Nombre total de pages vues

mercredi 7 septembre 2011

Milot, une perle à mieux valoriser

Personne ne peut visiter Milot, l'une des communes du département du Nord, et repartir sans nourrir l'idée d'y retourner. A côté de l'hospitalité de ses 35 000 habitants, la commune abrite la citadelle La Ferrière, le palais Sans Soucis et l'hôpital Sacré-Coeur qui font sa renommée.
Haïti: Milot constitue pour Haïti une référence en matière de couverture végétale. Les mornes verdoyantes qui entourent le centre-ville, voire la commune, le protègent contre les cyclones et les inondations récurrentes qui ont frappé le pays ces dernières années. « La population participe à la protection de l'environnement », a répondu avec fierté le maire de Milot, Paul Telfort, quand on lui demande comment son administration arrive à garder la commune boisée.
Abritant la citadelle La ferrière et le palais Sans Soucis, Milot a tous les atouts pour être placé sur la carte touristique mondiale. « Grâce à cette héritage du roi Henri Christophe, la renommée de la commune dépasse les frontières d'Haïti, a souligné le maire Telfort. Des ressortissants de tous les pays viennent ici pour visiter la citadelle. » Il a par ailleurs rappelé que Milot avait reçu la visite des anciens présidents Bill Clinton et Léopold Sédar Senghor.
Cogéré par l'ISPAN et la mairie, le parc historique et touristique de Milot rapporte peu sur le plan financier. Comme partout dans le pays, les jeunes de la zone passent la majorité de leur temps à jouer aux cartes, au domino ou à blaguer. Il existe très peu de différence entre les jours fériés et les jours de travail. Le parc historique et touristique, les quelques institutions publiques et l'hôpital Sacré-Coeur sont les rares pourvoyeurs d'emplois dans la commune.
Pourtant, les fils et filles de Milot pourraient gagner leur vie dignement à partir du tourisme. En visitant la citadelle et le palais Sans Soucis, on se demande ce qui a été fait pour attirer les touristes étrangers, voire les Haïtiens de la diaspora. Jusqu'à la semaine écoulée, le cahier où est inscrit le nom des visiteurs au parc touristique de Milot pendant les vacances d'été n'avait que quelques pages de remplies. Et la plupart des visiteurs sont des écoliers venant du département du Nord. « Des fois, on passe une journée sans recevoir aucun touriste », a déclaré un jeune homme dans la trentaine rencontré au bureau d'accueil du site.
Les touristes qui choisissent de visiter la citadelle et le palais Sans Soucis repartent souvent émerveillés et satisfaits, mais sans trouver des offres pour vider leurs poches. Le parc historique, voire la commune de Milot, ne dispose pas de musée, ni de restaurant, ni de galerie d'art pouvant porter les touristes à mettre la main à la poche. Après avoir payé les frais de visite (5 dollars pour les étrangers et 25 gourdes pour les Haïtiens), le visiteur a le choix de payer un guide, louer un cheval ou une motocyclette pour se rendre à la citadelle. Et sur la route, il n'y a que des marchands en ordre dispersés qui offrent des produits artisanaux ou des fruits aux touristes. Un recueil de poèmes sur la citadelle et un poster sont les seuls produits disponibles sur les lieux. « Il est un fait que Milot n'exploite pas assez la citadelle La Ferrière », estime Monsabel Telfort, un entrepreneur de Milot. Il compte inaugurer bientôt un supermarché et un hôtel dans la commune qui l'a vu naître. Conscient du manque d'infrastructures qui caractérise la zone, M. Telfort dit vouloir s'engager à travailler avec d'autres professionnels natifs de Milot en vue d'aider à son développement.
Parallèlement au manque d'infrastructures, on constate que Milot perd peu à peu de sa beauté. Au su et vu des autorités communales, les gens remplacent les anciennes maisons de style colonial par des masses de béton.
L'hôpital Sacré-Coeur, l'âme de Milot
