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vendredi 16 juillet 2010

Jason, maire amer

Le maire de Port-au-Prince, Jean Yves Jason, a fait d'amers reproches au président René Préval et aux ONG qui maintiennent les collectivités territoriales à l'écart du processus de reconstruction des villes terrassées par le violent séisme du 12 janvier dernier. Le premier édile de la capitale dit constater une peur des maires et vide son sac, au lendemain de l'annonce du lancement de la phase de reconstruction de la capitale par le chef de l'État.
Haïti: L'administration communale de Port-au-Prince a été toujours mise à l'écart dans les différentes entreprises de l'Exécutif dans le processus de reconstruction, s'est plaint, mardi, Jean Yves Jason qui a convoqué une conférence de presse au lendemain d'une cérémonie au palais présidentiel. « En six mois de crise, j'ai rencontré que deux fois le chef de l'État. Et c'est moi qui avais sollicité les rencontres », a expliqué le maire un tantinet inquiet de l'avenir de la capitale. La ville capitale, selon des chiffres cités par son édile, est détruite à 75%. « Il ne peut y avoir de reconstruction sans schéma directeur », soutient Jason qui risque de boucler son mandat - du moins son premier -, sans hôtel de ville. Le bâtiment symbole de la mairie, abandonné au centre-ville, est réduit en poussière et l'annexe installé dans le quartier de Canapé-Vert n'a pas, non plus, résisté au tremblement de terre.
Jean Yves Jason souvent invité à des conférences et réunions internationales, voit dans la reconstruction une chance pour sa capitale en ruine. « Port-au-Prince était quand même dans une situation très déplorable. Nous avons pleuré nos morts. La ville a été détruite à 75 %, ce qui offre une chance quand on considère le travail qui a été fait dans d'autres villes frappées par des tremblements de terre », a-t-il confié à Le Devoir. De ces tournées en Europe, particulièrement en France, le maire dit avoir mobilisé 1,5 million d'euros de la ville de Paris pour refaire le Champ de Mars, la principale place du pays transformée en camps de réfugiés. Le maire a, entre autres, déploré le fait que 85 % des services de la capitale sont assurés par l'État central, et que le Champ de Mars est occupé. En conséquence, son administration ne peut pas rendre ce financement disponible pour servir la population. « Cette somme, dit-il, est disponible à Paris. Parce que nous en sommes à la phase de faire exister les mairies haïtiennes. L'une des réalités mises en lumière par le tremblement de terre, c'est que l'État central ne prend pas en compte ce que dit la loi en ce qui concerne les démarches à faire pour que les mairies puissent prendre leurs villes en charge. »
Un savon aux ONG
Le maire, dégoûté, a aussi déploré le nombre d'ONG qui fonctionne aussi dans sa ville. « À Port-au-Prince, dit-il, plus d'une centaine d'ONG sont en fonctionnement, mais elles sont toujours réticentes à informer sur leurs actions et à laisser la mairie les accompagner. Seulement une vingtaine d'entre elles acceptent de travailler de façon soutenue avec la mairie. Celles qui gèrent le programme de ramassage de débris " argent contre travail ", le font n'importe comment et nous ne sommes pas informés de l'endroit où elles vont les déposer ».
Le maire n'est pas le seul à se plaindre de la méthode cavalière des organisations humanitaires, le président aussi. René Préval a ainsi souhaité lundi la collaboration des humanitaires dans le processus de reconstruction qui peine à s'amorcer. Ce n'est pas le ministère de Travaux publics ni le Centre national des équipements (CNE) qui rendront le maire moins amer lorsqu'il évoque les problèmes de coordination. « Ils ne nous informent d'aucun plan de ramassage et les débris sont jetés n'importe où, particulièrement dans les ravins, se désole Jason. Cette situation, estime-t-il, est symptomatique du statu quo, où on constate une peur des maires, des collectivités territoriales, qui doivent prendre des responsabilités et offrir des services de qualité à la population. »
Claude Gilles

1 commentaire:

  1. Et si les ONG avaient interet a ce que les choses ne s`organisent jamais afin d`avoir toujours cyniquement une clientele pour poursuivre ce qui est plus une profession qu`un travail desinteresse destine a aider les gens a devenir independants, autonomes, a se passer des ONG elles-memes? Pourquoi les premier travail d`une ONG une fois qu`elle arrive sur le terrain c`est d`etre contre l`autorite locale, de la discrediter, de travailler independamment, sans controle? On ne va pas feindre ignorer que dans la majorite des cas, l`autorite locale est corrompue, inefficiente, mediocre... mais...les ONG veulent-elles reellement que les gens sortent de la misere? Ce serait terrible si elles n`etaient la que pour illustrer la constation de Malraux ``il n`y a pas de heros sans auditoire``.

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