Digicel ne bloque pas l'interconnexion, selon Boute
Après le passage mardi au Sénat de la République du directeur de la Natcom, Than Nguyen, et suite à sa déclaration faisant savoir que « C'est la Digicel qui refuse de se connecter avec la Natcom », Le Nouvelliste a recueilli une autre version de cette affaire auprès du P.D.G. de la Digicel, Maarten Boute. Pour Boute, « la Digicel ne bloque pas l'interconnexion avec la Natcom ». Avec cet entretien, de nouveaux éléments sont versés au dossier de la bataille pour la suprématie dans le secteur des télécoms en Haïti.
Haïti: Le Nouvelliste : La Natcom a émis des allégations à l'endroit de la Digicel. Selon la dernière-née des compagnies de télécommunication, la Digicel bloque le contrat d'interconnexion entre les deux entreprises. Qu'en est-il de la situation pour la Digicel ?
Maarten Boute : Tout d'abord, le public en général doit savoir que la Digicel ne bloque pas l'interconnexion avec la Natcom.
Les deux parties ont travaillé de bonne foi sur ce sujet dont la complexité a seulement augmenté en raison des récentes activités de bypass dans le secteur.
Pour faciliter la compréhension du sujet, il est utile de donner quelques détails sur ce qui se passe. Il y a deux aspects dans un accord d'interconnexion entre deux opérateurs: un aspect technique et un aspect commercial.
Le Nouvelliste : Présentez-nous les deux aspects
Maarten Boute: Sur le plan technique d'abord:
Les travaux techniques d'interconnexion progressent bien et les techniciens des deux entreprises travaillent ensemble quotidiennement pour tenter de finaliser cette tâche complexe. La taille et la complexité du réseau de Digicel ainsi que la différence dans les technologies utilisées par les deux entreprises compliquent la situation.
Une interconnexion et une planification inadéquates pourraient provoquer de graves dommages au réseau de la Digicel et par extension à ses clients.
Ensuite, 80% des problèmes sont maintenant résolus, mais malheureusement, les travaux ont dû être arrêtés le 5 août lorsque la Digicel a remarqué qu'un gros volume de trafic de bypass provenait du lien d'interconnexion avec la Natcom.
Digicel a averti formellement la NATCOM de la situation à la même date. Cet incident a entraîné l'arrêt forcé du processus, pour donner aux équipes concernées le temps d'effectuer les enquêtes nécessaires et résoudre ce problème majeur.
A la suite de cet incident, la Digicel a été forcée d'acquérir et de mettre en place des équipements supplémentaires coûteux et sophistiqués pour contrôler la liaison d'interconnexion avec la NATCOM afin d'éviter le bypass dans le futur. Ce matériel a été commandé et devrait arriver en Haïti dans les prochaines semaines.
Parallèlement, notre équipe technique continue d'être à la disposition des ingénieurs de la NATCOM pour continuer les tests.
En outre, la Digicel doit également travailler avec son fournisseur, Ericsson, pour garantir que ce processus complexe soit correctement mis en oeuvre; le problème va au-delà des questions techniques liant la Digicel et la Natcom pour s'étendre à des parties tierces, ceci pour assurer une interconnexion réussie.
Sur le plan commercial:
La Digicel négocie en toute bonne foi avec la NATCOM, mais comme dans toute négociation commerciale, il y a certains désaccords sur lesquels il reste à s'entendre.
Il faut aussi rappeler que le récent changement de P.D.G. du côté de la NATCOM peut également expliquer le ralentissement du processus de son côté.
Nous avons eu une réunion très encourageante, qui s'est tenue sur la demande de la Digicel, avec les responsables de la NATCOM, vendredi dernier à l'hôtel Karibe Convention Center. Lors de cette réunion, les responsables des deux entreprises, avec leurs experts respectifs, ont défini un plan d'action sur la façon d'accélérer le processus et ont convenu de plusieurs démarches décisives. La Digicel a soumis toutes les informations demandées le mercredi 24 août et attend maintenant une réponse de la NATCOM.
A signaler également que la Digicel a reçu une invitation de la Commission permanente des Travaux publics, Transports et Communications du Sénat de la République, à laquelle elle a répondu formellement en remerciant le Sénat de son intérêt et pour l'assurer de sa bonne disposition.
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=96434&PubDate=2011-08-25
Commentaire
Voilà un problème qui commence à susciter de l’intérêt (et dont le pays pourrait se passer pour le moment) dans l'opinion publique haïtienne et ce pour plusieurs raisons. D'abord, que signifie un état qui est censé être propriétaire de l'espace et qui ne semble pas avoir son mot à dire dans un conflit opposant deux compagnies au sujet de l'utilisation de l'espace en question? Dans quelles mesures l'une des compagnies essaie-t-elle de profiter de la faiblesse de l'autre par rapport à sa proximité du gouvernement (car cet ingrédient a déjà été mentionné)? Jusqu’à quel point les cinq centimes prélevés (cela aussi fait partie du dossier) sur les appels entrant en Haiti sur l'ordre du président Martelly contribuent-ils, comme toute improvisation, d'affecter le fonctionnement normal des compagnies qui semblaient jusqu'ici travailler en harmonie? Ce sont là des questions auxquelles le gouvernement devrait répondre.
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