A côté du parc historique et touristique, l'hôpital Sacré-Coeur, fondé en 1986, constitue la plus importante institution à Milot. « Cette institution sanitaire représente l'âme de Milot du point de vue économique, social et communautaire », a commenté son directeur, le Dr Bernès E. Chalumeau. A part les soins de base (une clinique externe, les services de maternité complète, des soins en pédiatrie et un laboratoire complet), l'hôpital fournit aussi des soins spécialisés dans plusieurs domaines, notamment en chirurgie orthopédique et urologie. Et dans les prochains mois, la direction de l'hôpital compte rouvrir sa clinique cardio-vasculaire.
Même si l'institution est basée dans la commune de Milot, 75% de ses patients viennent d'ailleurs, surtout du Cap. Les 16 médecins de service, souvent avec l'aide de volontaires américains, auscultent jusqu'à 400 patients par jour. Avec trois salles d'opération, l'hôpital réalise quelque 3 000 interventions chirurgicales par an. Et le nombre de patients pris en charge annuellement oscillent entre 50 000 et 60 000.
Grâce aux subventions de la Fondation Crudem basée à Massachusetts aux Etats-Unis, l'hôpital Sacré-Coeur, institution privée à but non lucratif, fournit des soins de qualité à un prix abordable. « Notre objectif, c'est d'offrir des soins de qualité en partie envers les plus pauvres », a précisé le Dr Chalumeau. Il a par ailleurs ajouté que les prix sont non seulement abordables, mais ausi que le malade peut décider de payer lors de son admission ou après l'exeat.
L'hôpital entretient de bons rapports avec le ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP). Sur les 312 employés de l'institution, 10 sont nommés et payés par l'Etat haïtien. De plus, l'hôpital reçoit des résidents en service social et fournit un rapport mensuel au MSPP sur son fonctionnement.
Après le séisme du 12 janvier 2010, l'hôpital Sacré-Coeur avait ouvert ses portes aux victimes. 618 sur les 1200 blessés admis ont été opérés avec l'aide de volontaires étrangers.
Qu'en est-il des sections communales ?
Si Milot est bien côté dans le domaine de la santé, tel n'est pas le cas pour ce qui concerne l'éducation. Selon le maire Paul Telfort, la commune dispose de plusieurs écoles privées et publiques arrivant jusqu'à la philo. La tourmente commence souvent après les études classiques. Il n'existe pour toutes les sections qu'une école normale d'instituteurs et d'une école professionnelle. Les jeunes voulant entrer à l'université sont contraints de se rendre au Cap-Haïtien, à Port-au-Prince ou en République dominicaine. « Pourtant sous le règne du roi Henri Christophe, Milot disposait d'une école de médecine, d'une académie militaire et d'une école des beaux-arts », a souligné le premier citoyen de la commune.
Même si Milot fait face à certains problèmes, notamment dans le domaine des infrastructures, ses habitants ou du moins ceux qui habitent le centre-ville n'ont pas trop à se plaindre. « La situation est différente dans les sections communales, a fait savoir le maire. Le manque d'infrastructures y est criant dans tous les domaines ».
Le passage du président Michel Martelly à Milot pendant la semaine touristique donne beaucoup d'espoirs à la population, surtout aux jeunes. Ils croient que leur commune va pouvoir tirer bientôt de grands profits de ses sites touristiques.


Jean Pharès Jérôme
pjerome@lenouvelliste.com

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=96797&PubDate=2011-09-06

Commentaire
Comme Milot, plusieurs villes haïtiennes ont besoin d’être munies des infrastructures nécessaires à une vie moderne. D'abord parce que leurs populations le méritent, mais aussi pour pouvoir s'ouvrir au reste du pays et même à l’étranger. L'isolement ne paie plus. Malheureusement que cette réalité ne semble pas comprise par les autorités haïtiennes!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire