Nombre total de pages vues

lundi 26 décembre 2011

Haïti-Politique : Garry Conille met de l’avant un « pacte de vivre ensemble »

vendredi 23 décembre 2011
P-au-P, 23 déc. 2011[AlterPresse] --- Le premier ministre Garry Conille annonce la constitution d’un comité qui se chargera d’étudier la faisabilité d’un « pacte de vivre ensemble », en marge d’une rencontre avec différents secteurs de la vie nationale haïtienne.
« J’ai déjà mis sur pied un comité de gens de la société civile qui travaille sur les termes de référence et un processus de consultation continue (…) », affirme le chef du gouvernement Garry Conille au dernier jour de la récente mission du Club de Madrid en Haiti, le 21 décembre.
Plus qu’un pacte de gouvernabilité le premier ministre préconise le pacte du bien vivre ensemble dont ce comité évaluera la faisabilité.
Selon les propos de Garry Conille ce comité sera lancé sous peu et aura un mandat de 12 mois.
Ce comité s’assurera aussi du suivi des dialogues entre les différentes institutions qui ont participé à la rencontre du 21 décembre avec le Club de Madrid comme intermédiaire.
Garry Conille voit dans cette initiative « un virage … le début d’un processus participatif de prise de décision qui devra renforcer les liens entre les différentes entités de l’État, assurer la participation des secteurs clés (dans les prises de décisions) et nous permettre d’avancer de manière unitaire » .
La question du dialogue national est sur la table depuis de nombreuses années. Des organisations politiques et religieuses promeuvent plusieurs formules d’échanges et d’entente autour des enjeux nationaux. [rh gp apr 23/12/2011 12:00]

http://www.alterpresse.org/spip.php?article12120

Commentaire
Haiti, nous ne cesserons de le répéter, est une communauté où tout est à faire plus qu'à refaire. On y est en plein désert peu importe dans quelle groupe, au sein de quelle association. C'est comme si une résistance insurmontable empêchait tout le monde d'avancer, de faire un premier pas pour pouvoir commencer quelque chose d'utile pour la communauté. Le concept même de communauté est difficile à cerner. L'habitude de s'entendre, de travailler ensemble, de poursuivre un objectif commun ne faisant pas partie de notre culture, tout se fait plus difficile qu'ailleurs, plus dur. La politique étant partout dans le monde une référence inévitable, il ne nous reste qu'à souhaiter que l'année nouvelle apporte plus de sagesse, plus de lucidité et plus de bonne volonté aux dirigeants de ce pays rongé par la corruption!

samedi 24 décembre 2011

« Préparez l'avenir maintenant », dit Merten aux Haïtiens

L'ambassadeur des Etats-Unis, Kenneth H. Merten, invite « les Haïtiens à préparer l'avenir maintenant ». Il a reçu Le Nouvelliste dans son bureau baigné de rayons argentés d'un soleil de décembre.
Haïti: La lumière vous happe en franchissant la porte du bureau de Kenneth H. Merten à l'extrême est de l'imposant building logeant l'ambassade américaine à Tabarre, quelques minutes avant 10 heures, le vendredi 23 décembre 2011. Des toiles, dont une de Tiga, maître du mouvement Saint Soleil, partagent le décor avec la bannière étoilée. "C'est très astre". Et le représentant de Barack Obama, « sobrement flashy », chemise bleue ciel, cravate bleue à rayures, calvitie prononcée, est en symbiose, en alchimie avec l'énergie des lieux.
Il répand, assis dans un fauteuil du petit salon aux couleurs vives, en face de son bureau bondé de courier et de documents, son optimisme en des lendemains meilleurs. « Haïti a la possibilité de se relancer, de renaître », croit le diplomate. Regarder vers l'avenir en préparant le futur aujourd'hui est son credo. Il le partage, le conseille, le souhaite aux politiques, aux hommes d'affaires, aux leaders de la société civile.
Le ton, un zeste solennel, Kenneth H. Merten renouvelle dans un français pas à point l'engagement des Etats-Unis envers Haïti. Sans rentrer dans les détails des enveloppes allouées pour financer différents projets, le diplomate révèle qu'il reste une partie des 3,2 milliards de dollars approuvés par le congrès américain après le séisme du 12 janvier 2010 : 900 000 000 de dollars . « Nous allons continuer à travailler avec nos partenaires sur le terrain pour trouver les moyens de dépenser cette somme », révèle Kenneth H. Merten, dont le pays finance plusieurs projets dans diverses régions d'Haïti.
Fier que son pays ait contribué" au financement de la construction du Parc industriel de Caracol, Kenneth H. Merten annonce d'autres choses. La construction d'une centrale électrique pour satisfaire les besoins du parc et ceux des populations de la région qui bénéficieront, selon l'ambassadeur américain, de la construction de 1 500 unités de logement.
Le diplomate souligne que ce parc, l'un des plus grands de la Caraïbe, est un signal fort envoyé aux investisseurs étrangers. Les investisseurs sauront qu'ils doivent penser à Haïti pour investir et faire des profits, insiste Kenneth H. Merten, content que son pays et d'autres partenaires d'Haïti poussent en faveur de plus d'investissements pour créer des emplois et plus de ressources pour l'Etat haïtien, actuellement encadré par des experts de l'ambassade sur la question de taxation pour « l'aider à récupérer des revenus ».
La BID est très active aux côtés du gouvernement haïtien et conseille afin d'améliorer le cadre des affaires, le commerce, ajoute l'ambassadeur en martelant que « la vraie façon de transformer le pays, dans le bon sens, est de favoriser des investissements, créer du travail, créer des revenus au profit de l'Etat ».
L'agriculture reste en tête de liste des priorités. « On va augmenter nos efforts dans le domaine de l'agriculture, le cacao et d'autres produits qui peuvent générer des revenus pour les agriculteurs », révèle Kenneth H. Merten, passant dans un autre souffle à la politique et aux quatre annonces du président Michel Joseph Martelly sur l'amendement de la Constitution, le montage d'un Conseil électoral permanent, les élections pour le renouvellement du tiers du Sénat, des collectivités territoriales et la nomination des autres juges pour compléter la Cour de cassation.
« Je crois que ces annonces sont les bienvenues. Nous avons toujours voulu que l'Etat haïtien fonctionne bien, comme le veut la Constitution », confie Kenneth H. Merten. « Je crois que le bilan du président Martelly est jusqu'ici positif », observe l'envoyé du Département d'Etat qui, d'un autre côté, exprime la volonté de l'ambassade de continuer et de renforcer ses relations avec l'exécutif, le Parlement, le secteur des affaires, la société civile.
Le diplomate, entre les voeux de Noël et du nouvel An au peuple haïtien, révèle son attachement au pays, à son soleil. Un soleil qui réchauffera et égaiera les siens ayant fui le froid de Washington pour passer les fêtes en Haïti. Un espoir. Un petit espoir qui prouve qu'il faut préparer l'avenir maintenant...


Roberson Alphonse
ralphonse@lenouvelliste.com
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=100847&PubDate=2011-12-23

Commentaire
Aujourd'hui 24 decembre. Que de souvenirs, que de cauchemars pour une Haiti qui ne fut jamais une parure ecologique ni de modernité, mais qui a connu des jours meilleurs! Sans tomber dans ce nationalisme à cinq sous caractéristique des politiciens haïtiens, on peut regretter que pour aider les Haïtiens à prendre conscience de leur sort, à se secouer, à faire un dernier effort, il faille l'intervention (de toute évidence bien intentionnée) d'un diplomate étranger. Cela indique jusqu'à quel point, même ceux qui observent de loin se sentent préoccupés par tant d'abandons, tant d’irresponsabilité, tant de démagogie facile servie sur des plateaux d'argent aux ingénus locaux. M. Merten parle de réorienter le pays dans le bon sens. Mais il faut être doté soi-même de bon sens pour faire un pays. Les politiciens haïtiens sont orphelins de lucidité et de bon sens. Souhaitons à ce peuple maltraité, humilié et bafoué sans répit, un JOYEUX NOEL 2011 et UNE MEILLEUR ANNÉE 2012! Par dessus tout, un réveil vigoureux, déterminé pour embrasser l'avenir sous de meilleurs auspices!

vendredi 23 décembre 2011

Le sénateur Annacacis très remonté contre Jean Bertrand Aristide

Le sénateur Jean Hector Annacacis qui se présente comme un « lavalassien fidèle » s’en prend désormais à l’ancien président d’Haïti et coordonateur à vie du parti Fanmi Lavalas, Jean Bertrand Aristide. Intervenant sur les ondes de radio Vision 2000, ce mardi 20 décembre, il reproche à l’ancien prêtre d’avoir brillé par son absence à certains grands rendez-vous du parti Lavalas.
Le sénateur Jean Hector Annacacis qui se présente comme un « lavalassien fidèle » s’en prend désormais à l’ancien président d’Haïti et coordonateur à vie du parti Fanmi Lavalas, Jean Bertrand Aristide. Intervenant sur les ondes de radio Vision 2000, ce mardi 20 décembre, il reproche à l’ancien prêtre d’avoir brillé par son absence à certains grands rendez-vous du parti Lavalas.
« Le 16 décembre dernier, le président Aristide n’était pas présent au moment où son parti commémorait le 21e anniversaire de sa victoire aux élections démocratiques de 1990 », se plaint Annacacis qui rappelle que seule l’épouse de M. Aristide avait pris la parole en la circonstance. Il croit que de tels comportements ne font pas honneur aux militants et traduisent au contraire un « marronnage » inavoué du leader charismatique.
Jean Bertrand Aristide aurait aussi boudé une cérémonie de graduation des médecins haïtiens diplômés à Cuba dont il était le parrain, à en croire le sénateur. Il dit avoir clairement proposé à ces étudiants de choisir de préférence le ministre de la Santé publique et de la Population, mais leur choix s’est arrêté sur le leader à vie de la Fanmi Lavalas, regrette Annacacis Jean Hector.
Dans son humour habituel, le troisième sénateur de l’Ouest estime que l’ancien président pourrait au moins évoquer des excuses liées à sa santé « comme il l’avait fait à son retour d’exil, en avançant des problèmes oculaires ».
Plaçant Jean Bertrand Aristide dans le rang des « dictateurs » au même titre que Jean Claude Duvalier, le sénateur en fin de mandat promet de se passer de la bannière Lavalas, s’il doit se courber devant le leader, pour avoir gain de cause. « Je suis pas comme ces sénateurs à l’échine trop flexible qui sont prêts à toutes sortes bassesses pour obtenir la bénédiction du prêtre. Si je dois être un flagorneur pour avoir la bannière, je préfère ne pas être réélu », lance le sénateur Annacacis, visiblement en colère.

Eddy Laguerre
http://www.lematinhaiti.com/contenu.php?idtexte=28024

Commentaire
Ce geste de M. Anacasis, est-ce une petite mise en scène pour la galerie ou la découverte tardive d'un politicien qui réalise que la présidence à vie n'est plus à la mode? Car une jonglerie espiègle entre les deux n'est pas possible. Elle nous ramènerait au premier scénario.

jeudi 22 décembre 2011

Garry Conille plaide pour le transfert de l'aide au gouvernement haïtien

Le Premier Ministre, Dr Garry Conille, qui participait aux Journées Européennes du Développement (JED) les 15 et 16 décembre derniers à Varsovie, en Pologne, a souhaité que " les bailleurs ne ménagent pas leurs efforts pour transférer leurs responsabilités de gestion de l'aide aux autorités haïtiennes, en particulier aux institutions du secteur public et que des indicateurs spécifiques du succès de ces transferts soient développés à cet effet ", ajoutant: "... il nous apparait opportun et crucial, pour conserver le momentum des changements entrepris vers une réelle refondation du pays, de proposer une réorientation qualitative de la façon dont l'aide extérieure est fournie. Bien entendu cette autorité réaffirmée ne peut se contenter de déclarations d'intention sans moyens et de la répétition de concepts abstraits. Elle doit se traduire par des actions concrètes et suivies et accompagnées de compétences appropriées pour s'ériger en véritable leadership, afin qu'un véritable partenariat, entre le gouvernement et les bailleurs, puisse s'instaurer.

