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dimanche 16 octobre 2011

Edito : Le ciment du vivre ensemble

Haïti: A chaque fois que le parlement réalise l'examen de la politique générale d'un Premier ministre ou l'interpelle, le pays reste suspendu des heures devant ce spectacle envoutant. Parole, parole.
Le grand oral est un must.
A la télévision ou devant un poste de radio, tout un chacun a l'opportunité de juger l'intonation juste, d'apprécier les belles phrases, de savourer les idées généreuses, de s'étonner des grandes prouesses ou des souhaits astronomiques de nos élus.
Les réponses fermes ou floues de nos responsables gouvernementaux valent aussi le temps passé à admirer ce ballet que la démocratie, telle que la Constitution de 1987 l'a inventée, nous offre périodiquement.
Au final, quand terrassé par le sommeil on baisse l'attention, il est bon de dormir, sourire aux lèvres, en se remémorant une phrase farfelue ou un lapsus énorme. On se réveille aussi assuré d'avoir pour toute la semaine de bonnes blagues à partager. Casser le sucre sur le dos des autres est un régal. Quand il s'agit de nos politiciens, les victimes sont plus appétissantes.
Ainsi va notre vie parlementaire. La nation assiste si rarement comme témoin aux rencontres entre les ministres et les élus que personne n'a à bouder le plaisir de ces grands rendez-vous.
Que reste-t-il d'autre, des mois plus tard ? Peu de chose. Les promesses n'engagent que ceux qui y croient. Il faut être un élu obstiné pour avoir la chance de voir, en l'intervalle d'une législature, sortir de terre une promesse obtenue d'un gouvernement en quête de ratification.
Les projets prennent du temps. Les fonds sont glissants. D'un budget à l'autre, on court après la concrétisation des engagements. Souvent sans résultat.
Les élus se rabattent sur les petites satisfactions immédiates pour ne pas finir bredouille. Un job arraché par-ci pour un parent, une enveloppe pour une fête patronale, un petit projet et des heures à faire le beau dans les medias. Voilà la récompense de l'élu moyen.
C'est pour sortir de cette permanente traversée du désert que les parlementaires veulent insérer dans le prochain budget une dotation de cinquante millions de gourdes par commune.
Ce pactole, plus que toutes les demandes de partage de responsabilités et les pactes de gouvernabilité, sera le ciment du vivre ensemble qui forgera l'alliance entre le Premier ministre Garry Conille et le parlement. La facture pour Jean Max Bellerive était de huit millions de gourdes par commune. L'inflation est passé par là.

Frantz Duval
duval@lenouvelliste.com
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=98368&PubDate=2011-10-14

Commentaire
Puisque nous y sommes, celle-ci aussi risque de se hisser sur le podium des belles promesses. Confier 50 millions de gourdes à chaque commune, ce serait plus que justice. Mais qui se chargera de superviser l'application pratique, réelle de cette assignation? On peut nous répondre "ceux mêmes qui s'occupaient des 8 millions de Bellerive". Alors nous pouvons poser la questtion clef: Peut-on guider nos pas d'aveugle vers les realisations concrètes même modestes réussies par ce genereux gouvernement Bellerive? Si cela se fait sans insulte, sans nervosité, sans nous soupçonner de vouloir salir l'honorable reputation (l'échappatoire de toujours) d'un homme et d'une équipe modèles, alors nous nous estimerons satisfaits, nous oublierons l'épisode et nous militerons pour que les 50 millions continuent de suivre le même trajet que la somme antérieure. La balle est dans le camp de l'ex-premier ministre, en attendant qu'un organisme superviseur des travaux de l'etat, connu de tous (A bas la clandestinité!) rende compte aux citoyens de ce qui se fait en leurs noms.

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