Tsunami : Haïti, pays à risques, mais pas de panique, dit Eric Calais
Convaincu que le niveau de risques est resté le même depuis le 12 janvier, le sismologue français souhaite une prise en charge des populations des régions côtières afin de minimiser le nombre des victimes en cas d’un nouveau séisme ; le directeur du bureau des mines et de l’énergie, le géologue Dieuseul Anglade, juge, lui, capital que le pays se dote d’un système d’alerte aux tsunamis
mardi 12 octobre 2010,
Radio Kiskeya
Neuf mois après la tragédie du 12 janvier, Eric Calais, qui conduit une mission scientifique d’un an en Haïti, a confirmé mardi les conclusions d’une récente étude américaine faisant état de risques de tsunami liés à de potentielles activités sismiques, mais le géophysicien français a tenu à mettre la population en garde contre toute tentation de céder à la panique.
Dans un entretien à Radio Kiskeya, accordé en compagnie de l’ingénieur Dieuseul Anglade, directeur du bureau des mines et de l’énergie, le professeur Calais souligne que l’article de la revue britannique Nature Geoscience révèle que la secousse de magnitude 7 de janvier était accompagnée de glissements de terrain et d’une série de petits raz-de-marée.
Les mouvements sous-marins enregistrés à cette occasion témoignent de la propension des secousses sismiques à engendrer des tsunamis en Haïti où l’une des failles identifiées se situe d’ailleurs sous la mer.
"C’est une menace qu’on avait un peu négligée, mais qui reste présente effectivement en Haïti", a fait remarquer le chercheur de l’université de Purdue, en Indiana, en rappelant que le puissant séisme de 1842 avait provoqué des tsunamis meurtriers au Cap-Haïtien (nord), à Port-de-Paix (nord-ouest) et à Fort-Liberté (nord-est).
Eric Calais, qui insiste sur la nécessité de réduire la taille des populations installées sur les côtes et d’entreprende une campagne d’éducation sur les risques sismiques, soutient qu’en cas de tremblement de terre les riverains devront s’éloigner très rapidement des zones côtières afin d’échapper à tout éventuel déferlement des vagues.
Cependant, le danger peut venir aussi bien des zones de faille locales que régionales, prévient l’expert français en affirmant, à titre d’exemple, qu’un tsunami qui se déclenche au large du Venezuela pourrait toucher des pays voisins comme Haïti, la République Dominicaine, la Jamaïque et Porto Rico.
"Le tremblement de terre déclenche un glissement de terrain et le glissement de terrain déclenche un tsunami", explique le géophysicien qui n’était pas en mesure de confirmer l’hypothèse d’un deuxième article publié dans Nature Geoscience selon laquelle plusieurs failles étaient entrées en activité le 12 janvier.
Il croit que le niveau de risques sismiques reste "élevé" en raison du fait que seule une partie de la faille de la presqu’île du sud aurait explosé sur une longueur de 30 km entre Grand-Goâve et Gressier (sud-ouest de Port-au-Prince). Les autres segments de cette faille sont probablement encore remplis d’énergies sismiques qui n’ont pas encore été libérées.
Abondant dans le même sens, l’ingénieur Dieuseul Anglade considère les mini-tsunamis qui s’étaient produits dans les régions de Petit-Goâve et de Léogâne (sud-ouest de la capitale) comme un indice révélateur du déclenchement possible de tsunamis favorisé par des paramètres géographiques et géologiques propres à notre pays.
Le directeur général du bureau des mines et de l’énergie en a profité pour appeler à la mise en place d’un "système d’alerte aux tsunamis" qui jouerait un rôle majeur dans l’anticipation des conséquences dévastatrices d’un séisme et l’évacuation précoce des populations concentrées dans les zones à risques.
Conduite par une équipe de chercheurs de l’université du Texas, l’étude parue dimanche dans la célèbre revue scientifique britannique Nature Geoscience conclut qu’Haïti, la Jamaïque et la Californie se trouvent dans un environnement potentiellement générateur de tsunamis.
Cette analyse très pointue représente l’une des nombreuses investigations sismologiques entreprises à travers notre pays par des scientifiques internationaux et locaux depuis le cataclysme du 12 janvier responsable de 300.000 morts et 300.000 blessés. spp/Radio Kiskeya
http://www.radiokiskeya.com/spip.php?article7124
Commentaire
Souhaitons que cette série d'études soit prise en considération afin que toute construction, dans le cadre de la reconstruction du pays, toute initiative liée à la repopulation d'une zone ou à l'implantation d'une communauté, tiennent compte de ces paramètres avant toute autre chose.
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