L'aide à Haïti à triplé entre 2009 et 2010. L'aide des bailleurs bilatéraux et multilatéraux demeure une source beaucoup plus importante que les recettes internes du gouvernement haïtien, approximativement 130% en 2009 et à cause du séisme, ce pourcentage est estimé à environ 400% depuis 2010.
Environ 99% de l'aide d'urgence post-sèisme a été décaissée vers des agences humanitaires non étatiques, y compris des ONG et des contractants privés. 57% de l'aide à la reconstruction a été acheminée directement vers des acteurs non étatiques alors que seulement 12% a été canalisée directement au gouvernement en utilisant des systèmes nationaux... ". (Haiti-Libre)
http://www.haitienmarche.com/nouvellesenbref.php?id=1324360234

Commentaire
Les mêmes problèmes, les mêmes accusations et les mêmes plaintes. Quand est-ce que les politiciens haïtiens assumeront la responsabilité de leurs actions? Ne sont-ils pas les vrais responsables que personne ni aucun organisme international ne leur fait confiance? N'y a-t-il pas un effort de reforme personnelle, d'auto-réhabilitation morale et de consécration réelle (plutôt que d'exhibitions pour la galerie) susceptibles de convaincre les sceptiques qu'ils peuvent changer? C'est le moment où jamais, profitez-en et on verra si, à défaut de confiance, vous êtes vraiment dignes d'un minimum de crédit. Agissez, messieurs, faites quelque chose! Il en va de votre capital politique, mais aussi et surtout moral.

mercredi 21 décembre 2011

Haïti-Japon-Coopération : Don de 4.7 millions de dollars US en faveur du secteur agricole

mercredi 21 décembre 2011
P-au-P, 21 déc. 2011 [AlterPresse] --- L’ambassadeur du Japon en Haïti, Kentaro Minami, et le ministre haïtien des Affaires étrangères et des Cultes, Laurent Lamothe, ont procédé, le mardi 20 décembre, à la signature de deux accords – l’un par échange de notes, l’autre sur un don en espèces – à Port-au-Prince.
Le don est évalué à 370 millions de yen japonais (4.7 millions de dollars américains), et vise à aider le secteur agricole, affecté par le séisme du 12 janvier 2010, informent les signataires.
« Ce fonds fourni à Haïti par le gouvernement japonais permettra aux autorités haïtiennes d’acheter des engrais et intrants agricoles pour soutenir les agriculteurs défavorisés qui évoluent dans les milieux ruraux », indique Kentaro Minami.
Le secrétaire d’État à la production végétal, Fresner Dorcin, qui assistait à la signature des accords à la Chancellerie, promet que ces derniers contribueront « à l’amélioration des conditions de vie des agriculteurs haïtiens qui ont été victimes du tremblement de terre du 12 janvier 2010. »
« Les dix départements géographiques du pays seront touchés par cet accord. Certainement, il y aura des zones prioritaires dépendamment de leur capacité de production », assure Fresner Dorcin.
Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Lamothe, et le directeur représentant de l’agence japonaise de coopération internationale, Ozawa Shoji, disent espérer que ces accords puissent permettre, non seulement l’amélioration de la qualité de produits des agriculteurs mais aussi d’accroitre le rendement de leurs plantations, et la sécurité alimentaire.
Les agriculteurs pourront se procurer les intrants et engrais agricoles à prix réduits, selon les autorités. Ces produits seront confiés au Ministère de l’agriculture, des ressources naturelles et du développement rural (Marndr).
Les planteurs font face généralement à de nombreux défis, notamment l’accès aux intrants chimiques, qui conduit parfois à des frictions.
Des organisations paysannes dénoncent périodiquement un trafic de l’engrais destiné aux petits agriculteurs.
L’agriculture reste la base de la vie économique haïtienne. Plus de la moitié de la population dépend de ce secteur pourtant en baisse depuis les 5 dernières décennies. [sfd apr 21/12/2011 08 :20]
http://www.alterpresse.org/spip.php?article12107

Commentaire
Tandis que les différents secteurs politiques, sociaux, économiques s'accoquinent pour continuer d'affermir leur base sur le dos du peuple, d'ailleurs, de l'extérieur d'Haiti, des pays amis veulent manifester leur générosité envers ce reste de pays. Encore plus déconcertant, les objectifs visés par les fonds alloués à différents secteurs ne sont pas toujours atteints, les dépenses n'étant jamais claires, gérées avec transparence. Est-ce que les bailleurs de fonds, les institutions de bienfaisance, les organismes internationaux en général ne devraient pas disposer d'un mécanisme leur permettant de superviser la destination, la distribution, les priorités et les raisons qui justifient ces priorités dans la gestion des fonds? Si le gouvernement haïtien est si transparent, pourquoi ne fait-il pas participer la presse, l'opinion publique en général, les secteurs concernés eux-mêmes, à ses réalisations? Pourquoi ne fournit-elle pas des plans d'action chiffrés, clairement identifiés à ces institutions et organismes contributeurs? Ce serait pour le gouvernement même, le mécanisme le plus efficace d'auto-publicité saine et stimulante pour la confiance du public, du secteur privé et ipso facto pour l'économie. Et pendant que nous y sommes, quand est-ce que les ministres, directeurs généraux, députés et sénateurs présenteront-ils la déclaration de leur patrimoine pour dire à la population que leur intention n'est pas de continuer à la dépouiller comme la majorité de leurs prédécesseurs? Est-ce si difficile de cesser de convoiter les biens de ceux qui sont pourtant privés de tout?

mardi 20 décembre 2011

De Frankétienne à Charles Féquière

Haïti: Il n'est question ni d'écriture ni de poésie pour l'un, ni de commerçant ni de vendeur de produits agro-industriels pour l'autre. Frankétienne-Charles Féquière, en prenant Delmas 31, c'est le tronçon mal-aimé de la mairie de Delmas et du ministère des TPTC. Ici, le poète national reçoit ses invités souvent sous la menace d'un déferlement de poussière généré quotidiennement par le passage en trombe des poids lourds qui dévalent la pente menant à sa résidence. Là (chez Charles Féquière et co., rue Dumez, Maïs Gaté), pour y arriver, les clients empruntent une voie cahoteuse, à proximité d'un garage de fortune pour poids lourds, installé sur la voie publique. Véritable défi à l'urbanisme.
Tout près, une décharge de détritus. Souvent des porcs s'y approvisionnent dans cet environnement de saleté, à deux minutes de l'aéroport Toussaint Louverture.
En s'y rendant comme en revenant, les ONG, les 4X4 officiels, CC (corps consulaires), les CD (corps diplomatiques), les SE (services de l'Etat) utilisent à leur gré régulièrement ce raccourci de Delmas 31. Pour le contribuable qui risque sa voiture sur ce tronçon infernal desservant aussi des hôtels avoisinants (Visa Lodge, Habitation Hatt), se rendre quotidiennement sur son lieu de travail, c'est le parcours du combattant. Les autorités locales s'en moquent depuis des lustres. A titre d'exemple, la mairie de Delmas ne semble pas concernée par l'environnement de notre barde national. Car elle tient une succursale à quelques mètres de la maison du poète, située elle-même non loin d'une ravine où les résidents déversent leurs ordures.
Livrés à eux mêmes, car leurs revendications rentrent par une oreille des autorités et ressortent par l'autre, les riverains de Delmas 31 se lancent à leurs propres frais dans le nettoyage des artères. Quant à la route principale fréquentée quotidiennement par une multitude de camionnettes de transport public, elle rayonne par la multiplication de nids-de-poule, de crevasses et de lacs de poussière. Les résidents ne savent où donner de la tête et de la voix. Les TPTC dominent l'art de les narguer en venant, une fois l'an, faire semblant d'amorcer quelques petits travaux d'aplanissement, de comblement de petits fossés, sur moins de deux-cents mètres. Au carrefour "Dieu est amour", angle Delmas 31 et rue Lassègue, sorte de lieu de culte et de jeûne pour des éternels chômeurs des deux sexes, l'enfer est tout proche. Avec des nuages de poussière prêts à les étouffer, ces fidèles risquent d'y laisser leurs narines et leurs poumons. En effet, ils s'époumonent jour et nuit, au mépris du respect du repos d'autrui, à louer à haute voix le Christ. De quoi se demander si ce dernier a l'oreille dure.
Aux prières des fidèles se mêlent les vombrissements des camions-citernes, et des trailers containers roulant à vive allure, rivalisant sans fin avec les voix des sans-voix du "temple" , car ce tronçon de Delmas 31 n'est pas une voie au sens étymologique du terme. Est-ce un chemin, une route, une rue? Pour aller d'un point à un autre, c'est pourtant sur cet espace que se déplacent pauvres et riches.
Raphael Féquière
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=100572&PubDate=2011-12-19


Commentaire

HAITI N'EXISTE PLUS! HAITI N'EXISTE PLUS!

Seul un malade mental peut encore prendre Haiti pour un pays et ses dirigeants pour des politiciens. Dans cet environnement, tout est figé. L'histoire, la vie, l'espoir sont des formules creuses, des mots vomis sans réflexion sur la misère du peuple. Des mots qui ne reproduisent rien de ce qui se passe sur le terrain, des mots qui vous font mal au coeur et vous donnent la nausée. Car quand on dit "pays",vous voyez chaos, quand on dit "êtres humains", vous voyez des lambeaux de chair ambulants, des cadavres flottants, des affamés dont le visage ravagés par la misère, reflètent toute la souffrance du monde. La vie en Haiti n'est pas une malédiction pour ceux qui la subissent, c'est une accusation contre ceux qui l'infligent sans considération aucune, sans gêne à ceux même qui les nourrissent, au nom de qui ils s'enrichissent. Ces ouvriers sans ouvrage, ces étudiants sans écoles et sans professeurs, ces routes, ces avenues, ces boulevards sans espaces, ces rivières, ces ruisseaux, ces fleuves qui n'abondent que dans les livres de géographie. Ces dictateurs qui, dans un pacte secret, s'instrumentalisent mutuellement pour invalider toute recherche de la vérité, troubler toute intention de justice. Car les butins partagés entre deux ou trois ou quatre sont plus rentables quand de puissants intérêts mutuels à défendre imposent le pacte non écrit du silence.

HAITI N'EXISTE PLUS!HAITI N'EXISTE PLUS!

lundi 19 décembre 2011

Carl Braun rêve de révolution

Haïti: Carl Braun rêve de révolution. Celle de la croissance économique. Durable. Soutenable. « Il faut avoir 8,9, 10 % de croissance par an pour parvenir à donner du travail aux jeunes », confie Carl Braun, P.D.G de la Unibank, première banque du pays en capital, actifs, dépôts totaux, crédit, rentabilité et nombre de clients»... « Cette croissance économique ne se fera pas avec une baguette magique », prévient ce pionnier du secteur bancaire privé, précis comme un chirurgien en ciblant les défis à relever, les obstacles à surmonter, lors d'une longue interview accordé à Magik 9 ce vendredi.
« Il faut changer les lois qui méritent de l'être, changer notre réflexion sur l'action du secteur privé, permettre l'accumulation des investissements », détaille Carl Braun, très intéressé au vote de la proposition de loi du sénateur Youri Latortue sur la formalisation des actifs informels. Cette proposition de loi sera, soutient le banquier, une grande contribution à une révolution de la croissance, car ce ne sont pas les grandes fortunes mais les pauvres des zones urbaines qui en profiteront en disposant par exemple d'un titre de propriété susceptible d'être utilisé comme collatéral en vue d'obtenir un prêt.
Emballé par le boom économique que cette proposition de loi pourrait provoquer, Carl Braun ne fonce pas dans le tas n'importe comment, sans ceinture de sécurité, sans pré-requis. Il préconise une collaboration étroite entre l'exécutif, le Parlement et le secteur privé pour définir le modus operandi, l'aspect pratique de l'application de cette législation en vue d'obtenir les résultats escomptés.
Carl Braun, persuasif, insiste aussi sur l'importance du dialogue. Avec l'Etat, avec l'international. Gonflé de récriminations à cause de l'absence d'implication du secteur privé dans la préparation de la conférence sur les investissements les 29 et 30 novembre dernier à Port-au-Prince, Braun croit qu'il faut faire autrement. Il faut un dialogue clair entre les entrepreneurs nationaux et ceux venant de l'étranger pour créer une synergie bonne pour l'économie. « Je suis d'accord pour les investissements directs étrangers, mais ils ne peuvent pas être faits au détriment des investisseurs nationaux », confie Carl Braun, aussi tranchant qu'un couperet.
Dans un plaidoyer en faveur du secteur privé haïtien qui n'a jamais baissé pavillon, ni plié bagage et mis la clé sous la porte en temps de crise, Braun, avec fierté, cite l'exemple de l'entreprise Les Moulins d'Haïti (LMH), un complexe industriel qui vaut au moins 100 millions de dollars. « C'est l'un des plus gros investissements industriels en Haïti. C'est aussi l'un des plus gros investissements faits par des Haitiano-Américains », soutient Carl Braun,qui encourage l'Etat haïtien à étudier des modèles de partenariat avec le privé pour d'autres entreprises publiques certaines en faillite. L'Etat possède 30 % des actions de LMH et a perçu en treize ans plus de 6 milliards de gourdes de taxes et de dividendes, ajoute, très concerné par les fièvres ou les mauvais rhumes de l'économie, comme la question de la «rareté de dollars » ces dernières semaines. « J'ai entendu des gens parler de complot pour ne pas donner de cash. Sincèrement, c'est du pipeau », selon Carl Braun qui qualifie de « malheureux » que des gens pas informés induisent d'autres en erreur en montant en épingle une théorie de conspiration contre les déposants, 2,2 millions en tout dans le système bancaire dont 60 à 65 % sont en dollars us.
« Il n'y a pas de crise de liquidités. Il y avait une rareté de billets cash parce qu'Haïti importe le billet dollar. Et quand la demande augmente, il faut importer », explique et rassure le PDG de la UNIBANK, 900 000 comptes. Cette augmentation de la demande est due à une reprise du taux de croissance l'économie 9 à 10 mois après le séisme du 12 janvier 2010, à la hausse des transferts, à un afflux important d'argent pour les ONG qui font leur payroll en dollars us, explique Braun, élogieux à l'égard de la BRH qui a « réagi correctement » face à la situation en important des billets cash américains et en permettant aux banques commerciales de le faire afin de satisfaire les demandes de leurs clients.
Comme le gouverneur de la BRH, Charles Castel, Carl Braun croit que des efforts devront être faits pour passer du « cash society » à l'utilisation d'autres services Electroniques entre autres. Le banquier qui reconnaît les faiblesses en termes de disponibilité de cartes de crédit et/ou de débit dans tout le pays, revient sur les mesures en cours prises par la BRH et les banques commerciales pour rémêdier à la situation.
Entre-temps, conseille Braun, il n'y a aucune raison pour un client de risquer sa vie en se déplaçant avec de l'argent alors qu'il peut faire un chèque de direction pour effectuer ses transactions
L'homme d'affaires épris de révolution de la croissance économique,dont les propositions d'amendement de certains codes, législations touchant à la finance, aux affaires, ronge ses freins d'impatience. « J'aimerais plus de rapidité dans le suivi de ces propositions. Celles sur les coûts exorbitants de transactions pour enregistrer une hypothèque, sur l'impôt foncier, l'impôt sur les propriétés bâties », cite Carl Braun. « Je ne suis pas satisfait mais je reste optimiste », nuance-t-il, confiant que l'actuel chef du gouvernement, Garry Conille, et son équipe feront le nécessaire. La loi sur la copropriété est très importante, enchaîne Carl Braun qui réitère un appel lancé en juin dernier en faveur l'organisation d'un atelier réunissant les notaires, les commissaires du gouvernement et tous les acteurs concernés en vue de continuer l'identification des problèmes et d'analyser les solutions proposées.
Conscient de l'importance du Parlement dans la création du cadre juridique favorable aux affaires, Braun souligne que le secteur privé comprend la nécessité de renforcer ses relations avec les sénateurs et les députés.
Sans avoir le mythique cigare ou la barbe d'un Fidel Castro, d'un Ernesto Che Guevara, Carl Braun rêve de révolution. « Economique », précise, sourire en coin, un proche de ce géant, monteur de plusieurs banques et d'autres instruments financiers au cours des 20 dernières années...
L'intégralité de l'intervention de Carl Braun sur Magik 9 sera reprise samedi à midi 30, dimanche à 8h a.m. sur le 100.9 MHz et sur magik9haiti.com.


Roberson Alphonse
robersonalphonse@gmail.com

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=100553&PubDate=2011-12-16

Commentaire
N'avons-nous pas raison de croire qu'il existe encore des professionnels, des politiciens, des gens honnêtes qui peuvent se démarquer de la grande masse d'irresponsables qui pullulent dans l'administration publique aussi bien que dans le secteur privé en Haiti? Carl Braun fait partie de cette élite morale et professionnelle, une espèce de sel qui préserve la société et lui permet de survivre face aux nombreuses prédations qui s'y opèrent incessamment. Le président Michel Martelly ainsi que le premier ministre Gary Conille, viennent de faire la déclaration de leur patrimoine. C'est un fait à souligner comparable à la situation antérieure. Un geste qui les honore, non qu'ils aient accompli une merveille du monde, car la loi le prévoit ainsi, mais ils semblent vouloir donner le bon exemple. Reconnaissons-leur le mérite d'avoir accepté de faire ce que leurs prédécesseurs ont résisté à faire depuis 1986. Cela au moins aurait épargné bien des millions à l'État qui en a un si grand besoin. Mais les députés, les sénateurs, les directeurs généraux, etc. qui font encore la sourde oreille, ne sont-ils pas en train de nous indiquer clairement quelles sont leurs convoitises? Ce qui est intéressant dans ce processus, c'est que Martelly qui a déjà commis pas mal d'imprudences, pourrait, s'il est bien conseillé, tirer un profit colossal en termes de capital moral et refaire son image aux yeux de la population assoiffée d'exemples. Plus d'un dans des circonstances semblables ont été surpris de voir jusqu'où le risque d'oser faire ce que l'on doit peut porter des fruits. Donnez-nous donc de nouvelles raisons de croire, messieurs les députés, les sénateurs, les directeurs généraux!

dimanche 18 décembre 2011

Haiti : Les risques qui entourent l’établissement du Parc Industriel de la Région du Nord à Caracol

« L’endroit choisi (...) est le plus fertile de toute la région »
samedi 17 décembre 2011
Enquête
Sixième de sept articles
Dans le cadre du partenariat médiatique « Ayiti Je Kale »*, dont fait partie AlterPresse

P-au-P., 17 déc. 2011 [AlterPresse/Ayiti Je Kale] --- Pourquoi le Ministère de l’Environnement d’Haïti s’est-il inquiété de « l’impact potentiellement négatif sur l’environnement », du projet du Parc Industriel de la Région du Nord (PIRN), dont la construction dépasse les 200 millions $US de fonds publics et privés ?

Pourquoi l’étude des consultants, commandée sur le projet, souligne-t-il que la Baie de Caracol est un site « unique, productif et précieux », et affirme-t-il que, même si toutes les recommandations sont suivies, le PIRN « pourrait mettre cet écosystème en péril » ?

Pourquoi ces mêmes consultants – qui avaient suggéré le site de Caracol – ont-ils ensuite admis que des facteurs écologiques n’avaient pas été pris en compte et ont-ils proposé au gouvernement haïtien de changer leur choix de site et même d’annuler le projet ?

Autant de questions importantes et pressantes.

En dépit de deux études complètes des impacts environnementaux et sociaux qui dressent une longue liste de risques - ces derniers sont publiques et affichées sur le net - et malgré plusieurs autres études de l’écosystème de la Baie de Caracol, les médias n’ont en général pas poussé la réflexion plus loin que les communiqués de presse des enthousiastes et investisseurs du projet : le département d’État américain, la Banque Interaméricaine de Développement (BID), le gouvernement haïtien et Sae-A Trading.

C’est sans surprise que l’on apprend que de nombreux risques environnementaux et sociaux sont liés à tous les parcs industriels - dans le cadre de « libre échange » ou non. Mais ces risques s’accroissent exponentiellement dans les pays pauvres aux prises avec un manque de contrôle sur le zonage, un manque de législation et/ou de présence gouvernementale et de grandes populations avec un taux de chômage élevé. Cela ne veut pas dire que le projet ne devrait pas être entrepris, mais plutôt que d’autres études doivent être réalisées et les risques et les bénéfices présentés au public.

Des études ont bien été réalisées y compris celle de Koios, commandée par le Ministère de l’Économie et des Finances (MEF) et publiée le 13 mai 2011, ainsi qu’une deuxième étude, publiée le 5 mai 2011, celle-là commandée par le plus gros investisseur du projet, la BID.

Ces deux études comportent des conflits d’intérêts : Koios était à l’origine du choix du site et la BID avait déjà fourni plus de 50 millions $US en dons et prêts pour le PIRN. Mais il semble que ces conflits d’intérêts ainsi que les risques énoncés dans les documents, ont été jugés de peu d’importance pour les décideurs en présence. La construction a débuté et des contrats de 15 millions $US ont été octroyés en septembre pour une centrale électrique.

Ayiti Kale Je (AKJ) n’a pas les moyens, ni les ressources humaines suffisantes pour dresser une liste complète des risques, mais en voici quelques-uns des principaux :

Risque 1 – L’écosystème de la Baie de Caracol

Un des enjeux les plus manifestes est le danger pour l’environnement en Haïti, surtout pour la Baie de Caracol.

La première étude, commandée par le Ministère de l’Économie et des Finances (MEF), sur le choix du site du PIRN, a été effectuée par la firme américaine Koios. Cette étude de 110 pages place Caracol au deuxième rang sur 18 autres sites potentiels dans la région du nord. Toutefois, l’étude sur l’impact environnemental effectué tout de suite après, par la même firme, et datée de mai 2011, admet – scandaleusement – que l’environnement n’avait pas été pris en compte lors du choix du site.

Tout aussi scandaleusement, Koios affirme dans cette étude d’impact : « Il n’était pas possible de prévoir la présence de l’écosystème complexe et précieux de la baie de Caracol avant la réalisation de cette évaluation environnementale ».

Cette affirmation est tout à fait choquante. Selon des documents disponibles au public, cette baie, qui abrite une des dernières forêts de mangroves, ainsi que le récif corallien le plus long du pays, a fait l’objet de nombreuses études internationales et fait partie de plusieurs projets pour placer cette zone sous protection.

1.) En 2009, une étude de l’Organisation des États Américains et du Réseau interaméricain d’information sur la biodiversité (IABIN) calcule le « prix de services écologiques » des mangroves et du récif corallien dans la baie à 109 733 000 $ US par année.

2.) En 2010, le programme de développement de l’ONU et le Ministère de l’Environnement ont entamé un projet de Système National d’Aires Protégées (SNAP). Selon le Ministère de l’Environnement, plus de 2,7 millions $US ont déjà été investis dans le cadre de ce programme. Caracol est un des premiers sites visés.

3.) La baie fait aussi partie du Corridor Biologique de la Caraïbe (CBC), un espace constitué par la République Dominicaine, Haïti et Cuba en 2009 et faisant l’objet d’un projet de 7,4 million $US.

Même si Koios semble avoir « oublié » de consulter les documents concernant la protection de la Baie, la Commission Intérimaire pour la Reconstruction d’Haïti (CIRH), alors pilotée par l’ex-président américain Bill Clinton, ne peut prétendre à l’ignorance. En octobre 2010, la CIRH a approuvé 1 million $ des 7,4 millions $US de fonds du CBC. Soit deux mois avant que la commission n’approuve le projet du PIRN.

Risque 2 – L’eau

Un autre risque concerne l’utilisation et la pollution de l’eau. Le PIRN se situe au centre du bassin versant de la rivière Trou-du-Nord, considérée par l’USAID comme un « bassin versant prioritaire ».

