Haïti: L'affaire du viol présumé du jeune port-salutin par quatre soldats uruguayens de la MINUSTAH fait couler beaucoup d'encre, notamment au niveau du parlement haïtien. La commission Justice et Sécurité Publique du Sénat, auteure d'un rapport sur ce dossier chaud de l'actualité, entend attaquer ce problème en profondeur, selon les déclarations de son président, le sénateur Youri Latortue. Pour sûr, ses recommandations ne vont pas par quatre chemins : il s'agit d'une part, de restreindre l'immunité des soldats onusiens et d'autre part, de programmer un retrait progressif et ordonné de la MINUSTAH en vue de la création d'une nouvelle force publique dans le pays.
« Nous demandons, en cas de renouvellement du mandat de la MINUSTAH, prévu pour le 15 octobre prochain, l'enlèvement de l'immunité générale des soldats liée aux actes accomplis dans l'exercice de leurs fonctions », a indiqué le sénateur de l'Artibonite sur les ondes de Magik 9. « Si un soldat commet une infraction en dehors de sa fonction, sur demande de la victime, l'immunité lui sera enlevée et le soldat en question aura à comparaître par devant les tribunaux haïtiens, a poursuivi le sénateur qui veut, par là, éviter tout nouvel abus par les casques bleus de l'immunité générale qui leur est accordée par le conseil de sécurité des Nations-Unies. A cet effet, la commission suggère à l'ONU de faire oeuvre nouvelle au sujet de l'immunité de ses soldats, afin de respecter sa mission première qui est d'assurer l'harmonie entre les nations et non d'appuyer les violations des droits de l'homme."Le viol du jeune haïtien représente non seulement un crime mais a été réalisé dans des circonstances aggravantes : ce fut un viol collectif et, de surcroît, a été mené par un groupe prédisposé à sécuriser les citoyens" a fait remarquer le sénateur.
Selon ce dernier, la commission sénatoriale Justice et Sécurité, qui a rencontré à Port-Salut la victime et sa famille ainsi que la MINUSTAH et les autorités locales dans le cadre de cette affaire, a décidé de renforcer la batterie des avocats devant aider le jeune à faire respecter ses droits.
Par ailleurs, le départ progressif et ordonné de la MINUSTAH, inscrit comme second projet de résolution dans le rapport de la Commission sénatoriale, n'est pas envisagé sans condition. Il doit être, d'après Youri Latortue, accompagné par les calendriers de retraits des différentes troupes, par une réforme du mandat de la mission onusienne en vue de l'axer cette fois non seulement sur la sécurité mais aussi sur la formation nécessaire à la création d'une nouvelle force publique ainsi que par l'insertion dans le prochain budget de l'État des dépenses relatives à la mise en place de cette future institution de sécurité nationale.
" Avec l'argent dont nous disposons pour la Police Nationale, nous pouvons à 80% faire fonctionner deux entités de sécurité ", soutient Youri Latortue, convaincu que l'insuffisance de ressources de la PNH, cent fois déclarée, est assimilable plutôt à une gestion trop dépensière de cette institution, qu'il qualifie de budgétivore en raison de con caractère civil. "Aujourd'hui, la PNH veut fonctionner à la manière internationale sans avoir les moyens pour le faire", a critiqué le sénateur, nostalgique de l'époque de l'armée où il était accordé plus d'avantages sociaux et moins de salaires aux militaires, contrairement aux policiers de nos jours.
" L'économie nationale fait la force de l'armée nationale ", rappelle d'une voix énergique le sénateur de la république. " Au fur et à mesure que la production haïtienne augmente, l'armée pourra accroître ses capacités " a ajouté l'ancien militaire, pour qui l'armée et la police constituent deux forces complémentaires pour garantir la sécurité d'un pays.
Carl-Henry Cadet
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=97087&PubDate=2011-09-14
Commentaire
M. Youri Latortue a peut-être raison, en effet la sécurité d'un pays ne peut dépendre de l’extérieur a perpétuité. Mais il ne devrait pas oublier non plus de prendre en compte les caractéristiques particulières des militaires dans un pays comme le nôtre, sous-développé et, de surcroît, analphabète. Ce sont ces ingrédients-là qui assaisonnent les ambitions irrationnelles et concoctent les coup-d’état dont nous avons de très fâcheuses expériences. C'est vrai qu'ils ne sont pas les seuls. Nous avons déjà eu aussi des monstres surgis d’élections parfaitement démocratiques. Je ne pourrais donc, sous aucun prétexte, oublier cette particularité non plus. Alors, prudence, Messieurs les législateurs!
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