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vendredi 22 octobre 2010

Editorial

Renos Dossous

Is colonel Russel Williams alone or the only one?

Si le pouvoir corrompt, il ne fait pas que cela. Il peut servir aussi à cacher la corruption et le crime. Ce n’est pas un fait dont nous devrons chercher bien loin la démonstration. Les derniers événements avec le procès du colonel Russel Williams nous le confirment. Un personnage respecté, honoré, placé dans une position que de nombreux compatriotes, très qualifiés tacitement convoitent, quel plus grand privilège dans l’un des sept pays les plus industrialisées du monde ! Que signifie qu’un tel personnage élevé au rang le plus enviable au sein de l’armée canadienne, accumule autant d’actes répréhensibles et un comportement dont la dimension de pathologie n’a rien à envier à un de ces petits despotes mégalomanes schizophrènes de n’importe quel pays du tiers-monde ?
Dans la majorité des pays sous-développés, sans évidemment établir une relation automatique et fatale de cause à effet, il est courant qu’un individu qui accède au pouvoir de manière trop brusque, en soit tout aussi brusquement enivré au point d’en perdre la tête. Les causes de cet étourdissement particulier, spécifique, n’ont pas encore été clairement étudiées ni définitivement établies. Cependant, certains indices peuvent nous aider à essayer de comprendre, nous guider un peu dans la grotte obscure des motivations de certains cerveaux sadiques.
Quelquefois, c’est une ascension soudaine, inattendue, qui mène l’individu à des sommets qui lui donnent le vertige. Surtout s’il s’agit de quelqu’un qui, de par ses échecs passés, son origine modeste, n’aspirait pas forcement à se hisser si vite ni si haut. L’exemple d’Hitler semble éloquent à ce sujet. Dans d’autres cas, il peut s’agir d’un étourdissement si aigu qu’il fait accroire au bénéficiaire qu’il a hérité d’un don spécial, d’un pouvoir divin qui lui était spécialement dû, qui n’a été conçu que pour lui, et pour lui seul. Aristide, en Haïti ; Mobutu, au Zaïre (Congo belge) ou Trujillo en République Dominicaine. Cette folie des grandeurs mène aux pires excès d’autant qu’on devient persuadé que hors de ce pouvoir, on n’a aucune chance de s’affirmer, de s’assumer en tant qu’être humain. Celui qui se trouve sous l’emprise de cette folie risque d’être si intimement affecté qu’elle se transforme chez lui en une seconde nature, quelque chose sans lequel il n’est rien. D’où la nécessité de s’y accrocher au péril de sa vie ou de celle des autres. C’est tout ou la mort !
Un observateur distant, une espèce d’extra terrestre qui n’apercevrait le monde que de son terroir isolé du reste de la planète, tendrait probablement à croire que de tels déraillements de la personnalité ne sévissent que dans les pays les plus pauvres. Un effort de surcompensation de la nature qui ferait qu’à défaut de pouvoir s’assumer comme une personne normale, on veuille à tout prix paraitre autre qu’on n’est en réalité. Il n’hésiterait certainement pas à taxer de tiers-mondisation une telle dérive, si elle se produisait dans un pays riche. En effet, n’y aurait-il pas de quoi être surpris qu’un pays offrant des chances égales (du moins théoriquement) à tous ceux qui y vivent, se voie aux prises avec un cas qui épouse la dimension d’un véritable drame ? Car quel niveau de frustration, quel degré de privation justifierait qu’on aille si loin ?
Et c’est là que l’imagination nous joue des tours pendables. En réalité, l’instinct animal qui nous habite tous, dont la résorption (malgré l’éducation) risque d’être interrompue à n’importe quelle étape, n’est pas forcément apprivoisé par le pays où nous habitons ni par la somme des possibilités qu’il met à notre portée. La preuve, c’est que parfois, c’est d’un milieu humble, misérable, que surgit un individu hautement recommandable moralement, alors que le fils à papa, le privilégié qui ne s’est donné que la peine de naitre, a tendance à perdre les pédales avant même d’avoir atteint l’âge de raison. Ce n’est pas sans motif que Bernanos – si ma mémoire est fidele - disait que « sur le fumier de la misère ont cru les plus belles fleurs de la civilisation humaine ». Mais tout en reconnaissant le manque de sérieux d’une généralisation hâtive, nous devons admettre aussi que la réciproque est vrai « l’excès ou l’abondance des privilèges peut couver les plus terribles monstres de la civilisation humaine ». Voudrait-on que nous qualifiions autrement ce phénomène : un colonel qui pénètre clandestinement chez la femme qu’il convoite, la dépouille de ses sous-vêtements dont il s’habille, la viole, filme la scène y compris ses supplications, et se retire tranquillement au sein de sa famille après l'avoir étranglée ? Et là encore, la nausée pourrait être limitée si l’on ne mentionnait pas les chiffres 82 et même 84 introductions par effraction ; et si le juge lui-même, secoué émotionnellement par le poids à la fois du nombre et de la sauvagerie de fauve du criminel, n’avait pas perdu tout contrôle au point d’être incapable de retenir ses larmes.
Il y a une relation de proportionnalité extrêmement dangereuse entre la position du criminel et l’intensité de la menace pour la société. Il fut un temps où, pour assouvir leur soif de sang ou de vengeance, dans les pays développés comme dans les sous-développés, l’alibi de prédilection des criminels haut placés était d’accuser leurs victimes ou potentiels victimes de communisme. Aujourd’hui, l’épouvantail peut être le terrorisme. Ne devrait-on pas soupçonner automatiquement des crimes dont ils couvrent leur potentielles victimes chacun de ceux qui, « cachés sous ce lin » d’un grade ou d’un uniforme, agitent l’étendard de la peur gratuite ? Que n’aurait pas fait un Russel Williams et tous ceux qui suivent son exemple, si par malheur, il n’était pas en condition d’éliminer rapidement un témoin oculaire d’un de ses crimes ? De quoi ne l’aurait-il pas accusé pour se camoufler ? La TARTUFFERIE n’a pas de frontière !
Quelques questions s’imposent cependant, lorsqu’une société se voit soumise dans l’intervalle de dix-sept ans à trois cas de l’ampleur de ceux qu’a vécu ce pays* - pour ne mentionner que les trois plus connus – l’on se demande COMBIEN de monstres de cette espèce sont dissimulés dans l’ombre en train de mijoter des crimes horribles, ou en ont déjà commis, contre des citoyens paisibles et ne seront jamais traduits devant la justice ? Voilà le danger auquel une société civilisé n’a pas intérêt à s’exposer inutilement ! Et la pire des calamités, c’est que les énergumènes de cette espèce, puissent utiliser les ressources de l’état pour soumettre ces mêmes citoyens (auxquels ils doivent leur salaire) à toutes sortes de chantage, d’intimidation (quand ils se laissent faire) et de violation de leurs droits. Cela s’appelle ajouter le cynisme à la dépravation. En faisant la somme des victimes de ces trois agresseurs (Paul Bernardo, Robert Pickton et Russel Williams), en supposant que nous les connaissions toutes, y aurait-il excès de jugement que de penser qu’« il y a plus de criminels tapis dans l’ombre de l’impunité qui courent les villes que de délinquants ordinaires » ?



• 1. Karla Homolka et Paul Bernardo, un jeune couple est arrêté en 1993 pour avoir violé et assassiné trois jeunes filles dont la petite sœur de Karla elle-même, Tammy de 15 ans, le 24 décembre 1990

• 2. Robert William Pickton, un boucher qui a assassiné 49 femmes (dont plusieurs prostitués) dans la ville de Vancouver et n’a été arrêté qu’en 2002


• 3. Le colonel Russel William, de 47 ans, qui a assassiné 2 femmes dont une ex-collègue militaire comme lui. 82 nouveaux chefs d’accusation ont été retenus contre lui.

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