Le groupe des 16 lâche du lest. Il envoie la balle dans le camp du président. Ce dernier a répondu en choisissant, dit-on, M. Garry Conille, un inconnu. Choix pas encore officiel. Dans une déclaration commune, le G16 avait proposé une solution en dix points pour une sortie définitive de la crise et plaçait ainsi M. Martelly devant ses responsabilités. La réponse est venue, et elle n’a pas tardé. Est-ce la bonne ?
01/09/2011
Le groupe des 16 lâche du lest. Il envoie la balle dans le camp du président. Ce dernier a répondu en choisissant, dit-on, M. Garry Conille, un inconnu. Choix pas encore officiel. Dans une déclaration commune, le G16 avait proposé une solution en dix points pour une sortie définitive de la crise et plaçait ainsi M. Martelly devant ses responsabilités. La réponse est venue, et elle n’a pas tardé. Est-ce la bonne ? En tout cas, M. Conille devra rapidement convaincre qu’il est l’instrument de la réconciliation et du redressement social pour assurer sa ratification. Si la déclaration du groupe majoritaire fut une opération de charme, ils sont servis par la réponse du président Martelly.
En fait, l’initiative du G16 a été bien accueillie par l’assemblée des sénateurs et par la classe politique en général. Il parait que l’accueil a été positif du côté de la présidence également. Le sénat étant un incontournable, il vaut mieux pour le président Martelly de s’efforcer de le rallier à sa cause. Vision partagée par les députés qui constituent « la majorité présidentielle ». Ces élus préconisent le dialogue pour débloquer définitivement la situation. Pour le député Lusma Romulus, de la circonscription des Anglais, M. Conille devra essayer de trouver un consensus avec tous les blocs afin de s’assurer du support du parlement. Bien que la majorité présidentielle ait été plus favorable au choix de Wilson Laleau, ces députés, affirme-t-il, ont décidé de paver la voie à M. Conille.
Quant aux interrogations relatives au poids de l’international dans le choix du Chef de l’Etat, Lusma Romulus explique que Michel Martelly a choisi de son propre chef de confier à M. Conille la mission de faire atterrir sa vision de la gouvernance. Ce choix interviendrait après une rencontre, le Jeudi 31 août, avec les représentants du groupe des Parlementaires pour la démocratie et le progrès (PDP), du rassemblement des parlementaires pour le changement (RPC) et ceux d’Ansanm nou fò. Garry Conille ne serait pas intéressé à assurer cette fonction s’il n’a pas le support de tous les secteurs et en particulier celui du parlement, vu que les tâches qui l’attendent sont énormes, explique Romulus. Poursuivant que c’est une personnalité qui peut avoir l’aval de tous les secteurs, il est l’homme de la situation, soutient le député. Le président n’entend pas s’ériger en vedette et interférer dans l’affaire du gouvernement rapporte Romulus, il veut tout simplement quelqu’un qui peut matérialiser ses promesses électorales.
Suivant les précisions du député Ogline Pierre joint part téléphone, Garry Conille a de fortes chances d’accéder à la primature. Il bénéficierait, selon l’élu de Camp Perrin/Maniche, de l’appui de près de 60 députés à la chambre basse. Ces principaux alliés se regrouperaient, selon les précisions d‘Ogline Pierre, au sein des blocs, Alternative, RPC, PDP, Ansanm nou fò. Toutefois, la ratification rapide de M. Conille se heurte à certains problèmes, notamment celui relatif à sa résidence.
Intervenant à la rubrique « Invité du jour » de Radio Vision 2000, Garry Conille a soutenu que sa situation n’est pas différente de celle d’Ericq Pierre, pour lequel ce problème n’a jamais été soulevé. Par conséquent, il demande aux acteurs politiques de lui laisser la chance de prouver sa capacité et de mener à bien la barque du pays et de faire atterrir la vision du président Martelly.
