Le changement : tel que le conçoit Martelly ou Préval ou le "blanc" ?
Publié le samedi 2 juillet 2011
De quel changement est-il question dans les démarches actuelles du président Martelly, quand on se réfère à ses mirobolantes promesses de campagne ?
On se pose la question rien qu’à voir le nom du premier ministre démissionnaire Jean Max Bellerive sur « sa » liste de « premier ministrables ». Car, même si Martelly peut se sentir confortable avec un chef du gouvernement qu’on dit être son « cousin », on est en droit de se demander contre quoi il a livré bataille lors de la campagne (et qui lui a en partie assuré la victoire) quand on considère que le personnage en question était aux commandes de la barque du « désespoir » de LESPWA-INITE-Préval.
S’il y a des gens qui ne se trompent pas sur la fausseté du « changement » qu’apporterait Bellerive, ce sont bien les gens de INITE. Car, en perdant la présidence, ils ont toujours lorgné la primature. Tous les efforts en vue de conquérir la majorité absolue au parlement ne visaient que cet objectif. L’échec de Rouzier en est la preuve. Les déclarations sans nuance des Lambert sur le « partage » du gâteau en sont la confirmation. On se frotte probablement les mains dans le camp de INITE à la perspective du maintien de Bellerive à la primature.
Bellerive de nouveau au timon des affaires ? Qui de Martelly, de Préval ou de Clinton aura le contrôle effectif de la situation ? Ce dernier « maitre du jeu » en serait peut-être le premier. N’a-t-on pas laissé entendre dès le départ qu’il avait clairement demandé au « chanteur-président » de reconduire le locataire de la primature, son alter ego au sein de la fameuse Commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti (CIRH) ? Ce à quoi le vainqueur de la présidentielle du 20 mars avait répondu que ceci serait contraire au changement qu’il prônait. Alors, que s’est-il passé entretemps concernant un tel revirement ? Bellerive aurait-il, dans l’intervalle, et « dans les cercles familiaux », prouvé qu’il pouvait impulser le « changement » ?
A noter qu’un éventuel accord entre Préval-Bellerive-Martelly-Clinton peut toujours être considéré, l’ancien président américain symbolisant la présence dans le « jeu » à la fois de Washington et des grands groupes financiers (nationaux et internationaux) qui nous vouent une passion sans borne en voulant par tous les moyens « reconstruire » notre pays… !
Me Bernard Gousse paraît jouer le rôle de « joker » sur la liste des « premier ministrables ». Il ne semble pas qu’il ait manifesté aucun intérêt à occuper une telle fonction. Il n’aurait même pas souhaité être de nouveau titulaire de la justice, selon certains de ses proches. On savait bien que son éventuel choix serait rejeté par les parlementaires d’origine Lavalas.
Le nom du notaire public Jean Henry Céant devrait être pris plus au sérieux. Candidat malheureux à la présidence, pourfendeur des élections controversées, critique aguerri du régime Préval, il se présente malgré tout comme un rassembleur. Allié de Jean Bertrand Aristide et donc de Lavalas, il jouit aussi de la réputation d’avoir ses entrées dans tous les secteurs. En quoi l’équilibre et la convergence qu’il pourrait impulser avec son slogan « Tout moun ladan l » peuvent-ils être vecteurs de changement ? Il lui reste à établir, de façon plus claire que pendant la campagne électorale, le rapport pouvant exister entre le concept de la participation de tous et l’objectif de changement. Il importe aussi qu’il précise à la fois ses intentions par rapport à Préval qu’il n’a guère ménagé durant la campagne, les perspectives d’éventuelles relations avec INITE-GPR et de partage du pouvoir avec les membres de ce bloc parlementaire ainsi que la gestion de ses rapports particuliers avec Jean Bertrand Aristide et une aile importante de la base de ce dernier qui avait soutenu sa candidature à la présidence.
De telles exigences sont en rapport direct avec le rôle important que doit vraisemblablement jouer Préval dans les négociations ouvertes en vue du contrôle du pouvoir. Elles concernent aussi les appréhensions de certains secteurs, proches de l’actuel chef de l’Etat et de certaines capitales occidentales, par rapport à un éventuel retour en force d’Aristide-Lavalas sur la scène politique à travers l’accession au pouvoir de l’ex-candidat à la présidence de « Renmen Ayiti ».
Me Jean Henry Céant devrait aussi pouvoir articuler une réponse convaincante à ses critiques qui, tapis dans l’ombre et se servant du pouvoir immense d’Internet, se sont déjà lancés à l’assaut de son intégrité.
Cependant, le grand problème du notaire Céant est qu’il exposerait dangereusement sa carrière politique en se lançant dans une campagne publique d’explication et de promotion de ses idées et de son image, s’il n’est pas absolument certain de l’intention du « chanteur-président » de le désigner au poste de premier ministre. Car, rien n’est vraiment sûr à ce sujet, le président ne donnant pas encore l’impression d’avoir changé de « scène ».
En définitive, compte tenu des données de la conjoncture et du « TI-TA-TO » en cours concernant le choix d’un premier ministre, la cause du changement semble être bien dans les langes et la frange du peuple qui a voté peut s’être encore largement trompée…
Marvel DANDIN
http://www.radiokiskeya.com/spip.php?article7859
Commentaire
Si nous avons organisé des élections pour, d'une part, redonner à Préval ce qu'il demande (mais ne méritera jamais) et, de l'autre courir le risque de ravoir Aristide, cela aura été une belle perte de temps. Haiti aurait mieux fait, dans ce cas, d’économiser les fonds de ces élections. Ce pays gagnerait à s'engager sur une nouvelle voie:celle de la modernisation. Or aucun de ces personnages n'entend clairement ce que c'est. Vivre un temps dans un pays étranger, c'est une bonne chose, cela nous donne des idées sur l'existence d'autres termes de comparaison pour mieux comprendre ce qui se passe chez nous. Mais aller à l’étranger, se terrer quelque part et revenir en force comme un nouveau conquistador, n'a aucune vertu en soi. Il faut avoir appris quelque chose. Ni Préval, ni Aristide ne l'ont fait. Alors nous resservir les mêmes plats, c'est nous condamner à une indigestion politique permanente. L'estomac du peuple haïtien n'est plus capable d'un tel exploit.
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