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mardi 20 décembre 2011

De Frankétienne à Charles Féquière

Haïti: Il n'est question ni d'écriture ni de poésie pour l'un, ni de commerçant ni de vendeur de produits agro-industriels pour l'autre. Frankétienne-Charles Féquière, en prenant Delmas 31, c'est le tronçon mal-aimé de la mairie de Delmas et du ministère des TPTC. Ici, le poète national reçoit ses invités souvent sous la menace d'un déferlement de poussière généré quotidiennement par le passage en trombe des poids lourds qui dévalent la pente menant à sa résidence. Là (chez Charles Féquière et co., rue Dumez, Maïs Gaté), pour y arriver, les clients empruntent une voie cahoteuse, à proximité d'un garage de fortune pour poids lourds, installé sur la voie publique. Véritable défi à l'urbanisme.
Tout près, une décharge de détritus. Souvent des porcs s'y approvisionnent dans cet environnement de saleté, à deux minutes de l'aéroport Toussaint Louverture.
En s'y rendant comme en revenant, les ONG, les 4X4 officiels, CC (corps consulaires), les CD (corps diplomatiques), les SE (services de l'Etat) utilisent à leur gré régulièrement ce raccourci de Delmas 31. Pour le contribuable qui risque sa voiture sur ce tronçon infernal desservant aussi des hôtels avoisinants (Visa Lodge, Habitation Hatt), se rendre quotidiennement sur son lieu de travail, c'est le parcours du combattant. Les autorités locales s'en moquent depuis des lustres. A titre d'exemple, la mairie de Delmas ne semble pas concernée par l'environnement de notre barde national. Car elle tient une succursale à quelques mètres de la maison du poète, située elle-même non loin d'une ravine où les résidents déversent leurs ordures.
Livrés à eux mêmes, car leurs revendications rentrent par une oreille des autorités et ressortent par l'autre, les riverains de Delmas 31 se lancent à leurs propres frais dans le nettoyage des artères. Quant à la route principale fréquentée quotidiennement par une multitude de camionnettes de transport public, elle rayonne par la multiplication de nids-de-poule, de crevasses et de lacs de poussière. Les résidents ne savent où donner de la tête et de la voix. Les TPTC dominent l'art de les narguer en venant, une fois l'an, faire semblant d'amorcer quelques petits travaux d'aplanissement, de comblement de petits fossés, sur moins de deux-cents mètres. Au carrefour "Dieu est amour", angle Delmas 31 et rue Lassègue, sorte de lieu de culte et de jeûne pour des éternels chômeurs des deux sexes, l'enfer est tout proche. Avec des nuages de poussière prêts à les étouffer, ces fidèles risquent d'y laisser leurs narines et leurs poumons. En effet, ils s'époumonent jour et nuit, au mépris du respect du repos d'autrui, à louer à haute voix le Christ. De quoi se demander si ce dernier a l'oreille dure.
Aux prières des fidèles se mêlent les vombrissements des camions-citernes, et des trailers containers roulant à vive allure, rivalisant sans fin avec les voix des sans-voix du "temple" , car ce tronçon de Delmas 31 n'est pas une voie au sens étymologique du terme. Est-ce un chemin, une route, une rue? Pour aller d'un point à un autre, c'est pourtant sur cet espace que se déplacent pauvres et riches.
Raphael Féquière
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=100572&PubDate=2011-12-19


Commentaire

HAITI N'EXISTE PLUS! HAITI N'EXISTE PLUS!

Seul un malade mental peut encore prendre Haiti pour un pays et ses dirigeants pour des politiciens. Dans cet environnement, tout est figé. L'histoire, la vie, l'espoir sont des formules creuses, des mots vomis sans réflexion sur la misère du peuple. Des mots qui ne reproduisent rien de ce qui se passe sur le terrain, des mots qui vous font mal au coeur et vous donnent la nausée. Car quand on dit "pays",vous voyez chaos, quand on dit "êtres humains", vous voyez des lambeaux de chair ambulants, des cadavres flottants, des affamés dont le visage ravagés par la misère, reflètent toute la souffrance du monde. La vie en Haiti n'est pas une malédiction pour ceux qui la subissent, c'est une accusation contre ceux qui l'infligent sans considération aucune, sans gêne à ceux même qui les nourrissent, au nom de qui ils s'enrichissent. Ces ouvriers sans ouvrage, ces étudiants sans écoles et sans professeurs, ces routes, ces avenues, ces boulevards sans espaces, ces rivières, ces ruisseaux, ces fleuves qui n'abondent que dans les livres de géographie. Ces dictateurs qui, dans un pacte secret, s'instrumentalisent mutuellement pour invalider toute recherche de la vérité, troubler toute intention de justice. Car les butins partagés entre deux ou trois ou quatre sont plus rentables quand de puissants intérêts mutuels à défendre imposent le pacte non écrit du silence.

HAITI N'EXISTE PLUS!HAITI N'EXISTE PLUS!

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