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samedi 21 août 2010

Au revoir, Clef !

L'édito

Haïti: Plusieurs dizaines de journalistes haïtiens et étrangers ont attendu très tard dans la soirée du vendredi la publication de la liste des candidats agréés pour les élections présidentielles du 28 novembre de cette année. L'institution électorale a fait durer le suspense jusqu'à vingt-et-une heure et trente minutes. Dix-neuf candidats ont finalement reçu la bénédiction du Conseil électoral provisoire pour se lancer dans la course à la présidence de la République. Ils sont au nombre de quinze, les candidats qui ont été évincés.

La mégastar haïtienne Wyclef Jean, très présente dans la presse internationale, a été écartée de la course électorale. Depuis l'annonce de sa candidature, les médias américains ont accordé une large audience au processus électoral en cours. Des dossiers dont les uns plus
dramatiques que les autres ont été soulevés par la presse mondiale. Sa vie privée, sa fortune, la Fondation Yéle Haiti qu'il dirige ainsi que les dons reçus au nom des victimes du séisme du 12 janvier ont fait l'objet de débats dans la presse américaine. En Haïti, au sein de certaines catégories de jeunes et dans la plupart des bidonvilles de l'aire métropolitaine, la candidature de Wyclef Jean a été bien accueillie. Par contre, dans d'autres milieux, notamment chez les étudiants, les enseignants et d'autres catégories socioprofessionnelles, elle a été ressentie comme un coup de massue.

En Haïti comme dans la diaspora, la candidature de Wyclef a suscité beaucoup de débats. En ville comme à la campagne, le nom de Clef était l'objet de multiples conversations. Un événement pour certains et un phénomène pour d'autres. Son incapacité de parler français et ses difficultés à parler correctement sa langue maternelle constituaient, de l'avis de plusieurs observateurs, un cas sans précédent dans l'histoire politique de notre pays.

Avec le rejet de sa candidature, c'est sans doute une page qui est tournée de l'aventure du natif de Croix-des-bouquets, qui aura su mobiliser les plus puissants médias américains depuis l'annonce de sa candidature jusqu'à son éviction de la course présidentielle.

Craignant les désordres et autres situations dramatiques qui auraient été provoqués par la publication de la liste des candidats agréés, la plupart des organisations internationales avaient libéré leur personnel à quatorze heures ce vendredi. Néanmoins, jusqu'au moment où nous mettions sous presse, aucun acte répréhensible n'avait encore été enregistré.

Quel sera le prochain suspense dans cette course électorale à la présidence ?

Lemoine Bonneau
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=82740&PubDate=2010-08-20



Commentaire
Dans tout pays où il existe un minimum de conscience politique, un tel échec aurait été prévisible. Peut-être le chanteur n'aurait-il même pas essayé. Mais nous parlons d'Haïti où rien n'est impossible. Quand nous réveillerons-nous de notre léthargie pour entrer dans le XXIe siècle? Qu'est-ce qui nous rend si rebelle quand tout le monde cherche à avoir accès au progrès? On nous critiquerait certainement d’être égoïstes. Mais nous n’avons même pas le courage d’être égoïstes. Nous travaillons volontairement contre nos propres intérêts.

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