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vendredi 6 août 2010

Que viennent faire les artistes dans la politique ?

Edito

Haïti: Des centaines de partisans de candidats à la présidence se sont massées toute la journée devant le CEP. Si certains leaders sont arrivés tranquillement, d'autres ont excellé dans l'art d'attirer les caméras et les microphones.
Michel Martelly a même réussi à se faire acclamer par des porteurs du t-shirt estampillé Fas a Fas venus attendre Wyclef Jean.
Si le chanteur hip hop n'a pas pu résister à l'envie de monter au haut d'un char, Martelly a sobrement enterré Sweet Micky dans un strict veston et sans foule d'appui. Il s'est présenté accompagné de sa femme et de Pras Michel, ex-Fugees venu en renfort.
La bataille de stars qui s'annonce donne une allure inédite à la course électorale. Cela lance la passion et le débat : que font les artistes dans la politique ?
« Si les musiciens entrent dans la politique, c'est parce que les politiciens ne font pas ce qu'ils ont à faire. Les artistes remplissent des trous laissés par les politiciens qui se soucient davantage de leurs intérêts que du bien commun ».
Celui qui parle ainsi est le plus politisé des artistes en Haïti : Richard Morse, leader du groupe RAM.
Propriétaire de l'hôtel Oloffson, un landmark du Port-au-Prince des belles années du tourisme florissant, il voit passer toute la presse internationale et observe la vie dans la cité. Depuis plus de vingt ans, il ne mâche pas ses mots et donne son opinion quand on le lui demande.
Sur la cour de l'hôtel Karibe où il est venu pour affaires, ce jeudi, Richard Morse parle un créole à l'accent particulier du sujet du jour : les artistes qui débarquent dans la politique dans la perspective des prochaines élections de novembre.
« Depuis le tremblement de terre du 12 janvier, je n'ai pas le sentiment que les responsables font ce qu'ils devraient faire. Ils ne communiquent pas non plus avec la population. Les sinistrés ont reçu des prélarts et c'est tout », déplore, le chanteur.
Quand on l'interroge sur les capacités des artistes à diriger le pays, Morse explique « C'est rarement celui qui a le plus de capacités qui gagne les élections, mais plutôt celui qui, au bon moment, prend les moyens pour gagner. Le peuple haïtien cherche quelqu'un qui le représentera bien. C'est une recherche qui dure depuis des années et cela continue aujourd'hui avec les artistes.
« C'est le peuple haïtien qui décidera », croit le band leader de Ram.
« Ce qui se passe en ce moment est une réaction très émotionnelle. Avec Wyclef, c'est de l'improvisation, une aventure », estime Evans Paul, dirigeant d'un parti d'opposition, à propos de l'effervescence suscitée par la présence éventuelle du musicien dans la course à la présidence, rapporte une dépêche de l'Agence France Presse.
« Il n'y a rien de rationnel dans tout ça », tonne Evans Paul, l'un des chefs du Parti "Alternative", jugeant que Wyclef Jean ne va pas faire avancer la cause du peuple, ni celle de la démocratie en Haïti.
« Je suis préoccupé », confie de son côté Serge Gilles, chef d'un parti de gauche. « On est en train de mélanger deux choses: la politique et l'art. Cela peut donner des résultats négatifs », prévient cet ancien candidat à la présidence, aujourd'hui opposé à la tenue des élections.
« La politique doit rester aux politiques », ajoute M. Gilles à l'AFP. Pour lui, l'arrivée de Wyclef Jean en politique est la conséquence de trois facteurs: la confiscation du pouvoir par la dictature des Duvalier (1957-1986), la recherche d'un messie (élection en 1990 du prêtre Jean-Bertrand Aristide) et "l'anarcho-populisme" instauré par le président Préval qui a, selon lui, affaibli les institutions du pays, dont les partis.
En fait, ce que l'on attend de voir, ce sont les équipes et les programmes de ces nouveaux leaders. Il faudra cependant attendre la remise des carnets le 17 août pour savoir qui sera vraiment candidat.

Frantz Duval
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=82119&PubDate=2010-08-05

Commentaire:

Nous sommes tous d'accord que les politiciens n'ayant pas fait leurs devoirs les artistes donnent l'impression de les devancer. Mais gare à un autre faux pas! Aristide était plus artiste, plus comédien je veux dire, que tous ceux qui sont devant nous aujourd'hui. Et les résultats de son incursion en politique ne nous ont pas fait rire. Loin de la! Il y a encore des familles qui pleurent. Ne sont pas obligatoirement amusants tous ceux qui en ont l'air. Essayons de retenir au moins cela et plus tôt cela se fait mieux c’est. Ainsi on éviterait le moment de la reddition des comptes. Il sera alors trop tard.

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