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dimanche 31 juillet 2011

À qui devra profiter le projet « Kay pa m »?

Lancé le mardi 19 juillet dernier par la Banque nationale de crédit (BNC) et la Banque populaire haïtienne (BPH) en présence du président de la république, Michel Martelly, et du gouverneur de la Banque centrale, Charles Castel, le projet « Kay pa m », cher à feu Guiteau Toussaint, est enfin rendu public.
29/07/2011
Lancé le mardi 19 juillet dernier par la Banque nationale de crédit (BNC) et la Banque populaire haïtienne (BPH) en présence du président de la république, Michel Martelly, et du gouverneur de la Banque centrale, Charles Castel, le projet « Kay pa m », cher à feu Guiteau Toussaint, est enfin rendu public. Il s’agit d’un programme de crédit immobilier à l’intention des agents de la fonction publique, des employés du secteur privé et des professionnels. Il vise à aider certaines personnes de la classe moyenne à acquérir une maison décente.
Initialement prévu pour le 14 juin dernier, le lancement de ce projet a été retardé suite à l’assassinat deux jours plus tôt, soit le 12 juin, du président du conseil d’administration de la BNC. Selon les responsables de BNC et de la BPH, les personnes visées par le projet auront accès à des crédits à des taux préférentiels de 8 % l’an. Pour y être éligible, il faut être âgé de 18 à 65 ans, avoir un emploi stable depuis au moins trois ans dans la fonction publique ou dans une entreprise privée, avoir un revenu professionnel régulier et suffisant, posséder un titre de propriété valide, détenir un permis de construire, ne pas figurer sur la liste des mauvais débiteurs du système bancaire haïtien.
Doté d’un fonds de 100 millions de dollars au départ (environ quatre milliards de gourdes), « Kay pa m » poursuit plusieurs objectifs : faciliter l’accès à la propriété privée, favoriser le processus de la reconstruction ou la réparation d’immeubles résidentiels, permettre à un plus grand nombre d’Haïtiens d’avoir leur « chez soi », a déclaré Jean-Philippe Vixamar, vice-président du conseil d’administration de la BNC. Le délai de remboursement est supérieur aux normes traditionnelles du marché : trente ans. Le taux d’intérêt est fixe pour toute la durée du projet, qui finance l’acquisition ou la construction de résidences principales, l’achat de terrain et ainsi que sa construction, l’agrandissement ou l’aménagement de maisons.
Soulignons qu’il faut que les titres de propriété soient soumis à une analyse préalable avant toute considération de la demande de financement. Ce crédit au logement baptisé « Kay pa m » peut être sollicité dans toutes les succursales de la BNC établies sur tout le territoire du pays.
À peine lancé Kay pa m suscite déjà des débats. Camille Chalmers, secrétaire général de la Plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif (PAPDA), a fait savoir mercredi que tel que conçu par le gouvernement haïtien le projet comporte de sérieuses lacunes. Il déplore le fait qu’il semble laisser de côté les questions de la rationalisation de l'espace et l'aménagement du territoire. « Aucune proposition n'est faite sur la répartition des différentes zones administratives, commerciales et résidentielles... »
Camille Chalmers se demande également ce qui a été prévu pour les habitants des bidonvilles et les petits commerçants, car le projet vise en premier lieu les agents de la fonction publique et les employés du secteur privé répondant aux conditions d’éligibilité (emploi stable depuis au moins trois ans, revenu professionnel régulier et suffisant, etc.). « C'est un soulagement pour la population : imaginez combien de policiers, qui maintiennent la sécurité dans le pays et qui vivent sous les tentes [...]. Aujourd'hui, ils ont une possibilité de devenir propriétaires. Imaginez combien de personnes qui travaillent au niveau de l'État, de la fonction publique, qui dorment sous des tentes [...]. Aujourd'hui, une porte leur est ouverte [...] », avait déclaré le président Martelly lors du lancement du projet.
Il faut souligner que Kay pa m est lancé à un moment où plusieurs milliers de personnes se retrouvent sous les tentes et que des opérations de déguerpissement ont lieu un peu partout dans la région métropolitaine. Le débat est donc lancé sur la question de logement. Des organisations de la société civile, comme le GARR et la POHDH, critiquent le manque d’accès à ce type de prêt, étant donné sa complexité.

Jean François Alexis
http://www.lematinhaiti.com/contenu.php?idtexte=24910&idtypetexte=

Commentaire
Ce projet dont on a beaucoup parlé ces jours-ci et dont on parlera encore longtemps, semble réalisable. Mais les réserves des spécialistes quant à sa viabilité sans un système cohérent d’aménagement du territoire l'expose à n’être qu'un immense fiasco. Depuis quand a-t-on vu les gens se préoccuper d'avoir un terrain dans les meilleures conditions possibles quand l’état lui-même ne sait pas où commencent ni où finissent ceux qu'il possède? Quand des citoyens qui ont travaillé toute leur vie pour s'acheter un terrain découvrent qu'après un certain temps, le premier opportuniste proche du gouvernement de tour peut falsifier un document, l'antidater et les expulser? Si le nouveau gouvernement est sérieux, il a l'occasion de le démontrer.

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