Un camp présidentiel est en train de se constituer au Parlement où Michel Martelly peinait à trouver la majorité nécessaire à la ratification du choix de Bernard Gousse, candidat à la Primature. Après Emmanuel Fritz-Gerald Bourjolly le premier à avoir abandonné le Groupe des parlementaires pour le renouveau (GPR) pour rejoindre le camp du chef de l'État ce sont cinquante huit députés qui ont signé ce lundi une déclaration au Karibe Convention Center, et ont donné naissance à la majorité présidentielle à la Chambre basse. D'autres vont suivre, annonce-t-on et des sénateurs aussi seraient sur le point de basculer dans le camp présidentiel. Retour à la genèse de ce revirement spectaculaire.
Haïti: « Le Groupe des parlementaires pour le renouveau (GPR) n'est plus majoritaire à la Chambre des députés », jubile Emmanuel Fritz-Gerald Bourjolly, jusque-là secrétaire-rapporteur du bloc qui avait brisé le rêve de l'entrepreneur Daniel Gérard Rouzier de diriger le premier gouvernement de son ami Michel Joseph Martelly. Une dizaine de députés membres du GPR est prête à rallier le camp du chef de l'Etat, selon le représentant d'Aquin à la 49e législature. Emmanuel Fritz Gérald Bourjolly abandonne le navire GPR au lendemain de sa participation active à la tournée dans le Sud du chef de l'Etat dans le cadre de la Semaine du tourisme.
D'autres défections sont attendues aussi au sein du groupe constitué par les 16 sénateurs hostiles au choix de Bernard Gousse - Premier ministre désigné -, prédit le député d'Aquin, mettant en avant de profonds malaises entre les parlementaires du GPR. « Je me suis retiré du bloc pour supporter les projets de développement de Martelly et défendre les intérêts du pays et de ma circonscription », a expliqué Bourjolly, élu deux fois de suite à la Chambre des députés, respectivement sous la bannière de la Fusion des sociaux-démocrates et celle de la plateforme Inite.
Si les malaises révélés par le député se précisent au Sénat, ils ouvriront la voie à Bernard Gousse, candidat à la Primature.
La commission spéciale qui analyse les pièces du Premier ministre désigné devra publier son rapport entre mardi et mercredi. Interrogé par des journalistes lors de sa tournée dans le département du Sud, le chef de l'Etat entend soutenir jusqu'au bout le Premier ministre désigné, au grand dam du groupe des 16 sénateurs qui ne jurent que par le désistement de M. Gousse. « Le Premier ministre désigné a déposé ses pièces; il attend le verdict du Sénat », a indiqué Michel Martelly, dans l'espoir d'une majorité présidentielle en perspective déjà à la Chambre basse. Entre 54 et 57 députés, dit-il, doivent nous rejoindre rapidement. Mis à part Fritz-Gérald Bourjolly, le député de Cavaillon, Andy Dorfeuille de Ansan m nou fò s'est décidé à rejoindre le camp présidentiel. Le président, estime-t-il, a la volonté de sortir le pays de la situation actuelle.
Lettre aux sénateurs du Sud
En attendant le verdict du Grand Corps, des élus, des professionnels, des étudiants et citoyens du département du Sud demandent aux sénateurs Fritz Carlos Lebon, Francky Exius et Yvon Bissereth de prendre position en faveur de la ratification du choix du Premier ministre désigné, Me Bernard Gousse. « En nous référant à certaines dispositions annoncées par le président Michel Martelly, visant à améliorer les conditions de vie des couches économiquement et socialement défavorisés, à développer le département du Sud, en tant que mandants, nous vous demandons de supporter le chef de l'Etat en ratifiant le Premier ministre désigné », lit-on dans la lettre paraphée par au moins cinq députés représentant des circonscriptions du département du Sud. Le président de la République, insistent les signataires, doit concrétiser ses promesses de campagne et démarrer les grands chantiers de la reconstruction nationale.
Jusqu'à vendredi dernier, le
Premier ministre désigné et des sénateurs du groupe des 16 poursuivaient les négociations, selon le sénateur Nènèl Cassy. « En dépit des discussions, il n'y a aucune possibilité qu'il soit ratifié », a fait savoir le sénateur des Nippes. Le revirement de tout membre du groupe des 16, dit-il, entamerait à la fois son honneur et sa dignité d'homme d'Etat.
Claude Gilles
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=95585&PubDate=2011-08-01
Commentaire
En attendant que les politiciens finissent de jongler avec les fonctions qu'ils occupent le peuple souffre. C'est normal dans un système mal défini où la personnalité des individus joue davantage que les normes établies. Chacun sait ce qu'il veut, mais personne ne se demande ce qui conviendrait à la majorité. Si un enfant pourrait gouverner un pays bien organisé, un génie échouerait là où tout s'improvise et dépend de la volonté d'un petit clan dont les membres refusent de s'entendre.
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