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mercredi 6 juin 2012

La déforestation haïtienne ou de la nullité des politiques environnementales irrationnelles


Depuis des temps immémoriaux, c'est-à-dire depuis l’indépendance du pays en 1804, les agronomes, les arpenteurs, les notaires, tous ceux qui ont quelque chose à voir avec l’environnement, font semblant de s’alarmer (cela aussi fait partie des trucs qui justifient leur salaire) face à la destruction massive de la couche végétale. Ils vous tiennent tous le même langage. La couche végétale, estimée à 60% dans les années 20 n’en est qu’à un maigre 2 %, aujourd’hui. S’il est vrai que cet « aujourd’hui » a commencé ça fait plusieurs années, le mythe des années 20 n’est pas plus crédible. Pourquoi ? La réponse est simple. Ils ne font aucune étude sérieuse sur le sujet. La preuve ? Il n’y a jamais de conclusion claire encore moins de mesures concrètes à adopter pour renverser la tendance. Dans le cas d’un problème de cette gravité, non seulement les solutions existent, mais nous avons des exemples probants à côté, chez nos frères dominicains. Est-ce que dans notre fierté de « peuple libre », notion franchement douteuse en Haïti, sauf pour les défenseurs acharnés du statu quo, imiter les bons exemples est un signe de faiblesse ? Je ne suis pas en train de dire que la République dominicaine, pays sous-développé comme Haïti (moins qu’Haïti), n’ait pas de problèmes. Mais il y a bien des domaines dans lesquels elle se situe à des années-lumière d’Haïti. Alors pourquoi nous enfermer dans notre tour de paille et de fer-blanc, plutôt que d’apprendre de leur expérience ? Qu’ont-ils fait pour résoudre le problème, ou tout au moins, pour en contrôler le rythme et les méfaits ? Ce que tout pays qui se respecte fait. Ils ont banni l’usage domestique du charbon de bois, la coupe, l’exportation illégale sont punies par la loi. Des personnages connus de ce pays ont fait l’expérience de la prison pour n’avoir pas obtempéré à ces exigences légales. Mais rédiger une loi, la faire voter et interdire aux citoyens de ne pas y contrevenir, c’est divaguer si rien n’est fait pour en rendre l’application possible, logique. N’est-ce pas en cela que consiste la clarté d’une norme, quelle qu’elle soit ? Et celui qui a initié cette modernisation, l’industrialisation pure et simple - puisqu’il faut appeler les choses par leur nom - de ce pays hispanophone, s’appelle Rafael Leonidas Trujillo Molina. Un dictateur. La multiplication des « distribuidoras» commerce de vente de produits électroménagers (fours, laveuses, sécheuses) mais aussi  des fours à gaz, sur les 48 000 kilomètres carrés de tout le territoire en atteste indiscutablement. Un système de crédit rendu rationnel par la création d’emploi, l’implantation d’usines, les travaux d’infrastructure (routes, écoles, barrages, etc), tout contribuait à rendre les décisions officielles, faciles à respecter en plus de dynamiser l'économie. Tandis qu’en Haïti, des faux-monnayeurs, je m’excuse, des patripoches, des magouilleurs de toutes les couleurs vociféraient leur patriotisme aux quatre coins du monde en ayant les pieds sur le coup de la population, le dictateur d’à côté, travaillait à la modernisation de son propre pays. La radio, la télévision, la culture rationnelle de la canne à sucre (principale source des recettes de l'état jusqu'à tout récemment), bien avant le tourisme, la multiplication des bâtiments pour loger à loyer modéré les citoyens qui ont vu leur niveau de vie progresser, tout cela rendait cette dictature potable (paradoxe ?) aux yeux de ces habitants non encore éduqués. Est-ce par hasard qu’aujourd’hui encore, au sein de cette même population, mais plus éduquée et vivant en démocratie, dire du mal de Trujillo en République dominicaine reste dangereux ? Non ! Les parents et les grands-parents influencent aussi les enfants. Il n’y a pas que l’école, l’université et les maitres qui le fassent.
- Mais un dictateur est un dictateur, dira le sceptique haïtien qui n’a jamais voyagé ou l’a déjà fait, et surtout, plusieurs fois, a même vécu des décennies à l’étranger sans rien avoir appris, sans rien retenir de positif de tout ce qu’il a vu.

Un dictateur est un dictateur ? Bien sûr ! Mais il y a des dictatures qui valent mieux que certaines démocraties. En tout cas, nous pouvons défier quiconque nous démontre, sans nous insulter, sans agressivité, qu’Haïti ait jamais vécu en démocratie, dans le vrai sens du mot. Les sept premiers mois d’Aristide ? Les deux gouvernements de Préval ? Le gouvernement haïtien actuel ? Oser comparer la dictature cubaine à la démocratie jamaïcaine, haïtienne, ou même dominicaine, c’est montrer qu’on est de mauvaise foi. C’est le signe le plus lamentable qu’on n’a rien compris à cet étrange phénomène qui s’appelle « propagande creuse », ce lavage de cerveau si efficace dans les sociétés où l’éducation est absente, ne trompe personne quand le pain de l’information (comme on dit le pain de l’instruction) réussi à pénétrer dans les foyers. En effet, a-t-on besoin d’être un politologue, un historien ou un sociologue pour comprendre que Cuba, après un demi-siècle d’embargo et on ne sait plus combien d’attentats infructueux contre ses dirigeants, fournit des médecins, des professeurs, des spécialistes de l’environnement, à n’importe quel pays de l’Amérique latine après en avoir fait autant dans plusieurs pays de l’Afrique dans les années 60 ? Aujourd’hui encore, Haïti qui a formé des générations de médecins, obligés de s’expatrier pour survivre, reçoit des centaines de médecins de ce pays communiste. Les chefs d’état, et non seulement ceux d’Haïti, y vont régulièrement se faire soigner. Le Venezuela, pays démocratique et producteur de pétrole (plus de 2 000 000 de barils par jour), fournit de ce  précieux liquide à « ces communistes cubains » en échange de leurs spécialistes surnuméraires si nécessaires pour pallier au manque local dans le domaine déjà mentionné, mais aussi dans beaucoup d’autres. A-t-on vu le mode de vie (modeste, mais...) des Cubains, a-t-on contemplé leurs montagnes, leurs collines qui ceinturent la capitale ? A-t-on respiré l’air pur qui circule sous toutes les latitudes dans ce pays, même quand la chaleur y est insupportable, pour comprendre jusqu’à quel point l’environnement durable n’y est pas une simple mode ?

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