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mardi 6 décembre 2011

SONIA PIERRE ou le destin d'une condamnée à mort

Cette femme née en République Dominicaine en 1963, ne saurait avoir eu la vie facile. Si en plus, elle a fait de la prison à 13 ans, le reste de ses avatars est plus qu'évident pour quiconque connait ne serait-ce qu'un tout petit peu la situation des prisons dans le pays voisin. Avant d'aller plus loin, il faut signaler que c'est essentiel de faire une différence entre les citoyens dominicains (le peuple), et les gouvernements ou les politiciens de ce pays. Comme partout au monde, le peuple généralement généreux et sensible, ne suit pas toujours (et jamais unanimement) les politiques de ses dirigeants. C'est ce qu'on a souvent vu quand certains de ces dirigeants utilisaient l'alibi haïtien pour cacher une crise locale. Il arrivait même que des massacres soient commandités d'en haut, c’était le cas en 1937 par les troupes du dictateur Trujillo. De tels écarts, de tels crimes, ont toujours eu très peu d'effet sur les autorités haïtiennes diplomatiques ou politiques. On a déjà observer des secteurs libéraux dominicains eux-mêmes prendre l'initiative d'aider les immigrants plutôt que d'attendre une réaction quelconque du côté haïtien qui, de toute façon, n'arriverait jamais. C'est dans ce contexte d'isolement, d'abandon total, que cette femme, habituée au malheur, s'est engagée à réagir, à aider ceux qui, comme elle, étaient condamnés à succomber silencieusement ou à se défendre tout seuls. Oui, il y a eu des moments d'accalmie, des éclaircis, dans cet immense brouillard d'exploitation, d'intimidation et de persécutions, ce fut l’époque où un ambassadeur comme Guy Alexandre, se dépensait corps et âme pour faire la différence (prêcher l'entente entre les deux peuples, aider les citoyens affectés, dénoncer ce qui se faisait mal, prononcer des conférences dans les universités...). Mais la pause, pour ainsi dire, a été de courte durée. Elle a donc eu, cette femme, le courage de monter une organisation (le MUDHA en espagnol: Mouvement des Femmes Dominico-Haïtiennes, 1981), de faire face quotidiennement à toutes les menaces imaginables, et à défendre ces compatriotes que la rapacité de certains investisseurs du secteur de la canne à sucre (surtout) mais aussi de la construction(y compris gouvernemental)... exploitaient à outrance. Qu'elle ne soit plus, que sa voix se soit éteinte à jamais, cela crée un vide dans la communauté haïtienne en République Dominicaine, mais c'est aussi un manque pour Haiti elle-même dont les gouvernements sont de moins en moins efficaces à faire face à leurs obligations de protéger les ressortissants. L'urgence d'un guide, d'un remplaçant pour Sonia Pierre, se fait déjà sentir dans ce pays dont personne ne sait combien d'Haïtiens y habitent ni qui répond de leur difficulté. Paix à son âme!

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