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mardi 13 décembre 2011

Haïti-OIM : Les migrants haïtiens piégés aux iles Turques-et-Caïques ?

mardi 13 décembre 2011
P-au-P, 13 déc. 2011 [AlterPresse] --- L’Organisation Internationale de la Migration (OIM) indique que la baisse du tourisme et l’augmentation de la main-d’œuvre non qualifiée dans les iles Turques-et-Caïques, occasionnent la discrimination et un traitement hostile à l’égard des migrants haïtiens qui essayent tant bien que mal de rechercher des moyens pour subvenir aux besoins de leur famille.
Ces informations ont été publiées la semaine dernière dans le rapport d’une étude réalisée par l’OIM.
L’archipel des îles Turques-et-Caïques, possession britannique, a une population estimée en 2011 à 44 mille 8 cent habitants, dont la plupart sont des Haïtiens, selon l’étude qui révèle toutefois qu’il n’existe pas de chiffres exact sur le nombre de migrants haïtiens présents sur ces iles.
Sur 350 familles haïtiennes interrogées dans le cadre de l’étude, 50% n’ont pas d’emploi stable. Et 62% n’ont pas accès aux toilettes et ne possèdent pas de mobilier de base comme un lit.
Selon le rapport « le développement du secteur touristique contribue grandement à une nette augmentation de la population sur les iles Turques-et-Caïques, car en moins de trente ans, soit de 1970 à 2001, la population a quadruplé passant de 5 mille à 20 mille habitants ».
Depuis la crise économique de 2008, la main d’œuvre haïtienne jusqu’ici bénéfique pour l’essor des secteurs du tourisme et du bâtiment, a dépassé la demande créant des pressions sur certains services tels la santé et l’éducation.
Les flux de migrants occasionnent également un manque de ressources naturelles dans l’archipel, indique l’OIM.
Les révélations font croire qu’une grande partie de la population des iles Turques-et-Caïques sont des Haïtiens qui sont nés en Haïti ainsi que sur l’archipel, alors que 2 mille enfants et adolescents sont apatrides.
Elisabeth Thomas-Hope qui a rédigé le rapport met en garde la prochaine génération contre le « piège » qu’elle se retrouve prise entre deux cultures et deux identités.
Thomas-Hope recommande également un recensement de la population qui aiderait une meilleure planification de l’ile, et le renforcement des capacités, afin de traiter les problèmes existants dans l’archipel. [jep kft gp apr 13/12/11 00:30]

http://www.alterpresse.org/spip.php?article12056

Commentaire
Ce phénomène souligné par l'OIT n'a pas commencé et ne prendra pas fin avec les Haitiens. C'est aussi vieux que le monde. L'arrivée de nouveaux immigrants, surtout les non qualifiés, donc prêts à tout pour essayer de survivre, où que ce soit, exerce une pression considerable sur les salaires des travailleurs du milieu d'accueil. Dans le cas particulier des Haitiens, ce problème existe déjà ailleurs, notamment dans le pays d'à côté, en République Dominicaine. Cette situation provoque généralement de l'hostilité, un sentiment qui, à la longue finit par deborder le cadre des seuls nouveaux arrivants pour s'etendre sur tous ceux qui leur ressemblent, en tout cas, sur leur pays d'origine et tout ce qui y est lié. Nous entendons deja les nationalistes haitiens crier au racisme, à la discrimination, à toutes les iniquités auxquelles le dictionnaire peine encore à trouver un nom. Or ces mêmes nationalistes, patrie-poches, pardon, patriotes ou comme on préférera les appeler, font la sourde oreille ou jouent au collin-mayard avec les politiciens locaux, ceux qui créent les conditions pour que ces ouvriers soient obligés d'aller ailleurs, chercher un mieux-être. C'est vrai que ces patrie-poches en retirent des bénéfices personnels aussi, mais cela les exonère-t-il de l'obligation morale de penser, ne serait-ce qu'un tout petit moment, que ces ouvriers-là ont aussi une famille à nourrir, des enfants à éduquer, une vie quotidienne à rendre acceptable? Est-ce si difficile de créer des emplois dans ce pays où les politiciens trouvent toujours les lacunes nécessaires par où infiltrer leurs doigts magiques et en ressortir pétris de millions? Il suffit d'un rien, dans ce pays, pour qu'un politicien, hier un crève-la-faim mais surtout un opportuniste (un perfecto patàn, comme dirait l'espanol), demain commence à patauger dans des millions. Cette habitude semble avoir tellement cauterisé les consciences qu'elle est devenue normale. C'est à se demander combien de gens se rendent compte encore dans le pays que c'est un scandale. Ce sont ces vautours qui ont porté les pauvres à errer dans les Caraibes et ailleurs, sans espoir, sans aucune possibilité de préserver ce qu'il y a de plus précieux chez un être humain, la liberté de choix. Car ils sont forcés pour survivre d'accepter n'importe quoi, dans n'importe quelle condition. Exactement comme nous aurions fait si nous n'étions pas les privilégiés (ayant reçu une éducation, disposant d'un emploi,...) qui regardent cette atrocité à distance, comme si cela se passait sur une autre planète. Il y a si peu de crimes dont ces ouvriers sont victimes et dont nous ne soyons pas responsables directement ou indirectement! Le massacre perpétré par Trujillo en 1937 contre les ouvriers agricoles haitiens en fait partie. Dans un tel contexte, il est difficile de ne pas penser à cette sentence de Bakounine, malgré nos réserves, "Tout privilégié est un immoral".

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