L'arrestation de quatre employés de AccesHaiti SA le 8 août 2011 avait attiré l'attention sans faire de buzz médiatique.Cependant, après l'intervention dans la presse du patron de cette compagnie, Allen C.Bayard, certains pèsent mieux les enjeux, les malaises et les batailles pour le contrôle de parts de marché dans le lucratif secteur des télécommunications.
Haïti: Mercredi, en début de matinée, à l'émission Le Point sur Radio Métropole, animée par Wendel Théodore, Allen C. Bayard - directeur exécutif de AccesHaiti SA - a jeté une lumière crue sur le secteur des télécommunications aujourd'hui en profonde mutation à cause de l'arrivée de Natcom, des problèmes d'interconnexion et de la migration vers des technologies plus avancées. Tous les opérateurs savaient que le by passing-aguicheur d'amants de gains-serait inévitable à cause de l'imposition par l'Etat haïtien d'un prix de plancher sur la minute de l'appel international à 23 centimes. « Cela élimine toute compétition, alors que nous sommes censés être un pays ouvert », a déploré Allen C. Mayard, nostalgique du temps où les opérateurs étaient libres de vendre les appels internationaux vers leurs réseaux au prix qui leur convenait: 15, 17 ou 18 centimes.
« Les opérateurs, à l'exception de Digicel, ont protesté contre cette mesure du président Michel Joseph Martelly qui a décidé de prélever 5 centimes sur chaque minute d'appel en provenance de l'étranger pour financer le Fonds national pour l'éducation », a révélé Allen C. Bayard, pour qui le projet de scolariser les enfants d'Haïti est louable. Le prix plancher protège la Digicel, l'opérateur dominant, au détriment de Voilà, Natcom et des autres opérateurs, a par ailleurs indiqué le directeur exécutif de AccesHaiti SA.
« Aujourd'hui, Digicel est l'opérateur dominant et il refuse l'interconnexion avec Natcom, AccesHaiti SA et d'autres opérateurs, alors que la loi oblige l'interconnexion », s'est désolé Allen C. Bayard, rapellant que la Digicel était confrontée à ces mêmes problèmes lors de son arrivée sur le marché. « C'est un problème que l'Etat doit résoudre », a-t-il dit en appelant au respect des normes pour réguler le marché des télécoms et à plus de professionnalisme dans la lutte contre le by passing. Il faut que l'unité formée pour lutter contre le by passing arrête les personnes impliquées dans cette activité condamnable qui prive l'Etat haïtien de ressources et provoque des manques à gagner pour les opérateurs, a-t-il-dit...
Ne pas se tromper de cible
Le directeur exécutif de AccesHaiti S A, Allen C. Bayard, a, cinglant, dénoncé l'emprisonnement de quatre de ses employés, arrêtés le 8 août au moment où ils allaient procéder à la réparation de la connexion internet d'un client à Delmas 75. « L'arrestation est illégale », a-t-il confié dans une interview accordée au journal à son bureau, mercredi 24 août, en début d'après-midi. « AccesHaiti SA, a souligné Allen C. Bayard, ne saurait être responsable des actes de piratage auxquels s'adonnerait un client ».
« Comment mes employés peuvent-ils être tenus pour responsables des actions d'un client dans l'enceinte de sa maison où la police et le juge de paix de Delmas ont trouvé des équipements pour faire le by passing », s'est demandé Allen C. Bayard, perplexe, face à « l'escalade des charges retenues contre ses employés, sans la moindre preuve ».
Le juge de paix de Delmas avait mis comme motif de l'arrestation : « fraude téléphonique ». Ce n'est que le jeudi 11 et le vendredi 12 août, au cours d'une deuxième interrogation par un deuxième juge de paix en présence du commissaire du gouvernement Sonel Jean-François, qu'on a accusé les 4 employés de Acces Haiti SA d'association de malfaiteurs et d'escroquerie au préjudice de la DIGICEL et de la COMCEL sur la base d'une plainte contre X déposée par la Digicel le mercredi 10 août 2011, soit deux jours après l'arrestation des quatre employés, a expliqué Allen C. Bayard.
AccesHaiti SA proteste contre la détention prolongée et la diffusion d'un « montage filmé » montrant « clairement le jugement accablant et malhonnête d'un juge contre les employés alors qu'il avait pour mission d'opérer un constat de faits et non de juger », a indiqué M. Bayard, l'air dépité..
« AccesHaiti SA est semblable à toutes les compagnies de services internet telles que Haïnet, Multilink, ACN, Voilà et Natcom, dont plusieurs d'entres elles ont aussi été victimes du piratage de leurs réseaux », a-t-il dit, soulignant dans la foulée « qu'aucun opérateur de services internet ne peut être tenu responsable dans la terminaison du trafic vocal piraté ».
« AccesHaiti SA est pour la lutte contre le by passing », a indiqué Allen C. Bayard, qui a révélé être membre d'un comité mis en place par le CONATEL pour lutter contre les fraudes téléphoniques. AccesHaiti SA réclame la libération dans le plus bref délai de ses employés écroués au Pénitencier national, a dit Allen C. Bayard, qui a révélé que le dossier a été acheminé au cabinet d'instruction.
Roberson Alphonse
ralphonse@lenouvelliste.com
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=96381&PubDate=2011-08-24
Commentaire
Personne n'ignore l’illégalité des 5 centimes à prélever su chaque appel téléphonique venant hors d'Haiti. Hier encore, les parlementaires critiquaient cette mesure arbitraire. Cependant, puisque tout le monde reconnait que quelque chose doit être fait en faveur de l'éducation des enfants des classes les plus pauvres, pourquoi ne pas entrer dans la légalité? Pourquoi ne pas envisager une législation qui rendrait transparente l’opération en question et empêcherait les abus qui viennent de commencer contre certaines compagnies. Si tout cela n'a pour but que de favoriser une compagnie par rapport à d'autres, n'est-ce pas un abus de pouvoir dont le président Martelly se rendrait lui-même coupable? Cette mesure a bien été improvisée par lui. Nous attendrons les réactions.
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