évacuation des excrétions ne se fait pas de manière scientifique. Nous étions donc assis sur un volcan et, tôt ou tard, cela devait éclater », ajoute-t-il.
Selon les chiffres fournis par Leslie Péan, en 1966, selon la CAMEP, il y avait à Port-au-Prince 34 000 latrines, 13 000 WC et 50 fosses septiques. En 1976, il y avait 58 000 latrines selon la PADCO (2), soit 11 personnes par installation ! Mais ces statistiques ne reflètent pas le fait, dit-il, « qu'une fraction importante de la population à faible revenu ne disposait d'aucune installation et utilisait les champs en friche et les canaux de drainage pour se soulager ». De plus, « les camions-citernes qui alimentent les puits s'approvisionnent au forage de la Plaine du Cul-de-Sac, c'est-à-dire dans une zone où la nappe phréatique est en contact direct avec les fèces. »
Pour Leslie Péan, « la réalité de la condition haïtienne demande de sortir de ces égarements pour fonder une autre raison d'espérer. Et pour cela, il faut un autre gouvernement, un autre État. La continuité est une malédiction qui ne mène qu'à la mort. » Pour lui, la vulnérabilité sanitaire de la population est trop grande ce, d'autant plus que les bactéries continuent de vivre dans les excréments. « Chaque homme excrète en moyenne par jour 40 à 50 milliards de bactéries coliformes dont 50 % restent vivantes » (3).
L'économiste dénonce « la politique excrémentielle » exercée en Haïti depuis 1957 qui nous a amenés à traverser autant de cauchemars. Pour lui, « la grande majorité de la population est traitée pire que les chiens qui se nourrissent des déchets dans les poubelles. Cette grande majorité de la population est oubliée, et participe elle-même à son oubli en ne se révoltant pas. On doit déplorer qu'il ait fallu cette crise de choléra pour faire constater l'indifférence avec laquelle les élites gouvernementales haïtiennes acceptent l'indigence de leurs compatriotes. Il importe de dépasser nos larmes de crocodile pour reconnaître que la politique et l'État bloquent toute possibilité de développement en Haïti. Ceux qui parlent de la communauté internationale qui ne débloque pas les fonds ne font qu'afficher leur ignorance de la gouvernance mondiale. Plus que leur ignorance, leur refus de savoir le fonctionnement de la communauté internationale est sidérant. Il n'est pas question de prendre la communauté internationale comme bouc émissaire. Ce sont les Haïtiens qui sont responsables d'abord de leur état de dénuement. C'est vrai que les colons ont commencé le désastre écologique en coupant les arbres et en les exportant pendant plus de deux siècles. Mais les Haïtiens ont continué de les couper quand ils sont devenus indépendants », a déclaré l'ancien économiste de la Banque mondiale.

