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samedi 2 octobre 2010

Peut-on éprouver de la fierté à être Haïtien ?

Par
Renos Dossous

Peut-on éprouver de la fierté à être Haïtien ? Voilà la question qu’une amie étrangère indignée par ce qui se passe dans ce pays, n’a pas hésité à poser à son compagnon haïtien. C’est pour y répondre nous-mêmes que nous l’avons abordée. Il faut reconnaitre en passant que l’observation de ce qui s’y fait et la qualité des acteurs qui s’en occupent n’encourage pas un Haïtien à marcher la tête haute. Cependant l’honnêteté la plus naturelle nous impose aussi, avant tout, l’obligation de nous demander si la caractérisation d’un pays pourrait ne dépendre que de ce qu’en font ses dirigeants incompétents. En tout cas, en analysant cette question, malgré toute apparence, nous ne nous démarquerons nullement du contexte de la situation de l’éducation en Haïti qui a fait l’objet de notre dernier article.
Nous avons fait allusion à quelques-unes des causes de la faiblesse de l’actuel système éducatif haïtien. Nous avons admis qu`il s`agit d`un frein terrible appliqué à la possibilité de développement de la nation. Ce marasme qui a vraiment trop duré provoque de sérieuses inquiétudes. En a-t-il toujours été ainsi ? Les Haïtiens ont-ils toujours vu leur pays se précipiter vers l’abîme sans apparemment aucun moyen de remédier à la tragédie ?
I. Le cheminement d’Haïti dans le domaine éducatif
Nous avons dit que l’histoire récente d’Hispaniola, cette ile que se partagent Haïti et la République Dominicaine, est jonchée d’événements difficiles. Les conquistadors espagnols l’ont d’abord découverte et les Français les y ont rejoints. Chacun ayant trouvé ce qui pouvait faire sa fortune, ils s’y sont établis à leur aise. Après que la population locale ait été décimée, des noirs importés d’Afrique l’ont relayée. Il a fallu attendre que brillent peu à peu les feux de l’indépendance pour que les colonisateurs soient éclipsés. Deux peuples ont ainsi vu le jour dans des conditions bien différentes. Du côté haïtien, dans le tiers occidental de l’ile, beaucoup d’événements ont ponctué l’histoire. La première véritable lutte pour la survie a commencé par celle de la promotion de l’éducation. Comment s’y sont pris les héros de l’indépendance ?
Dès l’introduction de son livre Peau noire, masques blancs , Frantz Fanon, ce brillant psychiatre, politicien et écrivain martiniquais, affirmait en 1937, « Dussé-je encourir le ressentiment de mes frères de couleur, je dirai que le noir n’est pas un homme ». Pour comprendre la valeur d’une telle assertion, il suffit de revivre les restrictions de tous genres, les contrôles, les interdictions qui pesaient contre les noirs de cette époque troublée que fût la première moitié du XXIème siècle et même une partie de sa deuxième moitié. Car s’il est vrai que ce livre a examiné en détail comment le colonisé était exposé à un processus de déshumanisation permanente, il n’en était pas autrement du colonisateur. Dans cette perspective, nous trouvons deux classes d`êtres humains différemment mutilés. L`une se persuadait que pour s`affirmer, elle devait supprimer toute la liberté, toute la dignité de l`autre qui, à son tour, était complètement à la merci de son bourreau, totalement dépouillé de ce qui fait d’un être humain ce qu’il doit représenter : un individu digne et solidaire, jouissant de sa liberté de choix, n’ayant de compte à rendre qu’à sa propre conscience. N’est-ce pas pour indiquer l’obscurité de son abîme que le poète martiniquais Aimé Césaire s’écriait : « Je parle de milliers d’hommes à qui on a inculqué savamment la peur, le complexe d’infériorité, le tremblement, l’agenouillement, le désespoir, le larbinisme »1 ?
« L’homme normal est celui qui remplit son rôle social sans anxiété pour lui-même et sans trouble pour ceux qui l’entourent.»2 Cette définition de l’Organisation Mondiale de la Santé reprise par l’anthropologue haïtienne Jeanne Philippe, qu’on l’accepte ou non, semble avoir au moins le mérite de cerner l’homme sous les diverses dimensions de sa personnalité notamment psychologique et sociale. C’est aussi l’intuition de la nécessité de concilier ces différentes perspectives, qui portait les libérateurs d’Haïti à mettre un accent spécial sur l’éducation. Peu d’historiens haïtiens, en effet, passent sous silence le fait que même dans le plus fort des luttes opposant les esclaves aux colonisateurs, ou pendant les vagues de déportation des anciens maitres vers leur terre d’origine, non seulement les médecins mais aussi les enseignants de tous les niveaux étaient épargnés. Car l’éducation du peuple, ils le pressentaient, devait être l’une des priorités du nouvel état, s’il voulait subsister, si on voulait lui assurer un avenir prometteur.
Qui eut cru, en effet, que ces personnages à peine sortis des fers de l’esclavage, analphabètes dans leur grande majorité, prendraient conscience si tôt de la valeur de l’instruction ? Il faut s’avouer qu’ils avaient déjà devant eux l’exemple de certains affranchis, esclaves libérés soit parce qu’ils avaient acheté leur liberté, soit parce qu’ils étaient nés de père français. Ces affranchis dont l’éducation avait été faite en France ou dans les écoles qui existaient déjà dans la colonie, se démarquaient de leurs ancêtres par le raffinement de leur comportement, leur habileté et leur détermination dans la défense de leurs droits et dans leur respect envers autrui. Ce sont là des qualités à envier. C’est d’ailleurs dans ce même contexte que naquit le grand-père d’Alexandre Dumas fils, l’un des auteurs les plus lus de la littérature française, à Jérémie, dans le sud d’Haïti.
Sous l’impulsion de ces hommes éclairés, des actions d’une immense générosité allaient s’accomplir sous des latitudes aussi diverses que dans les Caraïbes, en Amérique latine ou en Amérique du Nord. D’abord aux États-Unis, en 1776, les futurs héros de l’indépendance haïtienne ont fait leurs premières armes aux côtés des Étatsuniens contre les Anglais. A Savannah, particulièrement, plus d’un historien rendent témoignage des faits d’armes de ces libérateurs haïtiens. En Amérique du Sud, le jeune état haïtien se signale déjà par l’aide importante en homme, en arme et en argent fournie premièrement au jeune révolutionnaire vénézuélien Francisco de Miranda tombé malheureusement aux mains des Espagnols et décédé en 1816 en prison. Plus tard vint le tour de son compatriote le général Simon Bolivar, cet icône des luttes anticoloniales et de la liberté en Amérique latine. Lorsque Bolivar, ému par l’intérêt porté par les Haïtien à l’indépendance de son pays, et reconnaissant envers eux pour toute l’assistance reçue à l’instar de son prédécesseur, demanda ce qu’il pouvait offrir en récompense à ce peuple héroïque, la réponse de son représentant d’alors, Alexandre Pétion, fut de libérer les esclaves des territoires qui auront acquis leur indépendance sous son commandement. A-t-on besoin d’un plus bel exemple de noblesse, d’un exemple plus manifeste d’universalisme de l’indépendance d’une nation à peine émancipée du carcan de l’esclavage ?
II. Les influences politique et éducative d’Haïti au delà de ses frontières

A. Dantès Bellegarde

Le XXième siècle nous a offert les plus éloquentes illustrations de cette vision universaliste qui caractérisait les fondateurs de la nation haïtienne et qui est encore si profondément ancrée dans les traditions de ce pays.
Dantès Bellegarde est né à Port-au-Prince au sein d’une famille pauvre en 1877. Après qu’il eut pris conscience de l’importance de l’éducation, ayant été lui-même le produit d’un cheminement personnel difficile, il a décidé de devenir éducateur afin de s’ériger en champion de l’éducation dans son pays. Son travail y prit une ampleur telle qu’un historien de la littérature haïtienne, Duraciné Vaval, le considérait, en 1933, comme l’idéologue officiel de l’état haïtien. Mais dans sa vision extrêmement large de sa mission d’éducateur, Bellegarde a compris que si quelque chose pouvait contribuer au progrès de son pays, il devait aussi légitimement être mis à la portée des autres, particulièrement de ceux qui cherchaient encore à déceler les premiers rayons du soleil de l’indépendance, surtout en Afrique. C’est ainsi que sa détermination, son activité fébrile furent récompensées quand il put finalement trouver une tribune pour faire entendre sa voix : La Société des Nations. C’est là, dès le début de sa carrière diplomatique, qu’il s’est battu pour faire inclure l’éducation dans le programme de cet organisme international. Il avait déjà occupé les fonctions de professeur au Lycée Pétion (de Port-au-Prince), directeur de l’Instruction publique, secrétaire d’état de l’Instruction publique, co-fondateur du journal La Ronde, entre autres activités remarquables dans son pays. Ses luttes acharnées pour la promotion du français dans le système éducatif haïtien et à l’échelle internationale, lui valurent de nombreuses reconnaissances. En France, le gouvernement le nomma commandeur de la légion d’honneur en 1922. Un an plus tard, W.E.B. Du Bois, fondateur de l’Association nationale pour l’avancement des gens de couleur (du sigle NAACP, en anglais) aux Etats-Unis, lui conféra le titre de porte-parole international des noirs du monde. Et ce, à cause, surtout de ses prises de position pour le respect des droits de l’homme, notamment dans les pays qui étaient encore des colonies en Afrique et ailleurs. L`un des plus vibrants hommages qu’il ait reçu de son vivant lui a été rendu par cette sommité de l’épistémologie et de la psychologie, Jean Piaget. En effet, l’éminent savant suisse rappela aux délégués de la XVIIIème conférence internationale sur l’instruction publique, à Paris, en 1955, que Dantès Bellegarde était la seule personne à avoir fait d’infatigables efforts pour que l’éducation fût incluse au programme culturel de la Société des Nations, prélude de ce qui allait devenir l’Organisation des Nations Unies.
B. Jean Price-Mars
Pendant plus d’un demi-siècle, deux grands intellectuels haïtiens se sont opposés autour de l’orientation à imprimer à l’éducation en Haïti. L’un s’appelait Dantès Bellegarde et l’autre, Jean Price-Mars. L’un défendait avec acharnement la nécessité d’axer l’enseignement haïtien sur les méthodes en vigueur en France donc sur la langue française ; l’autre prônait l’établissement d’un système national, spécifiquement haïtien où le créole jouerait un rôle déterminant. Qu’on ait été d’accord avec le premier ou avec le second, il est difficile de ne pas reconnaitre que chacun d’eux, à sa manière, a fait des apports inestimables à l’éducation dans son pays et que très peu de place à été laissée à l’improvisation et au manque d’imagination dans leurs démarches respectives. Le premier, Dantès Bellegarde, nous en avons vu brièvement la trajectoire. L’autre, Jean Price-Mars, a été surnommé le père de la négritude. La négritude fut un mouvement universel de revalorisation des cultures nègres qui a embrasé l’Afrique et où ont puisé énergie et inspiration plus d’une nation du monde dans leur lutte pour la reconnaissance de leur dignité. L’un des fondateurs du mouvement, le Sénégalais, membre de l’Académie française, Léopold Sédar Senghor a ainsi défini ce courant littéraire et politique : « La négritude, c’est l’ensemble des valeurs économiques, politiques, intellectuelles, morales, artistiques et sociales des peuples d’Afrique et des minorités noires d’Amérique, d’Asie et d’Océanie »3 Qu’est-ce que Jean Price-Mars a fait pour mériter le titre de père d’un mouvement aussi ambitieux ?
Né à la Grande rivière du nord, en Haïti, en 1876, Jean Price-Mars après ses études classiques en Haïti, obtint une bourse pour étudier la médecine en France. Avant même de recevoir son diplôme de médecin, il s’intéressa à l’anthropologie et aux sciences sociales. Sous l’influence de ces dernières disciplines il publia plusieurs ouvrages. Mais c’est la compilation de ses articles d’orientation ethnographique, parue sous le titre de Ainsi parla l’oncle, qui le fit connaitre dans le monde entier, surtout dans les pays encore colonisés.
Il s’agit d’un livre amplement inspiré de l’occupation américaine d’Haïti qui a duré de 1915 à 1934. Selon l’auteur, les Haïtiens avaient consacré trop d’énergie à vivre une vie inauthentique, basée non sur ce qu’ils sont en réalité, des descendants d’Africains, mais sur ce qu’ils s’imaginaient être, des descendants français. Ce qui, selon lui, diminuait leur prise sur leur propre réalité et les rendait on ne peut plus vulnérables. Il baptisa ce phénomène du nom de « bovarysme collectif » emprunté au critique français Jules de Gaultier. Tout en prônant le créole et le vaudou comme éléments déterminants de l’identité nationale, il présenta une étude approfondie de l’Afrique, son anthropologie, son histoire, sa géographie. Il remonta très loin dans l’histoire de la civilisation pour montrer jusqu'à quel point l’apport du continent noir à l’humanité, tout en étant extrêmement considérable, a toujours été, sans raison, mal connu sinon tout bonnement ignoré. L’objectif premier de Mars était de faire prendre conscience aux Haïtiens de la spécificité de leur culture, de la valeur de leurs racines africaines, et de la nécessité d’éviter toute tentation à donner dans cette aliénation caractéristique de ceux qui ont peur de se regarder en face. Revaloriser les cultures nègres était le point culminant de son combat.
Pour mesurer l’impact de la révolution identitaire de Price-Mars, écoutons ce que pense de lui Léopold Sédar Senghor déjà mentionné, (au moment de la célébration du quatre-vingtième anniversaire de l’anthropologue haïtien) :
« Il est des noms qui sonnent comme un manifeste. Tel me fut révélé le nom du docteur Price-Mars lorsque je l’entendis pour la première fois. Étudiant en Sorbonne, j’avais commencé de réfléchir au problème d’une Renaissance culturelle en Afrique noire, et je me cherchais- nous nous cherchions – un parrainage qui put garantir le succès de l’entreprise.
Au bout de ma quête je devais trouver Alain Locke et Jean Price-Mars. Je lus Ainsi parla l’oncle d’un trait comme l’eau de la citerne…au soir après une longue étape dans le désert. J’étais comblé. L’Oncle légitimait les raisons de ma quête, confirmait ce que j’avais pressenti. Car, en me montrant les trésors de la Négritude qu’il avait découverts sur et dans la terre haïtienne, il m’apprenait à découvrir les mêmes valeurs, mais vierges et plus fortes, sur et dans la terre d’Afrique. »4
Pour aller plus loin dans son éloge, pour montrer la dimension universelle de cette lumière projetée par Price-Mars, Senghor poursuivit :
« Aujourd’hui, tous les écrivains et ethnologues d’expression française doivent beaucoup à Jean Price-Mars ; l’essentiel, cette vérité que nous n’avons de chance d’être nous-mêmes que si nous ne répudions aucune part de l’héritage ancestral… »5
Ce mouvement de revendication des cultures nègres, qui a franchi les frontières des pays francophones en réunissant des penseurs noirs et des intellectuels du monde entier, notamment français, n’a pas eu que des admirateurs. Jean-Paul Sartre, l’un des intellectuels du mouvement définissait la négritude comme « la négation de la négation de l’homme noir »6. Mais cela ne l’a pas empêché de reconnaitre que la discrimination raciale n’était pas un phénomène appelé à durer éternellement et, qu’a fortiori, la négritude elle-même était une combat provisoire : « la négritude est… passage et non aboutissement ». Un autre écrivain africain, prix Nobel de littérature en 1986, le dramaturge nigérian Wole Soyinka, réprouve la négritude comme un faux besoin ressenti par certains noirs de se justifier, de défendre la valeur de leur culture. Selon lui, la culture n’a qu’à se manifester spontanément, elle est sa propre justification. Il a écrit ceci : « Le tigre ne proclame pas sa tigritude, il bondit sur sa proie et la dévore »7. Un autre intellectuel africain, l’ex-président de la république populaire et révolutionnaire de la Guinée (assassiné au pouvoir) que nous citons de mémoire, Ahmed Sékou Touré, eut à dire que « la négritude est un faux problème, une arme irrationnelle fondée sur la discrimination raciale ».
Si les temps évoluent et si la négritude elle-même, à mesure que la classe d’hommes qui justifiaient son existence assume la position qui leur revient de droit dans le monde, est une réaction condamnée à disparaitre, on ne peut pas nier son importance et son rôle dans l’histoire de la prise de conscience qui a alimenté, entre autres, la libération des pays africains. L’ampleur du travail du penseur haïtien, Jean Price-Mars, n’a donc pas diminué avec le temps. Et les éloges que lui ont valus ses travaux ethnographiques ne se limitent pas aux seules communautés noires. Le Secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences d’outre-mer, président de l’association des écrivains de langue française, Monsieur Robert Cornevin brossa un portrait de Jean Price-Mars en ces termes :
« Lorsque je le rencontrai pour la première fois à mon bureau du Quai Voltaire à Paris, le docteur Jean Price-Mars avait 90 ans. Il était presqu’aveugle et avait dû se faire accompagner de sa fille Madeleine. Malgré son âge, il se tenait droit et parlait d’une voix claire et nette des sujets les plus variés. Ce fut pour moi un véritable choc que cette rencontre d’un homme qui avait tenu une si grande place dans le destin de sa patrie haïtienne et celui de la race noire tout entière ». 7
C. Les jeunes états africains et le reste du monde
Les écrivains haïtiens ne se sont pas contentés de prêcher en faveur de l’éducation du haut d`une tour d`ivoire. Ils ont pris une part active dans sa propagation un peu partout dans le monde. L’Afrique des Années 50 et 60 a reçu un contingent considérable de professeurs haïtiens de diverses disciplines. Ce n’est pas un hasard si de brillants écrivains tels que le poète Jean Brière, le cinéaste Raoul Peck, le comédien Lucien Lemoine et de nombreux autres sont liés au continent noir, soit parce qu’ils ont adopté la nationalité d’un pays africain, soit parce qu’ils y ont enseigné, soit encore parce qu’ils y ont étudié ou développé des lignes éditoriales comme c’était le cas, à Dakar, de Roger Dorsainvil et les Nouvelles Editions Africaines.
Mais les écrivains, les penseurs et les professeurs haïtiens n’ont pas l’Afrique pour frontière. Il s’en trouve au Canada, Dany Laferriere (Prix Medicis 2009), Joel Desrosiers, Stanley Péan, Anthony Phelps (récemment émigré au Mexique), Gary Klang, Émile Ollivier, etc., en France, Laennec Hurbon, René Depestre (Le Prix Renaudot 1988 et le prix Robert Ganzo 2007), aux Etats-Unis, Edwidge Danticat (l’un des 20 meilleurs romanciers étatsuniens), Patrick Bellegarde Smith (le petit-fils de Dantès Bellegarde). Cette liste qui est loin, très loin, d’être exhaustive ne saurait passer sous silence les écrivains haïtiens restés au pays : Lyonel Trouillot (prix Wepler en France, en 2009), Frankétienne, Gary Victor, etc.
Ce serait presqu’une injustice de ne pas mentionner des poètes, des penseurs, du calibre d’Oswald Durand, Massillon Coicou, Etzer Vilaire, Antenor Firmin, Louis-Joseph Janvier, mais la liste nous mènerait trop loin.
D. Conclusion
Vivre constamment dans le passé ne semble pas une option intelligente. Cependant faut-il oublier la nécessité de bien l’appréhender afin de mieux comprendre le présent ? « Elle n’est pas viable, la race ou la nation qui, parvenue à une certaine civilisation, méprise son passé comme indigne d’elle, parce qu’alors, elle aura rompu sous ses pas la chaîne des traditions qui la lie avec ses ancêtres »8 nous rappelle le psychiatre et historien haïtien J.C.Dorsainvil. La nation haïtienne qui a su faire briller sa lumière dans le monde entier peut avoir de la difficulté à se reconnaitre, elle peut vivre des épisodes dramatiques, mais il subsiste toujours la possibilité d’une renaissance. Il suffit que se présente le guide le mieux intentionné au moment opportun. C’est à sa recherche que nous devons nous lancer. Un pays qui a eu le parcours d’Haïti peut renaitre de ses cendres ! Aussi pour nous résumer et répondre à la question de départ, au terme de l’évocation de cette foule d’Haïtiens remarquables qui ont apporté une contribution considérable à leur pays, à la Francophonie et au monde entier, la réponse est-elle oui, on peut éprouver de la fierté à être Haïtien.
Notes
1. Discours sur le colonialisme, Aime Césaire, Editions Présence Africaine 1955, Paris et Dakar, p. 20
2. Les causes des maladies mentales en Haïti, Jeanne Philippe, Les éditions Fardin, Port-au-Prince, Haïti, 1968, p. 23
3. http://fr.wikipedia.org/wiki/N%C3%A9gritude

4. Ainsi parla l’oncle, Jean Price-Mars, Collection Caraïbes, LEMEAC, Ottawa 1973, p. 11
5. Ibidem.
6. http://fr.wikipedia.org/wiki/N%C3%A9gritude
7. Ibídem.
8. Vodou et névrose, Dr J. C. Dorsainvil, Bibliothèque Haïtienne, Imprimerie « La Presse », Port-au-Prince, 1931, p. 144

Inédit (Blog sur Haïti par Jonas Jolivert)

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