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mardi 12 octobre 2010

Sans capitaux privés, pas de reconstruction: le FORH se lance dans la bataille

Charles Clermont est un des pionniers de l'aventure des banques commerciales haïtiennes de ces 25 dernières années (Sogebel, BCI aujourd'hui Capital Bank, Sogebank dont il fut le directeur général). Il est aussi un ancien professeur d'université, un de ces ingénieurs devenu banquier et depuis quelques années investisseur. Clermont a le bon parcours pour prendre le volant d'une nouvelle initiative. Au premier forum Québec-Haïti, à peine descendu d'avion d'une tournée en Europe, il a fait la présentation du Fonds d'Opportunité et du renouveau d'Haïti, le premier du genre qui espère lever des millions de dollars par centaines pour les mettre au service de la reconstruction via le secteur privé.

Haïti: Le Nouvelliste - Vous avez présenté un nouvel instrument financier au forum de Montréal. De quoi s'agit-il exactement et quel accueil a-t-il reçu?

Charles Clermont - Il s'agit du Fonds d'Opportunité et du renouveau d'Haïti (FORH). Le FORH est un fonds d'investissement en capital risque (Private Equity) destiné aux entreprises et projets ayant UNE LIAISON SUBSTANTIELLE avec Haïti.

Son but est d'identifier et d'investir dans des compagnies choisies afin de construire un portefeuille qui, à la fois, bénéficiera et propulsera la transformation de l'économie haïtienne.

Le FORH a été très bien accueilli par tous les acteurs de la Société Haïtienne auxquels il a été présenté jusqu'ici. Il a également reçu un accueil positif des Institutions Financières de Développement (IFD) auxquelles il a été présenté. L'accueil au 1er Forum des Affaires Québec-Haïti a été remarquable.

Le Nouvelliste - Qui sont les principaux acteurs du FORH ? Et qui seront les premiers servis ?

C.C - Les investisseurs sont le gouvernement haïtien, certaines sociétés financières de développement (SFD) telles que la SFI, le FMO de Hollande, EDC (Canada) avec lesquelles nous sommes en négociations, plus ou moins avancées.

Nous sommes en négociation aussi avec des Investisseurs Institutionnels internationaux.

Dans le 2e closing (le 1er étant de $150 millions US), nous créerons des véhicules d'investissement pour la diaspora et les amis d'Haïti aux USA, en République Dominicaine et au Canada.

Les investisseurs ont un statut de "Limited Partners".

Le FORH sera géré par un "General Partner" qui est le Portland Private Equity (PPE) avec un Bureau en Haïti et un Bureau en Barbade et un siège en Ontario, au Canada.

Le premier servi par le fonds sera la Société Financière Haïtienne de Développement S.A. SOFIHDES qui investira en fonds propres et en quasi-fonds propres dans les PME Haïtiennes. Seront étalement servis en priorité, des entreprises et projets déjà identifiés et qui cherchent un concours en capital supérieur à US $ 5 millions.
Le pipe-line de projets identifiés dépasse 1.5 milliard US .

Le Nouvelliste - A vous entendre parler avec aisance des millions de dollars nécessaires pour monter le fonds, on peut croire que c'est une bataille gagnée d'avance...

C.C - Ce n'est certainement pas une bataille gagnée d'avance.
C'est simplement une bataille que nous ne pouvons pas nous permettre de perdre, car sans capitaux privés pas de reconstruction.

Le Fonds a identifié $ 1.5 milliard US de projets. Leur financement suppose au moins 40% de fonds propres, soit US $ 600 millions. Les entreprises haïtiennes pourront probablement amener US $ 150 millions. La différence de $ 450 millions devra être amenée à partir d'une source extérieure aux entreprises. Cette source, ce sera le FORH.

Le Nouvelliste - Qu'en est-il dans les faits et en quoi ces millions seront utiles?

C.C - Nous sommes en train de lever les fonds. Le FORH est de $ 300 millions et, pour démarrer, il nous faut atteindre $150 millions US.

Nous avons des engagements de l'ordre de $ 100 millions. Il nous faut encore $ 50 millions US d'engagement en fonds propres (pas en prêt).

Le Nouvelliste - Qu'est-ce qui va changer avec l'arrivée de ce fonds dans le secteur financier haïtien ?

C.C - Pour la première fois, le secteur financier comprendra une institution entièrement destinée au capital risque (fonds propres et quasi- propres).

Plusieurs tentatives dans le passé ont échoué (j'ai participé à quelques-une d'entre elles). Cette fois-ci sera la bonne.

Ce fonds arrive à un moment où l'entreprise haïtienne, toutes dimensions confondues, a subi un choc terrible, avec des pertes d'actifs (immeubles, machinerie et équipements, stocks, factures irrécouvrables) de l'ordre de 6 à 7 milliards de dollars, qui représentent une perte nette de fonds propres.

La reprise du crédit et la reprise de la croissance supposent un mécanisme permettant de remplacer ces capitaux. Ce sera la fonction essentielle du FORH.

Le Nouvelliste - Quel bilan faites-vous de votre participation au forum de Montréal?

C.C - Bilan très positif. J'y ai rencontré des acteurs canadiens et haïtiens qui ont reçu l'initiative du FORH avec enthousiasme. Le forum a été un franc succès.

J'en félicite Nancy Roc et son équipe de Incas Production, à qui nous devons une reconnaissance d'avoir tenté et réussi un coup de maître.


Propos recueillis par Frantz Duval
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=84502&PubDate=2010-10-11

Commentaire
Des perspectives intéressantes! Quand des professionnels du secteur privé qui ont fait leur preuve se mêlent des initiatives où le gouvernement est impliqué, on se sent un peu plus optimiste, moins méfiant. D'ailleurs il s'agit à vue d'œil, d'investisseurs qui n'ont pas fait de plan pour s'éloigner du pays avec les ressources puisées sur le terrain. C'est un bon signe! Que se multiplient des tentatives du même genre pour le bien d'un pays dont le relèvement économique est une nécessité, une urgence humanitaire. Félicitations Nancy Roc!!

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