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mardi 29 mai 2012

Comment forcer les gens à s’engluer avec résignation dans la misère ?

Le gouvernement haïtien vient de lancer deux programmes d’aide aux familles pauvres, selon les nouvelles diffusées par les medias haïtiens avec jubilation. « Ti manman chéri » et la « Carte Rose coumbite solidarité ». Dans le premier cas, il s’agit d’octroyer une aide allant de 400 à 800 gourdes à des mères de famille résidant dans des bidonvilles. Cette initiative, qui projette d’atteindre 100 000 personnes d’ici le mois de décembre 2012, favoriserait les parents qui envoient leurs enfants à l’école. Si un enfant étudie, la famille recevra 400 gourdes. Deux enfants impliqueraient un débours de 600 gourdes et trois enfants 800. Quatre quartiers de la région métropolitaine en bénéficieront dans l’immédiat. Dans le deuxième cas, la Carte Rose, un programme destiné à fournir des services de santé à 400 travailleurs a été mis sur pied. L’accès à ces nouveaux services est tout à fait provisoire car il ne durera qu’un an, après quoi les gens auront à débourser un certain pourcentage des dépenses. Les deux mesures ont reçu l’assistance respective des fonds de Petro caribe (15 millions de dollars) et de la Croix-Rouge française. Les deux programmes inaugurés dimanche et lundi derniers par l’actuel premier ministre Laurent Lamothe (le premier) et par M. Michel Martelly (le deuxième), semblent promettre d’alléger les peines de quelques familles. C’est mieux que rien ! On peut cependant se demander qui surveillera l’application de ces programmes quand le clientélisme, le népotisme tenteront, de manière inéluctable, de s’imposer comme dans tout ce qui se fait en Haïti ? Cet argent de Petro caribe représente un prêt doté de conditions de paiement préférentielles. Ce n’est pas un don. Il dérive du coût du pétrole acheté au Venezuela dont le président Hugo Chavez veut ainsi aider plusieurs pays caribéens. 40% du prix de l’achat sont payables immédiatement et le solde de 60% s’étale sur une durée de 25 ans au taux de 1% d’intérêt. Le pays économise environ 100 millions de dollars l’an grâce à ce paiement différé. Cette décision vénézuélienne inspirée de la révolution dite bolivarienne de Chavez, n’a pas toujours produit des résultats positifs en Haïti, l’un des pays les plus corrompus de la planète. Plus d’un scandale y ont été associés pendant le gouvernement antérieur de René Préval. Par ailleurs, que le premier ministre parle de cette activité comme d'un « programme révolutionnaire » en matière de lutte contre l’extrême pauvreté, jamais connu par Haïti en 208 ans d’indépendance, c’est le comble de la démagogie. En effet, de quelle révolution s’agit-il quand 500 000 personnes dorment encore sous des tentes fragiles ? A quelle révolution fait-il allusion quand 7 000 personnes meurent de cholera et que 500 000 autres en sont affectées ? Est-ce qu’il se rend compte que l’argument brandi par les bailleurs de fonds au moment de justifier les restrictions, les réserves sur les promesses faites aux autorités depuis le tremblement de terre de 2010, se base sur la présomption de corruption et de mauvaise gestion des biens de l’Etat ? C’est ce genre de manipulation, ces démagogies bon marché qui expliquent le désengagement de la communauté internationale. Près de 500 milliards de dollars ont été promis à Haïti. Ce pays n’a reçu que la moitié de la quantité prévue jusqu'à présent et dans quelles conditions ? Le Japon, qui avait promis 100 millions de dollars, les a réellement fournis. Les Etats-Unis avaient promis 900 millions, ils en ont donné un peu plus de 300 et ainsi de suite. Mais le plus incompréhensible, ce sont les sommes qui entrent vraiment dans les caisses de l’Etat. Dans le cas des Etats-Unis, 99% de la somme avancée reprennent le chemin des banques américaines. Cela s’explique par le fait que la majorité des contrats pour cette « reconstruction » tant vantée devait obligatoirement être assignée à des firmes du pays donateur, 15% à peine à des firmes haïtiennes. Si l’on reconnait que chacun des pays hyperindustrialisés qui « aident » des pays sous-développés applique de telles méthodes, qu’on nous dise de quelle façon cette reconstruction pourra jamais se faire. A dire vrai, « Kabrit gade je mèt kay avan’l jambe baryè ». De tels procédés seraient absolument inconcevables dans un pays comme la République dominicaine ou même la Jamaïque. Comme quoi d’un pays sous-développé à l’autre, d’une classe politique à l’autre, il existe des différences. La fierté a un rôle à jouer, elle aussi, dans les relations internationales !


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