L’intéressé a expliqué qu’il ne saurait se refuser à cette demande du chef de l’Etat telle qu’elle a été formulée. Il dit connaitre le projet du président, être en accord avec sa famille et espère trouver un accord avec le parlement. ‘La volonté d’aider à Haïti est une constante de ma vie », a-t-il soutenu.
Par ailleurs, Garry Conille s’est dit impressionner par les discussions entamées avec le président. M. Martelly ne voulait pas choisir son premier ministre parmi son cercle fermé d’amis. Il a ajouté que le chef de l’Etat cherche des techniciens qui peuvent l’aider à accomplir sa tâche. « Je suis armé de bonne foi et de bonne volonté », a renchéri le médecin de 45 ans qui croit que le support de tous est important pour sortir le pays de sa situation. L’homme haïtien n’est pas différent, des autres, il faut lui montrer seulement où se trouve l’intérêt commun, a-t-il poursuivi. Ainsi donc, M. Conille croit que construire un consensus n’est pas une chose compliquée, vu qu’il y va de l’intérêt de tous.
Les critiques affluent déjà. Certains estiment que Garry Conille n’est pas une personnalité du milieu. Le premier ministre désigné ne s’en défend pas. C’est légitime, dit-il, vu que je n’ai pas eu une trajectoire politique connue en Haïti. J’ai eu un parcours plutôt technique. « La responsabilité de me présenter à la population est mienne », insiste-t-il.
Se démarquant de son héritage familial, duvaliériste, Garry Conille demande à être accepté pour ce qu’il est vraiment. « Après plus de 45ans de vie j’ai tracé ma voie », explique-t-il.
Qui bloque qui ? Michel Martelly renvoie la balle aux parlementaires. La population aura dans les prochains jours la possibilité de vérifier la bonne volonté des différents acteurs impliqués dans la crise, notamment des sénateurs du groupe majoritaire. En présentant leur résolution, Joseph Lambert et ses pairs parlaient d’acte de bonne volonté et de participation désintéressée pour résoudre la situation et permettre au pays de se doter d’un gouvernement légitime. La désignation de M. Garry Conille va permettre de jauger de leur bonne foi quant à la résolution de la crise. Quant à Garry Conille, il devra prouver qu’il est effectivement l’homme de la situation.
Lionel Edouard
http://www.lematinhaiti.com/contenu.php?idtexte=25636&idtypetexte=
Commentaire
Jusqu'à présent, c'est le meilleur candidat qui ait été présenté eu égard au consensus qu'il suscite. Cependant, certains facteurs ne semblent pas négligeables. D'abord, son manque de prise dans le milieu dont il s’est éloigné pendant plusieurs années; ensuite (son corollaire) les manipulations politiciennes qui chercheront à profiter de ses faiblesses, c'est a dire de son manque d’expérience politique et de l'absence d'une base ferme dans la classe dirigeante locale...Bref il a besoin de cette couleur locale, pour ainsi dire, qui n'aurait pas fait défaut aux deux candidats précédents, rejetés par le sénat. Quant à la résidence locale de cinq ans au moins, c'est de la blague, car plus d'un ministre et même d'un premier ministre haïtiens n'ont pas forcément répondu à cette exigence et ont pu réaliser un travail sérieux, du moins acceptable compte tenu des conditions. Cette peur de ceux qui viennent d'ailleurs indique la mauvaise foi de ceux qui, restés sur le terrain, craignent que d'autres plus capables, fassent ce qu'ils ne sont pas en mesure de faire. Aucun pays civilisé ne peut punir un citoyen parce qu'il se préoccupe de sa formation et la réalise! Sinon, les pays sous-développés seront condamnés à croupir ad vitam aeternam dans la médiocrité. Et cela est loin de vouloir dire que pour avoir une excellente formation, il faille aller la chercher ailleurs. Franketienne, entre autres, est un bon exemple dans ce sens.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire