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mardi 5 octobre 2010

L'école rate sa rentrée

Très peu d'élèves ont repris le chemin de l'école le lundi 4 octobre 2010, date officielle de la rentrée des classes. Si quelques établissements scolaires privés ont accueilli un certain nombre d'écoliers, la plupart des écoles publiques, dont les écoles nationales et les lycées ne peuvent pas encore recevoir les élèves pour des raisons d'ordre structurel. A quelque neuf mois après le séisme, le lycée Toussaint Louverture de Port-au-Prince reste encore occupé par les sans-abri, par exemple.
Haïti: Peu de responsables d'écoles ont pu relever le défi de rouvrir les portes de leurs établissements scolaires le lundi 4 octobre 2010, après une année académique marquée par le terrible tremblement de terre qui a sévèrement endommagé les infrastructures des départements de l'Ouest, du Sud-Est et des Nippes. N'étant pas encore prêts, plusieurs directeurs d'écoles ont pris rendez-vous avec leurs élèves pour le lundi 11 octobre prochain. En effet, les sites de bon nombre de ces institutions ne sont pas encore aménagés et les parents ne sont pas économiquement prêts non plus pour permettre à leurs enfants de retourner à l'école.
Pour le premier jour de rentrée officielle des classes, une situation de tension régnait devant les locaux du ministère de l'Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP), où des lycéens et des parents mécontents et démunis ont manifesté pour exiger de l'État un meilleur accompagnement pour pouvoir faire face à la rentrée scolaire. Des agents de la police nationale et des casques bleus de l'ONU ont dû intervenir pour disperser les manifestants, dont certains lançaient des pierres en direction du ministère.
En fait, rares sont les lycées ou les écoles nationales qui ont accueilli leurs élèves ce lundi. Quant au lycée Toussaint Louverture, il est loin d'être aménagé pour des activités scolaires. Plusieurs dizaines de sinistrés du séisme du 12 janvier y sont encore logés. Les quelques tentes placées sur le site de l'école trois mois après le séisme pour pouvoir abriter les lycéens qui ont bouclé l'année académique 2009-2010 ont aussi été déchirées par la fausse tornade du 24 septembre dernier.
Pour permettre aux milliers d'élèves de reprendre leurs cours, le directeur du lycée, Rodrigue Duverger, rencontré sur le site du lycée Toussaint Louverture transformé en camp d'hébergement, a indiqué que les autorités du ministère de l'Education nationale sont en pourparlers avec les sans-abri pour qu'ils libèrent l'espace, afin d'y placer des hangars pour accueillir les élèves. « Nous avons répondu à l'appel du ministère fixant la rentrée scolaire pour ce lundi. Mais l'espace est encore encombré. Ce n'est pas à nous de déloger les gens. Notre rôle est de former les élèves », a déclaré le directeur, espérant que le ministère trouvera une entente avec les sans-abri.
En effet, près de neuf mois après le tremblement de terre du 12 janvier, toutes les écoles effondrées ne sont pas encore déblayées. On n'a pas pu rencontrer leurs responsables pour savoir si ces établissements ont changé d'adresse, comme c'est le cas de beaucoup d'autres, ou s'ils sont définitivement fermés.
En fait, pour pouvoir continuer à fonctionner, les responsables de deux ou trois établissements scolaires partagent un même site. « Nous avons un engagement avec nos élèves. Pour continuer à les former, nous sommes obligés de faire tout ce qui est possible. Donc, nous n'avons pas le choix », a lancé un responsable d'école se retrouvant dans cette situation. Il estime que la réhabilitation des infrastructures scolaires demeure primordiale dans le processus de reconstruction du pays.

Le ministre de l'Éducation nationale prêche la solidarité

A l'ouverture très timide de cette rentrée scolaire, le ministre de l'Education nationale et de la Formation professionnelle, Joël Desrosiers Jean-Pierre, à travers son message officiel de ce lundi, a salué le courage des parents, des enseignants et des responsables d'écoles qui ont consenti d'énormes sacrifices pour permettre de boucler la précédente année académique.
« C'est grâce à un esprit de solidarité que nous avons pu boucler l'année académique 2009-2010. Je vous invite, chers élèves, parents, responsables d'écoles et enseignants à démarrer la nouvelle année académique avec ce même esprit de solidarité », déclare le ministre dans son message de circonstance. Le titulaire du MENFP souligne que l'État a pris des dispositions nécessaires pour soulager les parents en subventionnant les manuels scolaires, en distribuant des uniformes et en mettant en place un programme de cantine scolaire. Alors que les parents ne cessent de se plaindre de l'augmentation des frais scolaires par certains directeurs d'écoles, qui représentent pour eux un lourd tribut.
Par ailleurs, reconnaissant le rôle des enseignants dans le système éducatif, le ministre affirme que l'État doit continuer à oeuvrer pour l'amélioration des conditions de travail de ces derniers, qui se sont aggravées après le 12 janvier. « Déjà, l'Etat, à travers le MENFP, a pu régulariser le statut de plusieurs milliers d'entre vous qui travaillaient dans des conditions irrégulières. Plus de trois mille lettres de nomination ont été ainsi émises et transmises au ministère de l'Economie et des Finances pour suite. Beaucoup ont d'ailleurs déjà reçu leur dû », souligne le ministre, qui dit compter sur l'appui des enseignants pour « les grandes réformes à venir au sein du système éducatif ».


Valéry DAUDIER
vdaudier@lenouvelliste.com

Commentaire
Si tous les discours du gouvernement se convertissaient en faits concrets, la réouverture aurait un vrai sens. Malheureusement, jusqu'à présent, cela n'est qu'un vœu des intéressés sans aucune responsabilité d’intervention gouvernementale, comme toujours. Ce pays a vraiment hâte qu'un changement de gouvernement se produise. Cela pourrait peut-être provoquer un changement de mentalité et de méthode.

2 commentaires:

  1. Personnellement j'ai été choqué et pas surpris de constater que rien ne change dans nos manières de faire les choses. La pire calamité n'aura pas la vertu de provoquer ou du moins de prendre conscience de ce besoin de rupture si indispensable pour un revirement radical au sein de notre société. Le mot radical ne doit pas être conceptualisé dans l'archaïsme utopique d'une "gaucherie" nostalgique. Sinon radical veut dire complet, vrai et réel.
    Une dépêche d'un autre journaliste rapportait une déclaration du ministre d'Education Nationale déclarant que le gouvernement mettait tout en oeuvre pour réparer les "maisons " effondrées qui abritaient les écoles. Après neuf mois , une rentrée scolaire annoncée et inévitable rien n'a été fait.
    Ah s'il pouvait fermer sa gueule ça nous ferait des vacances, ai-je envie de chanter!
    Jonas Jolivert

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  2. Parfaitement d`accord avec toi! Serions-nous condamner à entendre ce verbiage permanent de nos politiciens paresseux, ces mêmes individus qui imposent à un peuple la seule option de se refugier dans l`espoir, question d`avoir suffisamment de latitude pour prendre en otage leur présent. Honte à ces démagogues maladroits qui nous prennent tous pour des imbéciles!

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