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mercredi 27 juillet 2011

Carte blanche à Jean-Claude Boyer


La taxe sur les transferts fait toujours parler d'elle


Haïti: Rien n'a bougé dans le flou qui a accompagné l'entrée en vigueur, le 15 juin dernier, des dispositions relatives à la perception à la source de la taxe (sans base légale) sur les transferts. Pour illustrer l'acceptation de la mentalité de l'assistanat dans le milieu, une des maisons de transfert (qui ne participe pas à l'effort de contribuer à la constitution du fonds pour l'ambitieux projet de scolarisation généralisée) conseille, dans un spot radiophonique, à l'expéditeur de la diaspora d'ajouter un dollar cinquante centimes au montant du transfert. Exemple : 100 + 1,50. Ainsi, le bénéficiaire rentrera en possession des 100 dollars. Mais c'est oublier que l'expéditeur a déjà payé la taxe d'un dollar cinquante. En clair, on lui suggère d'endosser la double perception : 1,50 là-bas et 1,50 ici. Quelle pagaille !
Plus sérieusement, pourquoi exiger un effort financier supplémentaire de l'expéditeur à partir d'Haïti ? Une dame qui se serre déjà la ceinture pour soutenir son enfant étudiant à l'extérieur n'est pas épargnée par la taxe. Malgré les remous qu'entraine la décision intempestive, le président Martelley reste droit dans ses bottes. Alors qu'il serait mieux indiqué que le cadre légal soit établi, c'est-à-dire qu'un projet de loi y afférent soit déposé au Parlement. Ainsi seraient fixées les modalités d'application de la nouvelle taxe.
Dans le spot radiophonique, la maison de transfert reconnait que les cinquante centimes sur les 98 dollars et demi (au cas où l'expéditeur n'aurait pas pensé à ajouter le dollar et demi) seront remis au bénéficiaire dans l'équivalent en gourde, soit 20 gourdes. Voilà l'exemple parfait de l'imprévoyance qui a prévalu lors de l'arrêt de la décision ; non seulement les Etats-Unis d'Amérique détiennent leur entière souveraineté dans l'émission du billet vert, mais Haïti n'a pas non plus prise sur les pièces de monnaie américaine. Résultat : ces « fifty cents » sont payables en gourdes. Je suppose que l'expéditeur local suivra la même façon de procéder. Où donc trouvera-t-il des pièces de monnaie américaines pour parfaire la taxe ? Imbroglio sur toute la ligne !

Précédents articles :
Transferts :
Qui doit payer les frais additionnels ? in Le Nouvelliste, lundi 20 et mardi 21 juin 2011 - page 4.
Transferts :
De combien est le montant de la ponction ? in Le Nouvelliste, mercredi 22 juin 2011 - page 12.

déstabilisatrices
Jean- Claude Boyer
25 juillet 2011

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=95338&PubDate=2011-07-26

Commentaire
N'avons-nous pas admis que gouverner dans l'improvisation est pire que ne pas gouverner du tout. La nature est plus sage que certaines folies déstabilisatrices. Mais...on est en Haiti où, l’analphabétisme aidant, tout est possible.

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