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mercredi 5 octobre 2011

Garry Conille Premier ministre

Après plusieurs heures de débats sur le rapport de la commission chargée d'analyser les pièces de Garry Conille, le Sénat de la République a ratifié son choix par 17 voix pour, trois contre et neuf abstentions. Le groupe majoritaire emmené par Joseph Lambert a une fois de plus confirmé sa suprématie au sein de la Chambre haute au détriment des autres groupes minoritaires.
Haïti: Malgré des réserves sur certains points, la commission a recommandé un vote favorable en faveur de Garry Conille.
« Le rapport des pièces atteste que le Dr Garry Conille est âgé de 46 ans et qu'il n'a jamais renoncé à sa nationalité », a précisé le rapport de la commission lu par le sénateur Carlos Lebon. Le rapport a par ailleurs noté que les avis sont partagés concernant la jouissance des droits civils et politiques du Dr Garry Conille.
Il n'est pas un secret que le Premier ministre désigné n'a pas exercé son droit de vote depuis 2005. Ce dernier ne dispose même pas de Carte d'identification nationale. M. Conille a, selon le rapport, soumis à la commission sénatoriale un certificat de l'Office national d'identification (ONI) certifiant qu'il a produit sa demande de CIN. La commission s'est gardée de divulguer la date à laquelle la demande a été produite.
D'après les conclusions de la commission, Garry Conille ne perd pas la jouissance de ses droits civils et politiques même s'il n'a pas voté dans les dernières élections. Des considérations ont aussi été produites sur la question de résidence de Garry Conille par la commission qui estime qu'il est éligible au poste de Premier ministre. « Le moment est venu de prendre une chance pour Haïti », ont écrit les signataires du rapport favorable à Garry Conille.
« On doit choisir entre respecter la Constitution et voter Garry Conille », a lancé le sénateur Jean Hector Anacacis, qui s'est farouchement opposé à Garry Conille. Le parlementaire a assimilé un vote favorable à M. Conille à une césarienne. Car, a-t-il souligné, le Premier ministre désigné n'est pas éligible au poste de Premier ministre.
Pour le sénateur William Jeanty, le rapport de la commission spéciale chargée d'analyser les pièces de Garry Conille est une incitation au crime. « Comment la commission peut-elle demander à l'Assemblée de violer la Constitution en votant Garry Conille ? », s'est-il interrogé. « On relève un ensemble d'incohérences, de suspicions et de doutes qui affaiblissent le dossier de M. Conille », a noté pour sa part le sénateur Anick François Joseph.
La non-possession de la Carte d'identification nationale par le Dr Garry Conille et la question de résidence sont les principaux arguments utilisés par ses détracteurs pour montrer qu'il n'est pas éligible au poste de Premier ministre. « Le cv de Garry Conille dit qu'il est en Haïti depuis mars 2010, a indiqué le sénateur Anick François Joseph. M. Conille avait le temps pour retirer sa Carte d'identification nationale, mais il ne l'avait pas fait. Il n'est sans doute pas intéressé à ce qui se passe dans le pays. » « Si on veut punir Garry Conille pour n'avoir pas voté aux récentes élections, on doit aussi punir les trois millions d'électeurs sur la liste électorale qui n'ont pas exercé leurs droits civils et politiques », a rétorqué le sénateur Dieuseul Désras Simon qui défendait le rapport favorable à Garry Conille.
Les pièces soumises par le Dr Garry Conille, sauf son cv, ont été transmis aux sénateurs. « On a reçu des pièces du Dr Conille retraçant son passé de 2000 à nos jours, a fait remarquer le sénateur William Jeanty, qui n'a jamais caché son opposition à Garry Conille. On a appris que M. Conille a vécu quatre ans au Canada à la suite des incidents enregistrés à la faculté de Médecine. On doit avoir son cv détaillé en vue de vérifier cette information ». Une information que le sénateur Kély C. Bastien, ancien camarade de Garry Conille à la faculté de Médecine a démentie. « Je suis en mesure de confirmer que Garry Conille avait passé moins d'un an à l'étranger après son entrée à la faculté de Médecine », a-t-il confirmé.
Dans les couloirs du Parlement avant même la séance, on faisait croire que le Groupe des 16, tombeur de l'ancien Premier ministre désigné Bernard Gousse, était acquis à la cause de Garry Conille. Les membres du groupe ont effectivement laissé pendant près de deux heures le soin aux sénateurs hostiles à Garry Conille de mener les débats. Ils sont timidement entrés dans les débats pour défendre le dossier du Premier ministre désigné.
John Joël Joseph a effectivement fait état d'un consensus au sein de la majorité pour doter le pays d'un nouveau chef de gouvernement. Pour le sénateur Evallière Beauplan, qui a brandi des conventions des Nations unies, Garry Conille est un haut fonctionnaire de l'ONU. D'après le parlementaire, on ne peut pas sanctionner M. Conille pour la question de résidence, car il n'a fait que représenter le pays à l'étranger. « Conille n'est ni un diplomate ni un haut fonctionnaire de l'ONU, mais un opportuniste », a rétorqué le sénateur William Jeanty.
Pour le sénateur Jeanty, accorder un vote favorable à Garry Conille, c'est remettre totalement le pays à Bill Clinton. « On doit dire à la nation les noms de ceux qui ont voté pour, contre et qui ont fait abstention », a suggéré le sénateur des Nippes, qui croit que M. Conille ne va rien apporter au pays. « Les sénateurs de l'Alternative vont faire abstention parce que la situation n'est pas claire », a précisé pour sa part la sénatrice Edmonde Beauzile.

Jean Pharès Jérôme
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=97909&PubDate=2011-10-04

Commentaire
Apres ce long et inutile débat-car il y avait urgence- sur le bien-fondé ou non du choix de M. Conille comme premier ministre, c'est aujourd'hui le temps de passer au travail. Le nouveau premier ministre a assez de pain sur la planche pour convaincre la population de sa bonne volonté face au désastre que représente la situation économique, politique, sociale et sanitaire du pays. La tache est immense, mais il sait à quoi s'en tenir puisqu'il a choisi. On ne se lance pas en politique pour faire des essais. Il doit donc avoir un plan clair et il a assez d'effort à faire, compte tenu des écueils rencontrés dans son chemin, pour dire sans ambages s'il va vraiment faire la différence par rapport à ses prédécesseurs. Bonne chance, Monsieur Conille!

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