Nombre total de pages vues

dimanche 24 juillet 2011

Des opportunités dans les décombres

Le gouvernement haïtien et ses partenaires de la communauté internationale, dont le PNUD, cherchent à transformer les débris laissés par le séisme du 12 janvier 2010 en opportunités économiques. Le quartier de Carrefour-Feuilles est retenu pour un projet pilote de recyclage de déblais.
Haïti: Carrefour-Feuilles est loin de retrouver son visage d'avant le séisme du 12 janvier 2010. Ce quartier surpeuplé et construit selon ses propres normes reste encore prisonnier des décombres générés par le séisme du 12 janvier 2010. L'étroitesse des rues et les constructions anarchiques compliquent le travail des techniciens haïtiens et étrangers qui tentent de sortir le quartier de ces tonnes de déblais. « Nous tentons de jongler avec toutes les difficultés », a avancé Jean Sébastien Roca, le responsable du projet de gestion des débris à Carrefour-Feuilles.
M. Roca évalue à 1 000 mètres cubes la quantité de déblais à enlever à la rue Bécassine. Cette rue de Carrefour-Feuilles est large d'à peine trois mètres. Les équipements lourds tels que tracteurs et camions-bennes utilisés pour démolir les maisons marquées en rouge et transporter les débris peinent à circuler. Surtout que l'espace est habité. Des travaux de construction y sont parallèlement en cours. Ajoutez à cela le fait que les propriétaires refusent d'accorder la permission de démolir leurs maisons jugées irrécupérables par les techniciens du ministère des Travaux publics.
Le projet en cours à Carrefour-Feuilles a été approuvé par la Commission intérimaire pour la reconstruction d'Haïti (CIRH) pour un montant de 6,9 millions de dollars américains. Il concerne les quartiers de Carrefour-Feuilles, Saint-Gérard, Lélio, Sanatorium, Desprez et Morne à Tuff. « Chaque quartier a un plan spécifique de gestion et de traitement des débris, et si possible de recyclage et de réutilisation des débris », ont souligné les institutions exécutant le projet. Il s'agit de ONU-Habitat, du Bureau des Nations unies pour les services d'appui aux projets (UNOPS), du Bureau international du travail (BIT) et du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).
« L'élimination de 162 000 mètres cubes de déblais non recyclables ; le déblaiement de 18 000 maisons, la construction de 2 700 autres types de logements pour accueillir 16 200 personnes et l'acquisition de quatre concasseurs par zone pour enlever les débris lourds et les traiter pour un usage ultérieur et la création de 3 500 emplois », tels sont les objectifs visés dans le cadre dudit projet. Une délégation de la CIRH, des représentants du PNUD, du BIT, de l'UNOPS, d'ONU-Habitat, ainsi qu'Eric Calais, sismologue et conseiller scientifique du PNUD, ont visité jeudi Carrefour-Feuilles en vue de constater l'état d'avancement du projet.
Le recyclage des débris est l'une des composantes du projet de gestion des débris à Carrefour-Feuilles. Cet aspect du projet est mis en oeuvre par le BIT à travers l'ONG française Entrepreneurs du Monde (EDM). « Le renforcement de la capacité technique des microentreprises de la zone et la création d'unités économiques génératrices d'emplois et de revenus autour de l'enlèvement et du recyclage des débris » sont quelques-uns des objets poursuivis à travers cette composante du projet. Selon Julien Magnat, le conseiller technique principal du projet, quelque 4 000 emplois, à côté des emplois durables, devraient être créés au terme du projet.
« Un atelier de recyclage des débris a été installé à Brédy pour la production des premiers produits à titre d'essai ainsi que pour la formation technique, et la mise en place d'un deuxième site de production fait l'objet de négociations », ont informé les responsables du projet, dans le kit d'information. Des séances de formation, ont-ils poursuivi, sont prévues pour les bénéficiaires du projet aussi bien sur les aspects techniques du recyclage des débris que sur les notions de base de la gestion d'entreprise.
L'expérience de CRS
L'ONG Catholique Relief Service (CRS) a aussi mis en place un programme de recyclage de déblais dans le cadre de son projet baptisé "Retounen nan Vwazinaj". « La composante "Remblais pour la reconstruction, R2R", qui consiste à transformer les remblais en sable et gravier, puis en béton et finalement en blocs solides et sécurisants, a procuré un emploi direct à plus de 400 personnes depuis octobre 2010 », a informé Kevin Osborne, le responsable du programme « Rubble to Reconstruction » à CRS. Ajoutant : « Ces cellules d'entrepreneurs haïtiens produisent des intrants et matériaux pour la construction qui sont achetés par les ONG ».
A côté de la création d'emplois durables dans les communautés touchées par le séisme, l'ONG catholique, selon son officier de communication, Jean Daniel Lafontant, enseigne aussi aux gens comment recycler et réutiliser les gravats. « Ces intrants sont vendus à CRS ou à d'autres institutions », a-t-il fait remarquer. Il a aussi affirmé que CRS achète de ces entrepreneurs le mètre cube de sable et de gravier à environ 19 USD et le bloc de ciment à 55 centimes USD. Et en contrepartie, les prix des équipements fournis par l'ONG sont remboursés sur le long terme avant de devenir la propriété de l'entrepreneur.
A la fin du programme, les responsables de CRS entendent recycler quelque 48 600 mètres cubes de décombres, lesquels devraient générer plus de 900 000 USD de chiffre d'affaires dans les communautés ciblées.
Des maisons construites à partir des déblais
Une ONG irlandaise, dénommée Haven, a expérimenté à Lilavois, en Plaine, la construction d'abris permanents à partir de déblais. Les quatre premières maisons de deux pièces construites à partir des déblais recyclés coûtent 6 000 dollars américains. Même les murs des maisons présentées comme parasismiques sont faits à partir des débris. Le coût total du projet est de 40 000 dollars américains, incluant les frais d'administration.
10 millions de mètres cubes de déblais, selon les chiffres disponibles, ont été générés par le séisme du 12 janvier 2010. A nos jours, l'Etat haïtien et les ONG disent avoir enlevé 2,4 millions de mètres cubes de déblais.

Jean Pharès Jérôme
pjerome@lenouveliste.com

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=95258&PubDate=2011-07-22

Commentaire
Du pain sur la planche! Et il faut remarquer que si tout ce qui est dit ici est vrai, la reconstruction non seulement de Port-au-Prince mais d'Haiti, serait une simple question de temps. Cependant, se lancer comme ça, tête baissée sur le chemin des conclusions hâtives pourrait être dangereux et décevant. On ne peut nier qu'il y a des efforts qui se réalisent sur le terrain et que la première dose de bonne volonté locale et internationale n'a pas complètement disparu, Heureusement! Mais il ne serait pas sage de croire que les mentalités vont changer du jour au lendemain et que ceux qui ont pris l'habitude de vivre comme des parasites, vont baisser automatiquement les bras. En commençant par les politiciens haut-placés, jusqu'au subalterne le moins visible, au sein des entreprises publiques aussi bien que privées, des profiteurs épars vont se polariser en groupuscules et ces groupuscules en sangsues pour s'approvisionner sans travailler aux dépens de la majorité. Ce sont les vers qu'il faut surveiller dans le fruits car ils ont la capacité de tout détruire si l'on n'y prend pas garde. La corruption ne chôme jamais!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire