La République Dominicaine manœuvrerait aussi dans l’ombre
vendredi 2 septembre 2011
P-au-P, 2 sept. 2011 [AlterPresse] --- Inexpérimenté et intransigeant, Michel Martelly a essuyé des échecs « humiliants » à cause, en partie, de son caractère et son entourage durant les trois premiers mois de son mandat.
C’est ce qu’affirme le sénateur Youri Latortue dans un texte publié dans l’ouvrage collectif intitulé « les 100 premiers jours de Martelly », auquel ont contribué près d’une quinzaine de personnalités.
Il existe actuellement une majorité au parlement que le président devrait considérer, souligne Latortue.
« Sauf que Michel Martelly, contrairement à Préval qui aurait compris de bien négocier, puisque cette majorité est loin d’être statique, préfère adopter une stratégie qui consiste à foncer dans le tas. A faire sauter les verrous par la force », analyse le sénateur de l’Artibonite (Nord).
Daniel Supplice, l’un des conseillers de Martelly, au moment où il était pressenti pour devenir premier ministre, a tenté d’amorcer la négociation avec le parlement, selon Latortue.
Supplice a voulu « une gouvernance partagée, consistant notamment à laisser au bloc majoritaire le choix de certains postes de direction et de délégués au sein de l’administration ».
Les frères (Grégory et Thierry) Mayard-Paul, soutenus par Martelly, auraient fait échec à cette tentative.
Daniel Gérard Rouzier, premier ministre désigné par Martelly, a, lui aussi, tenté de négocier, affirme le parlementaire.
« …Il a été convenu de proposer la gestion de deux ministères à la discrétion du bloc majoritaire. Nouveau refus de Michel Martelly qui a précipité l’avortement du plan de Rouzier », lit-on dans le texte.
Rouzier a reçu le vote défavorable du parlement, également à cause du « poids désormais incontestable de la République Dominicaine dans le jeu politique haïtien », ajoute Latortue.
Selon lui, Rouzier avait dénoncé « un contrat de reconstruction d’une partie de Port-au-Prince d’un milliard quatre cent millions de dollars américains (US $ 1.00 = 41.50 gourdes ; 1 euro = 61.00 gourdes aujourd’hui), signé entre le gouvernement Belllerive et une puissante firme BTP dominicaine proche de Leonel Fernandez. », ce qui a sérieusement compromis sa candidature.
L’échec de la candidature du juriste Bernard Gousse est dû aux mauvaises relations entre le chef de l’Etat et cette majorité, alors que « de vieilles rancunes » sont venues envenimer les choses.
Certains parlementaires avaient affiché qu’ils ne portaient pas Gousse dans leur cœur, accusant même celui-ci de crimes. Des accusations démenties par un organisme de défense des droits humains.
Plus d’un mois après le revers essuyé avec Gousse, Michel Martelly n’a pas désigné officiellement de premier ministre.
Le nom de Garry Conille, médecin de 45 ans proche de Bill Clinton, continue de circuler. Rien n’indique qu’une entente a été trouvée avec le parlement. [kft rc apr 02/09/2011 14:00]
http://www.alterpresse.org/spip.php?article11484
Commentaire
Le poids de certains politiciens dominicains dans cette affaire, nous l'avons déjà suggéré, est considérable. Nous devrions même préciser, le poids du président Léonel Fernandez, comme l'a si bien fait comprendre le sénateur Latortue. Mais la somme mentionnée est si considérable et a fait tant d'heureux dans la classe politique haïtienne, que réussir à éclaircir le cheminement de ce magot ne va pas être une tache facile. La persistance du sénat à ne pas ratifier n'importe quel premier ministre y est pour quelque chose. L'ex premier ministre Bellerive a donc su bien faire (dans son intérêt, évidemment et aux dépens du pays) son travail!
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire