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jeudi 21 juin 2012

L’infantilisation d’Haïti par François Hollande?

Le président français, M. François Hollande, aurait demandé au nouveau président dominicain, M. Danilo Medina, de maintenir son appui au processus de la reconstruction d’Haïti jusqu’au terme de son mandat. Après le tremblement de terre qui a dévasté ce pays francophone, la République dominicaine a été, faut-il le rappeler, le premier partenaire à offrir son aide. Les autres ne sont arrivés qu’après. Une telle promptitude dans la réponse du voisin hispanophone face à ce désastre naturel, ne pouvait être qualifiée que de noble. L’ampleur des dégâts exigeait des mesures importantes et urgentes. Une Commission Intérimaire de la Reconstruction d’Haïti, co-présidée par Bill Clinton et le premier ministre haïtien Jean-Max Bellerive, a été mise sur pied. Et, fait remarquable, ce n’est pas René Préval, c’est le gouvernement dominicain de Leonel Fernandez, qui a donné le ton en organisant, le 2 juin 2010, une conférence internationale sur la reconstruction d’Haïti.  Cette rencontre, réalisée dans le cadre paradisiaque de Punta Cana, référence obligé du tourisme caribéen, réunissait des représentants d’une cinquantaine de pays. Les organisateurs dominicains qui n’ont pas omis d’inviter les deux co-présidents de la Commission Intérimaire de la Reconstruction d’Haïti, en ont profité pour rappeler le droit sacré de la République dominicaine à prendre part à cette reconstruction. Ainsi fut donné, pour ainsi dire, le coup d’envoi du processus de vassalisation d’Haïti par le gouvernement dominicain. Notamment dans l’attribution des contrats. C’était un premier choc, direz-vous. Mais le vrai paradoxe, c’es que René Préval et Jean-Max Bellerive, son premier ministre, au mépris de la souveraineté d’Haïti,  se sont engagés personnellement à aller dans le sens des exigences du gouvernement du pays voisin. A peine initiés les débours des fonds de la dite reconstruction, Messieurs René Préval et Jean-Max Bellerive ont octroyé des contrats à trois firmes dominicaines appartenant à un même propriétaire Félix Ramon Bautista. Ces contrats, sans appel d’offres, s’élèvent à près de 400 millions de dollars. Le bénéficiaire, qui est le sénateur de San Juan de la Maguana, dans le sud du pays hispanophone, est aussi membre de la direction du parti au pouvoir. Le PLD, de l’ex- président Leonel Fernandez et de l’actuel président Danilo Medina. Avant même la réalisation des premiers travaux d’infrastructure payés par Haïti, une fondation dominicaine, création de M. Leonel Fernandez fit don à Haïti d’une université, à Limonade, dans le Nord du pays, d’une valeur de 30 millions de dollars. Rappelons rapidement que la République dominicaine, au même titre qu’Haïti, est un pays sous-développé. Le seul inconvénient, c’est que l’université n’a même pas encore commencé à fonctionner, que nous apprenons par la journaliste dominicaine Nuria Piera, preuves à l’appui (c'est-à-dire copies de chèques, signatures, etc.), que le contrat de  presque 400 millions de dollars n’est pas aussi transparent que l’on serait tenté de le croire. Derrière ce titre de  rien du tout, se cacherait une immense fraude orchestrée aux dépens du peuple affamée d’Haïti. Les deux derniers gouvernements haïtiens dont l’actuel et les deux derniers gouvernements dominicains dont celui du président Danilo Medina, mentionné par le président français, sont impliqués dans cette fraude multimillionnaire liée à la reconstruction d’Haïti. Danilo Medina n’occupe le pouvoir que depuis deux mois en République dominicaine. Sa campagne électorale a été financée à hauteur de deux millions de dollars par les compagnies de Félix Ramon Bautista, l’homme aux contrats de construction sans appel d’offres, dont certaines compagnies ont été créées en 2010, après le tremblement de terre. C’est donc à ce nouveau président, M. Danilo Medina, que s’adresse le chef d’Etat français, François Hollande, en lui demandant de continuer à appuyer la reconstruction d’Haïti jusqu'à la fin de son mandat. Cela nous force donc inévitablement à poser deux questions :
-          Qui a dit au président français que les membres de l’actuel gouvernement dominicain - et nous ne parlons pas du peuple -  avaient intérêt à contribuer positivement à la reconstruction d’Haïti ? 

-          Qui lui a fait accroire que les gouvernements du PLD aidaient et continueraient d’aider leur voisin francophone ? Haïti, ce pays dévasté, plongé jusqu’au cou dans les décombres de la destruction, et de la corruption,  n’est qu’une immense proie, un gâteau dont chacun veut avoir sa portion.
Monsieur Hollande n’avait qu’à consulter le correspond du journal Le Monde pour Haïti et la République dominicaine, M. Jean-Michel Carois. Ce dernier affligé par l’ampleur du scandale, puisqu’il réside en République dominicaine où l’affaire a éclaté, avait prédit, dans une entrevue accordée à Acento, une véritable tempête politique en Haïti. Ce phénomène, qui aurait été inévitable dans n’importe quel autre pays au monde, n’a pas été (malheureusement pour Haïti !) la réponse à la prédiction de ce journaliste. C’est dire jusqu'à quel point ce pays a perdu sa sensibilité face aux atteintes portées à sa souveraineté. Ce ne sont donc pas seulement les infrastructures du pays, c’est toute une mentalité, toute une culture, qu’il faudra reconstruire en Haïti.

Le mythe des 6 milliards de la reconstruction d’Haïti

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