La privatisation sauvage du service public de l'eau

La demande en eau potable et la rentabilité du commerce de l'eau ''purifiée'' ont multiplié le nombre de producteurs d'eau en sachet en Haïti, sans que les contrôles d'hygiène arrivent à suivre cette expansion. Comment savoir si cette eau ''purifiée'' n'expose pas la population à des maladies d'origine hydrique ? Dans son éditorial du 28 octobre, Frantz Duval, rédacteur en chef du journal Le Nouvelliste, pose bien le problème : « Il y a de cela quelques années, un ministère avait conduit une enquête sur la qualité de l'eau traitée vendue en petits sachets, en gallons et par camions. Le ministère, en dépit des démarches du Nouvelliste, refusa de rendre publics les résultats de son enquête. Une source proche de cet organisme public - off the record bien entendu - confia au journal que la qualité du désaltérant breuvage laissait à désirer chez la majorité des fournisseurs contrôlés. Depuis, personne ne s'inquiète de la qualité de l'eau dite traitée vendue à prix d'or à la population. Pas besoin de revenir sur les petits camions et les stations de vente d'eau traitée qui pullulent depuis des années dans les quartiers de la capitale. S'ils ont fait baisser le montant de la facture d'achat d'eau de boisson, il serait temps que l'on contrôle périodiquement la qualité du liquide fourni », écrit-il.
Pour l'économiste Leslie Péan, c'est l'incapacité du secteur public à subvenir à la demande qui a donné naissance à un commerce privé lucratif alimenté par les propriétaires de puits et de camions-citernes. Les populations rurales s'approvisionnent en eau dans les rivières et aussi dans les puits individuels. En 1999, la bokit dlo (soit 20 litres) se vendait une gourde alors que l'abonnement mensuel auprès de la CAMEP coûtait dix gourdes par mètre cube (soit 50 bokit) (4). Ces prix ont depuis grimpé et la bokit dlo est aujourd'hui à cinq ou dix gourdes suivant les quartiers. « Le risque de cette forme de privatisation sauvage du service public de l'eau vient de l'absence de tout contrôle de la qualité de l'eau vendue dans ces conditions. En effet, l'insalubrité s'est propagée à un tel rythme au point de devenir une situation normale », déplore Leslie Péan.
Il précise aussi qu'avec l'accroissement de la population, le volume de déchets solides qui était de 3 100 mètres cubes par jour en 1995 a pratiquement doublé en 2010. C'est aussi le cas avec les déchets humains. De 2 000 tonnes par jour en 1996, ces déchets humains ont pratiquement atteint 4 000 tonnes aujourd'hui. Or ces déchets tant solides qu'humains ne sont pas traités car il n'existe aucune usine à cet effet. 70% de ces déchets sont essentiellement évacués par les pluies. Dans le cas de la capitale, du fait que les réseaux de drainage sont obstrués, cela cause des inondations avec les conséquences négatives sur la santé des populations. Citant Gérald Holly, Leslie Péan souligne que « ces inondations continuelles de la ville sont dangereuses sur le plan de l'hygiène vu que les eaux contiennent des ordures ménagères et des déchets humains qui s'infiltrent dans le réseau de distribution potable, soumis à une pression interne régulière du fait que les canalisations se trouvent en surface de nombreuses rues (5) ».

À quand une politique nationale de l'eau ?

Le 21 mars 2005, à l'occasion de la journée internationale de l'eau potable, l'Organisation Panaméricaine de la Santé/Organisation Mondiale de la Santé (OPS-OMS) soulignait que les besoins en eau potable étaient de plus en plus pressants en Haïti et que les faiblesses en infrastructure empêchaient l'augmentation de la distribution d'eau potable dans le pays. Ce jour-là, Adam Pierre, consultant système d'information Eau et Assainissement de l'OPS/OMS, a fait savoir que l'évolution de la population haïtienne était en inadéquation avec l'alimentation en eau potable dont elle bénéficie. Pour sa part, Hérold Joseph du ministère de l'Éducation nationale a relaté l'importance de l'eau pour l'amélioration de l'environnement scolaire et pour l'éducation des enfants. Il a dit déplorer le fait que selon les derniers rapports dudit ministère seulement 29% des écoles sont pourvues d'eau potable sur les 15 682 fonctionnant dans le pays. Il a rappelé que l'eau est indispensable à l'éducation (6). Depuis, la situation s'est encore détériorée.
Selon les recherches sur l'eau dans le monde effectuées par Erik Orsenna de l'Académie française, le choléra a pour terreau l'urbanisation anarchique, sans accès à l'eau potable, sans réseau d'assainissement (7). Ces conditions n'ayant aucune chance de s'améliorer dans un futur proche, on peut malheureusement considérer que le choléra appartient à l'avenir d'Haïti.
L'eau devrait constituer un élément essentiel du patrimoine collectif des Haïtien(ne)s. Il faudrait donc nous doter d'une politique nationale de l'eau qui puisse assurer la protection de cette ressource unique, la gestion de l'eau dans une perspective de développement durable et, ce faisant, de mieux protéger la santé publique et celle des écosystèmes. Au risque de soulever des critiques, il nous semble aussi qu'il est déplorable d'entendre des candidats présidentiels promettre le retour d'une armée dans un pays dont 60% du budget national dépend de l'étranger. Il faudra bien choisir un jour les priorités de ce pays et, à mon humble avis, dans notre nation où tout est urgent, l'éducation et la santé doivent être incontournables. Car, il est inconcevable en ce 21e siècle que la mauvaise qualité de l'eau puisse tuer des hommes, des femmes et des enfants. L'eau ne doit plus être un luxe en Haïti mais bien devenir un droit humain.

1. World Bank, Project Appraisal Document on a proposed grant in the amount of SDR 3.4 million (US$5 millions equivalent) to the Republic of Haiti for a Rural water and Sanitation project, Washington D.C., December 21, 2006, pp. 28-29

2. Firme de consultation internationale sur le développement

3. Ary Bordes et Andrea Couture, For the people, for a change: bringing health to the families of Haiti, Boston, Beacon Press, 1978.

4. Véronique Verdheil, "De l'eau pour les pauvres à Port-au-Prince, Haïti", Paris, Mappemonde, numéro 55, 1999.

5. Gérald Holly, Les problèmes environnementaux de la région métropolitaine de Port-au-Prince, Collection du 250e anniversaire, Port-au-Prince, 1999, p. 67.

6. Alterpresse, Haïti : Pénurie d'eau potable, le 21 mars 2010.

7. Erik Orsenna, L'avenir de l'eau, page 110, Éditions Fayard, 2008.

Nancy Roc
Montréal, le 28 octobre 2010.

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=85174&PubDate=2010-10-28

Commentaire
Eh oui, d’un désastre à l’autre, le pays se trouve maintenant en plein dans la crise sanitaire que représente cette épidémie de cholera. Comme l'a si bien rapporté Nancy Roc, reprenant Leslie Péan, les candidats se fichent pas mal des causes véritables de ce mal qui ronge la vie de ces citoyens en attendant les autres qui ne manqueront certainement pas de répondre présents si rien ne se fait. Le panorama est sombre et les choix parmi ces politiciens limités. Mais on ne peut pas inviter les gens à désespérer, c'est la dernière chose à faire. Aussi les inviterons-nous à être attentifs à ce que proposent ces candidats, à en discuter et à tirer leur conclusion. La précipitation, voilà le poison de ces élections ou de n'importe quelle autre.

jeudi 28 octobre 2010

Mme Mirlande Manigat satisfaite du dernier sondage du BRIDES qui la place en 1ère position dans les intentions de vote

La candidate à la présidence du Rassemblement des Démocrates Nationaux Progressistes (RDNP), Mme Mirlande Hyppolite Manigat , a exprimé mercredi sa satisfaction de son classement en 1ère position dans le dernier sondage sur la popularité et les intentions de vote réalisé par le Bureau de Recherches en Informatique et en Développement Economique et Social (BRIDES) pour le compte du Forum économique du secteur privé (regroupement d’associations patronales). Mme Manigat s’interroge tout de même au sujet du bond accompli par le candidat du pouvoir, Jude Célestin (INITE), qu’elle qualifie de « saut du kangourou », en référence à la distance qui la séparait de ce dernier dans deux précédents sondages réalisés par la même firme. Elle a souhaité garder la tête du classement jusqu’aux élections. La candidate à la présidence du RDNP dénonce par ailleurs une certaine tentation d’« utiliser le choléra comme prétexte pour reporter les élections ». Exprimant sa compassion et sa solidarité envers les victimes, Mme Manigat estime que, dans ce domaine, c’est l’avis des médecins qui compte. Or, dit-elle, ces derniers croient que la vague peut-être contenue. « Dans ces conditions, rien ne justifierait que les élections soient reportées à cause du choléra », a-t-elle conclu. [jmd/Radio Kiskeya

http://www.caraibesfm.com/index.php?id=6986

Commentaire
Les élections ont peut être atteint un niveau trop avancé, des investissements trop considérables pour avorter maintenant sans que cela laisse de profondes séquelles économiques, morales, politiques et surtout au niveau de la confiance des électeurs. Que l'incidence du cholera soit traitée pour ce qu'elle est, un problème médical environnemental qui exige une solution rapide, mais non un instrument politique pour affecter l’adversaire. Gare à toute tentative d’instrumentalisation, toute forme de manipulation depuis le pouvoir!

Un centre de traitement du choléra de MSF attaqué en Haïti

Haïti: Un centre de traitement du choléra de Médecins sans Frontières (MSF) dans la ville haïtienne de Saint-Marc (centre) a été attaqué mercredi par des manifestants qui ont brûlé des tentes, retardant les efforts de l'organisation humanitaire pour lutter contre l'épidémie.
"La construction d'un centre d'une capacité de 400 lits allait être achevée quand un groupe de personnes ont manifesté violemment contre l'ouverture de l'établissement. Plusieurs tentes ont été brûlées. Aucun blessé grave n'est à déplorer", a indiqué MSF dans un communiqué.
"La conséquence majeure est que nous sommes désormais incapables de répondre à l'épidémie de choléra dans la région de l'Artibonite de manière efficace et dans les meilleures conditions possibles", a déclaré Francisco Otero, chef des équipes d'intervention d'urgence MSF à Saint-Marc (environ 100 km au nord de la capitale), cité dans le communiqué.

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=10&ArticleID=1066&PubDate=2010-10-27

Commentaire
A qui profite cet incendie? Voila le genre de question qu'on ne pose pas souvent dans ces cas tragiques. Un pays dévasté. Des malades qui meurent de cholera. Une institution internationale qui aide. Cela devrait avoir toute la reconnaissance de ceux qui en bénéficient et, pour quiconque connait les Haïtiens, il l'a. Mais quelqu'un tapis dans l'ombre de l'anonymat manipule une poignée d'individus pour semer la pagaille. L'intention? Jouer a la politicaillerie. C'est ce genre de plaies qui gangrène le panorama politique haïtien, depuis un certain temps, malheureusement.
Ou est-ce la tactique que les anciens chimeres et vendeurs de drogue utilisent pour faire fuir ceux qui veulent aider ou changer les choses?

Réouverture de la frontière haitiano –dominicaine

Mercredi, 27 octobre 2010 12:14

Les points de passage, de Ouanaminthe, de Belladères, de Malpasse et d' Anse à Pitres qui avaient été fermés par les autorités dominicaines, en début de semaine, sont de nouveau ouvert.
Les militaires dominicains demeurent, toutefois, déployés le long de la ligne frontalière.
Le gouvernement dominicain avait décidé de fermer la frontière, le 25 octobre dernier afin d'empêcher une propagation de l'épidémie de choléra sur son territoire.
Les forces armées dominicaines avaient, alors reçu l'ordre de contrôler toute personne voulant entrer en territoire dominicain.
Les marchés binationaux ont recommencé à fonctionner depuis ce mardi, cependant, les autorités dominicaines ont annoncé qu'elles vont sélectionner les marchands et les marchandes qui y auront accès.
Elles n'ont, jusqu' ici, pas fourni de précisions sur les critères de choix.
Des milliers d' haïtiens de la zone frontière se rendent plusieurs fois par semaine dans les marchés de République Dominicaine pour s'approvisionner ou écouler des marchandises.
Le blocage de la frontière avait occasionné un début d'incident entre ces marchands et des soldats dominicains à Malpasse, où la police avait du rétablir l'ordre.
Rappelons qu'avant l'épidémie de choléra les habitants de la commune frontalière d'Anse à Pitre éprouvaient déjà des difficultés à se rendre au marché Binational de Pedernales.

EJ/Radio Métropole Haïti

http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.php?id=18396

Commentaire
Le gouvernement dominicain a fait son devoir envers sa population en prenant les mesures nécessaires pour la protéger. Maintenant c'est au tour du gouvernement haïtien de se montrer un partenaire fiable en adoptant des mesures qui justifient cette confiance du voisin. En fait la tache est double et même triple. Il faut continuer à traiter les Haïtiens affectés par le mal, mettre sur pied des programmes efficaces de prévention, mais aussi ne pas envoyer dans le ou les pays voisins des gens déjà affectés. Ce genre de comportement qui, a la longue, porte préjudice à toute la nation. Bon, c'est vrai que tout cela est vrai pour un gouvernement où le mot planification a un sens. Tout cela résumé nous donne un seul mot : education.

Cuba : Les étudiants haïtiens réclament une meilleure intégration et le paiement de 300 000 dollars de subvention

Haïti: Par Ives Marie Chanel

Plus de 300 étudiants haïtiens réunis à l'auditorium de la faculté des sciences médicales numéro 2 de Santiago de Cuba ont réclamé samedi une meilleure intégration des médecins formés à Cuba dans le système de santé haïtien. Par la voix de leur porte-parole, Exalus Jeantifils, les étudiants en médecine, boursiers du gouvernement cubain, ont sollicité les bons offices du ministre des Haïtiens vivant à l'Étranger auprès des autorités du ministère haïtien de la Santé afin que leur intégration soit effective dans les hôpitaux et centres de santé en Haïti à la fin de leurs études.
« Nous ne sommes pas optimistes en ce qui concerne notre avenir dans la carrière médicale. Nous déplorons qu'il y ait tant de polémiques entre médecins formés en Haïti et ceux formés à Cuba. Nous déplorons une absence d'intégration des médecins formés à Cuba et la pénurie de centres hospitaliers dans le pays", a déclaré Leosthène Jonathan, un étudiant en médecine en deuxième année.
Sur 615 médecins formés à Cuba au cours de ces six dernières années, moins de deux cents ont pu intégrer le système de santé en Haïti. De retour dans leur pays, nombre de ces jeunes médecins ont continué à maintenir des relations avec l'île communiste à travers les nouvelles familles créées par des mariages cubano-haïtiens ou ont dû se convertir en commerçants, particulièrement dans le secteur de l'habillement.
Les étudiants se plaignent également de ne pas recevoir depuis 11 mois une allocation mensuelle de 50 dollars américains prévue pour chaque boursier par le gouvernement haïtien. La même revendication a été faite samedi soir par une trentaine d'étudiants haïtiens de l'école internationale d'éducation physique et des sports de la Havane. Ces derniers affirment n'avoir pas reçu cette allocation depuis trois ans. Le gouvernement haïtien a ainsi une dette d'un montant de 239 250 dollars vis-à-vis des 435 étudiants en médecine et d'un montant de 66 600 dollars vis-à-vis des étudiants en éducation physique.
Les étudiants regrettent qu'il n'existe aucun mécanisme structuré et fiable de transfert de cet argent payé par les ministères de la Santé, de la Jeunesse et des Sports et de la Planification.
L'allocation destinée aux étudiants haïtiens représente le dixième de ce que reçoivent mensuellement leurs homologues angolais. Le coût de la vie a beaucoup augmenté à Cuba au cours de ces dernières années, affirment-ils, tout en indiquant que le minimum pouvant couvrir leurs dépenses mensuelles devrait être supérieur à 100 pesos convertibles ($120 US).
Le ministre des Haïtiens vivant à l'Étranger, Edwin Paraison, en visite officielle dans l'île, a promis aux étudiants que son ministère allait jouer le rôle de facilitateur dans le processus de leur réintégration. Il en fera rapport aux responsables haïtiens concernés lors de son retour en Haïti. Paraison a également promis au nom de son ministère un laboratoire informatique équipé d'une quinzaine d'ordinateurs afin d'aider les étudiants à résoudre les problèmes de communication auxquels ils font face.
L'intégration a été aussi le thème central d'une rencontre tenue le vendredi 22 octobre au siège central de l'Institut cubain de l'amitié avec les peuples (ICAP) entre les membres de la communauté Toussaint Louverture, regroupant les descendants haïtiens de Camaguey et le ministre Edwin Paraison.
Le président de l'Association, Adolfo Dimanche, a souhaité que les professionnels cubano-haïtiens de Camaguey soient intégrés dans les missions de la coopération cubaine en Haïti. « Nous avons vu des professionnels de la santé de Santiago, Guantanamo et Holguín partir en direction d'Haïti après le tremblement de terre. Nous aurions souhaité voir des descendants d'Haïtiens vivant dans la zone de Camaguey intégrer ces missions, a-t-il affirmé.
Monsieur Dimanche a également sollicité un appui du gouvernement haïtien pour la mise en place d'un cours de créole dans la province de Camaguey. Il est désolé de constater que la troisième génération des descendants haïtiens ne parle plus le créole qui est considéré comme la deuxième langue parlée à Cuba après l'espagnol.
Au cours de sa visite de trois jours à Cuba, le ministre des Haïtiens vivant à l'Étranger a eu des entretiens avec le vice-ministre cubain du commerce extérieur et des investissements étrangers, Ramon Ripoll Diaz, le vice-ministre des relations extérieures, Marcelino Medina Gonzalez, et le chef de la Direction d'immigration, le colonel Oscar Acosta Dominguez.
Le directeur de radio Havane-Cuba s'est montré ouvert à toute collaboration visant la production de programmes en créole à l'intention des ressortissants et descendants haïtiens vivant à Cuba ainsi que des programmes concernant les populations d'Haïti.

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=85118&PubDate=2010-10-27

Commentaire
Des gaffes du gouvernement haïtien encore et toujours. Mais jusqu'à quand les Haïtiens s'exposeront-ils au ridicule en votant pour des gouvernements de plus en plus ineptes? Comment un gouvernement pense-t-il se faire respecter si le seul travail qu'il se permet, c'est de se défaire de ses ressortissants en ne tenant compte d'aucun autre engagement pris envers eux ou envers le gouvernement étranger qui leur a offert son aide?

Choléra en Haïti: 8 décès et 535 hospitalisations de plus

Haïti: L'épidémie de choléra en Haïti a fait 292 morts, ont indiqué mercredi les autorités haïtiennes, soit huit de plus que le bilan communiqué la veille, tandis que 535 hospitalisations supplémentaires ont été enregistrées, portant leur total à 4.147.
Ces chiffres, annoncés lors d'une conférence de presse par le directeur général du ministère de la Santé haïtien, Gabriel Thimoté, porte sur une période allant du 19 au 27 octobre.
Ce bilan montre une relative stagnation du nombre de nouveaux morts par rapport au précédent, qui évoquait 25 nouveaux décès, mais une augmentation des hospitalisations.

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=10&ArticleID=1065&PubDate=2010-10-27

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Souhaitons que ce problème ne se complique pas davantage. Le nombre de victime étant déjà trop considérable, l'amélioration de l'environnement est la chance que pourront avoir les réfugiés des nombreux camps d'éviter un désastre majeur. Aux autorités de faire leurs devoirs!

mercredi 27 octobre 2010

L'édito

A qui profitent ces sondages ?

Haïti: Le deuxième sondage réalisé par le Bureau de recherche en informatique et en développement économique et social (BRIDES), entre le 13 et le 20 octobre en cours, sur la présidentielle et les législatives du 28 novembre prochain, crédite Mirlande Manigat de 23.2 % des intentions de vote. A part le tout premier de début de septembre, c'est le deuxième sondage réalisé par le BRIDES et commandité par le Forum économique du secteur privé depuis le lancement des opérations électorales.
La candidate du Rassemblement des démocrates nationaux progressistes (RDNP) reste donc en tête dans les trois sondages réalisés pendant les mois de septembre et d'octobre 2010. De son côté, le candidat du parti au pouvoir, Jude Célestin, est crédité de 22.5 % des intentions de vote selon le BRIDES. Se référant à l'enquête menée par ce bureau en septembre dernier, il y a lieu d'affirmer que le candidat du parti INITE a réduit considérablement l'écart qui le séparait de Madame Manigat. Sans faux-fuyant, on ne saurait sous-estimer la première phase de la campagne électorale menée par Jude Célestin constituée, entre autres, d'imposantes affiches publicitaires, de la multiplication de spots radiophoniques et de clips les uns plus impressionnants que les autres, seraient de nature à influencer le comportement des sondés pendant les trois dernières semaines du mois d'octobre.
Les dix-sept autres candidats se partagent les 54.3 % des intentions de vote. Le chanteur très populaire Michel Martelly (alias Sweet Micky) accuse un grand écart derrière le candidat de la plateforme présidentielle avec 9.8 % des intentions de vote. Viennent ensuite les autres candidats avec 8, 7, 6, 5, jusqu'à 0 %.
Ce bureau de recherche dirigé par le professeur Frantz Fortunat avait réalisé une série de sondages sur la présidentielle et les législatives de l'année 2006. L'actuel président René Préval, qui arrivera au terme de son mandat le 7 février 2011, avait été crédité des intentions de vote favorables dans les différentes enquêtes réalisées par BRIDES. Les autres candidats à la présidence de l'époque avaient ridiculisé les résultats de ces sondages en parlant tous de machination. Aucune importance n'avait ainsi été accordée aux dits sondages, qui étaient les premiers du genre à être rendus publics. En dépit du fait que Frantz Fortunat avait révélé dans la presse toute la méthodologie utilisée à cet effet, pour prouver le caractère scientifique de sa démarche.
A l'occasion de la présente campagne électorale, les candidats à la présidence sont moins agressifs à l'égard des résultats des deux premiers sondages publiés dans les médias. Les intentions de vote réalisées par chaque candidat et par département pourront ainsi permettre à ces derniers de rééquilibrer leur campagne sur le terrain et d'adopter des dispositions appropriées.
Finalement, à qui profitent ces sondages ? A l'électorat ? Aux candidats ? Au Forum du secteur privé ou à la société en général ?

