Vivre dans un pays sans loi, c`est vivre dans l`esclavage de la peur. (Renos Dossous)
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lundi 15 août 2011
Edito
Trois mois avec le président Michel Joseph Martelly
Haïti: «Quelle histoire!», s'était exclamé François Mitterrand, au lendemain de sa victoire aux élections présidentielles le 10 mai 1981. Quel «mât suifé!», aurait pu dire Michel Joseph Martelly, trois mois après son accession à la présidence de la République. Trois mois sans Premier ministre et sans gouvernement, trois mois marqués par le rejet par le Parlement de deux Premiers ministres désignés par le président. Trois mois de négociations avortées, de cacophonie, de références houleuses au passé, d'exercice malaisé du jeu démocratique, de non-dits, de vains appels au consensus et à la formation d'un gouvernement de coalition. Un premier bilan? Mais non! Il faut du temps. Il est injuste et inapproprié de procéder ici à une évaluation critique « totale-capitale » en l'absence d'un gouvernement légitimement constitué.
A bien y regarder, les leçons déroutantes de l'après-Préval ne sont pas aussi négatives qu'on le dise. La toute première leçon? Le taux très élevé des abstentions (4,654,576 soit 81% de la population totale en âge de voter) enregistré au niveau présidentiel est un indice significatif, un message fort pour construire et exécuter un mandat laborieux et un leadership pragmatique. Certes, le pays, rongé par un grand nombre de maladies récurrentes et hanté par de vieux démons cannibales, a besoin d'un gouvernement légitime, capable de susciter d'abord la confiance et l'apaisement mais ensuite d'initier les grands chantiers de la reconstruction avec sérénité et vigueur. A cet égard, le temps est un bien très précieux. On ne peut donc pas le laisser filer sous le flux et le reflux des luttes fratricides, des tiraillements, des jeux de pouvoir stériles. Comment alors peut-il réussir là où il a échoué au cours de ces trois derniers mois ?
En dehors de quelques problèmes de communication et de coaching, le président Michel Joseph Martelly, élu dans des conditions exceptionnelles avec 68% des votants et au juste 13% de l'électorat, a fait preuve jusqu'ici d'une grande patience et, dans cette guerre d'usure, a pu arriver à dégager apparemment à la Chambre des députés une certaine majorité. Au niveau du Sénat dont le troisième tiers doit être renouvelé en janvier 2012, les exigences et les nuances sont plus prononcées, alimentées par des hommes politiques aguerris, expérimentés. Le profil et les capacités intrinsèques du Premier ministre «ratifiable» correspondent à un exercice acrobatique périlleux.
Pour comprendre l'importance capitale de la fonction de Premier ministre dans cette conjoncture difficile, exacerbée sur le plan international par des soulèvements au Moyen-Orient et des crises financières alarmantes en Europe, il faut se référer aux enjeux économiques de la reconstruction, au processus de recomposition/décomposition de la classe politique avec le retour sur le terrain des présidents Jean-Claude Duvalier et Jean-Bertrand Aristide, à la détresse collective, à la présence de la MINUSTAH, à la composition disparate et mouvante des deux Chambres, à l'environnement du président lui-même et à ses nombreuses promesses électorales. Que nous faut-il en fait ? Il nous faut un Premier ministre rassembleur, crédible et avisé, secondé par des ministres efficients et prestigieux. Une femme au-dessus de tout soupçon? Un homme de parti ou un technicien ? Peu importe, au fond.
Visiblement, les obstacles auxquels Daniel Gérard Rouzier et Bernard Gousse ont fait face sans succès peuvent sans nul doute éclairer le président dans la désignation de son troisième Premier ministre. Désormais, à la somme remarquable des compétences de Daniel Gérard Rouzier et de Bernard Gousse (entrepreneur comblé et brillant juriste), le troisième Premier ministre de Michel Joseph Martelly devrait cette fois allier les qualités de l'esprit d'ouverture et les vertus de l'apôtre de la réconciliation. Est-ce là un voeu pieux ? Un rêve inaccessible?
En tous cas, Michel Joseph Martelly, animé par une fougue et une volonté indéniables, n'a pas d'autres armes pour surmonter les obstacles parlementaires et autres, sinon celles de l'ouverture, de l'apaisement et du consensus. Pour gouverner aussi, c'est-à-dire pour boucler au mieux son mandat de soixante (60) mois, les yeux et les gestes rivés vers la lutte contre le chômage, l'insécurité, l'impunité et la corruption, il n'a pas d'autre option ni d'autre stratégie politique d'ensemble.
Pierre-Raymond Dumas
E-mail:padreramondumas@yahoo.com
Tél: 3557-9628/3903-8505
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=96018&PubDate=2011-08-12
Commentaire
Ce n'est tout de même pas tous les jours qu'il existe un problème dont tout le monde voit la solution sans que celui appelé légitimement à le résoudre n'en tienne compte. Cependant, une petite pincée d’objectivité doit nous dire aussi que dans cette confusion généralisée et génocidaire, il n'y a pas qu'un acteur. Michel Martelly est le président, certes mais avec la nouvelle constitution, les parlementaires ont aussi leur mot à dire. Le problème, c'est que ce processus parfaitement démocratique arrive dans un pays où toutes les têtes n'ont pas forcément ce qu'il faut - manque de pratique? - pour digérer, assimiler, appliquer la démocratie. Trop pétri de la pâte dictatoriale séculaire qui caractérisée la pratique politique haïtienne, ils n'ont d'yeux que pour les extrêmes, ou la main forte d'un gouvernant, ou son laisser-aller, laisser-grainnin. Ou Francois Duvalier ou Préval. Mais l’expérience nous a montré qu'aucun des deux ne peut mener très loin un pays à l'heure où nous vivons.
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