Nombre total de pages vues

jeudi 22 septembre 2011

Haïti allié d'Israël, sera-t-elle aux côtés de la Palestine ?

La position officielle d'Haïti n'est pas encore connue dans le dossier de la Palestine. En attendant, le Sénat de la République, dans une résolution adoptée mardi soir, a invité l'Exécutif à embrasser la cause de l'ennemi juré d'Israël qui veut devenir un Etat indépendant et souverain.
Haïti: L'idée de la résolution sur la Palestine est venue du premier sénateur de la Grand'Anse, le pasteur Andris Riché. Seul le sénateur Wencesclass Lambert, au moment des discussions sur la résolution lue par le sénateur Anick Joseph, a invité l'Assemblée à la prudence compte tenu de l'opposition des États-Unis à la création de l'État palestinien. Ses collègues, notamment Anick Joseph, ont trouvé mille et une raisons pour lui montrer le bon côté de la décision. « Je vais faire abstention », a lancé le sénateur Lambert, comme pour dire qu'il n'est pas convaincu.
Le Sénat, dans sa résolution, dit appuyer la création d'un État palestinien indépendant et souverain. Les parlementaires invitent l'Exécutif à donner l'ordre à son représentant aux Nations unies de voter en faveur de la Palestine. Ce vote, d'après les parlementaires, fera honneur à Haïti qui, en deux fois, a joué un rôle décisif durant ces assises, en apportant son plein soutien à la création de l'État d'Israël et de la Libye.
La résolution du Sénat ne laisse pas indifférents certains spécialistes du droit international. « Cette résolution du Sénat est une bonne initiative », juge Kurdy Larèche, spécialiste en droit international. Il a par ailleurs précisé que l'Exécutif n'est pas lié par la résolution du Sénat. « Seul l'Exécutif, d'après la Constitution, est chargé de définir la politique extérieure du pays », a-t-il souligné.
Pour Me Camille Édouard Jr, professeur de droit international public, la résolution du Sénat est destinée à la consommation locale. De ce fait, elle n'a aucun effet sur le plan international. Même si la résolution n'engage que ceux qui l'ont votée, Me Édouard croit que l'Exécutif doit la prendre en compte dans le cadre des réflexions sur le dossier de la Palestine. « Il revient cependant à l'Exécutif de prendre la dernière décision », a-t-il déclaré.
Et si Haïti vote en faveur de la Palestine
En novembre 1949, Haïti, par le biais de son ambassadeur accrédité à l'ONU, Émile St-Lot, figurait parmi les 33 derniers pays à voter en faveur de la création de l'État d'Israël. Malgré ses multiples problèmes, Haïti - pays membre de plusieurs organisations internationales; a toujours une présence remarquable aux assises internationales. Haïti doit aujourd'hui choisir entre l'État hébreu et la Palestine, l'ennemi d'Israël de toujours. « On ne peut pas être pour Israël et pour la Palestine en même temps », a indiqué Kurdy Larèche, invitant les autorités haïtiennes à bien réfléchir avant de se fixer. Il estime par ailleurs qu'Haïti doit s'attendre à des conséquences sur le plan diplomatique s'il s'arrange aux côtés de la Palestine. « Surtout que les États-Unis, notre plus grand bailleur de fonds, sont contre la création de l'État palestinien », a-t-il ajouté.
Interrogé sur les incidences d'un éventuel vote d'Haïti en faveur de la Palestine, Me Camille Édouard Jr s'est gardé de se prononcer. « Je me garde de dire si Haïti à l'intérêt ou non de se lancer dans une telle aventure », a-t-il répondu.
Un peu d'histoire
En 1947, les Nations unies votent la séparation de la Palestine, alors sous mandat britannique, en deux États, l'un Arabe et l'autre Juif, avec une zone internationale autour de Jérusalem (Résolution 181). Un partage en deux entités qui ne sera jamais concrétisé : lorsque Israël proclame son « indépendance » le 14 mai 1948, ses voisins arabes la rejettent et entrent en guerre contre le nouvel Etat. A la fin du conflit, Israël occupe 77% du territoire de la Palestine. Ce n'est que 40 années plus tard, soit le 15 novembre 1988, que les Palestiniens décident de déclarer « unilatéralement » leur indépendance.
Et dans une déclaration politique qui l'accompagne, les Palestiniens ont accepté de négocier sur la base des résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité de l'ONU, appelant au retrait israélien des territoires occupés en 1967. Ils admettent de ce fait explicitement pour la première fois le partage de la Palestine et donc la perspective de « deux États », palestinien et israélien, vivant côte à côte. À la suite de cette déclaration, plus d'une centaine d'États dans le monde ont reconnu l'État palestinien.
Une reconnaissance inacceptable
Pour les Israéliens, la reconnaissance unilatérale de l'État palestinien à l'ONU n'est pas une option acceptable. Elle constitue pour eux une violation des Accords d'Oslo. Les Israéliens, qui redoutent qu'un accès aux organisations internationales telles que la Cour pénale internationale (CPI) soit donné aux palestiniens avant le règlement du conflit, s'opposent avec force arguments à la démarche palestinienne. A cet effet, le vice-ministre israélien des Affaires étrangères, Danny Ayalon, a ainsi prévenu à la radio publique israélienne qu'une demande d'adhésion d'un État de Palestine à l'ONU "signifierait l'annulation de tous les accords, libérerait Israël de tous ses engagements et les palestiniens en porteraient l'entière responsabilité".
Les Israéliens soulignent en outre que "l'Autorité palestinienne ne répond pas à un critère de base définissant la souveraineté d'un État car elle ne contrôle pas l'ensemble de son territoire, Gaza, étant administré par le Hamas". Ils affirment par ailleurs que reconnaître un État palestinien fondé sur la réconciliation entre le Fatah et le Hamas "constituerait dans les faits la reconnaissance par l'ONU d'une organisation terroriste".
Débat sur la reconnaissance d'un État palestinien à l'ONU
Selon la grande presse, les pressions internationales s'intensifiaient mardi sur les palestiniens à New York, où sont arrivés plusieurs chefs d'État, dans l'espoir d'éviter une confrontation sur la demande d'adhésion d'un État palestinien à la 66e Assemblée générale de l'ONU. Intervenant à cette assemblée, le président français, Nicolas Sarkozy, a dans son discours demandé à l'Assemblée générale de «se mettre à la place d'Israël» et de comprendre que l'État juif recherche des «garanties» solides pour sa sécurité. Il a aussi réaffirmé l'engagement de la France envers la sécurité des Israéliens.
Mais il a exhorté les Israéliens à faire leur part du chemin. «Écoutez ce que criait la jeunesse des printemps arabes», a-t-il lancé: «Ils criaient 'Vive la liberté!', ils ne criaient pas 'A bas Israël !'. Vous ne pouvez pas rester immobiles alors que ce vent de liberté et de démocratie souffle dans votre région». Nicolas Sarkozy, qui s'est entretenu, mardi à New York, avec le président palestinien Mahmoud Abbas, s'efforce de relancer le processus de paix israélo-palestinien. Il rencontrera mercredi le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou en marge de cette grande rencontre internationale.

Un peu plus tôt, à la tribune, le président américain, Barack Obama a lui aussi appelé à la reprise des négociations directes entre Israël et l'autorité palestinienne, contrairement à son long discours de politique étrangère, prononcé il y a de cela un an dans lequel il rappelait la nécessité de voir se côtoyer « deux États pour deux peuples » (l'Israël et la Palestine) ainsi que de négocier les frontières "sur la base de celles de 1967".

« Une paix véritable ne peut être obtenue qu'entre les Israéliens et les Palestiniens eux-mêmes», a déclaré Obama. «Je suis convaincu qu'il n'existe pas de raccourci à la fin d'un conflit qui persiste depuis des décennies. La paix ne viendra pas de déclarations et de résolutions à l'ONU. Si c'était aussi facile, cela aurait déjà eu lieu à l'heure actuelle», a-t-il ajouté, rejetant une nouvelle fois la démarche des palestiniens, rapporte Le Figaro et d'autres médias internationaux. Le président américain s'exprimait juste avant un entretien avec le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou. Il doit aussi rencontrer son homologue palestinien, Mahmoud Abbas.

Par contre, le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a déclaré à des journalistes à New York qu'un vote au Conseil de sécurité sur la demande des palestiniens d'admission à l'ONU n'interviendra pas avant "plusieurs semaines", ce qui donnera le temps d'éviter une confrontation diplomatique," alors que les palestiniens s'apprêtent à présenter vendredi leur demande d'admission d'un État de Palestine à l'ONU.

En définitive, il faut rappeler que le vote du sénateur Emile St-Lot pour l'existence de La Lybie a été exprimé, contre l'avis du président haïtien d'alors, Dumarsais Estimé. En marge de la 66e Assemblée générale de l'ONU, le Sénat de la République d'Haïti a adopté mardi soir, une résolution exhortant l'Exécutif à soutenir la volonté de la Palestine qui veut devenir un Etat indépendant et souverain. Qu'en est-il de la position du président haïtien Michel Joseph Martelly et l'ambassadeur d'Haïti accrédité à l'ONU à ce sujet sensible ?



La Palestine est constituée de la Cisjordanie et la bande de Gaza qui couvrent une surface totale de 6 020 km2 (Cisjordanie -5 655 km2 / Gaza - 362 km2). Selon les données palestiniennes, environ 4,1 millions de personnes vivent dans l'entité palestinienne : 2,5 millions en Cisjordanie, dont 270 000 à Jérusalem-Est, 1,6 million dans la bande de Gaza. Plus de 300 000 colons israéliens sont établis en Cisjordanie, sans compter 200 000 Israéliens, habitants de Jérusalem-Est. Les palestiniens ont toujours affirmé vouloir faire de Jérusalem-Est la capitale de leur futur État. L'autorité palestinienne est basée à Ramallah, en Cisjordanie depuis qu'elle a été chassée de Gaza par le mouvement islamiste Hamas.

Jean Pharès Jérôme
pjerome@lenouvelliste.com
Amos Cincir
mcincir@lenouvelliste.com

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=97430&PubDate=2011-09-21

Commentaire
Nicolas Sarkozy, voilà un homme qui, tout en étant fidèle à la politique étrangère traditionnelle de la France, favorable à Israël, a su se démarquer de ceux qui croient que les Palestiniens ne méritent pas eux aussi une patrie!
Comme c'est désormais une mode de critiquer à tort et à travers le président français, espérons que ses contempteurs sauront lui reconnaître la sagesse qui a caractérisé sa dernière prise de position. En tout cas, c'est le signe d'une politique intelligente. Celle de Barak Obama, sans cesser d’être compréhensible, compte tenu de sa grande proximité avec les Israéliens, ne manque pas de décevoir un peu. C'est ce qui explique que plus d'un analyste estiment que désormais, les Etats-Unis s'isole et risque de ne pas avoir d'alliés sûrs pour un certain nombre de dossiers brûlants. L'un des plus délicats actuellement étant la situation libyenne mais aussi, de manière plus délicate encore, le cas de la Syrie.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire