Deux mois après l'investiture de Michel Martelly, le pays n'est toujours pas doté d'un gouvernement. Une situation préjudiciable aux investissements. Pour tenter d'aider à résoudre la crise en favorisant un dialogue constructif entre l'exécutif et le Parlement, le Forum économique du secteur privé des affaires a rencontré mercredi le coordonnateur de la plateforme politique INITE, le sénateur Joseph Lambert. D'autres rencontres avec d'autres acteurs sont prévues.
Haïti: Le pays souffre énormément du bras de fer entre le palais national et le Parlement. Le Forum économique du secteur privé des affaires (FESPA) est inquiet et préoccupé par ce conflit. De façon informelle, les responsables du forum ont rencontré mercredi le leader de INITE qui dirige le bloc majoritaire au Parlement pour lui faire part de leurs inquiétudes et tenter du même coup de faire avancer les négociations. « Cette situation retarde beaucoup de choses qui devaient se faire pour le bien du pays », a déclaré au Nouvelliste un des membres du Forum économique du secteur privé des affaires, sous le couvert de l'anonymat.
« Cette situation de conflit entre l'exécutif et le Parlement tend à décourager les investisseurs. La stabilité politique est le premier critère pour les investisseurs. Ils n'aiment pas les incertitudes et le doute », a-t-il souligné à l'attention des autorités.
« Cette rencontre rentre dans le cadre d'une démarche citoyenne pour un dénouement à la crise en essayant de rapprocher les acteurs par le dialogue », a-t-il précisé. « Il y a pas mal de choses concrètes qui ne peuvent être réalisées dans cette situation d'incertitude qui a déjà un impact considérable sur l'économie du pays », s'est-il désolé, tout en soulignant que la politique détermine l'économie.
« Le budget national 2010-2011 n'aura pas servi à grand-chose finalement. Il s'achève au cours du mois de septembre et il n'y a toujours pas de gouvernement. Des projets importants pour le pays traînent et risquent d'être abandonnés », s'est plaint ce membre du Forum économique, alors que les négociations n'avancent pas réellement entre l'exécutif et le Parlement. Chaque parti campe sur sa position.
Loin de là l'idée d'affaiblir un parti politique ou un bloc au Parlement avec ces rencontres. Le FESPA, selon notre source, veut seulement trouver un terrain d'entente entre les protagonistes pour le bien du pays. « Nous avons rencontré le sénateur Lambert parce que c'est lui le leader. Pour nous autres, en le rencontrant nous parlons au parti qu'il dirige », a dit ce membre du Forum économique, soulignant que d'autres rencontres sont prévues.
De son côté, sans faire de promesse, le sénateur Joseph Lambert, le leader du groupe des 16 sénateurs anti-Gousse, qui se garde de faire des déclarations à la presse ces derniers jours, a fait savoir aux membres du Forum économique qu'il transmettra leurs appréhensions au reste de son équipe.
Par ailleurs, le sénateur Steven Benoît, un proche du président Martelly, a estimé que le chef de l'Etat devrait étendre le dialogue et les négociations. Selon le parlementaire de l'Alternative, il est important pour un dénouement de la crise que les anciens présidents René Préval, chef de l'INITE, et Jean-Bertrand Aristide, leader charismatique de Fanmi Lavalas, soient directement impliqués dans les négociations.
Selon le sénateur de l'Ouest, les blocs politiques au Parlement à tendance Lavalas se renforcent de plus en plus et des parlementaires de ces blocs font de fréquentes visites à la résidence de Jean-Bertrand Aristide. « Fanmi Lavalas a une force ici au Parlement; il y a le bloc « Ansanm Nou Fò » regroupant Veye yo et LAVNI (17 sièges au total) qui a été constitué au niveau de la Chambre des députés et qui n'existait pas il y a une semaine. Lavalas est une force incontournable », a-t-il fulminé.
Entre-temps, le groupe des 16 sénateurs anti-Gousse persiste et signe dans sa position. Bernard Gousse est une affaire classée, et le président Martelly doit recommencer le processus afin de désigner un autre Premier ministre.
Pour la troisième fois consécutive, le Premier ministre désigné a reporté la date du dépôt de ses pièces au Sénat. Programmé pour mardi dernier, le dépôt des pièces du Premier ministre désigné a été reporté à jeudi sur la demande de l'exécutif qui cherche à convaincre les parlementaires hostiles à Bernard Gousse et à gagner du temps. L'ancien ministre de la Justice a été lui-même au Sénat jeudi pour solliciter un autre report à la huitaine.
Robenson Geffrard
rgeffrard@lenouvelliste.com
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=94962&PubDate=2011-07-15
Commentaire
Et le jeu macabre continue...Pourquoi les anciens chefs d’état veulent-ils bloquer le pays jusqu’à ce qu'ils soient appelés à la table de négociation? Quel rôle veulent-ils remplir s'ils n'ont rien fait quand ils étaient au pouvoir? Au contraire! Ils ont considérablement contribué à faire reculer le pays. Espérons que cela n'est pas un mystère révélé maintenant car cela parlerait fort contre la mémoire de ce peuple. En somme, tout est une question de force, de désir de permanence au delà d'un mandat constitutionnel, peu importe qui est sacrifié? En s’efforçant de faire échouer Martelly, ils croient pouvoir revenir en force, les messies? Sommes-nous à ce point condamnés à supporter les maladresses politiques de gens qui ont fait naufrage à tous les niveaux (sauf dans leur économie personnelle) et veulent à tout prix faire couler le pays avec eux?
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