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samedi 14 août 2010

Haïti : Une vie culturelle au ralenti à Port-au-Prince, sept mois après le séisme

vendredi 13 août 2010

P-au-P, 13 août 2010 [AlterPresse] --- Sept (7) mois depuis le tremblement de terre du 12 janvier 2010, la vie culturelle peine à reprendre son cours d’avant à Port-au-Prince, la capitale d’Haïti, et ses environs, constate Mireille Pérodin Jérôme, auteure d’un « état des lieux du secteur culturel » réalisé quelques mois après le séisme.
Il y a deux raisons à cela, explique l’opératrice culturelle Pérodin Jérôme, interrogée, ce vendredi 13 août 2010, par l’agence en ligne AlterPresse.
La première : la plupart des infrastructures culturelles ont été, sinon détruites, du moins sérieusement endommagées, souligne la directrice des Ateliers Jean René Jérôme, une galerie d’art située à Pétionville (municipalité à 8 km à l’est de Port-au-Prince).
Elle mentionne notamment la seule salle de concert pour musique classique de la ville, la salle Sainte-Cécile de l’église épiscopale catholique anglicane (classique, professionnelle et de musique ) Sainte-Trinité, qui est en ruines depuis le 12 janvier 2010.
Elle cite aussi le centre d’art [considéré comme le berceau de l’art naïf haïtien depuis les années 1940, et qui continuait encore, jusqu’au 12 janvier, à proposer au public des cours d’arts plastiques et des expositions]. Le centre d’art s’est lui, aussi, effondré.
Attirant l’attention sur d’autres espaces considérablement endommagés, tels le « musée d’art haïtien du collège St-Pierre » et le musée-Galerie Nader, Mireille Pérodin Jérôme déplore qu’il n’existe plus, depuis le douze janvier, aucune salle publique [salle fréquentée par le grand public] d’exposition dans Port-au-Prince.
Autres établissements évoqués : l’Institut Français d’Haïti et la fondation connaissance et liberté (Fokal), qu’elle considère comme deux pôles culturels, qui organisaient, chaque semaine, des concerts, des expositions, des spectacles de théâtre et de danse, des projections de films et autres manifestations culturelles.
Ils n’ont pas encore repris leurs activités publiques, fait-elle remarquer.
La deuxième raison, avancée par madame Pérodin Jérôme, a trait à ce qu’elle appelle « le désarroi général d’une population, vivant à 50% sous des tentes, dans l’angoisse du prochain tremblement de terre ou de la prochaine tempête tropicale ».
Comment, dans ces conditions et dans un tel état d’esprit, reprendre les activités culturelles ?, s’interroge-t-elle.
« Après ce qui s’est passé le 12 janvier 2010, les établissements qui avaient la chance d’être debout se devaient de rester debout », insiste, toutefois, l’opératrice culturelle haïtienne.
Ce qu’elle confie ne pas regretter d’avoir fait, elle-même, en rouvrant sa galerie, trois semaines après le séisme. Celle-ci est, en effet, devenue « un point de chute pour de nombreux artistes et artisans [qui ont, eux aussi, perdu des proches ou des maisons dans le séisme], une sorte de refuge pour se rencontrer, se plaindre, [voire] essayer de comprendre ». s’enorgueillit-elle.
Quoi qu’il en soit, sporadiquement, se tiennent des animations musicales dansantes en différents endroits de la zone métropolitaine de la capitale, quelques activités sportives (notamment des championnats de football-vacances, un été au ralenti), sans oublier des tentatives d’adaptation (actions psychoémotionnelles, télécentres mobiles, diffusion de films et documentaires, scènes de théâtre, etc.) pour créer une ambiance de détente dans certains camps de personnes déplacées en vue d’essayer de surmonter le traumatisme ambiant enregistré.
Ce n’est pas encore une reprise normale de la vie culturelle proprement dite, en ce mois d’août 2010. [rl rc apr 13/08/2010 16:01]

http://www.alterpresse.org/spip.php?article9839

Commentaire
C'est la meilleure décision que puisse adopter Madame Perodin (ou quiconque fait comme elle) dans des circonstances telles que celles que nous connaissons. Sans un minimum d'animation culturelle, sportive, récréative en général, la survie devient plus difficile, voire impossible. Car quand même les gens auraient trouvé à manger correctement, ce qui n'est pas le cas, cela n'aurait pas suffi. Voilà le genre d'institution qu'il ne faut pas hésiter à aider. N'est-il pas plus qu'évident que le gain ici, ce n'est pas l'argent, mais la satisfaction de contribuer à la survie des êtres humains dont elle s'occupe.

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