Lemoine Bonneau

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=85095&PubDate=2010-10-26

Renos Dossous depuis Victoria / Canada

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Nous n'étions donc pas le seul à poser cette question, à nous sentir troublé par ce resultat.

Haïti poursuit sa progression dans le respect de la liberté de la presse, selon le classement mondial de Reporters sans frontières.

Haïti se retrouve à la 56e place sur 178 pays du classement mondial de Reporters Sans Frontières (RSF) sur la liberté de la presse en 2010, avec 16 points.
Après avoir occupé la 57e place en 2009, Haïti remonte au classement à un moment où les médias jouent leur survie dans la reconstruction, après le séisme du 12 janvier 2010 qui a ravagé le pays, lit-on sur le site de RSF qui constate des percées notables en Amérique centrale et des problèmes persistants au Sud. Aux progressions déjà observées dans le Cône Sud (Argentine, Chili, Paraguay et Uruguay) s'ajoute cette fois celle du Brésil.
En terre anglophone, seul le Guyana connaît un recul significatif, dû à des relations souvent difficiles entre la presse et la présidence, mais aussi à un monopole de l'État sur la radio. Il est légèrement devancé par les six îles de l'Organisation des États de la Caraïbe de l'Est (oeCS), qui font leur entrée au classement à un rang commun, juste après Haïti.

http://www.caraibesfm.com/index.php?id=6979

Renos Dossous depuis Victoria / Canada

Commentaire
Cela au moins nous permettra de dire que tout n'est pas complètement perdu! Sauf que nous devons éviter de trop nous précipiter, les élections sont pour demain.

Haïti-Elections

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Mirlande Manigat favorite, mais avec une avance marginale sur Jude Célestin, selon un nouveau sondage
Cette étude commanditée une fois de plus par le secteur privé semble annoncer un duel serré entre la dirigeante du RDNP et le candidat officiel, les deux devançant largement les autres compétiteurs avec respectivement 23 et 21% des intentions de vote ; l’échantillonnage concernait exclusivement les électeurs ayant l’intention de se rendre aux urnes


mardi 26 octobre 2010,

Radio Kiskeya

La candidate du Rassemblement des démocrates nationaux progressistes (RDNP), Mirlande Hyppolite Manigat, 69 ans, conserve la tête dans les intentions de vote, mais elle est désormais au coude à coude avec son rival immédiat Jude Célestin de la plateforme au pouvoir INITE, selon ce qui ressort d’un nouveau sondage d’opinion du BRIDES à un mois exactement des présidentielles du 28 novembre.

Créditée de 23,1% d’opinions favorables (1.230 votes potentiels), celle qui représente désormais l’alliance RDNP/COREH devance le représentant du parti officiel, en progression avec 21,3% (1.132 votes potentiels), indique le Bureau de recherche en informatique et en développement économique et social qui a publié mardi les résultats de cette nouvelle étude d’opinion commanditée par le secteur privé des affaires et menée auprès d’un échantillon de 6.000 électeurs potentiels déjà en possession de leur carte électorale.
Mme Manigat et M. Célestin semblent creuser l’écart sur les autres prétendants à la succession de René Préval dont l’ordre d’apparition réserve toutefois une surprise de taille. Le chanteur de Compas Direct Michel Martelly dit "Sweet Micky", candidat de Repons Peyizan, pointe à la troisième place avec 9,7% d’intentions de vote, damant le pion à l’industriel Charles Henri Baker du parti RESPE, 4e avec 8,7%.
Parmi les autres aspirants susceptibles de jouer les premiers rôles, figurent l’ancien Premier ministre Jacques-Edouard Alexis, présent dans la course sous la bannière du MPH (8,1%) et le notaire Jean Henry Céant de Renmen Ayiti (7,3%).
En revanche, le pasteur Chavannes Jeune de ACCRHA et l’ancien ministre des affaires sociales, Yves Cristallin, de LAVNI, sont à la traîne avec respectivement 3,8% et 3,1% d’opinions favorables de l’électorat.
Quant aux onze autres concurrents, ils recueillent des scores nettement insignifiants et pour certains proches de 0%.
Lors du précédent sondage, début octobre, la secrétaire générale du RDNP était arrivée en tête avec 16% des intentions de vote contre 13% à l’héritier politique du Président René Préval, qui ne reste plus que trois mois à passer au pouvoir.
Réalisée avec l’appui des universités Notre Dame et Quisqueya, la nouvelle enquête, dont la marge d’erreur est d’un peu plus de 1%, a été conduite entre le 13 et le 20 octobre à travers le pays où moment où certaines alliances n’avaient pas encore été annoncées ou venaient à peine d’être scellées.
A l’échelle départementale, la bataille pourrait tourner à un bras de fer entre les deux candidats les mieux placés.
Si Mirlande Manigat est la favorite des sondés dans l’ouest (27%), un département qui à lui seul représente 40% de l’électorat national, le sud (30,9%), les Nippes (sa région natale, 33,9%), le nord-ouest (37,2%) et le nord-est (25,3%) ; a contrario, Jude Célestin s’impose dans les cinq autres départements, l’Artibonite (nord, 20,9%), le nord (30,1%), le sud-est (sa zone d’origine, 49,2%), la Grand’Anse (sud-ouest, 19,3%) et le Plateau Central (centre, 27,9%).
Concernant les sénatoriales, tous les candidats de INITE sont bien placés pour l’emporter. Sauf dans l’ouest, où l’ancien Député Steven Benoît, ex-beau-frère du chef de l’Etat passé à l’opposition, caracole en tête avec 49,4% des intentions de vote contre seulement 14,9% à Marie-Denise Claude, sa plus proche poursuivante qui n’est autre que la représentante du pouvoir.
Interrogé en marge de la présentation du sondage -le troisième réalisé en deux mois- et le deuxième pour le compte du Forum économique du secteur privé des affaires, le PDG de BRIDES, Frantz Fortuna, a dégagé la spécificité de l’étude au cours de laquelle seuls les électeurs ayant l’intention de voter le 28 novembre ont été pris en compte contrairement à la première qui portait sur la popularité des candidats engagés dans la course.
Visé par de nombreuses critiques, le sondeur s’est refusé à tout commentaire sur la progression irrésistible d’un seul des 19 prétendants, Jude Célestin, préférant confier aux médias la responsabilité d’interpréter des données disponibles.
Même attitude du président du Forum et de la Chambre de commerce et d’industrie d’Haïti, Réginald Boulos, dont l’attention a été plutôt monopolisée par l’épidémide de choléra qui frappe le pays.
Le président du CEP, Gaillot Dorsinvil, a réaffirmé mardi, à l’occasion de l’arrivée de 8 mille kits électoraux en provenance du Mexique, la détermination de l’institution à réaliser le premier tour des présidentielles et législatives comme prévu le 28 novembre. L’épidémie de choléra, qui touche principalement deux régions du pays, ne retardera pas le processus électoral, a-t-il promis.

Deux derniers sondages doivent paraître les 16 et 25 novembre. spp/Radio Kiskeya

http://www.radiokiskeya.com/spip.php?article7170

Renos Dossous from Victoria/Canada

Commentaire
Que penser d'un tel sondage? Honnêtement, je l'ignore. Cependant, notre cerveau ne peut être un luxe inutile, il y a des questions qui sautent aux yeux. Le rapprochement brusque et inouï de Jude Célestin de Madame Mirlande Manigat semble une tactique destinée à nous préparer au pire, c'est à dire au retour pure et simple de Préval, métamorphosé en Jude Célestin. En Haïti, les politiciens sont tous atteints de cette monomanie de se croire éternellement indispensables. Attendons voir si un autre que nous aurait flairé le même danger de perpétuer le statu quo. Ce serait le comble du malheur
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