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mercredi 23 mai 2012

La reconstruction d’Haïti ?

Cessez de galvauder une expression déjà dépourvue de sens ! Si le gouvernement voulait vraiment reconstruire le pays, et cela est constamment signalé par les spécialistes des disciplines qui y sont liées, il commencerait par créer un système cadastral fiable. Solidement implanté dans le cadre d’un programme bien élaboré, ce système permettrait aux autorités de savoir qui possède quoi et avec quel niveau de légitimité. Un premier problème légal serait résolu. On pourrait peut-être ainsi commencer à mettre fin aux sempiternelles expropriations troubles et vols de terrains dont on ne sait pas si les fonctionnaires du gouvernement en place, en profitent ou veulent les combattre. Ensuite des géologues, des géographes, des historiens, des urbanistes, des économistes, les universités haïtiennes, quelques spécialistes étrangers ayant acquis de l’expérience en la matière (Japon, Chili, Mexique) intégreraient cette commission de reconstruction dont on ne parle même plus. Mais aussi, on permettrait que les millions déjà distribués entre des ingénieurs dominicains et des politiciens des deux côtés de la frontière soient récupérés pour les consacrer vraiment à la tache pour laquelle ils ont été recueillis. Sinon, la justice procéderait à quelques enquêtes qui éventuellement conduirait à certaines arrestations exemplaires, questions de décourager les candidats à d'autres fraudes. C’est apparemment ce que Gary Conille pensait faire et c’est ce qui lui a coûté son poste de premier ministre. Alors, maintenant qu’il n’est plus là, quelle sera la prochaine étape ? Continuera-t-on à galvauder le mot reconstruction ou l’entreprendra-t-on finalement vraiment ? Qui mènera le jeu après que notre confiance a été bafouée par les autorités en place ? Plus de 385 millions absorbés dans on ne sait quelle sombre tourbillon. Quand est-ce que le gouvernement se sentira obligé de rendre compte de ses décisions à la population ? Qui nous dira exactement ce qui s’est passé avec Conille et surtout pourquoi ses enquêtes, destinées à déterminer le niveau de corruption ayant entaché l’assignation des contrats sans appels d’offres, n’ont jamais abouti ? Combien de questions doit-on formuler avant d’avoir ne serait-ce qu’une seule réponse acceptable ? Les journalistes haïtiens, les sénateurs, les députés, ont-ils été tous achetés ou vendus ? Un pays entier peut-il avoir succombé sous le poids de la corruption au point où personne n’ait plus la force morale de poser de vraies questions et d’exiger des réponses claires, précises ? Et l’on ose encore parler de démocratie dans ce pays qui a cessé d’en être un ? Jusqu’où iront les vautours qui veulent se partager ce cadavre ? N’y a-t-il vraiment plus aucun espoir de ranimer ce corps pour le bien de plus de dix millions d’êtres humains qui vivent dans des conditions pires que l’esclavage ? Quel spectacle plus horrible la majorité des politiciens haïtiens entendent-ils offrir à ceux qui nous observent de loin et se demandent encore si les Haïtiens ont perdu la faculté de se révolter contre la peste, la lèpre, l’horreur appelée corruption ?

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