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dimanche 17 juillet 2011

L'espoir renaît en Haïti

Les 440 familles qui occupaient la cour du stade Sylvio Cator commencent à déloger. Tenant compte des recommandations de Amnesty International qui, étonnamment, demande aux mairies de garder les camps tels qu'ils sont si les sinistrés ne veulent pas être déplacés, la mairie de Port-au-Prince a dû entamer de longues négociations avec les sinistrés qui ont choisi eux-mêmes de se déplacer contre une relocation et 10 000 gourdes pour se relancer. L'espoir qu'Haïti soit présente à la Coupe du Monde 2014 renaît.
Haïti: 10 000 gourdes, un terrain amenagé pour la relocation des 440 familles, l'assurance qu'il y aura des toilettes disponibles, de l'électricité fournie par Electricité sans frontière, de l'eau potable et l'engagement de la police que la sécurité dans le nouveau camp sera assurée, le représentant des déplacés de la cour du stade Sylvio Cator, Charles Marc Delson, s'estime heureux. Les négociations ont été satisfaisantes car les droits des sinistrés ont été respectés.
Sur la cour du stade, les sinistrés sont impatients. « Il est temps qu'on me donne l'argent qu'on m'a promis pour que je retourne dans ma ville natale », assure une femme qui s'énerve d'avoir trop attendu le chèque promis. « Il est temps que l'on m'emmène à l'endroit où l'on a décidé de me récaser car j'attendais qu'ils le fassent depuis hier soir, or il est près de midi. Je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit et je suis fatiguée d'attendre », explique une autre, qui ne veut pas s'identifier.
« Par lettre, Amnesty International avait posé des conditions pour le déplacement des sinistrés du camp. Et suivant les conditions proposées, il nous était interdit de les déplacer la nuit », explique le maire de Port-au-Prince, Jean Yves Jason. « C'est pourquoi nous avons attendu de le faire pacifiquement en plein jour, pour montrer à Amnesty International que nous respectons les obligations qu'il nous a faites », déclare le maire.
Dans une étonnante lettre adressée au maire de Port-au-Prince et signée du conseiller spécial pour les programmes régionaux de Amnesty International, Javier Zuniga avait, en effet, passé douze conditions au déplacement des réfugiés des différents camps de sinistrés. « Les expulsions forcées constituent une violation des droits humains et, à ce titre, les gouvernements, incluant les autorités locales, sont tenues de les interdire et de les empêcher », lit-on dans la lettre. Si la majorité des conditions de la lettre est juste, cette dernière considération étonne, dans la mesure qu'elle semble ne pas tenir compte du devoir des gouvernements de protéger la vie des gouvernés, et que quelquefois il revient à ces gouvernements de combattre l'anarchie quand celle-ci met la vie de leurs administrés en danger.
Comment demander, en fait, à un gouvernement responsable de laisser un camp s'ériger dans un endroit pouvant mettre la vie de la population en danger sans intervenir ? Diriger, c'est prévoir, et laisser des sinistrés dans un camp à risque, comme ce serait le cas de ceux de la cour du stade Sylvio Cator si on devrait manipuler des fils de haute tension, serait risquer la vie de 440 familles et ne pas respecter ainsi leur droit à la vie.
« Après la visite du président de la République, Michel Marthelly, lors de sa campagne présidentielle, le maire de Port-au-Prince est la deuxième personnalité qui s'est soucié de nous. Jusqu'ici, nous avons obtenu une partie de ce que nous avons demandé et la promesse relatives aux autres exigeances que nous avons faites en ce qui a trait à l'électricité, l'eau potable et la sécurité`, entre autres, dans notre lieu de relocalisation, sera respecté », assure le coordonnateur des sinistrés de la cour du stade, Charles Marc Delson, comme pour signifier que ses protégés peuvent être déplacés.
« Ils seront relocalisés sur le terrain où était construit Simbi Hôtel en face de Palmera Market entre Martissant 25 et Fontamra 27 », avertit le maire de Port-au-Prince. « Le terrain a été aménagé à cette fin », a-t-il expliqué.
Arrivé au stade Sylvio Cator au lendemain du séisme du 12 janvier, plus d'un millier de familles avaient occupé et la pelouse du stade Sylvio Cator et la cour. Après de longues négociations, l'administration avait pu obtenir que ceux qui occupaient la pelouse du stade libèrent l'enceinte pour que débute le « Tournoi des Martyrs », en avril 2010. En vue de permettre à la FIFA d'effectuer des travaux de réparation tant au niveau de la pelouse que du stade Sylvio Cator en vue des éliminatoires de la Coupe du Monde 2014, les administrateurs du stade ainsi que les responsables de la Fédération ont entrepris des démarches auprès des sinistrés pour leur demander de vider les lieux à l'amiable à partir du 9 janvier 2011. Une démarche qui avait débouché sur une dissension entre sinistrés qui conditionnaient leur sortie à l'obtention de la part des administrateurs du stade des dédommagements du montant alloué par la FIFA, ce dont les dirigeants du stade s'estimaient incapables.
En mars dernier, la situation était devenue tendue à un point tel que les sinistrés avaient manifesté et avaient menacé de brûler le stade s'ils n'étaient pas dédommagés avant d'être délogés. Leur représentant avait même fait émettre un mandat contre le directeur du stade, estimant que leur demander d'évacuer le stade pouvait être considéré comme une menace de mort.
Construit en 1951, le stade Sylvio Cator est l'unique stade en Haïti qui répond aux conditions nécessaires pour recevoir une rencontre internationale. Après le séisme du 12 janvier 2010, il nécessitait une grande toilette et la réfection du système d'éclairage pour qu'Haïti puisse accueillir les matches comptant pour les éliminatoires de la Coupe du Monde de 2014 à partir du mois de septembre prochain. La sélection nationale haïtienne y accueillera son premier match amical après la désoccupation de sa cour, le 10 août prochain en recevant Trinidad et Tobago.


Enock Néré
nenock@yahoo.com
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=94961&PubDate=2011-07-15

Commentaire
Cet antécédent autour des problèmes du stade Sylvio Cator sont un bon signe. Il montre au moins que quand les choses sont pensées, planifiées, elles peuvent être réalisées. Malheureusement qu'il a fallu l'intervention d'Amnesty Internationale et dans les conditions que nous savons. Un petit accroc à la souveraineté nationale, mais un mal mineur si l'on considère comment se prennent les décisions dans ce pays quand ce sont les faibles qui en souffrent les conséquences.

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