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dimanche 25 septembre 2011

Ce discours à l'ONU marquera-t-il la présidence de Martelly ?

edito
Haïti: Le discours du président Michel Martelly devant la 66e Assemblée générale des Nations unies ce vendredi 23 septembre 2011 est le plus présidentiel depuis son investiture. Son intervention a été celle d'un responsable qui a pris la mesure des limites de la souveraineté d'un pays assisté, mais qui ne se résigne pas à rester à genoux.
Un message loin des imprécations, des effets de manche et des jolies phrases pour plaire à une opinion publique friande de bravades.
Michel Martelly n'a cependant pas abdiqué son devoir de dire la vérité à la face du monde.
Diplomate, il n'a pas cité une fois le mot Minustah, cette mission des Nations unies qui est dans nos murs, invitée et hôte déplaisant, mais nécessaire. Pas une fois non plus le mot ONG n'est sorti de la bouche du président.
Dans son message de plus de 1 700 mots, Martelly a plaidé pour une coopération plus efficace après les multiples catastrophes qui ont frappé Haïti pour demander que « les réponses se doivent d'être encore plus mûrement réfléchies, plus responsables, plus concertées, plus audacieuses et plus déterminées ».
Parlant du général pour faire passer le souhait d'Haïti, le président Martelly a déclaré :« Je crois fermement qu'il appartient d'abord, aux pays concernés, de rechercher et de trouver des pistes de solutions; car toutes celles imposées, généreuses ou non, ne produiront à moyen terme que des effets adverses... »
Plus loin, dans son allocution, le président a mis des limites à la volonté d'un pays comme le nôtre de prendre en main son destin.
« ...Tout aussi fermement, je pense qu'il serait irresponsable, pour un pays victime de catastrophes, de se priver de l'aide, de l'expertise, de la coopération des nations soeurs, qu'elles soient du Sud émergent ou du Nord supposé nanti.
Et c'est ce juste équilibre, disais-je, entre une gouvernance adulte et une assistance internationale bien pensée, qu'il convient de rechercher, de codifier, sans fard et en toute vérité.... »
Critique depuis sa campagne électorale envers la Minustah, le président a lancé des piques contre ladite mission, toujours sans la citer.
« ....Une constante se dégage: accueillies avec soulagement aux premiers jours, ces Missions à moyen terme s'essoufflent. Pourquoi? Parce qu'entre autres les attentes des pays hôtes d'une part, sont surdimensionnées; d'autre part, parce que ces Missions ne peuvent évoluer, figées qu'elles sont dans des termes de références peu souples.
Et c'est dommage, car rien n'est plus irresponsable et dangereux que de laisser partir ces Missions, sans alternative nationale efficace.
Dans le cas d'Haïti, à quoi aurait servi cette Mission, si aujourd'hui, sans coup férir, sans préavis, elle se retirerait. Certes, je suis conscient que des bavures inacceptables ont entaché le prestige de la Mission, mais les arbres ne devraient pas cacher la forêt... »
Plus précisément, le président a fait le procès de l'aide et des promesses non tenues.
« ....Le monde ne sera que plus beau, quand se tairont les "je condamne" d'un côté et les "j'accuse" de l'autre. Haïti peut en témoigner. Mais Haïti peut aussi dire, que dans l'aide post catastrophes, les décaissements de fonds qui échappent aux procédures immuables, complexes et lourdes, restent les plus adaptés. Il faudrait que ces procédures, quand bien même accompagnées, permettent aux pays concernés de s'approprier l'initiative stratégique sur leur destin. Justement, parlant de fonds mis à disposition des populations victimes, il serait souhaitable que les promesses ne restent pas lettre morte, que les projets de reconstruction voient le jour!
Et dernier coup de massue, le président Michel Martelly a jeté un pavé dans la mare grouillante de bonne volonté de la coopération internationale en une phrase : « ln fine, je le dis, il serait fort triste que la main gauche reprenne ce que la main droite a donné! Et cette tentation existe, elle est le fruit d'une conjoncture économique mondiale difficile. Mais là encore, seule la vérité devrait prévaloir... »
Avant de lancer une sévère mise en garde, «...quand la reconstruction attend, l'attente peut devenir impatiente et dommageable... »
Bien entendu, il y en a qui ne retiendront du message à la tribune de l'Onu que le sonore « Ayiti kanpe tèt kale » lancé à la fin de l'allocution, mais ce serait, comme le dit souvent Michel Martelly à ceux qui fustigent Sweet Micky, se souvenir que des gros mots du répertoire du chanteur...
Martelly, après son passage devant l'Onu et après cette semaine à New York, avec les grands de ce monde, doit se sentir plus président que jamais, plus responsable que jamais et aussi plus limité que jamais à la tête de notre pays où la bonne volonté ne suffit pas pour déplacer les montagnes.
Bienvenu sur terre, Monsieur le Président.

Frantz Duval
duval@lenouvelliste.com
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=97554&PubDate=2011-09-23

Commentaire
Remarques tout à fait juste de l’éditorialiste! Sauf que présidentiel ou non, le discours ne va pas nous conduire trop loin si des initiatives concrètes ne l'accompagnent. Et nous devons être honnête. Ce n'est pas Martelly en tant que personne qui est visé, mais toute son équipe qui, jusqu'à présent n'a pas pu donner toute sa mesure à cause d'une opposition, malheureusement pour Haiti, concentrée aux mains de Préval et de sa clique. Tant que ces gens le veulent, ils pourront encore faire du mal au pays. Et ils ne négligent jamais cette occasion depuis l'arrivée de Martelly. Qui pourra réveiller la conscience de ces privilégiés (illégitimes)? Qui pourra leur montrer le chemin de la grandeur morale qui nous interdit d'utiliser autrui pour notre bien-être personnel exclusif. Surtout quand ceux dont nous tirons profit, scandaleusement à outrance, sont misérables.

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