Nombre total de pages vues

samedi 26 mai 2012

Lutte contre la faim en Haiti?

Nous avons lu jeudi dernier sur le site de Radio Métropole un article faisant état d'une rencontre de fonctionnaires de l'Unicef et du ministère de la santé publique en Haïti. L'objectif ? « Lancer les états généraux de la nutrition » en Haïti. Mais cessons de bluffer la population! Depuis quand ces états généraux (tout comme la faim de la population) vieux de plus de deux siècles, aboutissaient-ils à quelque chose? Les organismes internationaux, dirigés par des technocrates, viennent en Haïti croyant aborder un pays organisé. C’est un préjugé défavorable aux vrais pauvres. La ministre de la santé publique, la première dame de la république, ont-elles un plan à proposer de manière concrète aux responsables de cet organisme? Quelle initiative réelle, urgente le président a-t-il déjà adoptée jusqu'à présent qui indiquerait que ce problème fait partie de ses priorités? Y a-t-il eu des études indiquant clairement le pourcentage de personnes ayant besoin de cette aide, leur distribution géographique, et comment on va faire pour la leur faire parvenir, sans risque de détournements criminels et génocidaires ? A supposer que cette aide leur parvienne à ceux qui en ont vraiment besoin, des aliments, des vêtements, pour combien de temps ? Y a-t-il une politique de création d’emplois qui mettra fin à ce cercle vicieux et démoralisant de dépendance permanente de la charité internationale ? Y a-t-il un plan de réforme agraire, de réactivation de l'agriculture par une politique de crédits, de baisse du cout des engrais, destinée à redonner ce sentiment d’attachement à la terre, si nécessaire pour encourager les cultivateurs à reprendre le métier dont on leur a infligé le dégoût? Quels moyens pense-t-on utiliser pour empêcher ces paysans découragés d’émigrer à Port-au-Prince, au Cap Haïtien, ces grandes villes (comme on persiste à les appeler) plutôt que de rester à la campagne? Quels services leur seront offerts sur place dans leur communauté : l'électricité, des routes asphaltées pour le transport de leurs marchandises, des hôpitaux (ou tout au moins des dispensaires), une force de police organisée, professionnelle, plutôt qu’une bande armée (à la solde du gouvernement en place, aux aguets, dans l’attente du prochain coup d’état pour les piller et exécuter ceux qui résistent), un plan d'urbanisme, un organisme de distribution d’eau potable, un centre de loisirs ? Des sénateurs, des députés, qui passent plus de temps à voyager à l’étranger qu’à les visiter, des fonctionnaires qui résident à Port-au-Prince dont la vocation pour les services communautaires est nulle ? Haïti, c'est de la piraterie organisée plutôt qu'un pays! Les gens sérieux qui y vivent, car heureusement qu’il y en a encore et beaucoup, sont obligés d’agir, de réagir, d’aider avec timidité et de se taire. Un pays sans lois, c’est la peur généralisée. Cette autocensure est la seule garantie de survie. On ne peut pas toujours remettre en question IMPUNEMENT le statu quo dans un pays chaotique comme Haïti. Mais alors, c’est la santé (physique, mentale et morale) de ces héros silencieux qui s’en ressent. Ils souffrent pour eux et pour ceux à qui ils doivent prêter, quand les circonstances le permettent, leurs propres voix. Voilà la physionomie d'une société où tout se fait presque tout seul, sauf les demandes d'aide à l'étranger qui sont professionnellement coordonnées pour la plus grande prise possible. C’est en connaissance de cause que Sean Penn, des hommes et des femmes anonymes (haïtiens et étrangers), de petits organismes à peine connus de la presse, préfèrent être directement sur le terrain, quitte à subir les assauts permanents de l'insalubrité, des moustiques et d'un environnement hostile avec les vrais pauvres d’Haïti. Malheureusement que cela ne suffira jamais pour la majorité des habitants d’un pays de dix millions d’habitants ! Si du moins les religions cessaient de leur dire qu’ils ont le nombre d’enfants que Dieu leur envoie et que la planification familiale est un péché !



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire