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mardi 24 août 2010

Le souverain CEP

EDITO

Haïti: « En ce qui concerne les 15 candidatures jugées inéligibles, des explications sur les raisons de l'invalidation auraient contribué à la transparence du processus. » Cette phrase se trouve au 7e paragraphe d'un communiqué publié samedi par la Mission OEA/CARICOM qui observe le processus électoral.
Une innocente phase d'une mission qui avait clairement annoncé les couleurs en déclarant qu'elle n'interviendra pas dans les affaires haïtiennes.
De nombreux observateurs avaient noté cette première dans l'histoire des missions d'observation des affaires haïtiennes depuis plus de 20 ans que nous épuisons le regard de nos voisins en requérant ou en souhaitant leurs bons offices pour justifier ou ajuster la marche de notre démocratie balbutiante.
En fait, le Conseil Electoral Provisoire (CEP) est-il tenu de donner des explications après avoir arrêté une décision, particulièrement en ce qui concerne l'exclusion de candidats de la course?
Qui n'a pas en mémoire les premiers carnets délivrés en application de l'article 291 en octobre 1987 ? Les Désinor, Lahens et Raymond en ont fait les frais. On se rappelle aussi de l'ambigüité de l'acte de naissance de Roger Lafontant qui motiva son exclusion en 1990, de l'impossibilité de cumuler deux mandats présidentiels consécutifs qui mis fin aux ambitions de Leslie Manigat, cette même année. En ce temps-là, on savait pourquoi on se faisait sortir du jeu.
Il y a eu depuis d'autres séances de carnets moins médiatiques, qui ne sont pas restées dans les mémoires. Qui a été exclu en 1995 ou 2000 ? Y en a-t-il eu ou non ? Personne ne s'en souvient.
il faudra attendre 2006, avec la sortie avant la course de Mourra et surtout de Siméus pour que le carnet se rappelle à nos bons souvenirs.
Les verdicts du CEP provoquent des remous si les candidats évincés sont populaires ou s'ils ont un poids sur l'échiquier politique. Cette mesure est à la fois motivée par des considérations d'ordre politique, stratégique et légal.
En réalité, la loi est le maillon faible du processus. Si on l'appliquait dans toute sa rigueur, il resterait à chaque fois très peu de candidats en course. Les pouvoirs préfèrent toujours prendre des précautions en contrôlant le CEP. Un exercice qui a tenté tous les gouvernements depuis que l'organisme électoral existe. Si le CNG s'est cassé les dents sur le premier CEP - on connaît la suite - et si Ertha Pascal Trouillot laissa faire celui de 1990, il y a peu d'exemples de libre choix des conseillers dans leurs attributions légitimes.
Pour ce qui est des recours pour tenter de faire modifier une décision du CEP, toutes les tentatives opérées ont avorté, certaines sont mort-nées, d'autres perdues dans les limbes des introuvables demandes.
Si cela permet aux avocats d'allonger leurs honoraires, aucun plaignant important n'a jusqu'ici eu gain de cause une fois le carnet publié.
Dans un court communiqué publié lui aussi ce samedi, la MINUSTAH a appelé « les candidats et partis politiques participant aux élections présidentielles et législatives à respecter les prescrits de la Loi électorale et à promouvoir auprès de leurs membres les valeurs permettant la conduite de ces élections dans la plus grande sérénité et le respect des électeurs. »
Nombreux aussi sont ceux qui ont relevé la délicatesse de l'attention de l'ONU envers le CEP dispensé de respecter la loi qui le gouverne...
Bienvenue dans la course électorale au pays du CEP souverain !

Frantz Duval
duval@lenouvelliste.com

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=82796&PubDate=2010-08-23
Commentaire
C'est Haïti qui a ouvert la boite de pandore en se caractérisant pas une vie politique si chaotique qu'on ne sait jamais à quoi s'attendre avec ce pays, nous voulons dire avec ses politiciens. Dès lors, n'importe qui peut intervenir à n'importe quel moment pour nous dicter des ordres. Le paradoxe, c'est qu'il y a des moments où cette ingérence même peut sauver non seulement des situations mais surtout des vies. Le cas d'Aristide, par exemple. C’est nous qui avons fait appel aux observateurs. Mais nous ne pouvions ne pas les appeler tel que s’annonçait le processus. Sommes-nous condamnés à toujours tourner en rond? Tant que nous n'aurons pas appris à gouverner sans tromper.

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