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vendredi 19 août 2011

Course à la primature: deux nouveaux favoris

Michel Martelly, cent jours sans un Premier ministre. Il prend tout son temps cette fois. Il ne veut rien forcer. La République attend la désignation d’un troisième Premier ministre. Le chef de l’Etat aurait tiré les leçons du passé et ne veut pas être buté comme auparavant. Entre temps, une commission spéciale travaille sur une liste de noms en vue de retenir celui qui aura des chances de faire l’unanimité. Elle mène les négociations avec qui ? On ne sait toujours pas mais pas avec le parlement. A quand la désignation du prochain Premier ministre ? Pour l’instant rien n’est encore sur. Mais cette semaine parait très décisive.
18/08/2011
Trois semaines après le revers de Me Bernard Gousse à la chambre haute, les présidents des deux chambres n’ont jusqu’à présent été contactés par le président Michel Martelly. Pas un coup fil au président de la chambre des députés depuis plus de quinze jours s’indigne Sorel Jacinthe qui dément du même coup que des négociations ont été entreprises avec lui. La République va mal. Les institutions étatiques également.
Le nom du prochain premier ministre pourrait être connu d’ici la fin de la semaine si l’on en croit le très bruyant sénateur proche de la présidence, Edwin D. Zenny. La commission qui avait mené les négociations ayant abouti au choix de Me Bernard Gousse est revêtue de la même mission, celle de choisir une personnalité capable de diriger le prochain gouvernement. Cette commission présidée par Calixte Valentin devrait s’entretenir avec les parlementaires au cours du week-end.
Les rumeurs grossissent. Les noms circulent dans tous les coins. Le président de la République a déjà un nom en tête, affirme M. Zenny. Cependant, les parlementaires ont été jusqu’ici tenus à l’écart. La majorité devant voter pour le prochain chef de la Villa d’accueil n’est même pas encore constituée. L’on se demande quel type de méthodologie utilise l’équipe de Martelly pour garder une harmonie entre les institutions.
Daniel Supplice revient…
Après avoir été écarté des deux premières listes, le nom du sociologue Daniel Supplice, conseiller politique de Michel Martelly se trouve encore sur la liste des Premiers ministrables. Allié sûr du président de la République depuis le premier tour des élections, le nom de Daniel Supplice revient à chaque fois sur la table mais toujours écarté en phase finale. Cette fois, Daniel Supplice aura t-il l’aval du chef de l’Etat ?
Celui qui avait la charge de mener à bien la transition pourrait être désigné Premier ministre dans les jours à venir. Comme Jacques Edouard Alexis en 2006 sous la présidence de René Préval, Daniel Supplice pourrait être le premier chef du gouvernement de Mr. Martelly. Vieux briscard de la politique avec une grande expérience dans l’administration publique, Daniel Supplice semble ne pas soulever trop de grognes chez les parlementaires comme Me Gousse.
Ancien secrétaire d’état, ambassadeur et directeur du service de l’Emigration et de l’Immigration sous le régime de Jean-Claude Duvalier, l’expérience de Daniel Supplice pourrait jouer en sa faveur. Pour l’instant le groupe des parlementaires du renouveau (GPR) ne se prononce pas encore sur aucun nom mais certains membres influents de ce groupe majoritaire se montrent favorables à un tel choix.
Wilson Laleau, une autre carte
Le nom de conseiller économique du chef de l’Etat, Wilson Laleau, se trouve également sur la liste des Premiers ministrables. C’est pour la première fois que ce nom est cité depuis le début des négociations. Toutefois, le nom du professeur Laleau a été déjà cité comme tantôt ministre de l’Economie et des Finances ou ministre du Commerce et de l’Industrie. Aujourd’hui, Il est considéré par les proches de Mr. Martelly comme un des grands favoris au poste de premier ministre.
Wilson Laleau, également vice-recteur aux affaires académiques de l’Université d’Etat d’Haïti, a rejoint l’équipe de Mr. Martelly entre les deux tours au moment où l’Organisation des Etats Américains (OEA) s’apprêtait à remettre son rapport sur les controverses électorales. Depuis, Wilson Laleau est une voix très écoutée au niveau de l’équipe du chef de l’Etat.
Le professeur Laleau n’a pas un très grand passé politique. Cela devrait peut-être lui faciliter la tâche de négocier avec tous les partis représentés au parlement. Une législature aussi mosaïque sur laquelle Mr. Michel Martelly a maintes fois buté doit être prise avec beaucoup de pincettes. Mais, on se demande encore si cette inexpérience politique n’est pas un manque à gagner pour Wilson Laleau.
Vers un pacte de gouvernabilité
Au moment où le président de la République s’apprête à désigner son troisième premier ministre, des négociations sont également entreprises en vue de signer un pacte de gouvernabilité avec plusieurs blocs de la chambre des députés. Le président du bloc majoritaire (GPR) au sein de cette chambre a admis avoir eu des contacts avec des proches du président Martelly en vue de trouver une entente à l’amiable.
La tentative du chef de l’Etat de construire une majorité à la chambre basse semble avoir été une pure farce. L’identité des 58 députés formant ce groupe n’a jamais été révélée. Certains parlementaires dont les noms figuraient sur cette liste avaient, d’entrée de jeu, désapprouvé cette démarche qu’ils ont qualifié de démagogique.
Le président tente de revoir ses relations avec le parlement. La chambre des députés, qui avaient donné un carton rouge à Daniel Rouzier, serait sur le point de trouver une entente avec l’exécutif. Cependant, le sénat reste encore un obstacle pour le moins difficile pour le néophyte. Ses dernières déclarations concernant une possible dissolution du parlement rend encore plus ardue la relation exécutif-parlement.

cjchanoine@yahoo.fr

Joseph Chanoine Charles
http://www.lematinhaiti.com/contenu.php?idtexte=25271&idtypetexte=

Commentaire
Il est moins coupable, M. Martelly, d'avoir en tête de dissoudre le sénat que de l'avoir dit. Cela montre son inexpérience politique. Maintenant passons aux choses concrètes. Deux personnes sont mentionnées comme possibles candidats au poste de premier ministre. Il serait bien qu'un sondage préalable nous indique si cette fois les récalcitrants du sénat sont prêts à travailler ou s'ils vont se laisser guider par les intérêts d'un petit groupe, ce qui est leur caractéristique principale, et encore une fois prolonger la paralysie du pays. Attendons en tout cas le chef de l’état lui-même pour savoir dans quelle mesure il pense consulter ces personnages afin de chercher un consensus. C'est apparemment la dernière solution qui nous reste. Sinon, il ne subsisterait véritablement que la dissolution tant crainte, tant décriée du parlement. Nous n'en sommes pas là tout de même.

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