L’eau nécessaire au PIRN et aux installations environnantes proviendra probablement de la rivière et de la nappe phréatique. Par contre, une étude d’une firme de Washington commandée par la BID recommande que l’eau ne provienne que de la nappe phréatique parce que la rivière elle-même alimente le fragile écosystème de la Baie de Caracol. En août 2011, Environ International Corporation affirmait : « Nous recommandons vivement d’exploiter les eaux souterraines pour satisfaire les besoins du site. »

Mais d’autres études notent que, si une trop grande quantité d’eau était puisée de la nappe phréatique, celle-ci pourrait être polluée par l’eau salée provenant de l’Océan Atlantique. La surexploitation de la nappe phréatique pourrait aussi nuire à l’agriculture de la région entière et freiner le développement d’autres secteurs qui demandent beaucoup d’eau, comme le secteur du tourisme. La Environ International Corporation s’est opposée à ce point de vue, disant que l’eau est abondante.

Une étude du Groupe Louis Berger, commandée par le MEF et citée dans l’étude de Koios, recommande l’utilisation de la nappe phréatique et de la rivière. L’étude stipule que le PIRN et la population environnante (maintenant et à l’avenir) ne devraient pas utiliser plus de 11 000 mètres cubes d’eau par jour. Selon cette même étude, le parc aura probablement besoin d’au moins 5 800 mètres cubes d’eau par jour durant la phase 1 (2012-2014) et d’au moins 9 800 mètres cubes par jour durant la phase 2.

(Une étude interne du Ministère de l’Environnement, dont AKJ a obtenu une copie, grâce à une fuite, qualifie ces estimations de « conservatrices » et « minimalistes », et affirme qu’elles ne tiennent pas compte de la déforestation continue et des projections démographiques en forte hausse.)

L’autre grand risque lié à l’eau concerne bien sûr la pollution et les autres impacts négatifs de l’utilisation de l’eau de la rivière et de la nappe phréatique. Voici les principaux usages qui sont prévus :

1.) L’usine de textile de Sae-A : une grande quantité d’eau est nécessaire à la fabrication de textile et pour le processus de teinture. Il en résultera une importante quantité d’eaux usées qui nécessiteront des traitements multiples.

2.) Le nettoyage et d’autres activités connexes chez Sae-A et dans les autres usines de vêtements, et possiblement une usine de meubles. (Origins Holdings apparaît sur certains documents comme un locataire potentiel.)

3.) Les besoins en eau potable et pour les services sanitaires des travailleurs et d’autres employés, à l’intérieur et dans la périphérie du PIRN.

4.) Les besoins en eau potable et pour les services sanitaires des dizaines de milliers de nouveaux résidants qui seront attirés vers cette région grâce au PIRN.

Une usine de traitement des eaux usées est prévue pour le parc, mais, même si hypothétiquement tous les déchets issus de la teinture, des processus de fabrication et des déchets humains peuvent être bien gérés, toute l’eau usée, traitée ou non, se retrouvera dans la rivière Trou-du-Nord et probablement dans la Baie de Caracol.

« Même si les eaux usées du parc sont traitées, diverses autres menacées, liées au développement du parc industriel sur ce site, pourraient mettre cet écosystème en péril », note l’étude.

De l’eau sera aussi utilisée pour refroidir la centrale électrique fournie par le gouvernement américain. Cette centrale, construite au coût de 15 millions $ par une compagnie canadienne, produira de l’électricité à partir de carburant lourd, qu’on appelle aussi « mazout ». Lors de son retour à la rivière Trou-du-Nord, la température de l’eau utilisée pour refroidir les turbines ne doit pas varier de plus de 3 degrés Celsius par rapport à celle de l’eau puisée à l’origine, sans quoi un impact négatif important pourrait être observé sur les écosystèmes aquatiques. Il va sans dire que l’utilisation de carburants lourds pose aussi un risque sur un écosystème fragile.

Risque 3 – Impact social

L’étude de Koios estime que la population locale pourrait croître d’environ 100 000 à 300 000 personnes :

« Les grands projets d’industrie ou d’exploitation minière dans les pays pauvres indiquent qu’une telle migration se produira, quels que soient les efforts visant à l’empêcher ».

D’autres études fixent le nombre de migrants potentiels bien plus bas, mais la venue de rien que 10 000 travailleurs et de leurs familles – soit environ 50 000 personnes en tout – transformera cette région, où résident pour le moment environ 250 000 personnes qui sont surtout des pêcheurs et des agriculteurs.

Sans des règles sur le zonage, la planification urbaine et sans une présence policière importante, le PIRN pourrait paver la voie à de nouveaux bidonvilles. Le pays a déjà été témoin de la « bidonvilisation » des zones avoisinant d‘autres parcs industriels dans la capitale et à Ouanaminthe, siège du parc de la CODEVI, ce qui laisse présager le même sort pour les environs du PIRN.

L’arrivée soudaine de milliers de personnes dans une région peut avoir de nombreux impacts négatifs : davantage de déchets, l’utilisation mal réglementée de l’eau et des arbres (pour cuire des aliments), et la présence de squatteurs sur des terres agricoles ou d’autres environnements fragiles. (Des fonds publics américains sont prévus pour la construction de 5 000 unités de logements, mais il semble que celles-ci sont destinées aux « expatriés » et aux cadres.)

Les consultants Koios notent aussi que :

« Le risque de tension est élevé entre les membres des communautés locales et les migrants qui viendront dans la région, surtout si les habitants locaux estiment ne pas avoir la possibilité de profiter du projet, en particulier en matière d’emploi ».

Koios s’inquiète également de l’effet négatif que ces conflits pourraient avoir sur les intérêts des propriétaires d’usines :

« Des objections globales ou localisées aux sociétés multinationales opérant dans le parc, ainsi qu’une publicité négative quant aux relations avec la communauté locale (pouvant entraîner des boycotts de consommateurs, des litiges, et d’autres réactions aux conséquences coûteuses - en termes de réputation et de risques juridiques - comptent parmi les conséquences plus larges d’une mauvaise gestion ».

Limiter les risques

Évidemment, malgré les risques que soulèvent les études de Koios, d’Environ et de la BID, elles ont toutes les trois, en final, appuyé le projet. Par contre, ces études dressent aussi des listes des nombreuses précautions qui doivent être prises pour minimiser ou éliminer ces risques. Sur des pages et des pages de documents , les consultants ont souligné, entre autres, les lois d’encadrement à voter, les programmes qui devraient être suivis et les projets de construction qui devraient inclure immédiatement la création d’aires aquatiques protégées, une étude exhaustive des impacts environnementaux pour les 12 à 24 premiers mois, le financement et la construction d’habitations et d’infrastructures pour desservir les migrants attendus sur le site du PIRN et en périphérie.

Koios a aussi rivalisé d’optimisme en écrivant : « si une proportion suffisante des recettes fiscales supplémentaires était consacrée au développement et à l’amélioration de l’infrastructure sociale et physique dans la région, beaucoup de ces effets négatifs pourraient être évités ou atténués ».

En effet, un investissement massif pourrait limiter les risques. Mais Koios semble oublier que les locataires du parc – le géant du textile Sae-A et d’autres compagnies – seront complètement exemptées d’impôts durant les 15 prochaines années, ce qui signifie que les « recettes fiscales supplémentaires » devront être prélevées sur les salaires des employés, dont la plupart seront aussi complètement exempts d’impôts, étant donné que leur salaire journalier sera d’à peu près 5,00 $US.

Or, même si on réussit à trouver les fonds nécessaires, plusieurs voix s‘élèvent, dont celle de l’actuel Ministre de l’Environnement, pour dire que les recommandations ne vont pas assez loin.

Dans son rapport de 20 pages sur l’étude de Koios, du 30 juin 2011, intitulé : « Sous quel prérequis pourrions-nous envisager une situation "gagnante-gagnante" d’un point de vue environnemental ? », Joseph Ronald Toussaint estime que le document constitue un pas dans la bonne direction, mais qu’il sous-estime « la magnitude de l’impact », « l’importance de l’impact », « la durée de l’impact » et « les changements biophysiques ».

Alors qu’il n’était qu’un employé du ministère, Toussaint a aussi affirmé que : « A aucun moment le Ministère n’a pris part à une réflexion identifiant Caracol comme site » ni dans les termes de référence pour l’étude d’impact de Koios. Comme mentionné plus haut, Toussaint juge que les estimations faites des besoins en eau sont trop « conservatrices ».

Tout de même, le rapport de Toussaint estimait qu’une situation « gagnante-gagnante » serait envisageable, si 54 millions $US étaient dépensés pour des études et pour limiter les impacts négatifs.

Qu’a fait le MEF de ces recommandations ? Au mois d’août et septembre 2011, AKJ a tenté, à de nombreuses reprises, de rencontrer Ronald Baudin, Ministre de l’Économie et des Finances à l’époque, ainsi que Toussaint, et a réussi à obtenir d’eux des promesses d’entrevue. Pourtant, les deux bureaux n’ont jamais donné suite.

Peut-être le Ministère de l’Environnement a renoncé à la lutte pour protéger la baie ?

Lors de l’inauguration des travaux de construction du PIRN, le 28 novembre 2011, il n’y avait aucun représentant du dit ministère. En plus, la question environnementale ainsi que la Baie de Caracol n’ont pas été mentionnées.

Qu’en pensent les résidants de Caracol ?

Pierre Renel, comme la plupart des habitants des environs de Caracol, est agriculteur. Il fait partie des agriculteurs qui ont perdu leurs récoltes en janvier dernier et qui ont formé l’Association pour la Défense des Travailleurs de Caracol (ADTC).

Renel, président de l’ADTC, souligne que : « L’endroit choisi pour le parc industriel est le plus fertile de toute la région. Nous y cultivons beaucoup de plantain, de haricots, de maïs, de manioc, etc… C’est comme ça que nous élevons et éduquons nos enfants… c’est notre trésorerie ! ».

Mais Renel et les autres habitants de la région ne sont pas opposés au parc. Au contraire, ils espèrent, qu’avec leurs enfants, ils pourront bénéficier des emplois que les fonctionnaires et les consultants leur ont décrits. Quelques résidants ont déjà été embauchés en tant que gardiens ou pour travailler dans le kiosque d’information.

Selon le site web du PIRN, tous les agriculteurs ont également reçu, soit des terres, soit de l’argent en compensation des récoltes perdues ou pour la valeur de leurs terres, si du moins elles leur appartiennent. De leur côté, des agriculteurs nous ont affirmé, lors d’entrevues téléphoniques, qu’on leur a promis de l’argent et des terres. En plus, ils ont fait savoir qu’ils n’ont pas reçu le montant qui leur a été promis.

« Ils nous ont dit que les paysans recevraient de l’argent et des terres, et selon Michaël Landsheer (du MEF), les propriétaires devaient recevoir 1,200 $ US par hectare, mais ils n’ont pas tenu leur promesse », a confié Renel à AKJ.

L’agriculteur Robert Étienne est enthousiaste à propos des usines.

« On aurait déjà dû construire quelque chose du genre ! Il n’y a pas de travail dans ce pays », a-t-il dit, les yeux pétillants d’émotion.

Mais Étienne, du haut de ses soixante-dix ans, ne sera pas de ceux qui trouveront du travail. Il est trop vieux. Peut-être ses enfants obtiendront-ils des emplois ? Peut-être, peut-être pas. Même à des salaires de misère, la compétition sera féroce.

Étienne, Renel et bien d’autres ne savent probablement pas à quel point les salaires seront bas, ni comment l’économie locale sera transformée, quand débutera la construction et que les usines commenceront à ouvrir leurs portes : explosion démographique, hausse des loyers, accroissement du secteur informel et des vendeurs ambulants, baisse de la production agricole locale et peut-être même la montée du prix de la nourriture. [akj apr 17/12/2011 07:50]

.......................

* « Ayiti Kale Je » (http://www.ayitikaleje.org/) est une initiative de partenariat médiatique en vue d’assurer des investigations journalistiques sur la reconstruction d’Haïti suite au séisme dévastateur qui a frappé le pays et fait 300.000 morts et autant de blessés.

Le Groupe Médialternatif est un des partenaires de cette initiative, à travers son agence multimédia AlterPresse (http://www.alterpresse.org/), avec la Société d’animation et de communication sociale (Saks - http://www.saks-haiti.org/).

Deux réseaux participent également : le réseau des femmes animatrices des radios communautaires haïtiennes (Refraka) et l’association des médias communautaires haïtiens (Ameka), qui est composé de stations de radios communautaires à travers le pays.

http://www.alterpresse.org/spip.php?article12089

Commentaire
Le gouvernement haïtien est-il digne de respect? Non! A moins qu'il n'extirpe les organes pourris par la corruption qui gangrenait le gouvernement antérieur et tous ceux qui, depuis 1986, phagocytent, par tous les moyens possibles ce qui reste de ce pays. Des projets, il y en a toujours eu beaucoup en Haiti. Mais en même temps que ce qui est projeté, les projets eux-mêmes sont des marchandises, une source fatale de corruption. On ne les élabore pas pour en tenir compte, mais pour absorber des ressources provenant soit d'un organisme international (la BID, le FMI, PETROCARIBE, etc), soit du gouvernement. L'essentiel, c'est que tous les moyens sont bons pour permettre à quelques-uns de continuer à détruire ce pays conquis. Les fonctionnaires haïtiens sont payés pour penser avant tout à leurs familles, leurs amis, les amis de leurs amis. Les rares fonctionnaires sérieux dans ce pays forment une espèce de caste d'intouchables que tout le monde fuit ou dont on cherche à se débarrasser rapidement. Etre incorruptible en Haiti, c'est être atteint d'un virus mortel. A ce sujet, on peut même mentionner des noms de fonctionnaires exemplaires, d'hommes ou de femmes qui ont su dire non à leur conjoint(e), non à leurs enfants trop pressés de tirer profit de manière indigne d'un pays en déclin. Et qui pis est, un nombre considérable de cette minorité moralement recommandable a péri dans le tremblement de terre qui a ravagé Haiti. C'est comme si la nature elle-même se déchaînait contre le changement nécessaire qui, seul, peut ranimer les esprits et faire avancer un pays dont la population augmente à un rythme inquiétant. Quiconque veut aider Haiti devrait commencer par apprendre aux gens à ne plus faire d'enfants comme on fabrique des objets quelconques. Même les esclaves évitaient d'en avoir dès qu'ils prenaient conscience de l'enjeu du système. Ils pratiquaient l'avortement. Au XXIe siècle, il y a des moyens autrement plus simples. Et encore, il faudra compter avec d'une part, l’église catholique (qui enseigne que chaque enfant arrive selon la volonté de Dieu) et le gouvernement, les politiciens en général, qui ont besoin de cette armée de pauvres, pour avoir une raison de tendre leurs sébiles devant les organismes internationaux, surtout les organismes de bienfaisance. C'est vrai qu'"il n'y a pas de héros sans auditoire". (A.Malraux)Honte à vous et à votre rapacité, messieurs les politiciens haïtiens!

mardi 13 décembre 2011

Haïti-OIM : Les migrants haïtiens piégés aux iles Turques-et-Caïques ?

mardi 13 décembre 2011
P-au-P, 13 déc. 2011 [AlterPresse] --- L’Organisation Internationale de la Migration (OIM) indique que la baisse du tourisme et l’augmentation de la main-d’œuvre non qualifiée dans les iles Turques-et-Caïques, occasionnent la discrimination et un traitement hostile à l’égard des migrants haïtiens qui essayent tant bien que mal de rechercher des moyens pour subvenir aux besoins de leur famille.
Ces informations ont été publiées la semaine dernière dans le rapport d’une étude réalisée par l’OIM.
L’archipel des îles Turques-et-Caïques, possession britannique, a une population estimée en 2011 à 44 mille 8 cent habitants, dont la plupart sont des Haïtiens, selon l’étude qui révèle toutefois qu’il n’existe pas de chiffres exact sur le nombre de migrants haïtiens présents sur ces iles.
Sur 350 familles haïtiennes interrogées dans le cadre de l’étude, 50% n’ont pas d’emploi stable. Et 62% n’ont pas accès aux toilettes et ne possèdent pas de mobilier de base comme un lit.
Selon le rapport « le développement du secteur touristique contribue grandement à une nette augmentation de la population sur les iles Turques-et-Caïques, car en moins de trente ans, soit de 1970 à 2001, la population a quadruplé passant de 5 mille à 20 mille habitants ».
Depuis la crise économique de 2008, la main d’œuvre haïtienne jusqu’ici bénéfique pour l’essor des secteurs du tourisme et du bâtiment, a dépassé la demande créant des pressions sur certains services tels la santé et l’éducation.
Les flux de migrants occasionnent également un manque de ressources naturelles dans l’archipel, indique l’OIM.
Les révélations font croire qu’une grande partie de la population des iles Turques-et-Caïques sont des Haïtiens qui sont nés en Haïti ainsi que sur l’archipel, alors que 2 mille enfants et adolescents sont apatrides.
Elisabeth Thomas-Hope qui a rédigé le rapport met en garde la prochaine génération contre le « piège » qu’elle se retrouve prise entre deux cultures et deux identités.
Thomas-Hope recommande également un recensement de la population qui aiderait une meilleure planification de l’ile, et le renforcement des capacités, afin de traiter les problèmes existants dans l’archipel. [jep kft gp apr 13/12/11 00:30]

http://www.alterpresse.org/spip.php?article12056

Commentaire
Ce phénomène souligné par l'OIT n'a pas commencé et ne prendra pas fin avec les Haitiens. C'est aussi vieux que le monde. L'arrivée de nouveaux immigrants, surtout les non qualifiés, donc prêts à tout pour essayer de survivre, où que ce soit, exerce une pression considerable sur les salaires des travailleurs du milieu d'accueil. Dans le cas particulier des Haitiens, ce problème existe déjà ailleurs, notamment dans le pays d'à côté, en République Dominicaine. Cette situation provoque généralement de l'hostilité, un sentiment qui, à la longue finit par deborder le cadre des seuls nouveaux arrivants pour s'etendre sur tous ceux qui leur ressemblent, en tout cas, sur leur pays d'origine et tout ce qui y est lié. Nous entendons deja les nationalistes haitiens crier au racisme, à la discrimination, à toutes les iniquités auxquelles le dictionnaire peine encore à trouver un nom. Or ces mêmes nationalistes, patrie-poches, pardon, patriotes ou comme on préférera les appeler, font la sourde oreille ou jouent au collin-mayard avec les politiciens locaux, ceux qui créent les conditions pour que ces ouvriers soient obligés d'aller ailleurs, chercher un mieux-être. C'est vrai que ces patrie-poches en retirent des bénéfices personnels aussi, mais cela les exonère-t-il de l'obligation morale de penser, ne serait-ce qu'un tout petit moment, que ces ouvriers-là ont aussi une famille à nourrir, des enfants à éduquer, une vie quotidienne à rendre acceptable? Est-ce si difficile de créer des emplois dans ce pays où les politiciens trouvent toujours les lacunes nécessaires par où infiltrer leurs doigts magiques et en ressortir pétris de millions? Il suffit d'un rien, dans ce pays, pour qu'un politicien, hier un crève-la-faim mais surtout un opportuniste (un perfecto patàn, comme dirait l'espanol), demain commence à patauger dans des millions. Cette habitude semble avoir tellement cauterisé les consciences qu'elle est devenue normale. C'est à se demander combien de gens se rendent compte encore dans le pays que c'est un scandale. Ce sont ces vautours qui ont porté les pauvres à errer dans les Caraibes et ailleurs, sans espoir, sans aucune possibilité de préserver ce qu'il y a de plus précieux chez un être humain, la liberté de choix. Car ils sont forcés pour survivre d'accepter n'importe quoi, dans n'importe quelle condition. Exactement comme nous aurions fait si nous n'étions pas les privilégiés (ayant reçu une éducation, disposant d'un emploi,...) qui regardent cette atrocité à distance, comme si cela se passait sur une autre planète. Il y a si peu de crimes dont ces ouvriers sont victimes et dont nous ne soyons pas responsables directement ou indirectement! Le massacre perpétré par Trujillo en 1937 contre les ouvriers agricoles haitiens en fait partie. Dans un tel contexte, il est difficile de ne pas penser à cette sentence de Bakounine, malgré nos réserves, "Tout privilégié est un immoral".

lundi 12 décembre 2011

Les pieds dans le plat

À refaire ?

Haïti: Tout est à refaire ! Vérité de La Palice, direz-vous? Premièrement, on refait toujours les mêmes erreurs, on a les mêmes reflexes, on manifeste les mêmes frustrations, et on tente d'imiter, avec une frénésie de déments, les mêmes clowneries de l'autre. Deuxièmement, si tout est à refaire dans le bon sens, il faudrait bien savoir par où commencer. On organise des colloques. On entend et on lit de brillantes démonstrations, mais c'est comme si la réalité, on ne la voyait pas parce que cette réalité, ce quotidien inhumain, bestial, personne ne semble vouloir s'y attaquer.
Moi, j'aurais voulu que tout le gouvernement se rende un samedi matin à Pont-Sondé, au marché presque en plein air sur la route nationale numéro un avec cette nuée de marchandes assises à même le pont et ce nombre impressionnant de véhicules publics en mauvais état chargeant et déchargeant, dans le chaos le plus total, humains et marchandises. On peut y être bloqué plus d'une heure. C'est le spectacle le plus délirant auquel on peut assister dans un pays qui se glorifie de ses deux cents ans d'indépendance et de sa victoire sur le colonialiste. Voici un marché public qui rapporte, dit-on, énormément à l'Etat. Mais les conditions révoltantes, écoeurantes démontrent, ici encore, que les gouvernements de notre république ne sont que dans la représentation et que la réalité ne les concerne pas. Et le marché de Pont-Sondé, sur la route nationale numéro un en plein début du XXIe siècle, n'est qu'un exemple parmi des centaines d'autres.
En revenant du Cap dimanche dernier, on a eu un peu de frayeur en voyant de loin, dans la zone de Saint-Christophe, quelques kilomètres avant le désormais célèbre Canaan, une foule de gens sur la route avec piquets, bâches, sacs et que sais-je encore. Nous, qui étions dans la voiture, avions cru que nous allions tomber en plein dans une émeute. Eh bien, non ! Il y avait quelques policiers qui consciencieusement vérifiaient les papiers des véhicules et les permis de conduire pendant qu'une multitude de gens traversaient la nationale, s'infiltraient dans la savane vers la montagne en quête de lopins de terre à squatter. À Saint-Christophe commence à se construire un mégabidonville aussi énorme que Canaan. Dans quelques années, nous aurons le long de la nationale numéro un les plus grands bidonvilles de la Caraïbe. Une affaire en or pour les ONG qui pourront monter ici un tas de projets, car visiblement on ne voit pas comment ces gens pourront vivre dans un environnement aussi hostile, sans eau, sans électricité, sans sécurité.
Entre-temps, on parle toujours de ce projet de nouveau Port-au-Prince. Un nouveau centre-ville pendant que tout autour reste inchangé : l'environnement immédiat, les bassins versants, les bouteilles en plastique dans la mer et dans les égouts, etc. Des millions de dollars probablement pour des études. Cela sent l'arnaque à plein nez. Cela ne serait pas la première fois que le peuple haïtien se fait arnaquer avec la complicité de ses dirigeants.
Dans une banque à Pétion-Ville, ce vendredi matin, un homme, presque les larmes aux yeux, protestent vivement parce qu'on ne veut pas lui changer un chèque de 1 000 dollars américains alors qu'il a un compte tout ce qu'il y a de plus régulier. Il a une urgence. Il vient de loin. On lui oppose une fin de non-recevoir. En colère, il s'en va en frappant la porte. On lui interdit de remettre les pieds dans la banque et les agents de sécurité menacent même de lui passer les menottes. Le spectacle est choquant. Le client en colère a frappé la porte, certes. Mais ne lui a-t-on pas aussi frappé la porte au nez en lui refusant un service auquel il a droit, alors qu'un autre citoyen, avec un nom connu ou occupant une fonction importante mais certainement parasitaire, aurait eu droit, lui, à tout le service qu'il aurait demandé ? Bref ! le système se nourrit de l'avoir des petits; mais les petits, il les méprise. L'apartheid est toujours là.
Mon père m'a un jour raconté l'histoire de François Duvalier, alors simple petit médecin de campagne, qui revenait une fin de semaine de la province et qui se dépêche de se présenter à la porte de la Banque nationale pour changer son petit chèque. Les agents de sécurité lui refusent l'entrée, car c'est déjà l'heure de la fermeture. Le médecin les supplie presque, car c'est de ce chèque que dépend la nourriture de sa famille. Les agents de sécurité font la sourde oreille. Arrive un homme bien mis, au teint clair, qu'on reconnaît comme étant le rejeton d'une grande famille. Il vient pour la même chose. Les agents le laissent courtoisement passer. Le médecin s'en va, sans rien dire. On sait tout ce qui s'est passé par la suite.
Les puissants oublient trop souvent que les petits, à la faveur de n'importe quoi, peuvent faire tomber des têtes et installer l'enfer dans les paradis les mieux protégés!

Gary Victor

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=100253&PubDate=2011-12-09

Commentaire
Mon cher Gary Victor, ne laissez pas l'indignation entamer votre existence! Si vous voulez continuer à écrire comme vous le faites si bien, essayez de vous calmer. C'est vrai que quand on est Haïtien et qu'on est conscient de l'ampleur des insanités de ces polichinelles, pardon, de ces politiciens sans aucune notion, sans aucun sens de la politique, il est difficile de dormir tranquille. Car l'enjeu, c'est l'existence de près de dix millions d’êtres humains. Mais précisément à cause de l'importance du désastre, il faut que quelques-uns restent lucides. Pourriez-vous fournir un meilleur exemple que le cas du médecin de campagne dont les actes sont archi-connus en Haiti? Ce qui veut dire que rien n'est vraiment invariable. Tout peut changer. Maintenant que nous avons un gouvernement qui se dit disposé à travailler et qui ne le fait pas, il est clair que nous devons trouver des alternatives. Le grave problème, c'est par où commencer quand ceux mêmes qui sont appelés à changer le pays, font tout pour le plonger dans l'inaction, dans la bêtise? C'est désespérant! Mais ce ne saurait être la fin! Nous devons continuer non pas seulement à chercher, mais aussi à agir. Et vous le faites déjà très bien en nous faisant prendre conscience quotidiennement, sans répit, de l'urgence de quelque chose de différent. Par dessus tout, l'urgence d'une révolution mentale. Merci!

dimanche 11 décembre 2011

EDITO : Petits souliers et grandes ambitions

Haïti: Cuba a tapé dans l'oeil du président Martelly. Les deux frères Castro ont dû lui parler d'or. Depuis son retour de Cuba, le président se montre très sensible à la cause de ce pays frère, proche géographiquement et ami fidèle qui, en dépit de ses difficultés internes, n'a jamais laissé tomber Haïti depuis que les relations diplomatiques ont été rétablies entre les deux capitales. Martelly pro-Cuba, on ne s'y attendait pas !
Le président a aussi succombé sous le charme d'un tèt kale comme lui : Hugo Chavez. L'un, par coquetterie, se rase la boule, l'autre, des suites de sa chimiothérapie, a perdu ses cheveux. Plus qu'un effet de mode, l'accolade de Caracas a, semble-t-il, scellé une amitié naissante. Le Venezuela, il faut le dire, chouchoute Haïti par reconnaissance bolivarienne qui se traduit par les millions de Petro Caribe.
Louanger la coopération avec le Venezuela, c'est célébrer la pompe à projets qu'alimente le fonds le plus disponible qui soit. L'argent de Chavez est plus liquide et plus accommandante que celui des institutions financières.
L'axe Cuba-Venezuela-Brésil a de beaux jours devant lui, même si le président n'a pas encore visité Brasilia.
Dans les valises de voyage de ce dernier mois, la CARICOM revient en force avec comme bonus l'Association des Etats de la Caraïbe. En peu de temps, le président du 14 mai s'est fait connaître en bien dans toute la région.
Les amitiés Sud-Sud donnent une ouverture à nos relations internationales. Même si une visite d'État à Obama, Sarkozy, Harper ou à Rousseff manque dans le décor. Avec ces anciens et toujours amis d'Haïti, il serait bon de resserer les liens face à face.
Le retour de voyage de ce vendredi de la délégation présidentielle n'a pas caché non plus la petite série de déconvenues qui emaillent la bonne tenue de nos relations étrangères. Après le deuxième report du déplacement en France, c'est l'Argentine qui va manquer encore une fois sur la liste des pays visités par le président Martelly. Une affaire de "woulib perdue" dans un avion surinamien a occasionné l'annulation du périple argentin.
Dans ses déclarations devant la presse au salon diplomatique de l'aéroport Toussaint Louverture, le président Martelly a minimisé l'affaire Argentine. Au programme, il n'avait qu'une seule rencontre bilatérale avec un éleveur de bétail qui visitera Haïti en février pour rattraper son rendez-vous manqué. Le président n'ayant pas accepté de questions, les journalistes n'ont pas pu lui demander si rien n'avait été prévu avec madame Kirchner, la présidente à l'intronisation de laquelle il se rendait.
La grande annonce de ce vendredi est l'ouverture prochaine d'une ambassade à Port of Spain. Trinidad, c'est loin, mais que voulez-vous ? après les 23 consulats en Afrique et le mannequin tchèque comme consul honoraire. On ne va pas s'arrêter en si bon chemin.
D'ambassade en consulat, le ministère des Affaires étrangères va s'étendre, gonfler ses effectifs et élargir son champ de représentativité. Cela coûtera cher, demandera des hommes et des femmes de talent ; mais la grande question est de savoir si la chancellerie pourra intégrer dans un vrai plan d'ensemble toutes ses ambitions.
Pourra-t-on mélanger harmonieusement affaires et affaires étrangères ?
La diplomatie a ses règles séculaires, codifiées, coulées dans le béton. On peut certes oser les bousculer sans jamais les ignorer. Sinon les " woulib" manquées, les rendez-vous annulés et autres petites peccadilles vont miner l'édifice.
Les détails sont le talon d'Achille de la diplomatie.

Frantz Duval
duval@lenouvelliste.com

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=100284&PubDate=2011-12-09

Commentaire
S'il ne l'est pas déjà, le protocole devrait être l'antichambre de la diplomatie. Or parler de ce concept en Haiti, c'est à coup sûr, le meilleur exercice pour gaspiller du papier et de l'encre. Les chefs d’État et plusieurs de ceux qui leur sont proches en Haiti, depuis le départ de Jean-Claude Duvalier, en 1986, ont en horreur cette délicatesse personnelle qui reflète à la fois de la finesse dans le traitement des autres, du respect envers eux et envers soi-même, le souci de bien représenter le pays, entre autres. Quel fils, en effet, souhaiterait voir son père ou sa mère recevoir ses amis ou les leurs dans un état d'ivresse, de délabrement ou de grossièreté? C'est exactement le malheur qui nous tombe dessus quand le chef d’état ou un collaborateur se lève pour embrasser un chef d’état étranger qui n'a même pas terminé son discours, se présente à l'assemblée générale des Nations-Unies ou à n'importe quel autre évènement local ou externe, dans un vêtement qu'un crève-la-faim abandonnerait sous le lit de peur d’être seulement soupçonné de vouloir le porter. Quelquefois, à trop vouloir paraître original, on risque de sombrer dans le mauvais goût, pour ne pas dire autre chose. Un pays parce qu'il est pauvre, doit-il offrir constamment ces spectacles ridicules aux autres?

samedi 10 décembre 2011

Haïti : La nouvelle administration politique confrontée à l’obligation de reddition publique de comptes

vendredi 9 décembre 2011
P-au-P, 09 déc. 2011 [AlterPresse] --- A la veille du 63 e anniversaire de la déclaration universelle des droits de la personne, ce 10 décembre 2011, la nouvelle administration politique en Haïti doit encore faire sa preuve en matière de bonne gestion, de reddition de comptes et de transparence dans la gestion des affaires du pays, observe l’agence en ligne AlterPresse.
La position d’Haïti, classée 175 e sur 183 pays (ex-æquo avec l’Irak avec un score de 1.8) dans le rapport 2011 relatif à l’indice de perception de la corruption (Ipc) dans l’administration publique et la politique – publié début décembre par Transparency International, vient relancer les interrogations dans l’opinion publique sur l’orientation de la présidence de Michel Joseph Martelly et de son équipe depuis 6 mois.
A noter que la République dominicaine, se trouve à la 129 e position, un score de 2.6 sur 10, aux côtés de l’Arménie, du Honduras et des Philippines.
Interrogé par la presse nationale, Martelly se refuse toujours à donner des informations sur le coût de ses nombreux voyages à l’étranger, depuis sa prise de fonction le 14 mai 2011, avec de fortes délégations.
Au moment de se rendre au Venezuela, le jeudi 1er décembre 2011, pour la première session de la communauté des États latino-américains et des Caraïbes, Martelly a invité les journalistes à aller vérifier eux-mêmes le nombre de personnes composant sa délégation.
A ses yeux, cette information ne serait pas pertinente par rapport à ce qu’il juge important pour la presse de mentionner dans les compte-rendus quotidiens.
Avant et après les résultats de la présidentielle 2010, Martelly, qui a toujours manifesté de l’agacement au sujet des questionnements des journalistes, semble vouloir faire la leçon aux professionnels de l’information, s’adjugeant le droit de définir quelle orientation donnée aux nouvelles, contrairement aux prescrits de la liberté de la presse.
Sa femme, Sophia Saint-Rémy, dispose d’un bureau, pour lequel les ressources tirées du trésor public ne sont pas connues. L’un de ses enfants, Olivier Martelly, est nommé directeur de projets dans le cadre de la réhabilitation ou de la construction d’une dizaine de centres sportifs sur le territoire national.
Aujourd’hui, il n’existe encore aucune donnée tangible sur les coûts financiers des voyages effectués par la présidence, ni sur la part consacrée aux voyages des fonctionnaires dans le budget national en exécution.
Pas d’information, non plus, sur les montants utilisés pour financer les traitements de 18 ministres et de 19 secrétaires d’État, une situation sans précédent dans les administrations publiques qui se sont succédé depuis 1986 en Haïti.
Une disposition légale enjoint aux fonctionnaires de l’administration publique de produire une déclaration de leurs biens auprès d’un greffe de tribunal de première instance. Personne ne sait a date qui du président, de son premier ministre, des ministres et des secrétaires d’État ont déjà accompli cette formalité administrative et légale de déclaration de patrimoine.
Cette disposition vaut aussi pour les parlementaires (sénateurs et députés) qui non seulement n’usent pas de transparence en déclarant leur patrimoine, mais semblent user de pouvoir discrétionnaire dans la communication de dossiers financiers relatifs à leur gestion. A date, aucun éclaircissement n’a été apporté sur les traitements de 100 mille gourdes (durant plusieurs mois ; US $ 1.00 = 41.50 gourdes ; 1 euro = 61.00 gourdes) par consultant, accordés par divers ministères à plusieurs anciens parlementaires.
Par ailleurs, dans plusieurs bureaux publics (comme dans certaines branches de la police nationale d’Haïti), voire privés, des transactions sont effectuées sans aucun reçu de quittance de droits ou taxes perçues. Ce qui jette des doutes sur la destination des fonds ainsi collectés.
Au moment où les dirigeants actuels parlent d’objectifs d’investissements, de création de 500 mille emplois sur 3 ans et de croissance positive de l’économie dans quelques années, l’absence de transparence sur ces informations risque de peser lourd, d’autant que la république d’Haïti a un niveau de compétitivité très faible par rapport aux autres pays de la région (Haïti est 141 e sur 142 pays, juste avant le Tchad, en matière de compétitivité, dans le classement rendu public en septembre 2011).
Entre-temps, le gouvernement du premier ministre Garry Conille a promis de faire connaître bientôt son agenda d’actions sur les 12 prochains mois afin de permettre à la population de suivre la politique conduite et de l’évaluer dans ses programmes.
Sur la question de corruption, l’ancienne Première ministre Michèle Duvivier Pierre-Louis a annoncé, le mercredi 7 décembre 2011, en exclusivité sur la station privée Radio Kiskeya, que la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (Cscca) a réalisé un audit qui la lave de tout soupçon dans le détournement présumé des 197 millions de dollars de Petrocaribe, un scandale qui avait entraîné, en 2009, la destitution de l’intéressée.
Précisant avoir reçu de la Cscca un certificat qui crédite a posteriori son gouvernement d’une saine gestion financière, Michèle Pierre-Louis déclare “attendre maintenant le verdict de l’unité de lutte contre la corruption (Ulcc) et de l’inspection générale des finances”, les deux autres instances appelées à auditer l’utilisation restée inexpliquée des 197 millions de dollars alloués à des interventions d’urgence après le passage de quatre cyclones, en 2008.
"J’ai fait mon expérience au gouvernement. Ce qui était important pour moi était de sortir la tête haute et je crois que j’y suis parvenue", a-t-elle lâché d’une voix rieuse. [rc apr 09/12/2011 11:00]
http://www.alterpresse.org/spip.php?article12044

Commentaire
Est-ce qu'on saura jamais pourquoi les députés, les sénateurs haïtiens, pourtant si intéressés à tout savoir sur le passé, le présent et le futur du premier ministre Gary Conille, des ministres, des secrétaires généraux, entre autres, n'ont fait allusion au patrimoine d'aucun d'entre eux lors du dépôt de leurs documents aux deux chambres du parlement? Il est évident qu'ils auraient provoqué bien d'autres vérifications si une telle mesure était adoptée. Or ils ne semblaient pas vouloir que les choses aillent si loin. Cela n'a rien d'étrange. Pourquoi couperaient-ils le cordon ombilical qui leur fournit tout l'oxygène monétaire dont ils ont incessamment besoin? Et ils ont l'audace de parler de combat contre la corruption. Qu'Haiti occupe la première ou la dernière position dans un groupe de 100, 150 ou de 200 pays parmi les plus corrompus de la planète, cela ne les affecte en rien. En quoi en effet sont-ils touchés par un tel désastre s'ils reçoivent régulièrement leur salaire, les frais qui l'accompagnent, l'essence dont ils ont besoin pour leurs voitures, la possibilité de faire travailler leurs enfants, leur(s) femme(s), leurs cousins et amis? Vive le népotisme! Haiti ne peut et ne pourra jamais aller nulle part tant que ces parasites phagocyteront les maigres ressources qui s'y trouvent. Ce mauvais exemple d'enrichissement rapide et sans travailler est le pire poison administré à la nouvelle génération de ce pays pauvre. Faisons quelque chose, donnons l'alerte au monde entier, dévoilons les noms de ces délinquants en uniforme et à cravate; qu'ils soient connus partout et de tous! Faisons une campagne internationale pour que le monde entier sache qu'un petit groupe de profiteurs s'alimentent aux dépens de la majorité des dix millions de crève-la-faim qui peuplent ce territoire devasté d'Haiti!

jeudi 8 décembre 2011

Haïti: les dons "n'ont pas été investis correctement" après le séisme

Haïti: Les aides financières dont a bénéficié Haïti après le séisme de 2010 n'ont pas été investies "correctement", allant à l'assistance aux victimes au détriment de la reconstruction et du développement économique, a estimé le président du pays Michel Martelly dans un entretien à l'AFP.
"L'argent n'a pas été investi correctement: au lieu de donner à boire et à manger aux gens, nous aurions pu entamer la reconstruction, créer de l'emploi, et ces mêmes gens auraient alors pu acheter à boire et à manger", a-t-il déclaré dimanche, lors d'un déplacement au Venezuela.
"Ce qui a été fait pour sauver des vies était justifié, mais d'un point de vue pratique cet argent aurait pu être utilisé autrement, pour contribuer au développement" du pays.
Michel Martelly, qui, contre toute attente, a pris les rênes de cette île des Caraïbes en mai, une fois passée la phase la plus critique de l'après-séisme, a toutefois assuré qu'il n'était pas question de "rechercher des coupables" et qu'il fallait se tourner vers le futur.
"Nous avons décidé de changer la façon de faire les choses à Haïti, nous ne voulons plus de dons, nous voulons promouvoir Haïti (...), parler aussi de notre richesse, qui n'a pas été exploitée", a indiqué l'ancien chanteur populaire.
Il a souligné avoir mis sur pied un programme visant à attirer des investissements étrangers via des incitations fiscales et des garanties.
Son gouvernement cherche à attirer "entre 3 et 4 milliards de dollars" d'investissements "dans les cinq prochaines années" pour "donner une impulsion à l'économie et permettre à Haïti de décoller".
Il cherche notamment à promouvoir des investissements pour développer le tourisme, la pêche et l'agriculture, et créer des milliers d'emplois, notamment dans le secteur de l'éducation, qu'il estime avoir été délaissé dans le pays.
La semaine dernière, le gouvernement avait déjà annoncé une série de mesures pour attirer les capitaux, dont l'ouverture d'un guichet d'accueil des entrepreneurs et la suppression de certaines taxes, à l'issue d'un forum organisé par la Banque interaméricaine de développement (BID) et la Fondation Clinton, réunissant plus de mille entrepreneurs dont plus de la moitié venaient de l'étranger.
Le président haïtien était en déplacement à Caracas pour un sommet réunissant des pays d'Amérique du Sud et des Caraïbes, une "plateforme" où il compte trouver une partie de l'appui financier dont le pays a besoin.
Haïti, pays le plus pauvre des Amériques, a été frappé en janvier 2010 par un violent séisme qui a fait plus de 225.000 victimes. Aujourd'hui, un peu plus d'un demi-million d'Haïtiens vivent toujours dans des camps de déplacés, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Sur les 10 millions d'habitants de l'île, plus de la moitié se trouvent en "situation d'insécurité alimentaire", selon l'ONU, qui évalue le montant des aides internationales reçues par le pays à plus de 4,5 milliards de dollars

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=100104&PubDate=2011-12-08

Commentaire
Que d'hypocrisie! D'une part, le président de la république répétant ce que disent les économistes les plus intéressés à protéger leur intérêt personnel, ou leur entreprise familiale ou celles de l’élite dont ils font partie. De l'autre, l'ONU, utilisant, une fois de plus, un pays pauvre, pour donner l'impression de faire quelque chose. Si le président était lucide, il comprendrait que les gens qui souffrent, ceux qui n'ont plus de toit, ceux qui n'ont rien à manger, ceux qui se demandent s'ils vont voir mourir leurs enfants d'inanition sous leurs yeux, ne peuvent pas attendre. S'ils attendent en temps normal (?), c'est que personne ne leur donne la possibilité d'avoir le choix. Or nous parlons d'un temps de désastres sans limite après le tremblement de terre. Il est donc recommandable que quelqu'un intervienne, surtout si le gouvernement ne le fait pas, pour empêcher ces gens de mourir de faim. Ceux qui ont tout monopolisé souffriront toujours quoi qu'on fasse, car ils sont insatiables. L'organisation de la société et du pays, l’aménagement du territoire avec ou sans tremblement de terre, la création d'emplois, c'est le travail du gouvernement. Si les organismes internationales et les ONG dépensent comme bon leur semble l'aide (?) dite remise à un pays comme Haiti, sans que le gouvernement n'en sache rien, c'est parce que traditionnellement, les gouvernements locaux sont corrompus, hyper-corrompus. Depuis les militaires qui ont suivi le gouvernement provisoire en 86 jusqu'à Préval en passant par Aristide, aucun gouvernement ne s'est montré suffisamment digne de confiance pour assumer la répartition de l'aide. Il faut des qualités spéciales pour procéder à sa distribution équitable. Martelly fera-t-il la différence? Attendons voir! Quant à l'ONU, elle sait que la corruption existe. Elle ne fait néanmoins aucun effort pour responsabiliser les gouvernements. Si vous donnez un million de dollars à un gouvernement, vous pouvez suivre ses prestations, inspecter ses activités. Celui qui donne l'argent a le droit de savoir comment il est géré. L'ONU n'a rien à apprendre dans ce domaine. Distribuer malgré tout cet argent à des ONG sur lesquelles on n'a aucun droit de regard, dont la gestion financière est ésotérique, n'est-ce pas un problème plus difficile à résoudre? C'est quand même compliqué, quand on ne veut pas voir, quand on ne veut pas comprendre,non?

mercredi 7 décembre 2011

30 000 livres pour l'université du roi Henry Christophe

Haïti: Le 12 janvier 2012, sera inauguré à Limonade, le premier grand campus universitaire d'Haïti rattaché à l'Université d'État d'Haïti. Ce campus, érigé dans le quadrilatère Caracol/Limonade/Trou-du-Nord/Terrier-Rouge, l'un des épicentres de développement de la grande région du Nord, est un don du peuple dominicain au peuple haïtien. On peut considérer cette réalisation comme le point de départ du premier village universitaire d'Haïti. Il pourra recevoir dans les trois ans à venir plus de dix mille étudiants.
Spontanément, un groupe d'éditeurs, d'imprimeurs, de professeurs d'université, d'écrivains et d'intellectuels haïtiens a pris l'initiative d'apporter leurs contributions à l'édification de cette oeuvre remarquable qui marquera, sans aucun doute, un tournant dans l'histoire de notre système éducatif.
Cet appel s'adresse particulièrement aux éditeurs, auteurs, imprimeurs, libraires et bibliothécaires. Il interpelle aussi toutes les personnes et toutes les institutions qui se sentent concernées par la nécessité d'une formation académique de qualité pour nos jeunes et leur participation active à une société de la connaissance. Nous sollicitons et nous attendons leur participation à ce marathon.
Nous visons à recueillir au moins trente mille ouvrages de toutes disciplines, comme un premier apport à la bibliothèque de l'Université du Roi Henri Christophe. Ces livres sont appelés à être manipulés par de nombreuses générations d'étudiants. Nous saurions gré aux donateurs, selon leur disponibilité, de nous les faire avoir à raison de cinq (5) exemplaires par titre. Notre objectif est de recevoir ces 30 000 titres d'ici le 31 décembre au plus tard afin que ces livres soient classés selon les normes et remis aux responsables de l'Université du Roi Henri Christophe le 12 janvier prochain.
Les dons de livres peuvent être déposés au Complexe Galleria, 2e étage, bureau de l'Association haïtienne des Nations unies (AHNU), Pétion-Ville.
L'Association haïtienne des Professionnels du Livre (AHPL) a accepté d'assurer la coordination de cette opération.

Contact : Mme Monique Élicart. Tél: 25.19.10.34. Cel : 34.45.21.50. Courriel : elicartm@yahoo.fr.

Hérard Jadotte, président, Association haïtienne des Professionnels du Livre (AHPL).
Dieudonné Fardin, éditeur, Éditions Fardin.
Max Chauvet, imprimeur, Imprimeur. S.A.

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=100100&PubDate=2011-12-06

Commentaire
Une université moderne, don de la République Dominicaine à Haiti. Un très bon signe de la coopération sur les plans éducatifs et culturel? Bien sûr! Mais il y a beaucoup d'autres aspects des relations entre les deux pays qui attendent d’être résolus. Les problèmes migratoires, du commerce, du contrôle de l’érosion, des problèmes sanitaires, etc. Pour tous les aspects mentionnés et bien d'autres encore, la République Dominicaine, plus soucieux de faire ce qu'elle peut pour avancer, se trouve à des années-lumières d'Haiti. Et loin de nous l'idée de prétendre que celui-là ne confronte pas ses propres problèmes. Mais la réalité est devant nous, Haiti est en retard dans tous les domaines par rapport à n'importe quel pays du globe. Ce don de ce pays voisin ne pourrait-il pas inaugurer une ère nouvelle dans les efforts nécessaires pour moderniser une fois pour toute le système éducatif suranné au milieu duquel nous nous débattons encore, mais d'abord, les locaux de l'université d'État d'Haiti? Pas plus loin qu'hier, nous avons vu les professeurs se plaindre du peu d'attention accordé par ce gouvernement au secteur universitaire. Secouons-nous de notre torpeur, allons de l'avant! Pourquoi avoir peur d'imiter les bons exemples, puisque de toute façon, notre retard est trop considérable pour commencer à faire la petite bouche. Pour acquérir ce droit-là, le premier pas consisterait à être sélectif dans le choix de nos politiciens. Et nous en sommes encore trop trop loin.

mardi 6 décembre 2011

SONIA PIERRE ou le destin d'une condamnée à mort

Cette femme née en République Dominicaine en 1963, ne saurait avoir eu la vie facile. Si en plus, elle a fait de la prison à 13 ans, le reste de ses avatars est plus qu'évident pour quiconque connait ne serait-ce qu'un tout petit peu la situation des prisons dans le pays voisin. Avant d'aller plus loin, il faut signaler que c'est essentiel de faire une différence entre les citoyens dominicains (le peuple), et les gouvernements ou les politiciens de ce pays. Comme partout au monde, le peuple généralement généreux et sensible, ne suit pas toujours (et jamais unanimement) les politiques de ses dirigeants. C'est ce qu'on a souvent vu quand certains de ces dirigeants utilisaient l'alibi haïtien pour cacher une crise locale. Il arrivait même que des massacres soient commandités d'en haut, c’était le cas en 1937 par les troupes du dictateur Trujillo. De tels écarts, de tels crimes, ont toujours eu très peu d'effet sur les autorités haïtiennes diplomatiques ou politiques. On a déjà observer des secteurs libéraux dominicains eux-mêmes prendre l'initiative d'aider les immigrants plutôt que d'attendre une réaction quelconque du côté haïtien qui, de toute façon, n'arriverait jamais. C'est dans ce contexte d'isolement, d'abandon total, que cette femme, habituée au malheur, s'est engagée à réagir, à aider ceux qui, comme elle, étaient condamnés à succomber silencieusement ou à se défendre tout seuls. Oui, il y a eu des moments d'accalmie, des éclaircis, dans cet immense brouillard d'exploitation, d'intimidation et de persécutions, ce fut l’époque où un ambassadeur comme Guy Alexandre, se dépensait corps et âme pour faire la différence (prêcher l'entente entre les deux peuples, aider les citoyens affectés, dénoncer ce qui se faisait mal, prononcer des conférences dans les universités...). Mais la pause, pour ainsi dire, a été de courte durée. Elle a donc eu, cette femme, le courage de monter une organisation (le MUDHA en espagnol: Mouvement des Femmes Dominico-Haïtiennes, 1981), de faire face quotidiennement à toutes les menaces imaginables, et à défendre ces compatriotes que la rapacité de certains investisseurs du secteur de la canne à sucre (surtout) mais aussi de la construction(y compris gouvernemental)... exploitaient à outrance. Qu'elle ne soit plus, que sa voix se soit éteinte à jamais, cela crée un vide dans la communauté haïtienne en République Dominicaine, mais c'est aussi un manque pour Haiti elle-même dont les gouvernements sont de moins en moins efficaces à faire face à leurs obligations de protéger les ressortissants. L'urgence d'un guide, d'un remplaçant pour Sonia Pierre, se fait déjà sentir dans ce pays dont personne ne sait combien d'Haïtiens y habitent ni qui répond de leur difficulté. Paix à son âme!

lundi 5 décembre 2011

Haïti-Sommet de la CELAC : Michel Martelly annonce des points positifs

lundi 5 décembre 2011
P-au-P, 05 déc. 2011 [AlterPresse] --- Le président haïtien Michel Martelly annonce une série d’engagements contractés à l’égard d’Haïti par les Etats qui ont participé au premier sommet de la Communauté des Etats Latino-Américains et Caribéens (CELAC).
De retour en Haïti le 4 décembre, le président Martelly se dit « satisfait » de sa participation à ce premier forum et estime qu’il aura des « retombées positives » pour le pays, lors d’une rencontre avec la presse.
Le sommet s’est déroulé le 2 et le 3 décembre à Caracas, capitale de la République Bolivarienne du Venezuela.
Martelly annonce qu’un groupe d’investisseurs de la région effectueront ce mardi 6 décembre une visite exploratoire dans le pays.
Une démarche qu’entreprendront vers la mi-janvier 2012 les autorités colombiennes qui promettent d’apporter un soutien à Haïti, dans les domaines de l’éducation et la sécurité.
L’Équateur se dit également intéressé à aider Haïti dans le domaine de la sécurité. De son côté le Chili projette de construire des dizaines d’écoles à travers le pays.
Les frais d’obtention d’un visa panaméen pour les commerçants (es) haïtiens (es) seront réduits, suivant un engagement pris par le Panama. Les frais sont évalués actuellement à 1000 dollars. Et le Panama reste l’une des principales destinations des marchands (es) haïtiens (es).
Pour sa part le Brésil contribue à la construction d’une centrale hydroélectrique dans le département de l’Artibonite (Nord), un projet sur le tapis depuis la présidence de René Préval.
Par ailleurs, la présidence entend lancer un programme baptisé « Non à la faim ! (créole haïtien : Aba grangou) » d’ici janvier 2012.
Ce dernier devra commencer avec 100 000 mères de familles. Il sera financé par le gouvernement équatorien et la Commission Economique pour l’Amérique Latine et les Caraïbes (CEPAL).
Les derniers chiffres officiels concernant l’insécurité alimentaire tourne autour de 45% de la population. [rh apr 5/12/2011 09 :45]

http://www.alterpresse.org/spip.php?article12006

Commentaire
En toute sincérité, on pourrait encore considérer le processus de reconstruction de ce pays dévasté, une entreprise réalisable. Ces réponses de la CELAC et de la CEPAL en sont la preuve. Le seul problème demeure la gestion, les autorités locales. Toutes les difficultés d'Haiti se trouvent dans la manière dont les responsables conduisent le pays. Le potentiel d'aide, d'appui, non seulement moral, d'Haiti ne s'est pas épuisé. Il ne manque qu'une main experte, assistée d'autres citoyens de bonne volonté, des fonctionnaires moralement recommandables (il y en a trop peu!), pour gérer la chose publique. Par la même voie, on permettrait à la population de reprendre espoir dans sa capacité à changer, à améliorer sa situation. Un pays condamné à dépendre constamment de l’extérieur, quand même il disposerait des plus belles vertus du monde, ne saurait être viable. Augmenter sa propre capacité productive par des investissements massifs, régulariser les titres de propriété, pour donner à la population l'assurance que son travail acharné ne va pas profiter exclusivement au premier aventurier venu (généralement un politicien adroit, pour ne pas dire cleptomane). La population meurt de faim. Lorsque certains économistes haïtiens, le cerveau déformé par des connaissances critiquables, impose les schémas mémorisés ailleurs, sur un territoire (en soi déjà très) chaotique, vous disent que l'aide internationale freine le développement, la capacité productive, ils prêchent pour leurs paroisses. Leurs familles se nourrissent et le font parfaitement bien. Il en est même qui vont faire leurs emplettes en République Dominicaine à côté ou à Miami. Théoriser devient, dans un tel contexte, un bel exercice d'éloquence et de pédanterie. Mais ceux dont les tripes se compriment sous les griffes ardentes de la faim se moquent de ces théories boiteuses et de ceux qui parlent d'eux sans les consulter, sans connaitre leur situation, et sans y accorder trop d'intérêt. Produire, voilà ce dont a besoin Haiti. Cela permettrait non seulement de travailler à l’indépendance alimentaire, mais protégerait l'environnement, encouragerait les gens à travailler à rendre la terre plus fonctionnelle, à freiner le processus accéléré de désertification de ces 27 000 kilomètres carrés appelés à nourrir près de dix millions d'humains. Entre-temps, il faut trouver un point d'équilibre. Utiliser l'aide pour préparer l'environnement propice à l'autosuffisance!

jeudi 1 décembre 2011

Haïti-Politique : Martelly participe au premier sommet des chefs d’États Latino-Américains et Caribéens

mercredi 30 novembre 2011

P-au-P, 30 nov. 2011[AlterPresse] --- Le président haïtien Michel Martelly se rendra à Caracas, la capitale du Venezuela, ce premier décembre pour participer au premier sommet des Chefs d’État et de Gouvernement de la Communauté des États Latino-Américains et Caribéens (CELAC), informe un communiqué de la présidence.

Cette rencontre se déroulera les 2 et 3 décembre, précise le document acheminé à AlterPresse.
Ce sera aussi l’occasion pour le chef de l’État haïtien de rencontrer son homologue vénézuélien Hugo Chavez. Un diner officiel sera donné en la circonstance.
Michel Martelly estime particulière les relations haïtiano-vénézuéliennes et dit s’engager à les renforcer.
Le président Martelly compte également s’entretenir avec d’autres personnalités de la communauté, notamment sur les rapports d’Haïti avec d’autres pays du Sud.
La CELAC est un regroupement politique multilatéral de 33 pays de l’Amérique Latine et des Caraïbes, créé en février 2010 au Mexique. Elle vise à consolider l’intégration et la complémentarité entre ces pays.
La date du retour du président en Haiti n’a pas été indiquée.
Martelly s’était rendu du 15 au 17 novembre dernier à la Havane où il a rencontré le président cubain Raoul Castro et l’ancien président Fidel Castro.[ rh apr 30/11/2011 16 :25]

http://www.alterpresse.org/spip.php?article11974

Commentaire
Dans ces circonstances qu'il n'a pas choisies, mais qui s'imposent à lui en tant que chef d’état, il est à peu près difficile de connaitre les vraies idées de M. Michel Martelly. Cependant un fait demeure, c'est que si le président veut vraiment avoir une base plus ou moins solide pour ses initiatives futures, il devrait profiter de chacune de ces occasions pour se définir, ajouter un petit point à son bilan afin d'en récolter les fruits le moment venu. S'il y a un moment où il devrait parler de la levée de l'embargo contre Cuba, ce n’était pas précisément en solo comme il l'a fait à la Havane dernièrement (il n'est encore qu'un néophyte fragile sur l'échiquier politique du monde), mais précisément maintenant, collectivement, comme une nécessité ressentie par cet ensemble de pays latino-américains et caraïbes. Mais il y a aussi d'autres enjeux importants, plus terre-à-terre, pour ainsi dire, dans une telle réunion. L'un d'entre eux, c'est la relation avec le Vénézuela, mais aussi avec le Brésil (sans oublier la Colombie) pour leur poids respectif dans l’économie de la région. Le Vénézuela, parmi ces producteurs de pétrole se montre plus que généreux, (malgré ses propres problèmes)envers les pays de la région. Sur ce plan, Haiti a déjà reçu assez de concessions dont les politiciens locaux, depuis les années 90 ont empoché une bonne partie. Ce pays est aussi producteur de dérivés du pétrole dont le bitume, l’élément si indispensable pour l'asphaltage des rues défoncées de ce pays (Haiti) qui n'en a plus l'air. Alors si les conseillers sont présents et qu'ils servent à quelque chose, si surtout celui qu'ils doivent conseiller sait et veut écouter, ils pourraient tout en faisant un travail prudent, comme c'est le cas pour tout nouveau venu dans ces cercles de pouvoir régional, amorcer des discussions dans le sens d'un tarif privilégié pour l'achat de ce produit. A moins que la reconstruction ne soit qu'un mythe et que les contrats sans appels d'offres, aient épuisé toutes les possibilités. En tout cas, cela pourrait aider le pays qui s'est confié à la direction de M. Martelly. Ce serait un moyen intelligent aussi de justifier ces déplacements payés par ces gens trop souvent ignorés par ceux qui ne les gouvernent pas toujours de façon optimale. Souhaitons ardemment qu'il prenne au sérieux ces rencontres et agissent en conséquence, en donnant la première place au bien de la collectivité!