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samedi 19 mai 2012

La route des Rails : carrefour de justice ou d'injustice ?

A Carrefour la circulation est quasiment paralysée en raison des travaux de réfection de la route. C'est plutôt à cause de la visite, dit-on, du président Martelly à la base navale Amiral Killick. Mais aussi et surtout à cause de l'assassinat du 17 avril dernier à Martissant.
Haïti: La situation d'incertitude de la circulation routière à Carrefour en est une illustration. Jeudi 17 mai, très tôt dans la matinée, il est impossible pour des automobilistes de circuler librement sur la route des Rails. Des pneus enflammés empêchent la libre circulation des usagers. Il y a menace. Menace que des commerçants n'ouvrent pas boutique, que des travailleurs ne se présentent pas à leur poste, que des élèves ne répondent pas à l'appel. Que tout se brouille.
En effet, non loin de la base navale Amiral Killick, à l'entrée de la route des Rails, où des policiers sont censés assurer l'ordre public, ces pneus enflammés barricadent tout. Les initiateurs de ce mouvement, se refusant à toute trêve, disent « travailler à rétablir l'équilibre et à activer la justice ». Car, selon eux, « trop souvent on a entendu l'enquête se poursuit ; aujourd'hui, elle doit aboutir ». « Tout cela, en soutien à la famille du policier Walky Calixte en particulier, mais aussi à la mémoire de toutes les personnes assassinées auxquelles justice a été jusqu'ici refusée », soutiennent-ils.
Entre-temps, vers 10 heures du matin, la circulation a déjà repris. Comme si de rien n'était, et l'affaire close. Mais ce n'est qu'un répit, mieux, un repli. Puisqu'il n'était pas encore une heure de l'après-midi, que les activités de barrage de la route des Rails au niveau d'Arcachon 32 reprenaient. Mais ils ne sont pas agressifs. Car on les a vus, comme des policiers assurant la circulation, faciliter le passage aux automobilistes qui étaient déjà près du barrage.
Cette situation exige une intervention urgente. Car elle ne laisse présager rien d'autre dans le bon sens. Sinon des pères et mères qui ne parviendront à nourrir leurs enfants, faute de n'avoir pas pu vaquer à leurs occupations. Et aussi des élèves toujours plus médiocres pour avoir manqué trop d'heures de cours. Plus urgente encore est la nécessité de rétablir la confiance citoyenne dans l'appareil judicaire haïtien.
Pour l'instant, ces demandes de justice sont causes d'injustice. C'est donc à espérer que la justice intervienne pour rétablir l'équilibre.
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=105260&PubDate=2012-05-17
 
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Haïti, un malheureux pays qui souffre d'une absence d'autorité morale et, corollaire inévitable, d'autorité tout court. Quel pays au monde ne répondrait pas positivement aux demandes de son chef, si ce dernier travaillait dans le sens des intérêts de la collectivité? Le masochisme aussi a des limites. Or Haïti, ce pays sans guide, ce bateau sans gouvernail, cette voile sans vent, est à la dérive. La colère de ce peuple n'a pas encore atteint son paroxysme. Heureusement! Plaise aux dieux que cela n'arrive pas avant qu'un vrai conseiller, un vrai planificateur, fasse son apparition dans ce désert moral! La misère, malgré la rigueur de sa torture, malgré l’acuité de ses griffes, n'aveugle pas. Les Haïtiens savent que ce n'est pas en détruisant, ce n'est pas en brisant à droite et à gauche le peu d'acquis dont ils puissent encore se prévaloir qu'ils résoudront quoi que ce soit. Mais quand une communauté est privée d'orientation, quand tout s'improvise, quand il n'y à point de reference nulle part, le chaos s'installe. Haïti appelle de tous ses vœux l'arrivée d'un chef, qui soit en même temps un guide, un exemple moral, un être réfléchi qui ne joue pas un rôle, une comédie, en attendant impatiemment de quitter le pouvoir pour exhiber les privilèges, avant tout financiers et économiques, qu'aucun travail ne justifie et ne justifiera jamais. Cette règle qui ne connait que de rares exceptions dans la politique haïtienne est terrible, mortelle. Ne sont-ils pas des milliers voire des millions à y laisser leur peau ? La faim, la frustration, la colère, la déception, le désespoir. C’est lourd à supporter ! Une lumière doit briller dans ce pays pour balayer ces nuages épais qui troublent le panorama et empêchent l'avenir de sourire à ce peuple pourtant si travailleur!


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